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 ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)

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MessageSujet: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyJeu 20 Mar - 2:39



- Ne sois pas fâchée, ça te sied si mal -

Sulfureuse. Décadente. Orgies de senteurs dans un décor de stupre. La Sangsue se prélasse en cette soirée dans son habituelle lascivité fastueuse. Les corps se meuvent avec lenteur, ici, tantôt les uns contre les autres, tantôt à se traquer dans les couloirs aux colonnes vertigineuses. Le vin coule à flots. Les rires et cris de bêtes sont légions dans ce champ de bataille aux milles figures. Il s’avance avec ses hommes qui scindent bientôt leur horde en des fragments d’appétence : pour l’alcool, les mets et les filles. Sans vraiment s’imposer un ordre de préférence ni de consommation. Lui, sieur assagi, chemine avec calme dans la valse libertine, observant avec attention les culs, mamelles et cuisses qui, de sueur et de gnôle, se ploient et se courbent sur les oripeaux de la clientèle. Il n’en perd pas une miette, pas une goutte, pas un miaulement. Il s’en délecte comme tout mâle en ce lieu, quand bien même ses pas poursuivent leur progression avec une obstination de maître.
Personne ne l’accoste.
Elles savent toutes que c’est inutile. Quelques rares nouvelles s’entêtent à loucher sur son faciès rugueux, mais si les sourires sont échangés, le jeu s’arrête là ; avant même qu’elles ne puissent s’ébranler, le capitaine a disparu.

Le voilà rendu à monter les escaliers, hissé par une habitude qui le guète depuis plusieurs années. Il connaît ces marches aussi bien que les planches de son navire et il les piétine avec la même assurance, celle qui lui donne parfois l’impression d’être chez lui. Tout du moins, un simulacre de résidence. On ne peut pas dire que le bordel est son domicile fixe, ni même son domicile, mais Mora se plait à reposer de temps à autres sa carcasse entre les quatre murs de la Sangsue, lorsqu’il ne vient ni marchander, ni esquisser des conspirations politiques avec la maîtresse des lieux.
Ce soir est dédié au commerce plus qu’à toute autre chose ; douze femmes attendent dans les cales de son vaisseau que Calypso Sand veuille bien les acquérir contre une offre rondelette. Il écrase la dernière marche avec lourdeur, atteignant enfin le troisième étage avec un semblant de fatigue – ah ! La vieillesse ! Cruelle catin qui ne possède aucune égale en cette demeure ! S’il lui semble parfois être encore pourvu d’un boisage empreint de jeunesse et de robustesse, des nuits comme celles-ci, après des semaines de navigation, le plombent d’un harassement séculaire.

Il prend le temps de souffler. Sa fierté mal placée de seigneur des mers ne souffrirait pas une seule seconde d’un regard moqueur ou apitoyé de la belle vipère à la crinière de jais. Nenni ! Il peste dans sa barbe rousse qu’il serait temps qu’elle aménage ses appartements au rez-de-chaussée, mais il sait qu’elle ne s’abaisserait jamais à côtoyer la fanfare licencieuse qui règne en-deçà, tout comme lui ne s’abaisserait jamais à dormir dans les cabines de sa vermine. Quand bien même il comprenne, les battements saccadés de son palpitant sollicitent réparation ! Il fait mine de remettre en ordre ses frusques et ses armes tandis qu’il avance à pas lents vers l’huis fermé. Un raclement de gorge et le voilà qu’il frappe trois coups précis contre le bois singulièrement ornementé. Tout, ici, respire le bon goût. Une chose appréciée du capitaine qui, s’il ne s’aviserait jamais à préciser ses nobles origines, dispose néanmoins d’une réputation d’homme fin et cultivé – lorsqu’il ne revend pas des vies humaines ou fait fredonner son sabre contre la chair de l’ennemi, cela s’entend. Son épaule droite s’appuie nonchalamment contre le chambranle, patientant avec une quiétude retrouvée qu’elle daigne ouvrir et, lorsqu’enfin, un bruit de poignée s’esquive suivit d’une franche ouverture, le faciès de Mora se fend d’une risette. L’un de ses gracieux sourires au charme capiteux – pour ne pas dire commercial – et qui ferait chavirer ces idiotes donzelles à la jolie cervelle de moineau.

« Ma très chère et tendre amie, commence-t-il avec mondanité, les orbes moirés de malice, vous ai-je manqué ? »

Mais Calypso Sand n’est pas une écervelée qu’il est aisé d’ensorceler. Dieux non. Et après ces lustres d’amitié et d’intérêts partagés, le Capitaine Mora met encore tout en œuvre pour enjôler le serpent et éviter la morsure fatale.  

« Puis-je ? » Il désigne l’antre du reptile sans se dépêtre de son élégante désinvolture. Un vieux loup en jolis apparats. Mais un loup tout de même.
Il étire un peu plus ses lippes ; il n’y a pas de refus qui tienne, allons.


Dernière édition par Hermeus Mora le Dim 23 Mar - 1:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptySam 22 Mar - 22:29

Règle numéro un : pas d'bordel au bordel.




Des rires s'échappaient du rez-de-chaussée, venant me chatouiller les tympans avant de finalement mourir doucement entre mes murs, comme si mon antre était un lieu dont on ne pouvait réchapper. Cette idée me plaisait. Assise dans mon fauteuil, je me laissais bercer par le rythme ensorcelant des tambourins et, fermant les yeux, j'essayais d'imaginer ces clients un peu trop alcoolisés, riant à gorge déployée, persuadés que plus ils riraient fort, plus ils prouveraient leur virilité. De la vermine ridicule, voilà ce qu'ils étaient pour moi. Des petits garçons qui se prenaient pour des hommes et se plaisaient à penser que toutes les femmes présentes étaient à leurs pieds. Bien sûr, elles l'étaient, mais uniquement parce qu'elles étaient formées et grassement payées pour ça, pour donner le change.
Les rires reprenaient de plus belle et je me disais qu'il était peut-être temps pour moi de faire une apparition, aussi brève soit-elle. Je ne restais jamais très longtemps pendant la soirée, me contentant de  venir vérifier que tout se passait bien et saluer quelques clients avant de retourner m'enfermer dans ma chambre, seule ou en charmante compagnie, cela dépendait de mon humeur. Ce soir, je me contenterai de tenir mon rôle de mère maquerelle et me complaire dans quelques mondanités d'usage.

Pour que mon entrée soit tout de même assez remarquée, je me devais d'user de toute la sensualité dont j'étais capable. La chevelure dénouée de ses tresses, j'enfilais une robe légère en coton, aussi décolletée dans le dos que sur le devant, et d'un vert éblouissant qui, je le savais, mettait mes yeux en valeur. Si je ne laissais aucun client m'approcher, ou si peu, deux à peine peut-être bien, j'aimais toutefois les faire baver d'envie, qu'ils se sentent à l'étroit dans leur pantalon en laissant leur regard dégouliner sur mes courbes, et plus que tout, j'aimais qu'ils doivent évacuer la frustration de ne pouvoir m'avoir en baisant l'une de mes filles, juste avant de prendre leur or. J'étais même prête à parier que certains se disaient qu'une fois qu'ils auraient dépensé assez d'or en souillant la quasi-totalité des filles de la Sangsue de leur semence 'respectable', ils pourraient enfin s'offrir le luxe de goûter à l'intérieur de mes cuisses. Naïfs. C'était justement, entre autres, pour éviter ce genre de choses que je renouvelais régulièrement mon stock de filles. Parlant de stock justement …

J'entendais la dernière marche de l'escalier craquer légèrement, et tournais vivement la tête en direction de la porte. Quelqu'un venait. Personne ne venait jamais sans y avoir été invité au préalable. Je fixais la porte comme si elle allait finir par m'exploser au visage et attendais, les sourcils légèrement froncés, que mon visiteur s'annonce. Un raclement de gorge résonnait, comme c'est fin et délicat, et trois coups étaient portés au panneau de bois. Mora. Je reconnaîtrais ses bruits de gorge et sa poigne ferme et rugueuse entre mille, même au travers d'une porte. Mais c'était normal quand on 'pratiquait' quelqu'un pendant des années.

Je ne m'étais pas trompée, il était là, appuyé nonchalamment contre l'encadrement de la porte et arborait un sourire à émoustiller n'importe quelle pucelle en mal de mâle. « Ma très chère et tendre amie, vous ai-je manqué ? » demandait-il avec une pointe de malice. Feignant la réflexion, je levais les yeux au ciel quelques instants avant de répondre avec la même malice. « Beaucoup. Vos bonnes manières surtout ! Mais c'est sans doute parce qu'ici je ne croise que des marauds qui ne pensent qu'à leur envie de me faire goûter leur huile de reins. » Vulgaire ? Non. Juste réaliste, et un peu amère lorsqu'il s'agit des mâles, mais je savais que le pirate ne s'en offusquerait pas, il avait appris à connaître certaines de mes failles, depuis le temps. Il me demandait s'il pouvait entrer et sans prendre la peine de répondre, j'ouvrais la porte de mon antre en grand. Bien sûr qu'il pouvait, sa compagnie m'était toujours agréable, même si cela pouvait sembler curieux aux yeux de certains. Et même pour moi à vrai dire. Notre amitié était des plus improbables, en apparence seule suite logique d'une collaboration commerciale de longue date, et pourtant, cela allait bien au delà de ça.

Le précédant de quelques pas dans la pièce, je tournais la tête pour le regarder par dessus mon épaule avec un sourire grivois. Je crevais d'envie de lui demander combien de filles pourrissaient dans la cale de son navire en attendant que je daigne payer pour elles, mais comme toujours, les affaires allaient attendre. « Un peu de vin ? Je sais à quel point ces escaliers peuvent être … Tuants. » Sans même attendre la réponse,  je versais le contenu d'un pichet dans un petit verre et m'approchais lentement de mon hôte pour le lui offrir. C'est que je soignais toujours mes invités, même si c'était d'une façon légèrement autoritaire. Depuis son entrée, je n'avais cessé de sourire, sincèrement, signe que cela me faisait plaisir de le voir. Moi qui ne voulais pourtant voir personne ce soir... Mais lui, ce n'était pas pareil. J'aimais bien discuter avec lui. A chaque fois, c'était comme un grand bol d'air frais vivifiant. « Cela étant, j'aime à penser que le plaisir de ma compagnie vaut bien quelques sacrifices de ce genre » ajoutais-je, sur le ton de l'humour, en plongeant mes yeux dans les siens. Tiens, on dirait qu'il avait de nouvelles rides au coin des yeux, mais peut-être me trompais-je.
M'éloignant doucement, je venais prendre place sur la banquette confortable à l'autre bout de la pièce, juste derrière une petite table remplie de corbeilles de fruits. Après m'être saisie d'un grain de raisin, je reportais mon attention sur Mora. J'avais hâte d'entendre ses récits d'aventures, et surtout, savoir s'il s'était occupé de certains nobles dernièrement. « Alors ? Vais-je devoir supplier pour avoir mon histoire du soir ? » demandais-je, faussement boudeuse telle une gamine capricieuse, en croquant dans le fruit.
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyDim 23 Mar - 1:45

De lourds pas en avant portés par des cliquetis métalliques. Le fier homme s’avance dans la tanière avec un port des plus altiers, marquant sa démarche d’une assurance auguste qui, quelques minutes plus tôt, pâtissait sévèrement d’une sénescence dont nul n’est épargné, même l’orgueilleux capitaine. Risette en bord de lèvres, barbe finement taillée, il vrille sa nuque sur monts et fortunes qui s’amassent dans les appartements en ornements, bibelots, meubles et boiseries. Ici, même les chandeliers suintent d’une richesse opulente. Les orbes cupides de Mora traînassent avec langueur sur le panorama, savourant comme un mets exquis ce qui lui est offert de voir, et, occasionnellement, de toucher. D’ailleurs, l’une de ses paluches rugueuses se porte contre une statuette de bronze qu’il accapare dans ses serres avec un intérêt perçant. L’aigle marin se plait à détailler l’ouvrage ciselé d’une main de maître, avant de redresser sa figure narquoise sur la silhouette de la nymphe. Les propos licencieux de la belle ronronnent encore contre ses ridules, lovant sa figure dans un masque de charme impassible quoique sulfureux. Ah, diables, s’il avait quelques années de moins et un bien piètre égo de jeune godelureau, il se serait depuis des lustres déjà jeté aux pieds de cette reine des succubes ! Il la mire comme bien des mâles en ce Palais de la Chair doivent la contempler, mais il garde néanmoins cette seigneuriale attitude qui boursouffle autant sa superbe que son respect – acquis voilà bien des lunes auparavant – pour Calypso.

« Un peu de vin ? Je sais à quel point ces escaliers peuvent être … Tuants. » Il fendille son sourire en un rictus contrit et balaye bien vite ces ridicules insinuations. Lui ? Souffrir de quelques étages ? Il se bat le sabre à la main depuis plus de temps qu’il ne faut à un homme pour vivre honorablement en ce monde, et il devrait craindre l’ascension de quelques paliers ? Il marque sa gestuelle d’un ricanement goguenard quoi que – il faut bien l’avouer – froissé. Le voici rendu à fuir le regard de la beauté sauvage à la chute de reins vertigineuse en feignant examiner le reste du bibelot que ses pattes empoignent encore. Il faut se rendre à l’évidence ; ses belles palabres ne pourront pas, cette foi-ci, l’extirper du gouffre humiliant dans lequel tout homme d’âge mûr se noie et s’asphyxie, lorsque, enfin, sa crinière se sale de quelques mèches grises, ses muscles le meurtrissent les jours de pluie, et son souffle s’appauvrit … en gravissant de foutues marches. Le précipice ne se creuse que d’autant plus en présence d’une belle femme au regard émeraude et aux dents de vipère. Elle n’est pas seulement une tenancière de bordel, ni une beauté de Yelderhil, non, elle est l’un des piliers de cette île. De quoi faire pâlir le plus aguerri de pirates. Pas lui ! Oh non. Lui, il se contente de bomber un peu plus le torse.

« Va pour un verre, j’ai le gosier asséché depuis notre débarquement. » Il repose la statuette là où il l’a trouvée, à l’exact endroit, même. Une mémoire de brigand et de fin renard qui ne saurait entacher son sillon de grossières traces à l’instar d’un bougre de novice. Les globes oculaires se relèvent sur son hôte et la suivent dans son approche féline. Gracile, sensuelle, il est fort à parier qu’elle soit une lionne une fois lovée dans les draps. Combien de fois s’est-il posé la question ? Il ne les compte plus. Et si son imagination, fougueuse et débridée, s’est souvent plu à dévoiler ces courbes déjà fort peu camouflées, ses paroles et ses agissements, eux, sont restés sages tout au long de ces années. Il serait sot de démêler un si bon commerce – aux profits des plus juteux – pour une nuit d’extase qui se briserait une fois le lever du soleil. Cela ne l’empêche guère d’échanger un long sourire tandis qu’une pogne se lève pour récupérer l’offrande, frôlant de peu la carne féminine. Ce jeu dure et perdure depuis leur première rencontre, et si des bêtes plus primitives qu’eux se seraient déjà sautées à la gorge, leurs carcasses, elles, se plaisent à effleurer l’autre en une valse éternelle. C’est aussi plaisant qu’enivrant. Flatteur, aussi, et il n’est nul besoin de préciser que c’est on ne peut plus satisfaisant pour le vieux loup, qui goûte à ces regards et ces sourires comme un animal s’abreuverait à la source d’un oasis.

« Cela étant, j'aime à penser que le plaisir de ma compagnie vaut bien quelques sacrifices de ce genre.
Et bien plus encore. »
Que de flagorneries débridées entre ces deux-là. Il élime ses lippes et le regard se fait matois. Si d’aucuns trouveraient à leurs échanges un arrière goût déplorable d’hypocrisie coulante, Mora et Sand savent n’échanger que leurs habituelles banalités courtoises. Encore une autre règle à leur subtil divertissement de marionnettistes accomplis. Une fois le dos tourné, le capitaine ne manque pas de laisser vagabonder sa concentration masculine sur la croupe ronde et ferme s’enfuyant de son espace vital.
Délicieux.
Et puis elle ruisselle sur sa banquette et, à temps, il relève ses calots où l’océan entier s’y prélasse. Sans attendre, avec une habitude quasi admise, il la rejoint et s’installe dans l’un des deux confortables fauteuils faisant face à la couche de Calypso. Le verre toujours en main, débordant quelque peu de ses flots cramoisis lors de son installation, il dévisage avec une légèreté quiète le portrait de la brune.
« Alors ? Vais-je devoir supplier pour avoir mon histoire du soir ?
Oh, non, il serait des plus inconvenants de te faire patienter encore un peu … » A cela il se met à boire. Une longue et tendre gorgée fruitée qui finit même par estampiller quelques revers de sa moustache de gouttelettes sombres. Il lape le tout d’une large langue et achève avec un sourire facétieux, honorant ouvertement sa théâtralité provoquante. « Soit. » Il dérobe sous son pardessus un épais tissu chiffonné dont on devine les couleurs avant même qu’il ne le défripe : de rouge et d’or. Il le déroule sur ses cuisses, dévoilant, en fait, un reste d’oriflamme de la Maison Culkin. Brutalement arrachée, souillée de tâches sombres et vermeilles. Du sang. « Ils ont tous péris. » C’est un détail important, car si la vision de ce présent possède à elle seule mille salves de plaisir pour son hôte, en connaître les termes du massacre ne fait qu’enjoliver un peu plus les faits d’armes – criminels – du capitaine. « Nous les avons pris en chasse aux abords des îles sauvages de Tameriel. Ils n’ont pas même eu le temps de riposter que nous étions déjà sur leur flanc droit, pulvérisant la coque de leur frégate d’une tonné de trente-cinq canons. La structure a éclatée comme s’il pleuvait des lames de bois, étripant leur navire de trous béats et laids. Alors nous les avons abordés, chantant leur mort de cris et de rires carnassiers tandis que nos lames récitaient leurs prières. Un carnage. Nous avons fait un véritable carnage. Ces hommes n’étaient pas préparés pour la guerre, tout au plus étaient-ils armés de quelques épées de cérémonie. Ils ne faisaient que transporter une importante cargaison marchande pour le compte des Culkin. J’ai réussi à revendre le tout en débarquant ce matin et je crois pouvoir dire sans grande exagération que les Culkin se sont vus amputés d’une petite fortune. » Outre les quarante hommes de l’équipage, tous assassinés sans ordre de distinction, qu’ils aient étés simples marins ou fils de seigneurs. Il arque ses commissures d’une risette silencieuse, victorieux comme un champion d’arène. Les remords ne l’étoffent guère. Encore moins l’humilité. Mais il faut dire que Mora respire à pleins poumons le belliqueux – et non moins intrépide – guerrier des mers, qui serait capable d’agrémenter ses récits d’une rhétorique digne des plus grands orateurs.

Il finit par se pencher, coudes sur les cuisses, le verre dans une main, l’oriflamme écharpée dans l’autre. Il s’accapare les orbes de la dame avec une insistance persuasive, poursuivant sur un ton doux, voire lénifiant.
« Te décideras-tu un jour à me dire pourquoi tu leur en veux à ce point ? » Cette virulence. Ce désir brut de revanche. Il ne l’a croisé que dans de rares regards, et son reflet en fait parti. Lui seul paraît bien apte à comprendre et saisir cette soif, mais il lui manque d’épais détails qu’il lui serait bon d’acquérir – enfin. Par curiosité. Ou peut-être même pas intérêt. Mais il est ardu d’extirper les aveux du serpent, quand bien même il enrobe le tout de suavité amicale.


Dernière édition par Hermeus Mora le Lun 24 Mar - 18:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyDim 23 Mar - 23:01

J'attendais son récit avec impatience, et m'installais un peu plus confortablement sur la banquette. Les jambes ramenées sous les fesses et le coude sur l'accoudoir pour soutenir ma tête, j'étais dès lors, fin prête à boire ses paroles des heures durant s'il le fallait. Il faut dire que je ne me lassais jamais de l'écouter, pas seulement lorsqu'il me contait les sévices qu'il infligeait à mes ennemis jurés, non, j'aimais l'écouter tout simplement parce que sa conversation ne m'ennuyait jamais, c'était comme un don chez lui. Un don précieux, et plaisant.
Il portait le verre à ses lèvres et buvait une longue gorgée. Ses mots disaient ne pas vouloir me faire attendre mais ses gestes criaient le contraire, cela devait l'amuser supposais-je. Ne laissant rien voir de l'impatience qui me déchirait les entrailles, j'attendais sagement, un léger sourire en coin. Calme, flegmatique, comme toujours.

Quand sa langue venait chercher les gouttes de vins subtilement accrochées à sa moustache, je répondais en glissant doucement mon doigt entre mes lèvres pour en ôter, sensuellement, le jus sucré du fruit qui commençait à coller. Je ne pouvais pas dire que je n'avais jamais imaginé sa langue parcourant mon corps nu, cela serait un mensonge éhonté, de même que je ne pouvais nier que sa présence me troublait. J'avais beau avoir une préférence pour les femmes, certains énergumènes de l'espèce masculine arrivaient toutefois à me faire un certain effet. Mora était de ceux là. Mais si bien sûr sa dégaine et sa gueule de pirate me donnaient quelques idées scabreuses, c'était davantage sa manière de se comporter qui remuait les tréfonds de mon entre-cuisses. Cela faisait des années qu'il se montrait plaisant, séducteur, sans jamais s'adonner à un geste déplacé. Il était tellement différent de ceux que je fréquentais au quotidien...
A plusieurs occasions j'aurais pu me laisser aller à lui proposer de jouir de mon corps comme bon lui semblerait mais, je n'en avais jamais rien fait de peur que cette tension entre nous disparaisse, emportant avec elle la séduction et les bonnes manières. C'était un risque que je n'étais pas prête à courir, pour l'instant.

Il sortait un bout de tissu chiffonné de son pardessus et je reconnaissais immédiatement les couleurs des Culkin. Mes yeux se fermaient un cours instant, le temps que mes lèvres laissent échapper un soupir satisfait, tandis que mes frêles épaules se détendaient comme soudainement allégées d'un poids trop lourd pour elles. C'était peut-être ça qui me plaisait aussi chez lui, sa manière de me faire du bien sans même avoir besoin de me toucher. « Ils ont tous péris. » Je rouvrais les yeux pour les plonger dans les siens. Je n'avais pas besoin de parler pour lui faire comprendre ce que je ressentais, je savais que mon regard lui suffirait, comme toujours. Et alors enfin, il se lançait dans le récit tant attendu.
Je savourais chacune de ses paroles comme si j'avais été là, avec lui et son équipage, comme si j'avais pu voir le bateau se déchiqueter sous les coups de canons, les hommes se faire égorger et étriper, comme si j'avais moi aussi tenu une lame vengeresse et meurtrière. « Un carnage. Nous avons fait un véritable carnage. » A ces mots, j'étirais mes lèvres dans un sourire triomphant et mon regard se teintait de reconnaissance, peut-être même d'une pointe d'admiration, moi qui ne savait qu'empoisonner... Mais les Culkin ne méritaient pas le poison, ce serait leur faire trop d'honneur que leur offrir une mort digne. Mieux valait qu'ils crèvent sous des coups d'épée barbares et les tripes à l'air. Son récit fini, je me sentais apaisée. « Merci. » soufflais-je, comme s'il m'offrait une délivrance, et c'était bien le cas.

« Te décideras-tu un jour à me dire pourquoi tu leur en veux à ce point ? » qu'il demandait, soudain victime d'une curiosité intrusive. Je ne dérobais pas mon regard, mais mes lèvres restaient scellées, au moins le temps de faire le tour de la question, intérieurement. Je n'étais pas du genre à me confier. Même à lui, même si je le considérais comme un ami, l'un des rares que j'avais. J'inspirais profondément et ouvrais la bouche, hésitante... « Disons qu'ils m'ont pris quelque chose, il y a longtemps. Quelque chose de précieux. » Sitôt les mots prononcés, les souvenirs revenaient me hanter et je ne pouvais soutenir le regard acier de l'ami plus longtemps. Aussi, je me levais pour faire quelques pas lents, jusqu'à la statuette de bronze qui avait attiré l'attention de mon invité un peu plus tôt. Caressant l'objet d'une main douce comme l'on caresserait le front d'un nouveau né, je laissais mon regard errer dans le vide quelque temps. Je n'avais pas envie de me confier mais, en même temps, je me disais que je lui devais bien ça. Il venait là, régulièrement, me raconter de quelle façon il s'acharnait davantage sur mes ennemis que sur les autres, et ne m'avait jamais posé de questions avant ce soir. Peut-être n'était-ce pas très juste de le laisser dans l'ignorance, mais encore fallait-il que je me résolve à parler de tout ceci à voix haute avec quelqu'un, quelqu'un qui écoute, et je n'étais pas sûre d'être prête pour ça.
« Hum. Je ne crains que, malheureusement, tu ne doives te contenter de cette explication sommaire. Si jamais je venais à t'en dire plus, je devrais te tuer. Et je n'ai guère envie de gâcher une fiole de poison pour un associé aussi précieux que toi. » répliquais-je en revenant finalement vers lui.
« Pour un ami, aussi précieux que toi », ajoutais-je plus doucement, en venant m'asseoir nonchalamment sur l'accoudoir de son fauteuil. « Et puis... Tu me connais, je suis pour l'équité. Si je  rentre dans les détails, il va falloir que toi aussi tu me livres l'un de tes noirs secrets. Alors... Peut-être ferions-nous mieux de garder cela pour une occasion spéciale, pour notre dixième anniversaire par exemple, qu'en penses-tu ? »
Mes yeux se perdaient dans les siens pendant quelques instants et je me demandais s'il avait déjà souffert de la perte d'un être cher. Si je lui confiais avoir perdu toute ma famille et mon village sous les épées des Culkin, serait-il en mesure de comprendre la douleur que causait ce genre de perte ? Savait-il ce que cela faisait d'avoir du chagrin au point d'avoir l'impression que l'on vous comprime le cœur et qu'il cesse de battre un instant ?
Je l'ignorais.
Mais je me disais que les petites rides aux coins de ses yeux n'étaient pas là par hasard. Bien sûr, la mer abîmait pas mal, mais ce n'était rien comparé à ce que la vie pouvait nous faire.

Rompant quelques instants de silence, je décidais qu'il était temps d'en revenir à nos affaires et arborait alors en sourire en coin. « Alors, dis moi, il y en a combien aujourd'hui ? »
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyMar 25 Mar - 0:56

Quelque chose de précieux, dit-elle. Les calots de Mora se perdent un instant sur la contemplation sereine des ridules féminines. Il se doute, depuis des lunes, que cette soif n’a pour puits qu’un profond trou béat qu’elle s’avère incapable de combler. Cette chose, si précieuse, ne peut être qu’une vie, ou peut-être plusieurs. La fortune, aussi, pourrait être une raison, mais son qualificatif de bâtarde du nom de Sand la relèguerait facilement au second plan, s’il s’agissait d’héritage. Il la mire se relever tandis que le rachis de l’homme revient se lover dans le dossier du fauteuil. Elle s’esquive dans la pièce telle un zéphyr du sud, faisant mouvoir sa robe, et par conclusion ses courbes, qu’il ne se lasse pas de scruter. S’attardant un instant sur l’effigie en bronze, elle instaure un silence que le capitaine ne saurait rompre, respectant la mélancolie qui s’est subitement emparée d’elle à l’évocation de ses troubles.
« Hum. Je ne crains que, malheureusement, tu ne doives te contenter de cette explication sommaire. Si jamais je venais à t'en dire plus, je devrais te tuer. Et je n'ai guère envie de gâcher une fiole de poison pour un associé aussi précieux que toi. » Si l’image pourrait le faire rire, car cocasse de par son audace, l’idée rompt toutefois le moindre élan facétieux qui souhaiterait se glisser en travers de sa figure rugueuse. Il connaît autant les charmes de la dame, que son terrible penchant pour ses élixirs de mort. « Pour un ami, aussi précieux que toi » Voilà qui le flatte. Un air courtois s’invite en un sourire simple, bien que ses calots expriment une plus grande sincérité de cœur que son portrait ne puisse en dépeindre. Il apprécie être dans les rangs de ceux qui ont un intérêt autant professionnel qu’amical, chez Calypso, car le contraire aurait eu tendance à ombrager ses nuits d’abondantes inquiétudes.

La fragrance aromatisée de la maquerelle s’en vient vite embaumer ses narines alors qu’elle s’assoit à ses côtés. Le flibustier n’a d’autre choix que de lever ses billes cobalt pour les planter dans celle douces de sa partenaire. Par instants, l’on pourrait presque oublier le prédateur farouche qui somnole en elle, lové entre ses entrailles et sa lourde poitrine. « Et puis ... Tu me connais, je suis pour l'équité. Si je rentre dans les détails, il va falloir que toi aussi tu me livres l'un de tes noirs secrets. Alors ... Peut-être ferions-nous mieux de garder cela pour une occasion spéciale, pour notre dixième anniversaire par exemple, qu'en penses-tu ? » Une nouvelle risette vient soulever sa barbe rousse, étirant les rides creusées aux abords de son regard. « Ma foi, c’est un bon compromis. » Et dieux que le vieux loup aime les compromis ! « Si la fortune est assez bonne avec moi et qu’elle me réserve encore quelques années, bien sûr. » Il soulève un sourcil et feint une sombre austérité qu’il balaye d’un rire court mais franc. « Ce sera là mon fardeau ! Survivre assez longtemps pour t’entendre me bercer l’oreille de confessions. » Dût-il revenir la hanter dans ses songes et lui extirper ses sibyllins aveux.

Mais la conversation déroute vite en une autre voie qu’il s’empresse de conquérir : les affaires.
« Deux douzaines, ma chère, la récolte a été bonne ! » Plissant toutefois les yeux, il se met à tergiverser comme un charlatan le ferait pour mieux noyer le poisson. « Malgré quelques détériorations. » Et pour adoucir le serpent, il dépose sur la cuisse féminine l’oriflamme séquestrée jusqu’alors entre sa paluche, telle une offrande. Ses phalanges frôlent brièvement la robe dont il sent la chaleur de la carne traverser l’étoffe. Mordiable, restons concentré … « Le voyage a été plus long que prévu. Les intempéries, tu sais ce que c’est … je dois, dans ces moments-là, faire des choix douloureux. L’équipage, ou ma cargaison ? » Vil rapace dont on ne saurait déterminer l’attachement qu’il porte à ses hommes. Sûrement moindre qu’à son or. « Les provisions s’appauvrissent considérablement en haute mer, et plus le trajet perdure, plus les réserves maigrissent. Alors, disons que j’ai dû couper les vivres à une partie du chargement. » L’entendre parler de vies humaines comme l’on parle de denrées et objets pourrait écœurer les belles âmes. Mais il n’y a ici que deux commerçants aux longues dents. « Tu trouveras peut-être des filles … malingres. Une ou deux (voire dix) ont comme qui dirait la peau sur les os. Mais, eh ! Cinq jours de bonne ripaille au chaud et leur graisse reviendra ! » L’assurance du capitaine transpire de tous ses pores et il est à parier que, face à un novice, il aurait eu toutes ses chances de revendre l’entièreté de son stock au prix fort. « Je les ai dégotées dans le nord, elles sont robustes et vives d’esprit. Peu causantes cela dit, mais tu ne leurs demanderas pas de devenir de grandes oratrices, je me trompe ? A part peut-être pour chanter les louanges de leurs clients pendant qu’ils siroteront leurs entrecuisses. » Il découvre son émail en un grand sourire narquois et non moins enjôleur. « Dix pièces d’or l’unité, mais si tu me les prends toutes, je te les fais à deux-cent. »
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyDim 30 Mar - 0:52

« Ce sera là mon fardeau ! Survivre assez longtemps pour t’entendre me bercer l’oreille de confessions. » Seul un coin de mes lèvres se soulevait doucement, je savais à quel point il pouvait être dur de survivre en ce monde et pourtant, je n'avais aucun doute sur les capacités de Mora à y arriver. Nous étions tous deux de la mauvaise graine, fière et robuste qui n'était pas près de vaciller prochainement. Sans doute serions-nous là encore dans dix ans, à toujours chercher le regard de l'autre. J'en avais la conviction.

Nous en arrivions donc à discuter affaires et il m'annonçait alors combien de filles j'avais à ma disposition. Deux douzaine, jolie prise Mora ! J'aimais avoir le choix, même si bien souvent, je prenais la quasi-totalité de sa cargaison. Il ne fallait pas voir y voir là un acte de charité, les affaires étant les affaires, c'était juste que je renouvelais régulièrement mes employées. Certaines partaient de leur plein gré, heureuses de pouvoir goûter à la liberté éphémère que leur accordait le peu d'argent qu'elles avaient réussi à économiser. Quant aux autres, c'était moi qui leur demandais de partir. Pour des raisons diverses et variées, telles l'âge ou le besoin de changement, pour éviter l'accoutumance des clients ou la mienne -surtout la mienne, je leur offrais une somme rondelette, pour qu'elles puissent subsister quelques temps hors de mes murs. Ce n'était pas forcément simple, ce n'était pas forcément juste non plus mais, c'était les affaires et j'étais impitoyable dans ce domaine, peu importe l'affection que je pouvais porter à certaines.

Ses doigts effleuraient chastement le tissu de ma robe et la chaleur de son contact furtif irradiait ma cuisse, nourrissant un peu plus mon envie d'érotisme avec lui. Il aurait pu laisser sa main sur moi, plus franchement ou juste un peu plus longtemps, mais cela reviendrait à enfreindre les règles tacites du jeu : pas de gestes tactiles tant que les affaires ne sont pas conclues. Inutile donc de s'offusquer de la chasteté  de ce bref contact pour l'instant, c'était normal. Je baissais doucement les yeux vers l'étoffe qu'il avait déposé sur moi, et restais à la fixer longuement sans oser la toucher tandis qu'il justifiait son choix de  nourrir son équipage plutôt que ses esclaves.
«Tu trouveras peut-être des filles … malingres. Une ou deux ont comme qui dirait la peau sur les os. Mais, eh ! Cinq jours de bonne ripaille au chaud et leur graisse reviendra ! » Le sourcil arqué, je tournais mon regard émeraude vers lui. « Une ou deux ? » Bah voyons. Je savais très bien ce que cela voulait dire, ce n'était pas la première fois qu'il me vendait ce discours-ci, mais au fond, cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. Non seulement cela me permettait de pouvoir négocier le prix, mais en plus, j'avais davantage d'ascendant sur ces filles affamées qui me voyaient dès lors comme une sauveuse d'une grande bonté. Il m'était alors plus aisé de les manipuler à ma guise, et c'était toujours parmi celles-là que je choisissais mes favorites car, généralement plus fidèles et dociles que les autres, elles étaient prêtes à tout et n'importe quoi pour me prouver leur infinie gratitude.

Je restais à le dévisager d'un air moqueur pendant qu'il continuait son discours de bon commercial  à vanter les qualités de ses trouvailles. « A part peut-être pour chanter les louanges de leurs clients pendant qu’ils siroteront leurs entrecuisses. » finissait-il par lâcher, avec un sourire enjôleur qui m'arrachait l'exacte réplique, juste avant de m'annoncer son prix.

Amusée, je secouais légèrement la tête et me levais de mon perchoir pour passer derrière le fauteuil.   Profitant du déplacement, je laissais mes doigts courir le long de la carrure du pirate, le caressant d'un bras à l'autre en l'effleurant à peine, lentement, mais guettant la moindre réaction de sa part. Flagrante infraction de la règle tacite numéro un. « Ne t'en fais pas pour leur conversation. J'ai pour habitude de leur enseigner en amont les vocalises qu'elles doivent laisser échapper au moment où les clients pénètrent le vide entre leur reins. Et … Causantes ou pas, elles finissent toujours par savoir jouir comme il faut pour satisfaire le client. » répondais-je d'une voix volontairement chargée d'érotisme, avant de finalement venir m'accroupir du côté de l'autre accoudoir.
Presque à genoux, les bras croisés sur le rebord du siège, je serrais l'offrande de tissu dans une main et posais mon menton sur l'autre en levant un regard malicieux vers l'ami. Il saurait à quel point j'enseignais bien s'il avait un jour goûté à l'une de mes filles mais, Mora n'était pas de ce genre là. Je ne l'avais jamais vu avec une putain, autre que moi cela va sans dire, et au fond, c'était une chose que je trouvais respectable et qui me plaisait chez lui. D'autant que le jour où il voudrait s'encanailler d'une fille de joie, je ne laisserai aucune autre que moi lui accorder ses services.

«  Huit pièces d'or l'unité, pour les douze ou quatorze -je devine- qui ne sont pas sous alimentées. Trois pour les autres. Et comme je suis d'humeur généreuse grâce à ton cadeau, j'arrondis le tout à cent cinquante. » répliquais-je d'un ton de négociatrice aguerrie.
En réalité, j'étais prête à payer entre vingt et trente pièces de plus mais, cela se passait toujours ainsi les négociations. Il essayait de me vendre ses filles au prix fort, je lui proposais un prix bien inférieur, jusqu'à ce que nous décidions de devenir raisonnables et tomber d'accord sur une somme à mi-chemin entre ses prétentions et les miennes. Cela aussi, cela devait faire partie de notre jeu.

Je me relevais doucement et me dirigeais vers l'imposante commode en bois ouvragé qui trônait à côté du lit, tandis qu'il réfléchissait. Ouvrant le troisième tiroir, je prenais le temps de plier délicatement le bout de tissu offert par le pirate, avant de le ranger précautionneusement avec mes autres trophées des Culkin, tous rapportés par la même et unique personne : Mora. Une fois le tiroir des offrandes refermé, je me retournais vers l'ami. « Si tu pouvais éviter de prendre la nuit pour réfléchir et nous éviter d'âpres négociations... Tu sais bien que j'ai un prix à ne pas dépasser et que si tu es trop inflexible je t'en laisserais quelques unes sur les bras. Tu devras alors aller les revendre au marché où l'on t'en offrira un prix de toutes façons bien moins élevé que ce que je t'en propose. Et puis... » revenant jusqu'à lui, tel le serpent qui ondule vers sa proie, je continuais d'une voix charmeuse « J'avais réservé les thermes pour moi, toute la nuit. Une fois que nous aurons expédié ces histoires d'or,  tu pourrais te joindre à moi … Cela doit faire longtemps que personne ne t'a fait de massage pour te détendre. Et la mer... Ca fatigue beaucoup... »
Ce n'était pas la première fois que je lui faisais ce genre d'invitation. A chacune de ses visites, je lui offrais à boire et à manger, le tout à volonté, mais je lui proposais également un accès au thermes avec moi en guise d'accompagnatrice et, une place dans mon antre s'il voulait passer la nuit ailleurs que sur son bateau. C'était ma façon à moi de soigner mes invités, et... Ils n'étaient guère nombreux hormis lui.

La moue boudeuse, je plantais mon regard dans le sien et venais glisser mes doigts dans sa barbe pour lui caresser le menton. Au diable les règles, j'avais envie de le toucher. « Alors qu'en dis-tu ? Je veux bien céder 10 pièces d'or pour chacune des rousses que tu as. Mais uniquement pour celles-là... Tu en as ? »
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptySam 5 Avr - 0:06

La sylphide doute. Une ou deux ? Mais oui. Une, ou deux. Le faciès du capitaine se tord avec toute l’hypocrisie mielleuse dont il est capable, un charme désuet d’aristocrate aux relents de brigand. Mais il la sait loin d’être dupe. Il connaît si bien les rouages de cette cage dorée qu’il s’étonne encore d’en chercher les failles. « (…) Causantes ou pas, elles finissent toujours par savoir jouir comme il faut pour satisfaire le client. » Comme c’est goûteux. Le torse de Mora se surélève d’une inspiration brûlante qui n’est pas sans laisser derrière une lave de stupre. La vipère sait si bien jouer avec les mots. Chaque intonation est une caresse et chaque claquement de langue est une jouissance amorale pour son ouïe libidineuse. Elle s’accroupit non loin de là, si proche qu’il lui semble renfiler à pleins poumons le parfum obscène dégoulinant de la silhouette féminine. S’il n’avait pas plus de retenue et de maîtrise galante, il est à parier que son froc lui serrerait un peu trop les cuisses. Paré d’un faciès tout à fait courtois, voire cavalier, il porte néanmoins un regard oblique vers la ténébreuse sur qui il pose une attention civilisée. Le sourire jamais trop loin, mis à disposition comme l’on distribue l’encens solennel d’une église, aussi brumeux et entêtant que les nuages de fumée disséminés au visage des adeptes.

« Huit pièces d'or l'unité », il grimace un peu. « Pour les douze ou quatorze – je devine – qui ne sont pas sous alimentées. » Ses lippes se tordent à moitié, tentant de conserver ses jolies parures de dandy, quand bien même le verbe adverse réveille en lui le seigneur des mers et sa terrible concupiscence. « Trois pour les autres. » TROIS ? Par tous les dieux ! Un raclement de gorge – non loin du grognement – contamine son gosier. Il détourne le faciès et se met à observer le panorama tamisé. « Et comme je suis d'humeur généreuse grâce à ton cadeau, j'arrondis le tout à cent cinquante. » Trop aimable, paraissent bramer ses traits, et son silence, d’une quiétude torve, l’enlise dans un mutisme puéril qui le rendrait presque adorable. Presque, évidemment. Car dans ses orbes clairs rugissent mille meutes de loups affamés. Il connaît pourtant les règles du jeu, mais c’est plus fort que lui. Pourvu d’un caractère de chien, lacéré par des émotions tempétueuses et scindé d’une cupidité sans forme ni nom, Hermeus peine généralement à garder un calme de marbre face aux insolentes bravades de Sand. Et pourtant … au fond, quelque chose de moins laid et de plus primitif ronronne de plaisir face à la dureté d’une telle femme, tel un gros chat paresseux emmitouflé dans d’épaisses entrailles qui ne souhaiterait qu’entendre la maîtresse réprimander plus vivement encore le vil mâle qui est. Car si elle ne s’est jamais montré castratrice avec lui, la réputation de la maquerelle la précède jusqu’aux confins des océans. « C’est que … », commence-t-il toutefois, armant son esprit de toutes les lames possibles pouvant combattre la ruse mesquine de sa partenaire.

Coupé dans sa piteuse riposte, il contemple la succube se redresser et faire quelques pas au-delà, lui permettant enfin de respirer sans subir une impression poisseuse d’étouffement. De ceux qui amputent l’esprit et revigorent les sens … La ride du lion marquée comme jamais, il vrille la nuque vers un pan de cloison ornementé d’une tapisserie fastueuse. Il lui faut faire front fissa, sans quoi il sent la partie ostensiblement pencher vers la ruine, et, si ce n’est pas de sa colossale fortune de larron, au moins celle de son arrogante fierté ! La gueule s’écarte, mais elle a tôt fait de lui trancher l’herbe sous les pieds. La garce !
« Si tu pouvais éviter de prendre la nuit pour réfléchir et nous éviter d'âpres négociations... Tu sais bien que j'ai un prix à ne pas dépasser et que si tu es trop inflexible je t'en laisserais quelques unes sur les bras. Tu devras alors aller les revendre au marché où l'on t'en offrira un prix de toutes façons bien moins élevé que ce que je t'en propose. » Il se renfrogne. Soit il est épuisé, soit il devient trop vieux, mais c’est bien la première fois qu’elle parvient aussi bien à le clouer au pilori. Défait comme un novice, écartelé comme du gibier de proie, il se retrouve à visser le bec devant autant de véracité. Ses phalanges sur l’accoudoir serrent jusqu’à pâlir et la paluche entourant le verre manque de briser le cristal. Peste soit-elle ! « Et puis ... » Il la sent approcher mais sa superbe meurtrie l’empêche de lever les billes sur l’effigie éthérée.
« J'avais réservé les thermes pour moi, toute la nuit. Une fois que nous aurons expédié ces histoires d'or,  tu pourrais te joindre à moi … Cela doit faire longtemps que personne ne t'a fait de massage pour te détendre. Et la mer … Ça fatigue beaucoup … » Certes oui … Comme l’on dompte une bête féroce, le capitaine relève le faciès vers Calypso en se laissant bercer – stupide mâle affaibli – par le chant de la sirène. Si elle le met en appétit ? Oui. S’il en oublie ses pièces d’or ? Non. Rapace jusqu’aux ongles dont aucune courbe ni rondeur ne pourrait faire oublier le nord. Mora, néanmoins, déride son front soucieux et adoucit sa bouche, dont les lèvres s’entrouvrent comme un nouveau-né réclamant les mamelles garnies de sa génitrice. L’idée lui traverse l’esprit, d’ailleurs, le goût de ces seins sont-ils aussi savoureux qu’un fruit juteux des plaines de Yelderhil ? Nul besoin de préciser que les dociles cajoleries de Sand immolent à elles seules les derniers remparts de réticence chez le corsaire. Ah, délicat onguent que la douceur d’une femme … comment ne pas résister ? Comment détourner ces terres ravagées par le plaisir ? Mais si le désir, langoureux et libertin, monte en lui comme des flèches au vent, ses calculs mentaux, eux, entrevoient une fourbe possibilité d’apprivoiser la décision commerciale de la sylphide. « Alors qu'en dis-tu ? Je veux bien céder 10 pièces d'or pour chacune des rousses que tu as. Mais uniquement pour celles-là... Tu en as ? » Il hausse un sourcil, calme et docile bête. « J’en ai », affirme-t-il d’une voix rocailleuse, trempant les syllabes dans le sirop de la débauche, puis ils se relève, entraînant avec lui les fines pattes de la belle. « J’en ai même plusieurs … », souffle-t-il contre les traits fins, leurs corps à la limite de se joindre en des frôlements lascifs. Plusieurs ? A peine quelques unes. Mais il est prêt à faire tremper leurs tignasses dans de la rouille si ça peut lui permettre de gonfler son pécule.

Une telle proximité est unique. Jamais il ne s’est rapproché aussi près de Calypso pour en dévisager chaque détail et chaque trait de pinceau. Quelle perfection. Quelle beauté. La luxure grimpe sur son faciès barbu comme il hisserait le pavillon de la corruption sur son mât. « Arrondissons à cent quatre-vingt. » Le murmure est de velours, les yeux de brasier. « Tu auras tes rousses, et il serait peu correct de ta part de m’insulter, moi, ton plus fidèle client … », les museaux se croisent, les respirations s’étripent et se dévorent, « … sans oublier tous ces cadeaux dont je t’honore depuis tant d’années. » Fais-le pour notre amitié, aurait-il osé susurrer encore un peu, mais il en oublie de moitié ses palabres mesquines pour se perdre contre la figure opaline. Les lèvres s’égratignent et le code commence à partir en lambeaux. Céder ? Ne pas céder ? Dilemme cuisant pour l’habile stratège qui ne manque pas de tirer avantage de ses moindres faits et gestes. Son émail se serre vivement, une pulsion impétueuse infectant sa carne et ses belles pensées en des reflets de corps nus s’embourbant dans l’étoffe de cette literie qui le hante depuis son entrée. La tension, extrême, intolérable et quasi invivable finit par pousser les lèvres de Mora contre celles charnues et pulpeuses de son hôte, prêt à les lui dévorer comme un soldat piétinerait avec dévotion le champ de bataille. Mais avant qu’il ne puisse fomenter là un baiser digne de ce nom, l’huis de la pièce tonne bruyamment avant de laisser entrer une tierce-personne essoufflée et paniquée.
A temps, l’homme dévie ses cavaliers lubriques pour tourner le crâne et dévier de quelques pas vers le côté, coléreux d’avoir dû anéantir sa plus belle prise de la soirée. Une main sur la hanche, serrant sa lippe inférieure contre ses crocs, il inspire et expire comme le ferait un puceau désarçonné, l’aura pourtant grimée d’un courroux palpable. Qui que ce soit, il se sent prêt à dégainer sa lame secrète et la lui planter profondément dans le gosier !
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MessageSujet: Re: ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso)   ne sois pas fâchée, ça te sied si mal. (calypso) EmptyDim 6 Avr - 0:37

Ma question lui arrachait un haussement de sourcil. Sans doute devait-il en conclure -avec un certain étonnement- que j'affectionnais particulièrement les reflets cuivrés mais, en réalité, ce n'était pas cela qui m'intéressait chez ces demoiselles. Non. Ce qui me plaisait davantage c'était leur peau si caractéristique, claire presque diaphane, à peine parsemée de quelques tâches plus foncées et généralement sans aucune imperfection. C'était bien plus rare de trouver telle beauté sur une blonde ou une brune et je ne me lassais jamais de caresser leurs courbes, prenant un main plaisir à y laisser mes traces, les marquant du bout de mes ongles comme l'on marquerait du bétail, pour en faire ma propriété en quelques sortes. Les rouquines marquaient tellement facilement ! C'était comme dessiner sur du beurre. Délicieux.

Mora se relevait en m'entraînant dans son mouvement, et décidait par là même de violer toutes les règles concernant le minimum d'espace vital à conserver. Une première. Nous étions si proches l'un de l'autre que je pouvais quasiment sentir la chaleur de son corps irradier la pointe sensible de mes attributs féminins. Un délice presque douloureux. « J’en ai même plusieurs … » soufflait-il doucement pour répondre à la question que j'avais dores et déjà pratiquement oubliée tant sa proximité me troublait. Il suffisait que je me penche de quelques millimètres seulement pour rompre l'écart qui nous séparait encore et qu'enfin, je puisse goûter à sa bouche que je devinais délicieuse. « Arrondissons à cent quatre-vingt. » Hein ? Hum. Nous tombions donc d'accord, et je hochais la tête pour le lui signifier. Il faut dire qu'à ce moment précis j'étais prête à lui céder les deux cents qu'il avait quémandé plus tôt, ne pensant à rien d'autre qu'à ses lèvres sur ma bouche et sa langue cherchant la mienne dans une valse indécente. Était-elle de velours, douce mais néanmoins intrusive ou au contraire un peu râpeuse, légèrement abîmée par la boisson et le sel de mer ? Mon souffle se faisait court rien qu'à y penser tandis qu'il poursuivait. « … sans oublier tous ces cadeaux dont je t’honore depuis tant d’années. » ses mots finissaient par m'achever et je me laissais aller à me coller tout contre lui, les mains posées sur ses hanches. L'esprit hanté par des images d'ébats sensuels, de corps malmenés et de cris de jouissance étouffés au fond d'un oreiller, c'est dans un état second que je m'entendais prononcer : « Ce soir tu pourrais m'honorer d'une autre façon... Qu'en penses-tu ? » J'avais parlé sans même réfléchir. Érotique. Charmeuse. Insolente, voire provocatrice diraient certains mais Mora n'était pas de ceux là, il savait qu'il ne fallait y voir là qu'une invitation mue par le désir sincère et brûlant qui me dévorait le bas ventre depuis bien des années maintenant. Il était temps de faire évoluer la partie qui se disputait, de doubler la mise. La tension devenait insoutenable et s'il ne prenait pas vite une décision, j'allais finir par défaillir. Enfin, ses lèvres venaient goûter aux miennes, faisant sauter au passage le barrage qui retenait les grandes eaux de mon entre-cuisses.

Mais alors que nous cédions enfin à la tentation, des coups résonnaient dans la pièce juste avant que la porte ne s'ouvre à la volée. Je n'avais pas eu le temps de savourer son geste que déjà Mora s'éloignait de moi, comme si j'étais soudain atteinte de la lèpre, et tandis qu'il essayait de se (re)donner une contenance, je fusillais du regard l'intrus qui avait osé nous interrompre -non sans avoir laissé échapper un grognement de frustration au préalable.
« Lorsqu'on frappe à la porte de quelqu'un, on ATTEND que l'on nous invite à entrer ! On ne t'a pas appris cela là d'où tu viens ? » sifflais-je, mauvaise, à l'attention de l'une de mes filles. La jeune brune chétive rentrait la tête dans les épaules, comme un animal sur le point de se faire punir et se contentait de regarder ses pieds en m'annonçant la nouvelle. « C'est que... Pardon Calypso mais... C'est grave. C'est Alaina, elle... Elle est très mal... A cause d'un client. »
J'étais déjà pas mal furieuse mais à cette annonce, la colère montait encore d'un cran. Alaina était l'une de mes favorites. Je n'aimais pas bien que l'on brutalise l'une de mes filles quelle qu'elle soit, mais lorsqu'il s'agissait de l'une de celles qui partageaient mon lit, ma réaction avait tendance à devenir très vite excessive. « Qui ? » scandais-je à travers la pièce d'un ton autoritaire. Mais la réponse ne venait pas. Aussi, répétais-je d'un ton impérieux : « Dis moi qui ! » Le regard de la brune quittait finalement le sol pour venir se poser, hésitant, sur Mora. « C'est... Un de ses hommes à lui. » articulait-elle lentement, presque en s'excusant. La panique se mêlait à ma rage. Je savais de quoi ses hommes étaient capables. Le regard noir que je lançais à l'ami devait être assez explicite pour lui intimer de me suivre, et sans attendre plus longtemps, je prenais la direction des escaliers avec hâte. Je ne lui en voulais pas à lui particulièrement, il n'y était pour rien, mais ma haine pour l'espèce masculine avait pris le pas sur ma raison et agit à ma place.

La porte de la salle était grande ouverte et il ne fallait pas chercher bien longtemps pour découvrir la catin affalée au sol près du lit défait, le visage tuméfié et le corps encore dénudé maculé de liquide carmin. « Ventre-Dieu ! » Elle était méconnaissable. Elle d'ordinaire si belle, n'était plus qu'un tas informe, souillé et humilié, secoué par de violents spasmes à mesure que ses sanglots mouraient au fond de sa gorge. Quel spectacle de désolation. M'agenouillant à ses côtés, je retirais doucement les mèches dorées collées à ses joues par les larmes et dans une infinie délicatesse, venais caresser tendrement sa tignasse hirsute. Il n'y avait bien que les hommes pour se livrer à tant de barbarie.

« Que s'est-il passé ? » demandais-je, d'une voix qui se voulait la plus calme possible. Mais la favorite était bien incapable de répondre quoi que ce soit, aussi relevais-je mon regard vers celle qui se tenait à l'entrée. « Eryn ? » La brune sursautait légèrement à l'évocation de son prénom et alternait son regard entre Mora et moi avant de se lancer dans d'hésitantes explications.
« Il était trop p'tit, et pas assez viril. Alors … Elle lui a proposé de l'aider... Avec un... Vous savez... Enfin, c'est ce qu'on fait quand ils n'peuvent pas ! Mais, il l'a mal pris ! Et, il l'a cognée. Fort. Et puis... Il l'a prise, partout, avec le... Il l'a complètement déchirée. Il l'a fait saigner. Je l'ai entendue crier. Et il a dit que la prochaine fois qu'elle voudrait utiliser un objet, il lui ferait goûter à sa lame... Et il est redescendu. Sans payer. » finissait-elle par achever, la tête baissée. Mora la mettait de toutes évidences mal à l'aise, et elle n'avait pas osé utiliser certains mots devant lui. Après tout, c'était tout de même de l'un de ses hommes dont on parlait et c'était des clients, on ne parlait pas mal des clients, c'était l'une des règles de l'établissement. Je restais quelques instants à fixer les joues gonflées d'Alaina, et finissait par secouer la tête, dégoûtée du spectacle. « Hermeus, donne moi un linge humide s'il te plaît » demandais-je en désignant la cruche sur la commode derrière lui. C'était bien la première fois que j'utilisais son prénom, c'est dire si je jugeais la situation assez grave pour me laisser perturber à ce point.

Précautionneusement, je m'appliquais à humidifier les plaies de la blonde, espérant par ce geste l'apaiser quelque peu. « Et le responsable de ce désastre, aurait-il un nom ? » questionnais-je. « Je ne sais pas mais... C'est celui qui a une cicatrice sur le sourcil ! J'en suis sûre ! »
Après avoir pris une profonde inspiration, je me relevais et tendais le linge à Eryn pour qu'elle prenne ma suite. Je n'avais pas eu besoin de parler qu'elle s'exécutait déjà.
M'approchant de Mora, le regard toujours teinté d'une haine féroce, j'avais du mal à desserrer la mâchoire. « Je veux sa tête. » murmurais-je à l'adresse de l'ami. « Tu m'entends ? Je veux sa tête, soit tu me la donnes, soit je la prends mais je ne peux pas laisser passer ça. C'est inenvisageable. » lâchais-je, cassante, avant de faire un pas vers la sortie. Je ne m'adressais pas au pirate avec qui je faisais affaires, non. Là, je m'adressais à l'ami, loyal, sur qui je pouvais compter et bien sûr, je m'adressais au Capitaine, celui qui avait le droit de vie ou de mort sur son équipage.

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