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 fear cuts deeper than swords. (morrigan)

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MessageSujet: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyJeu 6 Fév - 20:52

Fear cuts deeper
than Swords.

Les ruines d’Hurlenfer dévisagent la frégate amarrée en bord de falaise, sur le front nord, au plus près de l’océan pour éviter les traitres récifs sous-marins. La lune est ronde, scintillante et déverse sur le castel ravagé une aura des plus inquiétantes. De quoi rendre anxieux le plus farouche des marins, tout au plus, le jeune Billy et son acolyte Rince’œil – borgne et muet, langue arrachée par une mauvaise rencontre en mer. Le jeune pirate reluque la silhouette du château comme s’il faisait face au plus terrifiant des dragons. Il reste silencieux mais son visage parle pour lui, jusqu’à ce que Rince’œil lui décoche un coup de coude et ne le mire d’un globe oculaire insistant.
« Ouais. Toi non plus t’es pas bien tranquille hein ? Par tous les dieux sans nom, qu’est-ce qui peut bien prendre au capitaine pour aller caracoler en pleine nuit sur ces maudites terres ? Qu’il m’aurait d’mandé de l’accompagner qu’j’aurais préféré m’percer un œil au fer blanc-, son acolyte esquisse une grimace et grogne, coupant derechef Billy qui se reprend, er, désolé camarade, j’ai tendance à oublier qu’t’es écharpé comme une vieille coque de pêcheur ! »
Rince’œil hausse les épaules avec humeur avant de déporter sa seule et unique bille vers Hurlenfer. Il sait très bien, lui, pourquoi le Capitaine Mora a laissé le Salty Dog dans ces eaux-ci, pour la même raison que les alentours glacent le sang du jeune Billy : la Peur hante les parages, ronflant comme une bête sauvage dans les entrailles des ruines, prête à dévorer la moindre raison. Un endroit que tout le monde évite. Tout le monde. Et donc, de ce fait, le meilleur port d’attache pour un bateau pirate qui veut, ce soir, rester discret.
Mais allez donc expliquer ça avec un moignon de muscle recroquevillé pour toute langue …

* * *

Au triple galop depuis une bonne demi-heure, son destrier fend la terre comme une armée en marche.

Il a abandonné les rivages depuis un moment déjà, quittant la silhouette du castel Hurlenfer – qui s’est évanouie dans son dos – pour marcher de longues lieues durant avant de trouver une ferme. Son cheval lui a coûté une somme coquette, mais sa décision n’aurait pu être contraire : voler un canasson aurait été s’attirer l’attention des fermiers et d’une possible autorité, rendant difficile son retour sur ces terres – et donc vers le rivage – une fois sa quête accomplie. Mais son accostage ne s’est pas fait seul. Accompagné de deux hommes de confiance, il leur a, dès la chaloupe camouflée, ordonné de sillonner les environs pour obtenir des informations. « Je serai au Seven Heretic, les a-t-il informés, l’auberge à l’entrée du village Barrow. Si vous trouvez quoi que ce soit, rejoignez-moi, sinon, retournez au navire. »

Le destrier ralentit l’allure en passant au trot, puis au pas. Son cavalier, la figure dissimulée, observe avec méfiance le voisinage qui ne se conforme qu’à de la forêt et, un peu plus au loin, une large bicoque à la cheminée fumante. La seule lumière extérieure est une lanterne à l’entrée qui vacille de temps à autres sous la brise sylvestre. Une fois à la hauteur du Seven Heretic, il met pied à terre et attache son cheval à une poutre, avant de s’avancer sur le perron en lattes de bois usées et de pénétrer dans l’établissement.

La chaleur est étouffante. Un contraste frappant avec l’humidité dont fait preuve la région, en cette saison. Un grand feu ondoie dans un immense âtre dans le fond de la salle, illuminant par saccades la pièce dont il peine à distinguer la plupart des recoins. Ce qu’il remarque, en revanche, c’est qu’il n’y a personne. Tout du moins, personne qu’il ne puisse voir, dans cette pénombre de tanière d’ours. Il distingue l’aubergiste, tassé derrière son comptoir avec une mine affable, quoiqu’anxieuse face à l’apparition des plus mystérieuses. Le pirate avance de quelques pas pour rejoindre l’homme, le regard ancré sur sa silhouette ronde et massive comme un prédateur en chasse. Il découvre sa gueule.
« Mes salutations, l’ami, dit-il d’un ton bas, une fois à sa hauteur, les ridules loin – très loin – d’exprimer une quelconque sympathie pour ledit ami, je suis à la recherche d’Aurehdir le Mage. On m’a dit qu’il avait pour habitude de sillonner ces terres, et plus particulièrement le village Barrow.  D’aucuns prétendent qu’il s’est déjà arrêté dans ton auberge.
Auré-qui ? Je ne connais aucun mage de ce nom, d’ailleurs, je ne connais aucun mage tout court !
Allons, allons, je ne suis pas là pour créer de quelconques problèmes. Ni pour vous, ni pour lui. Je veux simplement des informations …
P’têt bien, mais j’vous dit, aucun mage ici. Jamais ! »
L’aubergiste vire rouge. Il s’offusque des insinuations qu’on lui sert ou bien perd patience, Hermeus ne saurait dire. Il ne saurait dire, car, à cet instant, sa propre constance se craquelle comme de l’eau gelée. Il lui faut ces informations. Il les lui faut impérativement. Il n’a pas fait tout ce chemin pour qu’on lui serve de telles inepties. Comme pour titiller un peu plus les nerfs de l’inconnu, l’aubergiste à l’air porcin décroche son regard et fait mine de retourner à ses affaires en décidant d’ignorer l’insistance du type louche.
Mora tend alors un bras vif et se saisit des frusques de l’homme en le remorquant pratiquement par-dessus le comptoir en chêne. Son autre main s’est saisie de son sabre dont il laisse la lame flirter avec le double-menton du tenancier.
« AUREHDIR, FILS DE CHIENNE. TU EN AS FORCÉMENT ENTENDU PARLER. OÙ ALLAIT-IL ?! QUI VOYAIT-IL ?! vocifère le capitaine, la lame coupant le derme d’une légère estafilade sous les tremblements de menton de l’aubergiste. Barrow contient à peine cent putains d’âmes dans ses chaumières, COMMENT ne peux-tu pas être au courant de la venue d’un PUTAIN de MAGE. »



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Morrigan Storm
Morrigan StormHermit - adm.
ɤ REGISTRATION : 09/09/2013
ɤ PARCHEMINS : 340
ɤ STATUT DU SANG : Bâtarde.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Terremer.
ɤ METIER OU FONCTION : Maître Assassin.
ɤ INVENTAIRE : Ses deux poignards, des fioles de poison, quelques pièces d'argent.

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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyVen 7 Fév - 16:41


fear cuts deeper than swords.


Pour la première fois depuis un moment maintenant, Morrigan se retrouvait seule. Elle avait fini par s'habituer à la présence de son jeune apprenti après de nombreuses années passées à voyager en solitaire et elle devait bien admettre qu'il était désormais étrange pour elle de ne pas entendre le garçon jacasser sans cesse depuis trois jours. A l'occasion d'un détour par la contrée de Sermar, la Sombrelame avait reçu pour mission d'assurer la protection d'une auberge qui était la cible de plusieurs raids de brigands et de pirates, ces derniers temps. Le pauvre homme l'avait presque suppliée, lui promettant toutes ses économies en échange. Elle ne s'était pas sentie capable de refuser et cela faisait donc trois jours qu'elle restait à l'auberge, observant les différents clients et attendant que quelque chose d'intéressant se produise. Autant dire qu'elle n'avait pas tardé à regretter d'avoir laissé son apprenti rendre visite à quelques membres de sa famille, à Hurlevent. Il ne se passait rien, dans cette vieille bicoque chahutée par le vent et le moulin à paroles qu'était son apprenti lui manquait cruellement. Assise dans le fond de l'établissement, les chevilles croisées sur une chaise posée en face d'elle, la jeune femme buvait une bière bien fade en broyant du noir. La nuit était tombée depuis un moment déjà et la salle principale était presque entièrement vide. Il n'y avait que l'aubergiste, occupé à nettoyer des chopes avec une mine déconfite face aux peu de clients qu'il a ce soir-là. Morrigan se doutait bien que cela avait un lien avec les attaques qu'avait subies le pauvre homme ces derniers temps, les gens n'avaient guère envie de se retrouver dans un coupe-gorge là où ils avaient pensé passer une nuit tranquille dans un endroit chaud et à l'abri du mauvais temps. Vêtue de son habituelle tenue en cuir noir, la jeune femme portait également une lourde cape de la même couleur, dont la capuche était rabattue sur ses cheveux blonds, masquant son visage mais également sa présence aux yeux de ceux qui ne se montraient pas très attentifs. Elle était loin du feu qui chauffait la vaste pièce désespérément vide et ne faisait aucun bruit, paraissant totalement inexistante. De là où elle était, la Sombrelame avait une vue d'ensemble parfaite sur la pièce et cela l'arrangeait bien, si quelque chose devait se produire, elle serait aux premières loges. La porte de l'auberge s'ouvrit alors brusquement, comme pour répondre à ses prières silencieuses et la jeune femme détourna son attention de sa bière infâme pour poser son regard sur la silhouette encapuchonnée qui venait de faire irruption. Un homme, devina-t-elle à la carrure et à la démarche. Un homme armé, conclut-elle en l'observant un peu mieux. En soit, ça n'avait rien de très intéressant, il valait mieux voyager armé, ces derniers temps, mais Morrigan était verrouillée sur l'étranger et n'avait pas l'intention de regarder ailleurs, pour l'instant. Elle le vit s'approcher de l'aubergiste et devina qu'ils étaient en train de parler, mais elle était trop loin et ils parlaient trop bas pour qu'elle puisse comprendre ce qu'ils étaient en train de se dire. En voyant l'aubergiste faire mine de s'éloigner, la Sombrelame laissa échapper un soupir de lassitude et voulut reporter son attention sur sa bière, lorsqu'un mouvement vif attira à nouveau son regard.
L'inconnu avait attrapé le pauvre homme par le col et l'avait presque fait passé par-dessus son comptoir, avant de coller la lame de son sabre contre la gorge de l'aubergiste, avec une rapidité plutôt impressionnante. Pirate, se dit Morrigan tandis qu'une étincelle s'allumait dans son regard. Les choses commençaient à devenir intéressantes. « AUREHDIR, FILS DE CHIENNE. TU EN AS FORCÉMENT ENTENDU PARLER. OÙ ALLAIT-IL ?! QUI VOYAIT-IL ?! Se mit à gueuler l'étranger, brisant le lourd silence qui régnait dans l'établissement. Barrow contient à peine cent putains d’âmes dans ses chaumières, COMMENT ne peux-tu pas être au courant de la venue d’un PUTAIN de MAGE. » Un mage ? La jeune femme se demanda un instant ce qu'il pouvait bien vouloir faire d'un mage, mais elle décida de laisser cette interrogation de côté. S'extirpant de sa cape, la blonde se releva tandis que la lame aiguisée de l'étranger faisait perler quelques gouttes de sang dans le cou de l'aubergiste. Le parquet était vieux et aurait craqué sous les pas de n'importe quelle personne, même la plus légère, mais ce ne fut pas le cas pour Morrigan. Les années d'enseignement de son Maître avaient été longues et douloureuses, mais elle avait parfaitement assimilé ce que l'on attendait d'un Sombrelame. Elle devait faire corps avec l'obscurité, devenir invisible. Et c'est ce qu'elle fit, se glissant entre les tables jusqu'à arriver dans le dos de l'inconnu dont elle n'avait toujours pas vu le visage. Elle avait déjà tiré une de ses lames en Sombrefer, forgées par Äzghabâl et plus tranchantes que le pauvre acier dont beaucoup devaient se contenter. Elle se plaqua presque contre le dos du pirate – du moins, c'était la déduction qu'elle avait faite, en apercevant la courbe de son sabre, le genre d'armes que l'on ne trouvait pas sur le continent – et glissa sa lame froide contre son cou. « Je ne ferais pas ça, si j'étais vous, » susurra-t-elle d'un ton glacial qui contrastait avec son regard brillant d'un éclat joueur. Elle s'était tant ennuyée ces derniers jours qu'un peu d'animation était accueillie avec une grande joie par la jeune femme qui pressa un peu plus la lame de sa dague contre la gorge de l'homme.

« J'ignore ce que vous voulez à cet Aurehdir, mais m'est avis que vous n'obtiendrez guère une réponse en brutalisant cet homme, » dit-elle avant de lancer un regard vers l'aubergiste qui était devenu blanc comme un linge. Sa lèvre inférieure tremblait, il semblait vouloir s'exprimer mais n'en était pas capable, trop terrifié pour prononcer le moindre mot. « Du moins, je ne vous laisserai pas l'entendre, si vous ne le relâchez pas, » dit-elle d'un ton doucereux. Morrigan n'était pas quelqu'un de tendre. Elle n'avait jamais eu aucun scrupule à menacer ni à secouer un peu quelqu'un pour obtenir les informations dont elle avait besoin et elle comprenait donc parfaitement les moyens employés par le pirate, il n'y avait rien de mieux qu'une lame plaquée contre une gorge pour délier une langue. D'ordinaire, elle l'aurait certainement laissé faire, tant qu'il ne finissait pas par trop amocher le type, mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Elle était sensée protéger l'aubergiste et son établissement et pour s'être autant ennuyée, la Sombrelame comptait bien empocher quelques pièces à la fin de sa mission. Elle ne laisserait donc pas l'inconnu poursuivre son interrogatoire musclé et se battre pour le lui prouver ne la dérangeait absolument pas. Elle ignorait ses capacités, pour le moment, même si elle pouvait percevoir sa musculature sous ses vêtements. Elle ne doutait pas de sa force et pensait bien qu'il devait se débrouiller avec son sabre, elle ne devait donc pas le sous-estimer.
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyVen 7 Fév - 21:18

Frisson glacial râpant sa gorge ; frisson qu’il ne reconnaît que trop bien. La caresse d’une lame courtisant sa carne comme un fil tranchant ne souhaitant qu’happer goulument la chair tiède. Par réflexe, sa glotte se dérobe dans la courbe de son gosier, esquivant au mieux la morsure agressive de l’arme avec laquelle on le menace, à son tour. Le menton hirsute se redresse lentement, tandis que, dans leurs orbites, les yeux clairs se mettent à chercher par-delà ses épaules une quelconque ombre. Mais il ne sent qu’un corps pressé contre son rachis, le corps d’une femme, à n’en point douter. Il est des courbes qui trahissent la plus silencieuse des silhouettes, et celle-ci,  mordiable, a été aussi discrète que la brise du sud. Le corps rigidifié par l’abordage vicieux, le capitaine cesse tout mouvement, conservant, toutefois, la carrure de l’aubergiste fermement immobilisée entre sa poigne et son sabre.

« Je ne ferais pas ça, si j'étais vous. »
Un timbre assuré. Un timbre aux abords de l’insolence qui, dès les premières syllabes, parait vouloir chatouiller l’orgueil de Mora. Son état nerveux n’aide en rien, faut-il avouer, faisant osciller le pirate entre une ire agacée et un désarroi pressant : on obstrue ses recherches – ses recherches si vitales. Si la confrontation aurait pu, en temps normal, émoustiller ses sens et sa fièvre du combat, il n’en demeure pourtant dans les pensées du capitaine qu’une résolution violente de toute suppression d’obstacle.
Mais, pour l’heure : sage, l’animal.
« J'ignore ce que vous voulez à cet Aurehdir, mais m'est avis que vous n'obtiendrez guère une réponse en brutalisant cet homme. »
Ses calots tombent sur le tenancier. Il est évident qu’il ne tirerait aucune information de cette effigie trempée de sueur et de gras. Quand bien même saurait-il quelque chose, la présence de sa salvatrice vient de changer la donne … un rictus fend le portrait de Mora, plissant ses ridules comme les ourlets d’un parchemin.
« Du moins, je ne vous laisserai pas l'entendre, si vous ne le relâchez pas. » Et il veut bien la croire. La confiance s’épanche de sa voix avec une bien trop grande maîtrise pour n’être qu’une décharge d’effronterie.

Un son rauque s’élève dans la gorge du pirate, signant vraisemblablement son abdication immédiate quant au verbe offensif exprimé dans son dos. Sa patte épaisse se décroche avec lenteur des frusques de l’aubergiste, libérant fissa l’individu qui ne tarde pas à s’écarter d’un bon apeuré avant d’escamoter la proximité le liant jusqu’alors à son tortionnaire. Les bras s’écartant, l’homme fait mine de se retourner en veillant à prendre tout son temps pour ne pas alerter les réflexes de son adversaire. Bien qu’il tienne toujours le sabre dans sa pogne droite, l’arme paraît se dévêtir de toute menace, tenue avec une bien trop grande légèreté dans la paume pour pouvoir s’abattre prestement sur la cible qui lui fait bientôt face.
Les regards s’accrochent quelques instants et l’on se dévisage en silence. Il l’avait imaginée plus âgée. De par le ton employé, l’aplomb et l’habileté martiale. Son esprit avait déjà fécondé l’effigie d’une guerrière à la carrure certaine et loin de rivaliser avec l’éclat féminin traversant sa svelte charpente. Il attend qu’elle s’écarte un peu – à peine – et fasse mine de baisser sa garde, tout en examinant d’un rapide œil expert les différentes armes qu’elle serait susceptible de porter. Beaucoup de cuir, constate-t-il, bien trop pour qu’elle ne soit qu’une fille de gueux, de paysan ou de marchand venue tâter de sa lame dans la première auberge du coin.

« Je vais baisser mon arme. Tranquillement. » Joignant la parole au mouvement, son poignet s’abaisse en faisant miroiter les reflets de Croc contre les lueurs du feu dans l’âtre. Un instant – aussi bref qu’un battement d’aile – l’éclat aveugle le regard de la femme. C’est ce moment précis qu’il choisit pour la désarçonner. Félon et déloyal au possible, son coup se porte à la rotule gauche de l’amazone qu’il fracasse de sa botte épaisse. Le déséquilibre se joint à un second coup, cette fois arrosé par le pommeau du sabre qui se fiche directement dans la mâchoire féminine.
Aucune galanterie n’était à escompter en pareille situation, encore moins en compagnie d’un corniaud de flibustier.  
Quelques pas sur le côté, et le voilà fin prêt à débuter un véritable duel. Le fiel déborde de ses lippes, les tordant en une grimace mauvaise et d’un geste sec – voire même tarabusté – il se débarrasse de l’étoffe lui ayant servit de masque pour étoffer sa discrétion. Mais il ne s’agit dorénavant plus de respecter une quelconque discrétion, non, encore moins de gêner ses mouvements de tête et sa vision par un foutu textile.
« Je ne suis pas d’humeur, femme. Vraiment pas, crache-t-il avec aigreur, Croc hissé à hauteur de buste, prêt à mordre. »



Dernière édition par Hermeus Mora le Sam 8 Fév - 18:29, édité 1 fois
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Morrigan Storm
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ɤ METIER OU FONCTION : Maître Assassin.
ɤ INVENTAIRE : Ses deux poignards, des fioles de poison, quelques pièces d'argent.

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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptySam 8 Fév - 12:13


fear cuts deeper than swords.


L'aubergiste avait cessé de regarder l'étranger, pour braquer sur elle un regard terrifié. Un regard qui signifiait sauvez-moi et je vous donnerai tout ce que vous voulez. Il pouvait se rassurer, Morrigan n'avait aucunement l'intention de laisser qui que ce soit lui trancher la gorge. Le pirate était seul et ne pouvait pas tellement se permettre quoi que ce soit, dans sa situation actuelle. La lame de son poignard était prête à trancher ses chairs et il ne devait pas douter de la rapidité de la Sombrelame. Il sembla le comprendre, puisqu'il laissa échapper un grognement rauque et consentit enfin à relâcher le propriétaire de l'établissement qui s'éloigna vivement en plaquant une main contre sa gorge, tremblant et blanc comme un linge. Elle sentit l'inconnu écarter les bras et retira sa propre lame, le regardant faire demi-tour pour enfin lui faire face. Son visage était toujours masqué mais elle pouvait percevoir ses yeux, dans lesquels elle plongea son regard, prête à en découdre s'il le fallait. « Je vais baisser mon arme. Tranquillement. » dit-il alors et la jeune femme ouvrit la bouche, prête à lui dire de ne rien faire de stupide mais alors qu'il baissait son bras, la lame de son sabre capta les reflets du feu, les renvoyant directement dans la face de Morrigan qui n'eut pas le temps de s'écarter suffisamment, malgré ses réflexes impressionnants. La botte du pirate entra violemment en contact avec sa rotule qui se serait certainement brisée, si elle n'avait pas bougé de quelques pouces malgré son aveuglement. Mais cela suffit à lui faire perdre l'équilibre et alors qu'elle était trop occupée à vouloir se rétablir, l'inconnu en profita pour lui asséner un coup dur en pleine mâchoire, se servant du pommeau de son sabre pour cela. Le goût cuivré du sang envahit sa bouche et la jeune femme vérifia que toutes ses dents étaient encore en place. La mâchoire douloureuse, elle leva un regard noir en direction du pirate. Elle avait l'habitude de prendre des coups, ce n'était pas le premier, ni le dernier. Mais Morrigan laissa échapper un grondement rauque. Idiote, songea-t-elle, honteuse de s'être ainsi fait avoir comme une vulgaire débutante. Elle avait stupidement baissé sa garde et était incapable de se le pardonner. Prendre des coups était une chose, ça ne la dérangeait pas, tant qu'elle avait fait de son mieux pour les éviter. Si son adversaire s'avérait juste plus fort qu'elle alors soit, mais cette fois-ci, ce n'était pas le cas. Plus malin et plus fourbe, il l'était sans le moindre doute. Mais plus fort, elle l'ignorait encore. Elle n'était pas sensée se faire avoir par des petits tours aussi simple et elle s'en voulait terriblement.
A vrai dire, cela l'agaçait prodigieusement. Ses doigts fermement repliés sur le bord de la table contre laquelle elle avait eu l'intelligence de se rattraper, Morrigan regarda l'étranger retirer l'étoffe qui masquait son visage jusqu'à présent. Elle l'observa longuement, imprimant chaque trait de sa face dans sa mémoire, pour ne jamais oublier cet homme qui avait réussi à la mettre dans une telle position. La colère se lisait clairement sur le visage du pirate, qui releva son sabre, visiblement prêt à se battre, lui aussi. « Je ne suis pas d’humeur, femme. Vraiment pas, » cracha-t-il, le regard ancré dans celui de la Sombrelame. Elle se redressa, ignorant la douleur qui s'était logée dans son genou. Ce n'était pas si grave, elle avait combattu dans de pires conditions que celles-ci. Du revers de sa main gantée, elle essuya le sang qui s'était échappé d'entre ses lèvres pour s'écouler le long de son menton et regarda le liquide carmin quelques secondes. Elle n'avait pas saigné ainsi depuis un petit moment et c'était encore plus douloureux pour son ego. Tant pis, elle ferait avec. Se campant sur ses deux jambes, la jeune femme raffermit sa prise sur sa dague tandis que son autre main se glissait jusqu'à sa cuisse, pour tirer sa seconde lame. Les dagues jumelles, provenant du même minerai de Sombrefer et forgées par le même Nain, représentaient ce qu'elle avait de plus précieux. Elle ne doutait pas que ces deux magnifiques ouvrages pouvaient valoir une véritable fortune, mais elle ne les céderait pour rien au monde, même si elle venait à mourir de faim.

« C'est dommage, nous aurions tout simplement pu discuter devant une bière, aussi infecte soit-elle, » dit Morrigan avec un air faussement déçu. Néanmoins, elle le pensait réellement. Tout aurait pu être très simple, mais il avait décidé de compliquer les choses en l'attaquant de manière déloyale. Oh elle pouvait comprendre. Après tout, elle était une Sombrelame, toutes ses capacités reposaient sur le fait d'être discrète, rapide. Ne pas être vue, pour mieux frapper. Le combat loyal ne faisait pas partie des habitudes de la jeune femme qui préférait passer inaperçue pour accomplir ses missions. Mais il ne fallait pas se leurrer, elle avait été formée par Hawkeye, qui n'avait pas hésité à lui apprendre à se défendre, même si elle devait se retrouver entourée de quatre types bien décidés à la tailler en pièces. Elle était rapide, mortelle. Se débarrasser du pirate pourrait presque être simple, si la douleur dans son genou de l'handicapait pas à ce point. Ne pas le sous-estimer,, fit une voix dans sa tête, contrant son arrogance qui menaçait de la rendre faible face à l'inconnu. Son regard se posa rapidement sur l'aubergiste qui s'était encore plus reculé, se préparant mentalement à voir son établissement devenir une arène de combat pour deux chiens fous. Alors elle reporta son attention sur le pirate et esquissa un sourire carnassier. L'enseignement Sombrelame se passait parfois dans la douleur, souvent dans le doute, toujours dans la difficulté. Elle ne craignait pas d'être quelque peu diminuée par son genou. Elle avait reçu une leçon quelques secondes plus tôt et elle faisait mal à l'orgueil démesuré de la jeune femme, mais elle l'encaissait. Elle n'était pas infaillible, sa mâchoire endolorie lui rappelait très bien ce fait.
Mais elle ne crèverait pas ici et s'il l'avait touchée à deux reprises, il n'y aurait pas de troisième fois, Morrigan s'en fit la promesse. Elle était prête, concentrée. Dans sa poitrine, son cœur battait calmement, signe qu'elle avait cessé de réfléchir à tout un tas de choses pour se concentrer uniquement sur sa cible. Trouver les points faibles, les exploiter. S'il n'y en avait pas, analyser les points forts et les retourner contre l'adversaire. La Sombrelame était heureuse d'avoir eu l'intelligence d'attacher ses cheveux, la dernière chose qu'elle souhaitait était de se retrouver gênée dans ses mouvements et sa vision par des mèches blondes. Son sourire s'effaça lentement et elle se replia sur elle-même, prête à bondir sur son adversaire. Ce qu'elle fit sans plus tarder. Plus agile et plus menue que le pirate, elle glissa jusqu'à lui, la dague noire dans sa main droite visant le flanc de l'homme. Son autre main était légèrement relevée elle aussi, prête à parer la moindre attaque. Son coup fut esquivé et cela surprit la jeune femme, mais elle ne laissa rien paraître, déjà concentrée sur sa prochaine attaque. Ses pas, légers et furtifs, la menèrent jusqu'au côté droit de l'étranger et elle parvint à atteindre sa joue, y traçant une longue estafilade qui laissa s'échapper un peu de sang. Elle se glissa alors dans son dos, rapprochant ses lèvres de son oreille pour y murmurer : « Alors, cette bière, toujours pas ? » d'un ton taquin, avant de se replacer face à lui. Elle retint à peine un sourire joueur, interrompue par une attaque du pirate qu'elle allait devoir parer, si elle ne voulait pas se voir découpée en deux. Leur danse macabre ne faisait que commencer et Morrigan ne pouvait masquer son excitation, à travers un regard pétillant et un sourire en coin. Elle savait qu'elle risquait sa vie, comme à chaque combat, mais c'était justement ça qui était enivrant.
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptySam 8 Fév - 17:18

Elle dégaine une autre lame et le seigneur des mers ajuste sa position en l’adaptant à la nouvelle configuration ; il lui faut modifier son équilibre et son axe, s’il veut être alerte autant sur son flanc gauche que son flanc droit. L’éclat des deux dagues ne saurait le déconcentrer, bien qu’il parvienne à les distinguer sans forcément poser un seul regard dessus – ses billes étant férocement accrochées à la figure adverse. Il les devine d’orfèvrerie délicate quoique solide, forgées avec soin et de mains expertes. Le mystère gonfle autour de l’inconnue et Mora regrette lentement de ne pas avoir emporté son cimeterre avec lui. La chevauchée aurait été trop désagréable s’il s’était armé de Hyène d’autant que l’idée, au départ, était de ne récolter que des renseignements, pas d’engager le combat – qui plus est avec une auguste rivale. La vision de l’arsenal ne fait donc que renforcer son rictus torve.
« C'est dommage, nous aurions tout simplement pu discuter devant une bière, aussi infecte soit-elle. » Il ricane, le bougre, découvrant son émail serré comme un étau. Au vu de son humeur, il aurait pu empoisonner le breuvage de la vilaine pour avoir osé ne serait-ce que poser une lame sur sa gorge. Acariâtre sieur des brigands qu’il est.
D’un mouvement de poignet, il fait tournoyer son sabre dans le vide en tranchant l’air de sifflements inquiétants ; ça devrait répondre au commentaire. Mais au-delà de la provocation, le pirate échauffe ses muscles.

Après une mince quiétude des plus chargées, le combat est engagé. Le corps de la femme s’élance avec une rapidité féline, tant et si bien, qu’elle lui paraît être portée par une souplesse inhumaine. De toute sa longue existence, rares ont été ses adversaires à faire montre d’une pareille diligence. Sa fille comprise. Suffisamment préparé, muscles bandés, il ne lui est toutefois pas impossible d’esquiver l’attaque en vrillant son buste puis son bassin et enfin ses jambes. Mais une telle déviation imbrique lourdement sa charpente en une posture raide, désaxée de toute stabilité. La chienne parvient dès lors à atteindre son effigie d’un chuintement de lame qui entaille sa carne d’une estafilade sanglante. Quelle vitesse ! Mora lâche un grognement froissé. Non pas que la douleur lui soit insupportable – son corps entier est un grimoire amoché. Mais sa fierté bougonne dans la lueur farouche de son regard.
« Alors, cette bière, toujours pas ? qu’elle jacasse dans son dos avec une douceur de veuve noire. » Il la ferait bien taire en déchirant à mains nues son impertinente langue. C’est son coude, qu’il lâche pourtant, en tentant d’envoyer un coup dans la panse de son adversaire. Elle s’écarte instantanément, lui laissant une liberté de mouvement recherchée.

« Tu es véloce, mécréante, avoue-t-il en se retournant de face. » Ses pas s’éloignent quelque peu et l’on dirait presque qu’il prend la fuite. Mais sa gueule – quand bien même encrassée d’un éclat carmin – se fend d’une mine belliqueuse. Il a beau être en colère, le capitaine aime ça : la bagarre. Et ce serait mentir, que de le rendre insensible à une telle rivale. Son menton se tourne avec rapidité vers un tabouret de l’auberge qu’il agrippe par l’un des trois pieds avant de fendre le boids avec une puissance barbare contre la surface d’une table. Les éclats et débris se répandent sur le plancher, dispersant la carcasse du tabouret tout autour et laissant son seul morceau valide dans la poigne de l’homme. Dans le fond de la salle, l’aubergiste réprime un couinement contrarié. Il serait cependant bien sot d’emmètre un quelconque reproche ; il tient à sa vie plus qu’à ses meubles. Et l’homme que voici n’a pas l’air du genre à rembourser ses actes de vandalisme. Loin s’en faut.
Le pied de tabouret bien en main, le pirate revient vers sa cible en précipitant sa carrure avec force, Croc s’abattant  avec une puissance irascible sur la figure de la femme. Mouvement qu’elle pare, évidemment. Dans le cas contraire, la lame du sabre se serait encastrée à travers le crâne dans craquèlement sinistre jusqu’à rejoindre le bord des lippes. La tête fendue en deux. Mais c’est une diversion. Farouchement ambidextre, Mora n’a qu’une seule chose en tête : désarmer l’autre dague dont il a frappé les phalanges avec une telle vigueur qu’il pense les avoir cassées. Mais il ne s’agit après tout que de bois, un bois fendu par l’attaque dont il est obligé de se débarrasser en préparant un nouvel assaut, rivant cette fois son sabre vers les jambes de la blonde. L’acier hurle dans son déplacement, prêt à trancher dans la chair du genou blessé …

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Morrigan Storm
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyMer 19 Fév - 10:48


fear cuts deeper than swords.


Morrigan vit le bras de son adversaire se raidir et comprit ce qu'il comptait faire avant que son mouvement ne s'amorce réellement. Agile, elle évita le coup de coude qui lui aurait certainement coupé le souffle et durement handicapée, si elle ne s'était pas décalée. D'un pas félin, elle se replaça en face de l'homme, l'air farouche. « Tu es véloce, mécréante, » admit-il et le visage de la jeune femme se fendit d'un sourire carnassier. Il faisait moins dans la dentelle et sa carrure épaisse le rendait moins rapide et moins agile qu'elle, mais elle ne pouvait pas sous-estimer sa force. Elle le regarda se saisir d'un tabouret qu'il réduisit en miettes afin de ne garder que le pied du meuble dans son poing fermement serré. Elle arqua un sourcil, les ambidextres étaient rares et cela lui avait toujours donné un énorme avantage sur ses adversaires ordinaires. Trop concentrés à parer une attaque, ils ne voyaient souvent pas venir la seconde et cela leur coûtait généralement la vie. Mais cet homme là était différent, il savait parfaitement utiliser ses deux mains et ne semblait pas du genre à ne se concentrer que sur une des dagues de Morrigan. Il observait chacun de ses mouvements, prêt à parer n'importe quel coup. Qu'il vienne de la gauche ou la droite. Soit, ça allait compliquer les choses, mais la Sombrelame n'était pas contre un petit défi. Le sentant prêt à foncer sur elle, la blonde plia légèrement les genoux, abaissant son centre de gravité afin de mieux l'accueillir. Le métal du sabre du pirate étincela et elle para l'attaque en bandant ses muscles afin de résister à sa force, grimaçant légèrement. Les deux lames s'entrechoquèrent dans un tintement presque mélodieux. Elle comprit bien vite le stratagème de son adversaire, suivant son regard jusqu'à son autre main et tenta de la mettre hors d'atteinte. Mais les bras de l'homme étaient plus grand et cela lui permit d'écraser l'épais pied du tabouret sur les phalanges de la jeune femme qui serra les dents pour ne rien laisser échapper de plus qu'un grognement. Sous la douleur, elle relâcha sa dague qui tomba au sol dans un bruit sourd. Et déjà, l'autre revenait à la charge, prêt à transpercer son genou déjà amoché à l'aide de son sabre.
Le cœur de Morrigan manqua un battement. Si elle le laissait faire, elle serait inutile, à sa merci. Il pourrait la tuer sans aucune difficulté et il était hors de question qu'une chose pareille se produise. La lame aiguisée du pirate transperça le cuir qu'elle portait, déchirant ses chairs au passage, mais déjà, elle avait bondi. Ce qui aurait très certainement traversé son genou ne fit que le blesser méchamment et d'une roulade agile, la jeune femme se mit hors de portée de la lame de son adversaire. Le souffle court, elle riva ses yeux sur lui avant de porter son attention sur sa main endolorie. Elle remua les doigts, cherchant à tester leur force, puis serra les dents à nouveau. Ce combat était en train de prendre un tournant qu'elle n'appréciait pas. Mais alors pas du tout. Elle sentit un liquide chaud couler le long de son mollet et se redressa, ignorant la douleur qui irradiait de la plaie nouvellement formée. Elle posa son regard sur la dague qui était tombée sur le sol et décida de l'ignorer. Elle était tout aussi habile avec une seule lame et comptait bien lui prouver cela.

Morrigan inspira profondément et observa rapidement le pirate. Elle devait arrêter immédiatement de faire des erreurs ou bien la prochaine lui coûterait la vie. Au fond de sa tête, la voix de Jukka résonna. La confiance en soi est un atout. L'arrogance est synonyme de défaite. Que penserait-il d'elle en cet instant ? Elle s'était fait avoir à deux reprises, comme si elle n'était encore qu'une apprentie. Elle n'était pas sensée laisser tant d'ouvertures à son adversaire. Le regard de la jeune femme changea, se fit plus sombre, preuve qu'elle se concentrait pleinement, cette fois-ci. Elle ne sembla pas bouger encore quelques secondes mais lorsqu'elle se décida enfin à se mouvoir, ce fut avec une rapidité surprenante. Encore que ses quelques blessures l'empêchaient d'être à son maximum. Elle se précipita vers le pirate, visant en premier sa cuisse gauche, une attaque qu'il n'esquiva que lorsque la lame de l'assassin effleura sa chair. Il n'était pas invincible, elle pouvait l'avoir. Ne perdant pas plus de temps, Morrigan revint à la charge, visant cette fois-ci l'abdomen de son adversaire. Elle n'attendait plus de voir si ses attaques touchaient ou non l'homme. Une fois le coup porté, qu'il soit paré ou pas, elle passait immédiatement au prochain, enchaînant avec une rapidité impressionnante. Elle ne visait pas forcément à l'épuiser, elle se doutait qu'un type tel que lui devait posséder une bonne endurance, mais elle voulait le pousser à la faute. Parallèlement, elle se tenait prête à devoir parer la moindre contre-attaque, guère enthousiasmée à l'idée de se faire embrocher par le sabre du pirate.
Elle visait différents points de l'anatomie de l'inconnu, espérant bien évidemment finir par frapper douloureusement, mais son but était avant tout de le déstabiliser pour enfin pouvoir lui porter un coup qui le mettrait à terre. Elle n'avait pas tellement envie de le tuer, dans la seconde. S'il ne lui laissait pas le choix, elle le ferait sans éprouver le moindre remord, après tout, elle avait déjà tué pour moins que ça, mais Morrigan devait bien admettre que le pirate sortait de l'ordinaire. Le rendre incapable de se battre serait déjà suffisant pour la jeune femme dont la curiosité avait été piquée. Elle ignorait toujours pourquoi il cherchait tant à retrouver ce mage qu'il avait mentionné plus tôt. Pour qu'il se mette tant en colère, cela devait être important et la Sombrelame voulait en savoir plus.  Sa lame plongea donc en direction du flanc droit de son adversaire, avant de bifurquer au dernier moment vers son bras qui tenait fermement le sabre avec lequel il avait réussi à la blesser.
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptySam 22 Fév - 19:37

La lionne est défaite de l’une de ses griffes, mais la voilà exilée loin de la morsure assassine du sabre. Toujours aussi véloce, toujours aussi agile, animal souple que le capitaine ne saurait dominer. Il la mire d’un air tendu, car au plus le combat avance, au plus la nervosité s’accroît. Chacun semble réaliser le potentiel de l’autre et chacun paraît s’assombrir à l’éventualité de laisser son adversaire gagner du terrain. Les corps se retrouvent à nouveau dans un face à face offensif, muscles tendus et regards vigilants. Mora enserre sa poigne massive autour de son arme et dans un sinistre silence, l’exhalaison ferreux du sang se met à déranger les narines. Les deux carcasses pâtissent de blessures infligées, mais aucun des deux adversaires n’a l’air de succomber aux affres dérangeantes de la douleur. Ils serrent les dents, se jaugent et, peu à peu, l’atmosphère figée devient de plomb. Un plomb lourd. Un plomb abrutissant. Une attente qui paraît s’étirer et qui n’est consumée, en fait, que par quelques secondes écoulées. C’est à ce moment précis que le capitaine décèle chez la blonde un changement féroce. Un genre de lueur qui ne traverse pas les esprits lents, couards et défaitistes. Oui. Il y a dans les billes de cette femme cent étalons prêts à le piétiner. Il ne pourrait se l’avouer, mais sur son échine grimpe un frisson glacial. Un serpent fait d’angoisse et de doutes que très peu d’êtres en ce monde peuvent se targuer de lui avoir, un jour, greffé dans la chair et l’esprit.

Elle s’ébranle.

Furie tempétueuse, elle enchaîne des averses comme un vent et sa grêle se permettrait de le léser avec tyrannie. Un coup sur la cuisse ; il ne pare que trop tard. Le textile et la carne se déchirent sous l’érafle et le sang n’a pas même le temps de s’écouler qu’une nouvelle attaque est chargée. Les lames s’entrechoquent en vomissant des étincelles éparses et subites ; il vient de parer pour éviter à son torse de subir une autre blessure. Contraint à reculer sous chaque assaut, il emmène bientôt le duo vers un recoin de la salle où la pénombre devient vite une ennemie pour son regard certes vif, mais plus rouillé par les années que celui de la jeune amazone. Ses pas rencontrent bientôt des tabourets qui s’écroulent sur leur passage, des objets divers qui chutent sous l’agitation et agrémentent leur sillon d’obstacles gênants. La force de Mora, bien que guerrière, s’amoindrit à chaque frappe, tirée en arrière pas une fatigue qu’il sait pertinemment recherchée. Il n’a plus vingt ans. Il n’a plus cette endurance qui pouvait naguère lui faire remporter de glorieux duels. La mêlée d’une bataille en haute mer n’est en rien comparable au face à face cinglant de deux épéistes forcenés. L’émail serré, le fier seigneur n’a plus qu’à subir coups après coups la rage d’une jeunesse non seulement entrainée, mais terriblement mortelle.

Son talon choque contre une bassine, la concentration est perturbée et l’unique lame de son adversaire s’en vient déjà vers le flanc. Il pare de nouveau, mais se fourvoie dans son discernement, et voici que l’attaque dévie et le désarme. Croc s’échoue à terre à un mètre de là en laissant derrière lui une main ensanglantée et rendue inutile qui est précipitée, comme le reste du corps, dans une chute brutale qui cloue le capitaine sur les planches de l’auberge. L’un des tabourets renversés aura été sa perte, embrigadant ses bottes dans un déséquilibre fatal.
La carrure s’est éboulée avec grand fracas, le corps massif de l’homme remuant un nuage poussiéreux et faisant meugler le parterre d’un grincement moribond. Le souffle coupé, il redresse rapidement l’échine en contemplant sa rivale qu’il entrevoit déjà comme son assassin. La patte maculée se lève entre eux deux dans un réflexe purement et simplement défensif, ajoutant un plus vif symbolisme à l’humiliation subie. Il est fait comme un rat, et, comme un rat, le voilà contraint à mordre la poussière. Il serait néanmoins impensable au capitaine de solliciter une quelconque pitié comme une vermine mendierait de sa pitance. Mais peut-être que s’il proposait de l’argent … une somme, aussi conséquente soit-elle, ne serait rien en comparaison de sa vie. Une vie à laquelle il tient bien trop et pour laquelle il s’est trop battu pour la perdre au détour d’une simple auberge miteuse. S’il y a bien une contrée qui mérite sa dépouille, c’est la mer.

« Attends ! » Haletant, il soulève un peu plus sa pogne faite de grenat sirupeux. La douleur est lancinante, mais pas plus que l’humiliation.
« Je peux te payer, ton prix sera le mien. » La ruse, seul et unique honneur l’ayant jusqu’ici préservé de bien nombreuses morts.
Une clameur les interrompt brusquement à l’ouverture de la porte en bois de chêne. Deux hommes entrent l’un à la suite de l’autre, et en tombant presque nez-à-nez sur la scène, leurs mains se rivent sur les épées. « Non ! » Mora les arrête de cette même patte endolorie. Le ton est autoritaire. Auguste. Un paradoxe flagrant avec la pathétique proie qui était prête à troquer sa vie pour une bourse bien remplie. Les chiens se stoppent instantanément, gardant néanmoins les phalanges arrimées aux poignées de leurs armes. Ils reluquent la femme d’un air mauvais, les semelles pourtant scellées par l’ordre intimé. Les globes oculaires du capitaine reviennent vers elle en échangeant un long regard que seul eux deux pourraient comprendre, et même capter. Il sait qu’il pourrait perdre deux hommes, ce soir, en moins de temps qu’il ne faut pour le constater. Même blessée, même seule, il la sait être capable d’un tel exploit. Il ne connaît ni son nom, ni même ce qu’elle est, mais les capacités sont rarement trompeuses.
« Vous l’avez trouvé ? fait-il à l’intention des deux autres. » Il garde les billes rivées sur celles de son adversaire. Les hommes, vaguement décontenancés par la situation, se regardent avant que l’un ne réponde enfin. « Les Templiers lui ont mis la main d’sus, capitaine. » La figure de Mora se tord en un rictus contrarié où un profond épuisement se lit bientôt. Les paupières se ferment avec harassement et l’on dirait que plus personne n’existe autour de lui. Ni ses hommes. Ni la femme. Ni l’auberge. Juste un abattement saillant transperçant sa carcasse. Un instant, la visage de sa fille passe sous son regard clos et une peine indéchiffrable se met à pourfendre ses lippes tordues. « Capitaine ? » Il rouvre péniblement les paupières et réinvestit bien vite la réalité. Celle où, encore, il se voit échouer.



Dernière édition par Hermeus Mora le Mer 12 Mar - 15:13, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyMar 4 Mar - 16:09


fear cuts deeper than swords.


Morrigan avait toujours été rapide et agile. Deux qualités qui avaient attiré l'attention de son maître à l'époque, le poussant à croire qu'elle avait des capacités intéressantes. Son entraînement avait été long et difficile, mais il l'avait rendue redoutable. Elle avait été formée pour tuer, elle n'avait pas seulement appris à manier les armes, mais à en devenir une à son tour. Son adversaire était plus fort qu'elle, en terme de puissance, il la surpassait totalement. Il était plus grand et plus musclé qu'elle. Son expérience du combat était également un avantage pour l'homme. Elle ne pouvait pas le battre en se contentant de croiser le fer. Elle était perdue rien qu'à cause de la portée du pirate, grâce à ses longs bras et son sabre. Mais la Sombrelame avait plus d'un tour dans son sac et sa rapidité était sa plus grande alliée. Elle se mit à frapper ici et là, toujours plus vite, changeant de cible au dernier moment à plusieurs reprises. Le pirate commença à s'essouffler, après tout il était plus vieux qu'elle et pourrait aisément passer pour son père. Enfin, elle parvint à l'acculer et une dernière feinte suffit à désarmer son adversaire. Elle le vit s'ébranler et tomber sur le sol, précipité là à cause d'un tabouret malencontreusement placé sur son chemin. Un nouveau sourire en coin se dessina sur les lèvres de la blonde qui s'avança d'un pas, son poignard fermement serré entre ses doigts. D'un coup de pied, elle éloigna le sabre, s'avisant qu'il ne puisse pas le récupérer. La jeune femme ouvrit la bouche mais il l'interrompit en levant une main, haletant. « Attends ! » dit-il alors brusquement et elle cessa de bouger, pour ancrer ses yeux clairs dans les siens. « Je peux te payer, ton prix sera le mien. » La mine de Morrigan se fend d'un sourire plus large encore. L'or était une chose qui avait toujours su pousser la jeune femme à réfléchir, à peser le pour et le contre. Mais en cet instant, il n'y avait pas tellement de négociations possibles, puisqu'elle n'avait jamais eu la véritable intention de le tuer. Simplement de l'empêcher d'étriper l'aubergiste et accessoirement, de la tuer elle. La blonde ouvrit la bouche une nouvelle fois et se retrouva encore interrompue par la porte de l'auberge qui s'ouvrit avec fracas sur deux hommes. La Sombrelame fit volte-face et identifia immédiatement les nouveaux arrivants comme étant les alliés du pirate. Elle reprit une posture correcte, prête à en découdre, bien que désavantagée par ses quelques blessures. « Non ! » s'exclama alors son ancien adversaire et elle se figea elle aussi, guettant leur réaction. « Vous l’avez trouvé ? » demanda-t-il à ses hommes qui avaient cessé de bouger, eux aussi, obéissant sans se poser de questions à leur chef.  Riggs choisit de ne pas baisser sa garde pour autant, son regard passant du pirate à ses hommes. « Les Templiers lui ont mis la main d’sus, capitaine. » répondit l'un d'entre eux et la jeune femme reporta son attention sur son adversaire uniquement.
Elle vit sa face se décomposer à la nouvelle. Morrigan demeura silencieuse, surprise de voir une telle expression sur le visage du pirate. Elle ignorait ce qu'il voulait à ce mage, mais cela avait l'air particulièrement important. Non, vital, à en juger l'abattement qui se dégageait de sa large carrure avachie. Les deux hommes appelèrent leur capitaine, qui ne sembla pas vouloir leur répondre, trop préoccupé par ce qui semblait être, à ses yeux, un échec cuisant. La Sombrelame laissa échapper un mince soupir et rangea son poignard, jugeant qu'elle n'en avait plus besoin. Elle alla récupérer celui qui était tombé à terre et vérifia son état, avant de le ranger lui aussi. Suivie du regard par les deux pirates qui se méfiaient toujours d'elle, la jeune femme se rapprocha de leur capitaine, jusqu'à s'accroupir face à lui. « Si les Templiers l'ont emmené à la Tour, vous ne reverrez jamais votre homme. Mon aîné, Qahedar, y est depuis près de vingt ans, je sais de quoi je parle, » dit-elle avec une grimace. Cette pensée l'attristait toujours autant. Elle n'avait pas eu l'occasion de vraiment connaître ses deux frères. Et tout ce qu'elle savait désormais, c'était que Wilhelm avait choisi de devenir Templier pour continuer de veiller sur Qahedar. Son succès demeurait un mystère et Morrigan n'avait plus eu une seule nouvelle de ses deux frères depuis des années. Pourtant, elle se sentait toujours reliée à eux, gardait dans un coin de sa tête, cette envie et cet espoir de les revoir un jour.

Morrigan secoua la tête et se redressa, massant sa mâchoire encore un peu douloureuse. Puis elle tendit une main au pirate, qui n'avait pas daigné se remettre debout, visiblement trop abattu par la nouvelle. « Je n'ai aucun intérêt à tuer un homme à terre, » dit-elle dans un murmure avec un mince sourire. Qu'il accepte son aide ou non, elle voulait simplement lui montrer sa bonne foi. La blonde avait trop apprécié leur petite altercation pour garder la moindre rancune envers le pirate qui n'avait définitivement pas besoin que l'on rajoute une couche à ses ennuis. « Cet Aurehdir, c'est un ami à vous ? » C'était la seule déduction qu'elle était capable de faire, en cet instant. Elle n'avait pas suffisamment d'éléments pour comprendre ce qu'il se passait vraiment et cela attisait sa curiosité. Elle savait ce que l'on ressentait, lorsque l'on voyait une personne chère emmenée dans un endroit dont elle ne ressortirait plus jamais. Si c'était là la cause de l'abattement du pirate alors il n'y avait sûrement rien à y faire, sinon essayer de passer à autre chose. La Tour du Cercle était une forteresse imprenable, même pour un pirate suivi de près par de nombreux hommes fidèles. Morrigan ne pouvait s'empêcher de se sentir désolée pour lui. Il n'y avait rien de pire que d'être impuissant face à une situation que l'on avait espéré pouvoir arranger.
L'adrénaline quittant peu à peu son corps, la blonde sentit son genou la rappeler à l'ordre. Trop concentrée sur son combat et son désir de survie, elle avait passé outre la douleur mais à présent, cela commençait à devenir plutôt gênant. Ses phalanges étaient également amochées, un détail qui la fit grimacer. Elle avait besoin d'être entière, c'était grâce à ses membres qu'elle gagnait sa vie et l'idée de devoir rester ici plus longtemps pour se soigner ne la ravissait pas tellement. Soupirant à nouveau, Morrigan tira un tabouret jusqu'à elle avant de s'asseoir dessus. Elle ne l'aurait certainement jamais fait dans d'autres circonstances, préférant souffrir plutôt que de montrer la moindre faiblesse face à un adversaire, mais elle avait fini par avoir le dessus sur lui et les circonstances ne lui donnaient pas tellement envie de jouer à la dure. Massant ses doigts endoloris, la Sombrelame leva son regard en direction du pirate, attendant une réaction de sa part.
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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyMer 12 Mar - 17:27

La fatigue croule sur ses épaules. Elle jappe contre ses tympans au travers desquels le sang afflue tel un cataclysme. Dans la vision trouble du capitaine se glisse bientôt l’effigie de sa rivale. Bref mouvement de recul, instinct de survie en alerte, ses semelles raclent un instant la poussière mordorée du sol avant de calmer ses nerfs par une vague inspiration. Les deux autres, à la porte, dardent sur la femelle prédatrice une attention décuplée. Les lèvres de l’homme ne trouvent même pas la force d’articuler quoi que ce soit de plus, las de bien des choses. Et devoir constamment céder à la paranoïa en fait partie. Les orbes clairs du vaincu se redressent avec lenteur sur le visage de la blonde, ne constatant ni hostilité, ni agressivité, sur les jeunes ridules. Ainsi reste-t-il à l’écouter, toute ivresse belliqueuse échappée de leurs deux carrures.
« Si les Templiers l'ont emmené à la Tour, vous ne reverrez jamais votre homme. » Voilà bien une affaire. Les lippes du vieux loup se tordent en un rictus cinglant. « Mon aîné, Qahedar, y est depuis près de vingt ans, je sais de quoi je parle. » C’est au tour de la guerrière de grimacer, tirant chez le pirate un silence navré que d’autres prendraient pour de l’indifférence. La famille, source de grandes peines et de grandes joies, racines dont on ne peut jamais vraiment se défaire et que jamais personne ne peut vraiment nous arracher. La souffrance de Mora s’estompe avec humilité, ne voulant certes pas imposer son humeur de chien face à ce qui semble être une tragédie – peu – secrète. Nombreux ont été les foyers à pâtir de ce schisme, nombreux ont été les fils, filles, frères et sœurs à devoir abandonner les leurs au profit de hauts murs en pierre surveillés comme le seraient des geôles.

Dans le crâne du corsaire tinte pourtant un fourbe sentiment. Un déjà-vu qui le perturbe autant qu’il le hante. Quelque chose dans les paroles de la femme le dérange, mais il serait bien incapable de mettre le doigt dessus. Du temps qu’il explore son esprit comme l’on pille un lieu-dit, la silhouette en face se redresse et lui tend cette fine patte qui, quelques minutes plutôt, s’acharnait à le meurtrir.
« Je n'ai aucun intérêt à tuer un homme à terre. » Les sourcils du capitaine s’arquent avec dérision. L’honneur. Voilà bien une vertu dont il n’aurait pas gratifié le code de l’inconnue. La paluche valide finit néanmoins par s'accrocher, coulant les carnes dans la sueur du combat, et tirant brièvement pour s’aider. L’homme, toutefois, paraît faire attention à ne pas se servir d’elle comme d’une vulgaire canne, auquel cas le poids lourd dont il est pourvu aurait pu la faire basculer, elle et son genou blessé. Il semble que la farouche dryade ait pu fait naître une certaine estime à la valeur non désuète, chez son adversaire des mers.
« Cet Aurehdir, c'est un ami à vous ? »
Ne répond qu’un grommellement de barbe au regard fuyant. L’interrogation fait naître chez Mora une exaspération générale quant à la souvenance de la situation. Les poignes se dérobent et le capitaine détourne les talons en jetant un regard de maître à ses deux hommes.
« Repartez à la chaloupe, je vous y rejoindrai. »
Les tignasses sales acquiescent et referment l’huis de l’auberge sans mot dire. Main sur une hanche, le menton de l’étranger bascule en avant pour profiter brusquement de l’accalmie. Lorsqu’il se retourne à nouveau vers elle, c’est pour la constater assise, très certainement aussi harassée que lui, tous deux bien loin de vouloir redorer un blason suffisamment amoché par leur soirée. Les bottes s’en reviennent avec lourdeur vers la jeune-femme, tirant un autre tabouret jusqu’à lui et se postant en face.

« Non, Aurehdir n’est pas un ami, ce n’est même pas une connaissance, à dire vrai. » Il se redresse un peu et tire de sa pogne valide un long foulard au tissu pourpre séjournant sous son pardessus, dans l’une des poches internes. L’étoffe a fait sa vie et renifle à une lieue le sel marin. Si l’on devait distiller ce qui se camoufle dans le reste de l’effluve, il n’y aurait certainement pas des senteurs de fleurs et autres coquetteries royales. Il en attrape une moitié qu’il serre contre son émail avant d’arracher le tout en tirant avec la main. Le foulard se lacère en une découpe quasi symétrique, offrant bientôt ses deux corps scindés aux cuisses de Mora. « Mais il m’aurait été utile. » Il tend l’un des deux pans à la blonde. « Pour ton genou, précise-t-il, tentant d'apprivoiser tout refus. » L’autre morceau, il se l’enroule bientôt autour de sa paluche hachée. « Sa magie aurait pu sauver ma fille. Ou peut-être pas. J’imagine que je ne le saurai jamais. » Soudain taciturne, il s’attèle à son bandage avec plus d’attention qu’il ne le faut, esquivant maladroitement toute question ou intérêt qui pourrait être porté au problème énoncé.

Brusquement, ses gestes s’arrêtent.

« Qahedar ? » Un éclat vif traverse ses calots. Voilà. Elle est là, la tâche d’encre qui lui pendait sous le nez. « J’ai connu un Qahedar. Enfin, connu serait un bien grand mot … il n’était pas plus haut que ça, mime-t-il avec sa main seine, indiquant une petite taille de bambin, et je ne l’ai entraperçu que deux ou trois fois lorsque j’accompagnais son père le seigneur Rhal. » Des Qahedar, il ne doit pas en courir dans tout Kahanor. Alors se pourrait-il que … ? Le regard d’aigle du capitaine devient subitement transperçant, mirant celle qui se tient à moins d’un mètre de lui avec une vive attention. Sa voix reprend, baissant d’un ton, comme s’il déployait ses pensées à même l’atmosphère. « Je ne me souviens pas qu’il ait eu une fille … » Et au regard de l’accoutrement féminin, il ne se tient vraisemblablement pas devant une lady, quand bien même les nobles autres que ceux de la cour du Roi ne s’empêtrent ni de fards, ni de fastueuses étoffes. « Mais le bougre dont je parle aimait autant découcher que d’aller en guerre. » Ce qui expliquerait bien des choses. Sur le faciès masculin, pourtant, galope une affection franche pour ledit bougre. Si tout ceci s’avère véridique, il se pourrait bien qu’il retrouve le sourire en cette morne nuit.

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MessageSujet: Re: fear cuts deeper than swords. (morrigan)   fear cuts deeper than swords. (morrigan) EmptyLun 7 Avr - 21:20


fear cuts deeper than swords.

L'excitation du combat retombée, Morrigan se sentait à présent étonnamment las. Superviser l'entraînement d'Errandyl était un travail long et fastidieux qui ne lui permettait souvent pas de s'occuper d'elle-même et les conséquences se faisaient rudement ressentir. Peut-être se montrait-elle trop tendre avec son apprenti et la jeune femme songea que son enseignement allait devoir se corser un peu, si elle ne voulait pas finir encroûtée comme les membres du conseil qu'elle se plaisait à critiquer. « Repartez à la chaloupe, je vous y rejoindrai. » dit le pirate et ses hommes s'exécutèrent. Elle le regarda se rapprocher et tirer un tabouret pour s'installer dessus, face à elle. « Non, Aurehdir n’est pas un ami, ce n’est même pas une connaissance, à dire vrai. » avoua l'homme, attisant un peu plus la curiosité de Morrigan qui plongea son regard dans celui de son vis-à-vis avec intérêt. Il tira une pièce d’étoffe de son pardessus et la coinça entre ses dents avant de la déchirer en deux. « Mais il m’aurait été utile. » poursuivit-il en bandant sa cuisse à l'aide d'une des deux moitiés. La Sombrelame ne doutait pas qu'un mage puisse avoir une grande utilité, mais elle se demandait ce qu'un pirate pouvait bien vouloir à faire avec la magie. L'aubergiste les fixait à présent avec des yeux ronds. Non contents de s'être battus dans son établissement et détruit quelques humbles représentants du mobilier, la Sombrelame et le pirate se retrouvaient désormais assis l'un en face de l'outre pour échanger quelques paroles, comme le feraient deux personnes civilisées lors d'une première rencontre. Seul le chantier qui régnait sur le sol et l'état dans lequel ils se trouvaient prouvaient désormais qu'un duel avait eu lieu dans cet endroit. Il fut tenté d'ouvrir la bouche, pour attirer l'attention de Morrigan et savoir si l'endroit était désormais sûr, mais il se ravisa, guère enthousiasmé à l'idée d'attirer l'attention sur lui. Pour avoir vu la jeune femme à l’œuvre, il ne souhaitait pas vraiment l'interrompre. N'ayant pas quitté son interlocuteur des yeux, elle le vit tendre l'autre moitié du foulard qu'il avait déchiré en deux. « Pour ton genou, » indiqua-t-il et la jeune femme esquissa un mince sourire. Elle saisit l'étoffe et dans un souffle, remercia le pirate. Ses doigts fins et rapides entourèrent son genou blessé avec le morceau de foulard avant de faire un nœud. « Sa magie aurait pu sauver ma fille. Ou peut-être pas. J’imagine que je ne le saurai jamais. »  confessa-t-il et Morrigan masqua sa surprise. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il donne ses raisons aussi simplement. Sauver sa fille ? S'il ne s'agissait que d'une blessure, un prêtre aurait tout aussi bien fait l'affaire, un pirate avait certainement de quoi payer pour encourager un de ces hommes de foi à soigner sa fille. Cela devait donc être plus grave et vicieux qu'une plaie. Une maladie, certainement ? Concentré sur son bandage, le pirate ne semblait pas vouloir en dire plus et la Sombrelame respecta sa décision. Le sujet devait certainement être suffisamment douloureux, elle n'avait aucun intérêt à poser des questions qui ne feraient que l'atterrer plus encore.
Mais il s'immobilisa brusquement, comme s'il venait de se rappeler d'une chose. « Qahedar ? » fit-il, visiblement intrigué par le prénom qu'elle avait lâché un peu plus tôt. Morrigan pencha légèrement la tête sur le côté, attendant qu'il poursuive. « J’ai connu un Qahedar. Enfin, connu serait un bien grand mot … il n’était pas plus haut que ça, fit-il en mimant la taille d'un marmot, et je ne l’ai entraperçu que deux ou trois fois lorsque j’accompagnais son père le seigneur Rhal. » Cette fois-ci, la stupeur s'afficha clairement sur les traits de la jeune femme. Alors ce pirate connaissait son père ? Elle fronça les sourcils, intriguée. Tout ceci était étrange et Morrigan n'était pas du genre à croire au hasard. Qu'elle se retrouve ici, dans cette vieille auberge miteuse, en compagnie d'un pirate qui se disait être un ancien ami du seigneur Rahl, ça avait de quoi la surprendre. La blonde n'était plus curieuse désormais, elle était avide. « Je ne me souviens pas qu’il ait eu une fille … » dit-il en l'observant un peu mieux. Il ne faisait aucun doute qu'elle n'avait rien de noble et elle le croyait suffisamment intelligent pour vite comprendre qui elle était réellement. « Mais le bougre dont je parle aimait autant découcher que d’aller en guerre. »  L'affirmation tira un léger rire à Morrigan qui se tarit bien vite lorsqu'elle remarqua l'affection qui se percevait dans la voix et sur les traits du pirate lorsqu'il parlait du seigneur Rahl. Cet homme avait été un ami, certainement proche de son géniteur. La Sombrelame avait toujours fait mine de ne pas en souffrir, mais ne jamais avoir eu la chance de connaître son père était une blessure qui la suivait depuis toujours. Elle ne savait presque rien de lui, sinon ce que sa mère avait dit, quelques fois. La blessure étant trop fraîche pour Wilhelm et Qahedar, elle n'avait jamais osé leur demander quoi que ce soit sur lui, à l'époque. Un énorme vide demeurait et elle avait toujours repoussé cette envie de le combler, sans succès.

« Je ne pensais pas que le seigneur Rahl était du genre à fréquenter des pirates, » dit-elle avec un sourire en coin. Mais il s'effaça bien vite lorsqu'elle reprit son sérieux. « Je suis bien sa fille, mais très peu connaissent mon existence. A vrai dire, lui-même l'ignorait, il est mort alors que je n'avais que trois ou quatre ans. » Sa mère n'avait pas osé la présenter à son suzerain. Le seigneur Rahl avait déjà reconnu l'un de ses bâtards et lui avait accordé le droit de porter son nom, un outrage dont sa femme avait souffert durant des années. Devenue sèche et froide, elle avait toujours traité Qahedar avec beaucoup de mépris et la mère de Morrigan ayant assisté à tout cela, ne souhaitait pas que sa fille subisse le même sort. Malheureusement, Lady Rahl n'était pas stupide et elle avait fini par remarquer les similitudes entre Morrigan et son époux, ainsi que son fils aîné, Wilhelm. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux. Cela pouvait paraître anodin pour certains, mais elle avait suffisamment connu son défunt mari pour comprendre qu'il l'avait trompée plus d'une fois. Ainsi, la Sombrelame s'était vue refuser l'accès au château et les environs, alors qu'elle n'était qu'une enfant dont la mère travaillait aux cuisines et qui aurait bien eu besoin de mettre la main à la pâte pour qu'elles puissent se nourrir convenablement. Voir ses deux frères était devenu un défi, un interdit qu'ils bravaient courageusement.
Morrigan laissa échapper un léger soupir. « De nous deux, vous êtes certainement celui qui le connaissait le mieux, » dit-elle d'un air navré. Elle n'était pas du genre à se plaindre, mais en vingt-sept ans, c'était la première fois qu'elle rencontrait une personne qui connaissait son père et qui ne semblait pas grimacer de douleur ni de tristesse lorsque l'on mentionnait son nom. Elle n'avait aucune envie de passer pour celle qui manquait désespérément d'une figure paternelle, mais toute cette situation la rendait curieuse. Comment cet homme connaissait-il le seigneur Rahl ? Les nobles ne fréquentaient pas des pirates mais il avait très bien pu être autre chose qu'un bandit des mers avant aujourd'hui. Il ne serait pas le premier chevalier à avoir brisé un serment et condamné à l'exil qu'elle croiserait. « Bien que j'ignore encore quels liens vous aviez vraiment, » dit-elle doucement. S'ouvrir sur son passé n'était sûrement pas l'activité favorite du pirate, mais qui ne tentait rien... Après tout, ils venaient déjà de tenter de s’entre-tuer, alors elle ne pouvait rien faire de pire que de l'agacer un peu.
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