Ses pieds s'enfonçaient dans la boue gelée tandis que ses oreilles et ses doigts rougissaient à cause du vent glacial qui balayait ses cheveux noir corbeau et ses joues d'enfant. Son rire résonnait dans le village, éclat de lumière dans un monde de ténèbres. Aedan Hjalmar n'était pas le plus riche, le plus beau, ni même le plus intelligent. Il ne savait pas lire, ne mangeait pas toujours à sa faim, portait des vêtements que sa mère, tailleuse, cousait pour lui et dont il était fier dans un monde terne. Mais Aedan était sans conteste un garçon vigoureux et heureux, qui ne se plaignait jamais. Il avait à ses côtés une sœur jumelle belle comme le jour, Méada, et sa famille était amie avec une autre, qui possédait des filles tout aussi belles que sa sœur. Parmi elles, il y en avait une qui attirait particulièrement son attention depuis toujours : Roskva. Son quotidien consistait à aider son père à la forge et veiller sur Méada quand il ne cherchait pas la présence brève et intense de la fille qu'il aimait de tout son coeur. Et comme d'habitude, c'était Roskva qu'il allait voir ce jour-là. Pour lui annoncer une nouvelle qui lui vrillait le cœur, lui donnait le tournis. Aedan s'arrêta et regarda les deux gosses jouer ensemble dans le froid et la neige, lorsqu'ils glissèrent et qu'Isran se retrouva au dessus d'elle. Le coeur d'Aedan se serra douloureusement et il hésita à faire demi-tour. Par les Trois, qu'est-ce qu'il pouvait le haïr, et qu'est-ce qu'elle pouvait lui plaire ! Une lutte silencieuse avait commencé entre eux, pour l'affection de Roskva. Mais les choses seraient bien différentes, après ce qu'il lui annoncerait. « Aedan ! Isran m’embête… » lança Roskva quand elle l’aperçut, accourant vers lui avec un sourire. Isran voulut s'interposer, mais grâce aux Dieux, Aedan était plus âgé, plus grand et plus imposant qu'Isran ne l'était. Il dégaina son épée et le garçon grogna avant de les laisser sans demander son reste : il savait le jeune homme aux cheveux d'ébène sanguin, et qu'il ne valait mieux pas le contrarier. « Es-tu au courant ? » demanda-t-il en regardant son ennemi juré s'éloigner. « On m'a promis à Astrid. » Astrid, la sœur aînée de Roskva. Ce n'était pas faute d'avoir supplié ses parents de lui donner la cadette plutôt que l'aînée, mais ses tentatives avaient été vaines.

« Pourquoi parles-tu sans cesse d'elle ? » cria Astrid en tapant du pied. Aedan fronça les sourcils. « De qui ? » Sa question feignait une innocence aussi fausse que l'amour qu'il faisait sembler de lui porter. Astrid était une jeune fille de son âge, jolie et adorable, mais il n'arrivait pas à s'intéresser à elle comme il l'aurait du. « Moque-toi de moi, tu sais très bien de qui je parle ! » dit-elle en donnant un coup sur son torse avec un petit poing, l'air sincèrement triste. Rongé par la culpabilité, Aedan attrapa les poignets d'Astrid et l'attira à lui, avant de dévorer ses lèvres avec avidité. Etait-il utile de préciser que son esprit était ailleurs ? Avec toute la volonté du monde, il n'arrivait pas à aimer Astrid. Ses mains caressèrent son cou, ses épaules, commencèrent à ôter avec douceur la robe qu'elle portait, quand des bruits de pas précipités leur firent recouvrer leurs esprits brusquement. « Qu'est-ce qu'il y a ? » gronda Aedan, agacé d'avoir été dérangé de la sorte. Son ami se courba en deux pour reprendre sa respiration, incapable de parler. L'angoisse d'Aedan ne fit que grandir davantage, son cœur martelait sa poitrine et le sang lui montait aux tempes. Il savait pourquoi il était dans un tel état d'anxiété, il le sentait. « C'est Roskva ... » Astrid le pressa à son tour : « Qu'est-ce qu'il se passe avec Roskva ? » Le garçon jeta un regard désolé à Aedan qui ne plut pas du tout à Astrid. Il s'élança à travers le champ gelé, terrifié par ce qu'il allait trouver. Les Templiers la tenaient fermement, prêts à l'emmener loin du village de pêcheur dans lequel elle avait grandi, loin de sa famille, loin de lui. A peine arriva-t-il à la hâte qu'ils s'éloignaient déjà. « Non ... » murmura-t-il. Le bras de sa sœur s'enroula autour de sa taille, timidement. Elle savait que son cœur battait pour la mauvaise sœur, et elle le soutenait en toute circonstance. Il tomba à genoux dans la boue, les yeux rivés vers les portes du village, ignorant les flocons de neige qui se mêlaient à ses cheveux corbeau.  


« Comment peux-tu te prétendre être son ami ? Si tu l'avais aimée, tu n'aurais jamais fait ça ! » hurla Aedan en secouant Isran. Il le tenait fermement par le col de ses vêtements, et celui-ci n'arrivait pas à se libérer de son emprise. « Elle ne s'intéressait pas à moi ! C'est ta faute, parce que tu essayes de la séduire alors que tu es promis à sa sœur ! Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même ! » Aedan avala sa salive avec difficulté. « Tout ça par jalousie ? Tu ne mérites pas qu'on t'aime Isran, tu n'es qu'un bâtard sans intérêt, un monstre ! » Il le relâcha et lui donna un coup de poing en plein visage. Le garçon bascula en arrière et dévala le ravin, faisant voleter les feuilles autour de lui. Aedan aurait du s'arrêter là, le laisser remonter et recommencer sa vie. Mais à cause de lui, il avait perdu celle qu'il aimait et Roskva était enfermée dans une Tour entourée d'autres Mages, comme elle, jusqu'au jour de sa mort. Il descendit la pente à son tour et serra le cou d'Isran entre ses doigts, avant de s'emparer d'une pierre de sa main libre. Le jeune homme ne se serait jamais cru capable de donner le premier coup. Il lui écrasa le nez et frappa encore et encore, tâchant ses mains de son sang, lui ordonnant de la fermer alors qu'Isran criait de douleur et de désespoir. Les os craquaient dans un bruit terrible et immonde qui lui donnaient la nausée. Pris de frénésie, il était incapable de s'arrêter; il devait payer pour ce qu'il avait fait. Pour sa traîtrise. Quand enfin il ne bougea plus, Aedan se releva à la hâte et prit la fuite.

Aedan savait que nombreux étaient ceux qui le savaient coupable du meurtre sans le dénoncer, parmi les enfants du village. Ils gardaient le silence, parce qu’ils haïssaient autant que lui Isran pour avoir dénoncé Roskva, ou parce qu’ils avaient peur de ce qu’Aedan pourrait leur fait subir si ils le dénonçaient à leur tour. « Que vas-tu faire ? » souffla Méada au creux de son oreille, tandis que les flammes dévoraient le corps de l’enfant qu’on avait retrouvé à moitié dévoré par les loups. Les plaintes de sa famille étaient tel un chant venu des âges, longue complainte déchirante qui arrachait des larmes aux femmes de l’assemblée. « Je vais devenir Templier. » répondit-il. Le regard de sa sœur se voila, et Aedan serra sa main dans la sienne. « Tu sais ce que l’on dit d’eux. » Il acquiesça. « Je ne peux pas la laisser. » Lentement, son regard se posa sur Astrid. « Qu’est-ce que tu vas faire d’elle ? Et de moi ? » Leurs yeux se croisèrent tristement, aussi sombres que ne l’étaient leurs cheveux. « Elle sait que je ne l’aimerai jamais. Quant à toi, tu sais que je t’aimerai toujours. » Il déposa ses lèvres sur son front et les laissa alors, pour rassembler ses affaires avant son départ, résigné. Le choix qu’il avait pris était-il le meilleur ? Il l’ignorait. Mais il ne laisserait pas Roskva seule à la Tour, il avait promis de la protéger pour l’éternité.


Il était prêt à quitter la Cahoridie et son soleil doux, prêt à quitter le Monastère qui marquait la fin de son adolescence. Il était un Templier, un vrai. Son soulagement lui paraissait si irréel qu’il sonnait faux. Pendant des années, on lui avait appris à haïr la magie et ceux qui la pratiquaient, appris à haïr ce qu’il ne connaissait pas. Parfait pion d’une autorité qu’il ne contredisait jamais, Aedan s’était illustré comme un élément volontaire. Voilà qu’à présent, il allait retrouver Roskva au Cercle, si tenté qu’elle soit encore vivante. Nombreuses étaient les nuits où il s’était réveillé couvert de sueur après avoir rêvé d’elle, morte en le suppliant de la sauver. Il avait besoin de la voir, de la savoir vivante, de l’avoir de nouveau près de lui. Là-bas, elle lui appartiendrait. Il n’y avait plus d’Isran, plus d’Astrid pour se mettre entre eux. Juste cette foutue Magie. Cette Magie qu’il détestait, tout autant qu’il détestait ce que Roskva était devenue. Ca l’écœurait. Comme pouvait-elle être un mage ? Pouvait-il seulement avoir confiance en elle ? Il en doutait. Durant ces quatre dernières années passées au Monastère, toutes ses belles intentions avaient été ébranlées, ses convictions avaient volé en éclat. Aedan avait changé, était devenu trop docile. On lui avait souvent répété qu’il n’était rien, qu’il n’avait aucun droit. « Qu’est-ce qu’a le droit de désirer un fils de paysan comme toi ? Rien du tout, t’es une merde Hjalmar, une merde. Contente-toi de faire ce qu’on te dit et de la boucler. Ici tu obéis aux Trois, tu n’es plus dans ton village de pêcheur où l’on te laissait mener ta vie comme tu l’entendais. » Conditionné à obéir, à courber l’échine, à respecter la volonté d’autrui, il avait été quelqu’un mais n’était plus personne, et les siens auraient été bien peinés de le voir ainsi transformé.

La Tour était un lieu insalubre qui donnait l’illusion d’un confort rudimentaire. La peur régnait en ces lieux, imperceptiblement, ancrée dans les cœurs. Les Sans-Magie parcouraient les couloirs tel des fantômes, les jeunes Mages apprenaient aux côtés des Maîtres à contrôler leurs pouvoirs, et les malheureux qui sombraient dans les Ténèbres étaient abattus sur le champ, sans autre forme de procès. « T’en fais pas Hjalmar, on s’y fait vite. » lança un Templier en tapant sur son épaule. Cette vie, il l’avait choisie. Mais maintenant qu’il était là, Aedan n’était plus certain de vouloir s’y trouver. « Si tu prouves ta loyauté et ta détermination, tu auras droit de quitter la Tour pour partir à la chasse au Mage à travers Kahanor. » Le jeune homme s’attacha alors à cette nouvelle promesse de vie, celle de pouvoir s’échapper de la Tour le temps de quelques jours. Pourquoi, au juste ? Pour terrifier des villages, séparer des familles de leurs enfants infortunés, qu’il enfermerait ici ? C’était mieux pour eux, il le savait. Il avait appris à l'accepter, et à le penser.  . « Peu importe que je sois ici ou là-bas, je sais quelle est ma mission et je l’accomplirai envers et contre tout. » répondit-il machinalement. L’autre rit un instant et le planta là, s’enfonçant dans les couloirs qu’il connaissait par cœur. Lui se sentait minuscule et perdu dans un monde qui n’était pas sien. Terrifié, il n'en haït que plus la magie. Ils savaient la sceller, mais ne la détruiraient jamais. La Magie faisait partie de la vie, comme la mort, comme l'amour et la guerre.


« Roskva. » Son murmure se perdit dans l’immensité du couloir glacial de la Tour. La jeune fille se retourna, et écarta de ses mains les cheveux blonds indisciplinés qui cachaient à sa vue celui qui n’aurait jamais dû se trouver là. Elle était plus surprise que lui, hésitante aussi. Aedan la regarda en silence, dévorant des yeux chaque trait de son visage et de corps de jeune femme. Il savait pourquoi il l’avait choisie elle, et pas son aînée. Elle se précipita dans sa direction et se jeta à son cou, légèrement tremblante. « Roskva … » répéta-t-il en glissant ses bras autour de son corps, dans une étreinte désespérée et passionnée. Ces années de séparation n’avaient rien changé à ses sentiments, elle était à ses yeux une explosion de lumière dans ses ténèbres, étoile de ses journées et soleil de ses nuits. Il avait tant rêvé ce moment sans jamais oser croire qu’il arriverait vraiment ! Mais Aedan revint vite à la réalité quand des bruits de pas l’obligèrent à la repousser un peu violemment. « Ne traînez pas dans les couloirs ! Si vous voulez réussir la Confrontation, vous feriez mieux de rejoindre vos maîtres et être un peu plus attentive ! » Il passa à ses côtés, l’air fortement agacé, et la bouscula même un peu pour le côté théâtral. Les deux Templiers n’y virent que du feu et ordonnèrent à leur tour à Roskva de circuler. Aedan avait enfin réussi ce pour quoi il était parti de chez lui : la retrouver, et faire en sorte de pouvoir la protéger. Elle était vivante. Cette simple pensée suffit à insuffler un nouveau souffle à l’homme, à donner un but concret à son existence. Il la protègerait de ses semblables, et protègerait tous les Mages de ceux qui pouvaient leur vouloir du mal, ici comme ailleurs, afin que tous ceux qui, comme lui, avaient une Roskva enfermée à la Tour, soient certains qu’elle ne craignait rien.

Son compagnon d’arme avait raison : on se sentait rapidement chez soi, à la Tour. Bientôt il parcourut la bâtisse comme si il s’y était toujours trouvé, connaissant le nom de tous ses habitants sur le bout des doigts. Contre toute attente il se lia même d’amitié avec l’un des Mages, Seth, avec qui il partageait beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Ce dernier avait, comme lui, une sœur jumelle hors de la Tour. Quelqu’un qu’il aimait par-dessus tout, et dont l’éloignement permanent le faisait atrocement souffrir. Voilà quatre ans qu’il priait chaque nuit pour qu’Irina soit heureuse et en bonne santé, comme il le faisait avec sa propre sœur. « Irina est et restera ma force pour l’éternité. Que les Dieux soient cléments avec elle et lui offrent une vie heureuse est tout ce dont je peux rêver, comme je ne suis pas en mesure d’y veiller personnellement. » Aedan acquiesça et baissa les yeux. « J’ai quitté volontairement Méada pour accomplir ce que je crois juste. Mais s’il devait lui arriver quelque chose sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour l’aider, je ne me le pardonnerai jamais. » Ce fut au tour de Seth d’acquiescer. Un sourire doux, trop mature pour son jeune âge, se dessina sur ses lèvres. « Votre sœur a-t-elle compris votre choix de devenir Templier ? » Aedan serra les dents et secoua la tête. « Je n’en suis pas certain. Mais elle a accepté que je suive ce que mon cœur m’a dicté. »  Seth hocha la tête une fois de plus. « Je ne comprends pas non plus votre désir d’être Templier, mais une chose est certaine : vous accomplissez une chose qui vous pousse à vous lever chaque matin avec l’idée que ce que vous faites est juste, et vous vous couchez le soir en attendant avec impatience le lendemain. A la place de votre sœur, je ne pourrais pas vous en vouloir si il m’arrivait quelque chose. La vie n’est pas éternelle, mais l’honneur si. » Aedan planta son regard noir dans celui d’azur de Seth, et il sourit, enfin.


Il était son gardien, voué à veiller sur elle minute après minute, possédant droit de vie et de mort sur Roskva. Si les Ténèbres venaient à s’emparer de son âme, il serait celui qui planterait son épée dans son cœur. Une lourde responsabilité qu’il n’avait eu d’autre choix que d’accepter, afin d’être plus proche qu’elle. Mais s’il devait lui ôter la vie, la sienne s’en irait par la même occasion. Il ne pouvait pas vivre sans elle, quand bien même il le devrait. « J’ai connu un gardien qui est devenu fou après avoir exécuté son protégé. Il s’y était tellement attaché qu’il a perdu une grande part de lui-même lorsqu’il lui a fait rendre son dernier soupir. » Aedan avala sa salve avec difficulté. « C’est terrible ! » répondit-il, sans grande conviction. Il ne pouvait que se mettre à la place de ce pauvre homme. « C’est pour cela que nous ne devons pas nous attacher à eux, même lorsqu’on ressent ce qu’ils ressentent, et lorsque nous souffrons quand ils souffrent. Tu comprends, Hjalmar ? J’espère que tu ne tiens pas trop à cette fille. » Aedan secoua la tête et croisa les bras. « J'y tiens assez pour la protéger, mais pas assez pour ne pas pouvoir la tuer. Je fais simplement ce que l’on me demande, et je n’hésiterai pas à enfoncer ma lame dans sa chair si elle devient une menace pour nous, et pour les autres. » L’homme sembla satisfait de sa réponse et tapa sur son épaule avec condescendance. « C’est bien mon gars, t’apprends vite. » Un frisson d’horreur parcourut son échine. Ce qu’il ressentait, il devait l’étouffer, le faire taire définitivement. Il devait la haïr, comme autrefois, comme lorsqu’il était au Monastère. Faire taire son amour et faire vibrer son dégoût de sa nature de Mage. Elle était une Mage. Une Mage. Une Mage …  

Ma sœur,
J’ignore si tu recevras cette lettre. J’ignore même si tu seras capable de la lire. J’apprends l’art de manier les mots comme on apprend à manier une arme, violemment, avec acharnement et courage, aux côtés d’un Mage du Cercle. Un garçon, Seth, qui, j’en suis certain, tu apprécierais beaucoup. Il ne se passe pas un jour sans que je me demande où tu es, ce que tu fais, à quoi tu penses. M’as-tu pardonné d’être parti ? Où vis-tu ? Es-tu mariée, as-tu des enfants ? Peut-être leur as-tu dit que j’étais mort, peut-être le pensais-tu toi-même. Mais sache, Méada, que j’ai accompli ma destinée. Maintenant que je suis apte à protéger celle que j’aime, je gage de te retrouver le plus vite possible. Je ne peux plus vivre en te sachant loin depuis si longtemps, sans savoir si tu es en bonne santé, si tu es heureuse. Ma douce et superbe sœur, ta voix résonne en moi tel un rêve venu d’âges lointains, princesse de mon monde que je ne peux plus ignorer. J’ai besoin de toi, et tu es la seule à pouvoir combler ce vide dans mon cœur qui me harasse chaque fois que ton nom envahit mon esprit. J’ai promis que nous serions réunis, et même si cela doit être quelques poignées de minutes seulement, alors je profiterai de cet instant pour qu’il soit gravé en moi pour l’éternité. On te racontera sans doute qu'une partie de la Tour a été détruite. C'est vrai, la Magie s'est révélée être plus dangereuse que jamais. Plus sombre, plus vile. Comprends-tu  enfin pourquoi je suis devenu Templier ? Pour vous protéger vous, et pour les protéger eux. Un équilibre qu'on ne doit pas rompre. J'ai construit mon propre monde magique pour vaincre cette vie tragique.