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 avant d'âpres hostilités. (anahita)

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MessageSujet: avant d'âpres hostilités. (anahita)   avant d'âpres hostilités. (anahita) EmptyVen 14 Fév - 13:21

AVANT D’ÂPRES
HOSTILITÉS.

Elle chante contre la lame, elle psalmodie à chaque mouvement effectué avec un savoir chevronné. Tenue dans la large paume et bercée par des phalanges rugueuses, la pierre à aiguiser s’en va et s’en vient depuis de longues minutes déjà. Le cimeterre posé le long des cuisses reste sage, prostré par un maître attentif qui ne saurait le négliger en cette veille de bataille. Le Capitaine se tient droit, quoi que pourvu d’une certaine nonchalance à la souplesse certaine, hissé en proue du navire, les bottes tanguant dans le vide. Les bras de la mer viennent cogner contre la coque, quelque peu contrariés par une ire qui ne saurait se dévoiler aux mortels. Les eaux sont agitées, cette nuit, escortées par d’épais nuages piétinant la lune avec intrépidité. L’iode vient désagréger sa fragrance contre ses narines et ce parfum sent l’avertissement. Celui du royaume des vagues et des abysses venu l’avertir d’une proche tempête. Mais il ne saurait dire s’il s’agit du combat naval que le Salty Dog s’apprête à livrer ou d’une quelconque bourrasque venue – encore et toujours – éprouver la robustesse de son âme faite de bois et de voilures.

Il inspire.
Il inspire comme s’il cherchait à inhaler une paix savante capable d’anéantir ses affres. Il n’est pas une seule embuscade qui ait pu le laisser de marbre, lui et son esprit perpétuellement tourmenté. Chaque préparation libère en lui une énergie intrépide mais aussi anxieuse, quelque chose de primitif, à la limite du bestial, un lagon dans lequel il se noie de pieds en tête et qui le maintient éveillé avec tyrannie. Il lui faut pourtant faire preuve d’une assurance quasi omnipotente, face à ses hommes, un masque de fer qui ne puisse luire qu’au contact du sang ennemi. Une façade de suprématie pour que l’on oublie l’homme derrière le capitaine. C’est essentiel. C’est vital. C’est de la survie.
Au loin, les cieux se mettent à gronder d’un orage maussade. Mora cesse son geste cyclique et redresse le menton pour mirer avec tension les éclairs zébrant la masse compacte et sombre dans laquelle ils se prélassent. Il plisse son regard austère, de telle sorte à ce qu’il paraisse vouloir lutter contre le tonnerre lui-même. Si la tempête s’en venait jusqu’ici, il leur serait laborieux de manœuvrer la frégate dès l’aurore, pour aller glisser sa haute silhouette vers le nord. Vers Le Royalty II, navire de sa Majesté affrété d’une cargaison importante d’or servant à renflouer les caisses de la Couronne. Cette prise marquerait d’une nouvelle croix les extorsions abusives de la piraterie sur le Royaume, amputant, toujours un peu plus, les atouts du jeune Roi.
Et de sa Main.

Les éclairs paraissent s’exiler vers l’ouest, portés par un vent soudain qui fait s’agiter le pavillon et feuler les remous rendus noirs par cette obscurité. La tignasse du Capitaine se rabaisse et son bras s’articule à nouveau pour continuer l’aiguisage de la lame. Loin de s’être purifié de toute inquiétude, son esprit embrunit accapare une vigilance pourtant bien entraînée, tant et si bien qu’il ne remarque pas immédiatement l’ombre coulissant à ses côtés comme une discrète couleuvre. Il lui faut attendre la participation d’une brise sauvage pour reconnaitre l’exhalaison d’une seconde présence. Pris de court – et quelque peu nerveux – son buste se détourne avec promptitude, manquant de le déstabiliser de son juchoir improvisé et tirant ses ridules d’une surprise réelle.

« Ana ! » s’exclame-t-il en la voyant, aux abords du soulagement, puis soufflant avec humeur et desserrant sa patte de la poignée de Hyène. « Par tous les dieux, combien de fois t’ais-je dit de ne pas faire ça ? » Il ronchonne dans sa barbe, tel le mâle piqué dans son orgueil qu’il est. Elle est à la fois si vive et si diligente qu’il lui semble parfois n’être devenu qu’une vieille carcasse rouillée par le sel marin et le trop plein d’années accumulées. Il la lorgne de traviole, contemplant son enfant devenue femme et, au-delà, une redoutable prédatrice acoquinée avec l’Ombre. Un sourire se dérobe à sa sévérité, quelque peu camouflé par sa barbe mais trahi par un pli de ride contournant sa gueule de part et d’autre. Il aime la savoir auprès de lui, qu’importe l’heure, qu’importe la situation, avec ou sans tempête pour seul plafond, avec ou sans combat à mener dès le soleil levant. Sa Perle Noire est à elle seule le baume de quiétude pouvant couvrir les escarres de son cœur.

Pourtant, une crainte indicible se met à le dévorer des entrailles jusqu’aux lippes, les tordant d’un rictus plus que transparent.
« Tout va bien ? » Interrogation si plate. Un aspect des plus impersonnels aux syllabes courtes et si communes. Le ton, néanmoins, est empreint de ce genre d’écho que l’on ne peut ouïr que de la voix d’un père rongé par l’angoisse. Il ne la distingue que trop peu, dans la pénombre, aussi se met-il à chercher de quelconques signes de maladie sur l’effigie svelte de Anahita, tournant et retournant ses calots avec une soif quasi alerte.



Dernière édition par Hermeus Mora le Ven 7 Mar - 23:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: avant d'âpres hostilités. (anahita)   avant d'âpres hostilités. (anahita) EmptyDim 2 Mar - 22:34

Juchée à moins d'un mètre de la massive silhouette qu'elle connaît si parfaitement qu'elle l'assimile à une partie d'elle-même, la néréide affiche une expression indéchiffrable. Son minois impavide, poli comme ces roches blêmes que viennent lécher les océans sans jamais parvenir à les ravir tout à fait au rivage, est tourné vers les menaçants éons sans que rien ne témoigne du fond de la pensée qu'elle fomente. Si ce n'est, à cette manière qu'elle a de tenir haut son gracieux port de tête, l'espiègle fierté d'avoir eu le dessus une fois de plus sur la vigilance du criminel en chef.

« Laisse donc les dieux tranquilles », raille-t-elle sur ce ton désinvolte que le seul péché d'ignorance, peut-être aussi la folie, sauraient légitimer chez quelqu'un d'autre qu'elle. La fille du capitaine n'est cependant pas n'importe quel interlocuteur, et sait jouir de cette grâce.

Étalant un regard aux airs d'indifférence sur l'horizon confondu, elle hume à son tour les présages de la Nuit. Il appartient aux sots de la croire sourde à ces cryptiques songes. Anahita sait, aussi bien que toute âme qui se prépare à brûler du feu des rixes, que l'orage ne gronde pas que dans les cieux obscurs.
Et par dessus tout, elle s'interroge.

Cette chose qui la ronge est tapie quelque part, et ses prunelles noires semblent dialoguer avec les signes avant-coureurs d'un autre tumulte pour y trouver la réponse à la question que lui pose son père. Elle ne sait quoi lui dire. Du moins, qu'il ne sache déjà. Elle pourrait aisément comparer l'indécision qui hante ses chairs avec les râles lointains de ce vent qui complote, hors d'atteinte, des maux plus grands peut-être qu'on ne voudrait les prédire. Elle est comme ce ballet d'ombres aux senteurs de sel et de fer, mais c'est l'expectative qui révèle la menace : il n'y a aucun moyen, se blâme-t-elle, d'annoncer la lame crue du courant qui la hante.
Au matin il y a eu cette morsure bénigne, le pénible prurit de sa peau qui s'étiole. Localement, bien souvent, des lambeaux qui se détachent ne révèlent rien de nouveau. Ce sont ces petits affres qui l'agacent et l'obsèdent, car il arrive parfois qu'ils révèlent bien pire : une parcelle d'elle-même, changée en autre chose. Elle ne saurait dire quoi.
Égale indécision devant les mots du père, malmenés en silence par la houle à venir.

« Nous verrons », réplique-t-elle après un long mutisme.

Achevant de percer la distance qui fait d'elle son simple lieutenant, elle s'assoit près de lui, ancrée sur le ponton. Hermeus a l'unique prérogative de sa proximité physique, cependant, elle le sait : il n'y a qu'à huis clos qu'elle se permettrait un face-à-face entier, et jamais rien qui témoigne d'une tendresse pourtant réelle. Ce loup solitaire est tout pour elle, et pourtant c'est une femme aussi dure qu'elle est jeune ; la pleine force de son âge la rend plus froide encore, depuis qu'elle s'évertue à en masquer la duperie. Et elle n'aime pas sentir son regard, moins inquisiteur qu'éperdu, qui se braque et se cache à la fois dans les pleins et les déliés d'une scrutation sinueuse, avide et terrifié dans la recherche de l'anomalie. Elle n'aime pas, parce qu'elle n'a jamais supporté l'idée même d'être faible. Et si se livrer face à lui est plus simple, ce n'est pas pour autant plus agréable.
Ce qui la hante en cet instant, c'est la peur de le décevoir. D'être ce poids qu'elle s'est battue pour ne plus jamais être. Enfant, elle n'y entendait rien. Elle portait encore jupons et dentelles, jusqu'à ce que la rudesse de leur vie amphibie s'imprime au creux de ses chairs aussi sûrement que son parfum de sel gris. Son seul souci était de ne pas mourir de froid quand des cieux peu cléments les privaient de l'or vital camouflé au delà des nues. À se tapir près du feu d'une auberge aux pieds du capitaine, à se réfugier au creux de ses bras plus forts que les plus fortes amarres, elle a compris très tôt que de lui dépendrait sa vie, et s'est juré de tout faire pour qu'elle en vaille la peine.

« Pour l'instant je me vois dans ta pauvre lame : à force d'allers-retours je sens ma patience qui s'amenuise. Cela fait trop longtemps depuis la dernière empoignade avec les sous-verges du roi », ronronne-t-elle d'une voix traînante, ses iris d'encre détaillant le large pont qui s'étend dans le dos de son père, comme pour lire chaque relief dans la carrure des quelques hommes qui s'y affairent encore.
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MessageSujet: Re: avant d'âpres hostilités. (anahita)   avant d'âpres hostilités. (anahita) EmptyVen 7 Mar - 23:53

Il contemple la stature droite, ce galbe impérieux que nul ne saurait arracher de ses racines originelles. Ni le temps. Ni même lui, le méprisable jet d’encre ayant souillé la toile vierge. S’il n’y a qu’elle pour imprimer dans la fibre masculine du capitaine un étonnant portrait d’affection brute, l’enfant arrache toutefois un recul pudique chez son père depuis qu’elle s’est mise à marcher comme les hommes tout en gonflant sa silhouette de quelques reliefs typiquement féminins. Femme-soldat, nymphe aux dents de sabre, la belle soudoie à elle seule la crainte de l’équipage ainsi que son précieux respect, tirant de ce fait une fierté troublée chez le seigneur du Salty Dog. Les sourires se font moindres et les regards se dérobent. Elle n’est plus la bambine furetant entre ses épaisses bottes avec un minois curieux quoiqu’introverti. Elle n’est plus rien de cela. Temps révolu, balayé comme la bise fouetterait les voiles, ne restent que les souvenirs et la preste tendresse qui se bouscule dans ses yeux cobalt lorsqu’on lui parle, non plus de sa fille, mais de Anahita Mora, son lieutenant.

Les lippes remuent en quelques brèves syllabes. Elles sont loin de rassurer l’homme qui prédit néanmoins en la proximité exercée un semblant d’inclinaison. Autant pour le dialogue, que pour l’ombre de cet amour indicible partagé depuis plus d’une décennie. Parfois, elle lui laisse tâter du bout des doigts la souvenance vivifiée d’un père et de son enfant. En cet instant précis, des éclats rieurs et des sourires de bouille coquine éclatent dans le crâne du capitaine en remontant à la surface d’une mémoire antédiluvienne. Il se contente simplement d’apprécier.
« Ne sois pas si hâtive, dispute-t-il doucement. » Il range sa pierre à aiguiser dans l’une de ses poches et se met à contempler le cimeterre posé à même ses cuisses. « Ces chiens-ci sont fait d’armures et d’arbalètes que nous ne possédons pas. Ils pourraient bien nous achever avant qu’il nous soit possible de leur imposer nos tranchants, aussi acérés puissent-ils être. » La figure se tord avec vilénie, un dégoût sans âge qu’elle n’a que trop l’habitude de contempler lorsqu’il s’en vient à parler desdites sous-verges du Roi. Carnassier, un rictus mauvais fait peu à peu gondoler ses ridules, changeant son masque en une métamorphose bestiale. Flanqué d’un épais sourire à l’émail moqueur, il redresse sa broussaille rousse et fustige l’horizon. « Mais notre appétit peut bien valoir leurs cottes de maille. Les poux de ce vaisseau sont déjà entrain de parier sur les membres à trancher que nos adversaires s’occupent à peine d’astiquer leurs belles cuissardes étincelantes. Des pucelles en argenterie, voilà ce qu’ils sont. »

L’atmosphère iodée tremble encore de ses injures boursoufflées de morgue rugueuse que sa carrure se retourne en pivotant sur place, mettant pieds sur les planches de la proue. Hyène s’agite brièvement dans l’air avant d’enfoncer son museau sur le bois du sol, le manche tenu par une poigne nonchalante. Il mire à son tour les ombres et quelques silhouettes juchant le pont et le reste du navire, le silence glacé sur le bout des lèvres. Si ses anecdotes narquoises sur les rivaux de la Couronne ont pu tirer une risette malsaine, c’est une gueule bien sombre, qui le mine subitement.

« Il est une chose sur laquelle j’ai toujours compté. C’est la cohésion de l’équipage. Tu le sais plus que quiconque. » Si le verbe peut ressembler à une remontrance, le ton reste toutefois neutre. Sa parole mystifiée par de lourds non-dits s’embrume d’un léger temps d’accroche. « Je ne mène pas au combat des fillettes qui disséminent leur attention en un individualisme de parvenu. S’ils égorgent, je veux qu’ils égorgent pour moi. S’ils pillent, saccagent et même violent, je veux qu’ils le fassent pour moi. Pour leur capitaine. La récompense vient après. Mais je veux que leurs existences, aussi médiocres et puantes soient-elles, me soient entièrement dédiées. » Sa langue est plate et sa voix grave reste tranquille. « Aussi, vois-tu, lorsque je commence à sentir l’odeur du moisi dans les rangs, l’inquiétude me prend. Est-ce la gangrène ? Dois-je amputer ? » Il hausse un sourcil qui pourrait être théâtral, tant la gravité de ses mots contraste avec sa quiétude et son éloquente légèreté. L’interrogation reste en suspens. Une tension palpable s’érige entre les deux effigies. De quoi peut-il bien parler ? Tout concorderait à croire que le poison n’est autre qu’Elle, sa fille, oui, mais sa fille malade. Son menton hirsute finit par vriller vers son Second.

« Je vais te donner trois noms. Tu les connais, et ils te connaissent. Ils arpentent ce bâtiment depuis moins d’un mois et tiennent des propos qui ne me plaisent guère. Tu serais un poids, dit-on, pour ce navire, une gorgone impétueuse qui fera un jour sombrer le Salty Dog du Capitaine Mora dans les abîmes les plus profondes et maudites de l’océan. Ethan, Traum et Lisius. Trois noms. Trois nécroses. » Il marque un temps. Les regards s’accrochent. « Demain, la bataille sera sanglante. Lourdes vont être les pertes. » Ordre ou proposition ? Nul ne saurait vraiment dire. Mais ces deux entités se comprennent comme le ciel et la mer s’apprivoisent. Il ne veut plus revoir les trois marins sur sa frégate après l’affrontement, qu’ils périssent face à l’adversaire ou d’une lame vicieuse détenue par une impétueuse gorgone.
L’amour peut-il être à ce point aveugle qu’il se grime de folie sanglante … ? Car si la cohésion de sa vermine est une chose, la passion pour sa fille unique en est une autre.
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