Nom et Prénom : Fille d'un des plus riches marchands de la Cité Libre, elle portait en ce temps le nom de Özilhan, qui était celui qu'on avait attribué à son père lorsqu'il accéda à la richesse. Aujourd'hui, elle arbore le patronyme des Culkin et ce, depuis son mariage avec le lord. Son prénom reste quant à lui identique à celui qu'on lui donna à la naissance : Sehzade, qui s'apparente au pouvoir. Âge : Elle est âgée de trente-huit ans, même si on jurerait qu'elle fasse plus jeune. Contrée de naissance : Est originaire de la Cité Libre, qui se situe à Yederhil. Allégeance : De par son éducation, Sehzade estime ne devoir qu'obéir qu'à son époux et là est son allégeance réelle. Néanmoins, ce n'est pas ce qu'elle clamerait haut et fort face aux Hammer même si ceux-ci se doutent de la loyauté indéfectible qu'elle éprouve pour son mari. Statut du sang : Si elle est née fortunée, elle n'appartient pas à la noblesse depuis sa naissance, bien qu'elle soit parvenue à épouser un des plus grands nobles de Kahanor.  Race : Humaine. Statut civil : Epouse de lord Ramsay Culkin. Orientation sexuelle : Farouchement hétérosexuelle. Métier ou fonction : Considérée comme étant reine de Tameriel.  Armes possédées : Contrairement à la majorité des femmes distinguées de Kahanor, Sehzade possède ses propres armes dont un arc fait d'or et de rubis offert par son père, ainsi qu'une épée prestigieuse qui servit de cadeau de bienvenue au sein de la maison Culkin.

ɤ Que pensez vous de la mort du roi ? L’héritier étant encore jeune, arrivera-t-il à gérer le royaume selon vous ? Encore vigoureux quelques temps avant de mourir selon les propres mots de son époux, qui correspondait avec le roi, Sehzade pense que la mort du souverain de Kahanor n'est pas anodine. Selon elle, quelqu'un aurait attenté à ses jours bien qu'elle ne sache pas vraiment qui... bien qu'elle s'accorde à dire avec son époux que ce serait quelqu'un de plus proche qu'on ne le soupçonnerait. Le jeune héritier saura certainement quoi faire du royaume avec l'appui d'une femme aussi avenante que sa mère, la reine-régente. Mais Sehzade n'omet pas l'omniprésence de Stormrage, qui n'est pas dénué d'ambitions... à l'instar d'une bonne poignée de familles nobles, n'est-ce pas ? ɤ  A votre avis la garde des ombres a-t-elle encore lieu d'être ? Les Engeances ont-elles vraiment disparu ou la menace est-elle encore présente ? « Chaque chose a lieu d'être », lui disait sa mère lorsqu'elle était enfant. C'est une devise qu'elle n'oubliera sans doute jamais et qu'elle transmet à ses propres héritiers et de ce fait, elle pense en toute logique que la Garde des Ombres reste légitime et utile. Son avis concernant les Engeances reste assez flou mais personne n'est à l'abri du danger et Sehzade estime la présence de ces créatures réelle : on ne disparaît pas ainsi, ou du moins, peut-être qu'une autre race semblable existerait. ɤ Les mages ont été bannis sur une île près des côtes d'Alcahar, étant désignés coupables de tout le mal qui s'abattait sur le continent. A vos yeux était-ce juste ? La magie est elle une chose à proscrire ? Un cas complexe selon Sehzade, qui ouverte d'esprit, évite de généraliser et pense que ce n'est pas tout les mages qui créent le mal. Certains humains savent être bien plus mauvais, mais le soucis est qu'en tant que clan défini, les mages n'ayant aucune mauvaise intention soutiendront d'une manière ou d'une autre ceux qui sont plus malveillants. La décision prise concernant leur exil est légitime pour Sehzade, bien qu'elle n'estime pas forcément que la magie est à proscrire.   ɤ  La forêt de sombrebois regorge de créatures plus infâmes les unes que les autres, vous sentez-vous en sécurité malgré le fait qu'il se passe des choses étranges non loin de là ? Le gouvernement devrait-il se préoccuper de ce qu'il s'y passe ? Tant que ces créatures ne quittent pas la forêt et n'empiètent pas sur le territoire des hommes ainsi que sur leur quotidien, tout est dans l'ordre des choses pour Sehzade. Néanmoins, l'idée que la forêt soit surveillée ne serait pas mauvaise d'après Sehzade, car le danger n'est jamais loin et en ces temps qui s'annoncent sombres, cela serait préférable.

ɤ Pseudo/âge/sexe ; Ici Asriel-en-Chef... bientôt majeure en mars et incontestablement femme. ɤ Fréquence de connexion ; Chaque jour, sauf si je suis fatiguée ou lors d'imprévus. ɤ Que pensez-vous du forum? ; Il est magique, fantastique, bref... I LOVE IT.    ɤ Comment l'avez-vous découvert ? Via Bazzart avant même qu'il ne soit ouvert... malheureusement j'ai complètement zappé l'ouverture.   Mais l'énergumène débarque, c'est l'important. (a) ɤ Code du règlement ;

Spoiler:

ɤ Célébrité choisie ; Aishwarya Rai, la suprême. ɤ Credits (avatar, icon etc.) ; Tumblr.

« Le petit prince Ramsay nous ramène une roturière des îles, dit-on. » Les jeunes demoiselles pouffèrent. Cela faisait désormais plusieurs mois que l'héritier de lord Culkin - considéré comme étant le roi de Tameriel par le peuple du sud - avait embarqué pour Yederhil. Avide de voyages, il avait emmené un grand nombre d'hommes sur son plus beau navire et n'avait écrit que très peu de fois concernant son séjour. C'était chose étrange, lorsqu'on connaissait son goût pour les récits dont il était le héros. Ramsay Culkin n'était pas le type de jeune homme qui se morfondait dans les décombres d'une tour abandonnée au sein de la demeure de ses aïeux. Hyperactif, entier et aventurier, c'était un coriace qui n'hésitait pas à se faire entendre une fois qu'on le contrariait. Lord Desmon Culkin, son père, se faisant vieux, on vantait déjà les mérites de Ramsay. Ce dernier avait les qualités nécessaires pour gouverner la région, c'était un fait indéniable. Mais en attendant, son absence durait depuis des jours et des nuits. La journée précédente, une missive était parvenue à Teldrasyl selon quoi le bateau monstre de Ramsay arrivait sur les côtes et depuis, la petite cour s'extasiait d'avance. Elle se languissait des histoires de Ramsay et surtout, des rumeurs circulaient selon quoi il s'était entiché d'une exotique créature dont on ne connaissait ni le nom, ni les origines. Alors, on la défissait comme roturière. « Ne ris pas trop Mehlya, si Ramsay la traîne dans ses malles, c'est qu'elle doit être redoutable. » Les lèvres de Mehlya se pincèrent subitement. Ce n'était pas une mauvaise réflexion. Mehlya était la première aventure de Ramsay et elle en était même arrivée à lui donner un fils illégitime. Les hommes Culkin ne favorisaient pas les femmes issues de la noblesse lorsqu'il était temps de se choisir une épouse : n'importe laquelle pouvait faire l'affaire. Ainsi, Mehlya avait toujours espéré avoir Ramsay pour mari et parfois, était intenable face à son pauvre statut de concubine. « J'ai mes armes aussi. Je ne crois pas que cette nouvelle soit plus jolie... les filles de Yederhil ont un physique trop extravagant pour l'être. » Relevant la tête, un air des plus hautains sur son visage pâle, elle détalla, presque furieuse. La vérité était dure à apprendre une fois qu'on se rendait compte qu'on n'était qu'une raclure aux yeux de l'être aimé.
(...)
Des acclamations se firent entendre depuis le hall principal du château des Culkin. Les mains appuyées contre la balustrade extérieure de sa chambre, Mehlya guettait. Non pas l'arrivée de son amour, mais plutôt la preuve exacte de la venue d'une potentielle usurpatrice. Elle put voir l'entrée triomphale de Ramsay, qui avait tant manqué aux siens. Habituellement, son bien-aimé relevait le visage vers sa fenêtre lorsqu'il revenait d'un quelconque voyage et qu'il la savait à l'abri... mais en cette chaude journée, il ne le fit pas. Quelques minutes défilèrent, où elle put apercevoir des domestiques suivre leur maître, les bras chargés de paquets. Puis soudain, Mehlya entendit et vit. De nouveaux cris admiratifs devant un cortège, où une file de personnes précédait et suivait une personne qui montait un étalon d'un noir d'encre. L'individue était une fille dont on pouvait d'ores et déjà entrevoir une interminable chevelure ébène, aux belles ondulations. Le coeur battant à la chamade, Mehlya quitta sa chambre avec précipitation. Suivant ses pas, sa demoiselle d'atour courant presque après elle afin de la rattraper. « Que comptez-vous faire ? Ne pensez-vous  pas qu'il serait maladroit de se rendre à cette cérémonie d'accueil en retard ? » Elles étaient arrivées près du hall lorsqu'Elia eut l'audace de poser cette question. « Je te signale qu'une misérable traînée des îles est en train de se prendre pour une princesse en montant à cheval après Ramsay, petite sotte. A ce rythme, je peux me permettre une multitude de péchés. » Ignorant royalement le regard écarquillé de terreur d'Elia, la concubine pénétra avec discrétion dans le hall, se positionnant derrière le cadet de Ramsay, qui se prénommait Trystam. Celui-ci remarqua sa présence, lui jetant un coup d'oeil gêné. Mehlya comprit qu'il se doutait qu'un évènement neuf se tramait. Ce fut au moment où il se détourna que la créature aux cheveux de jais entra dans le hall, les yeux rivés vers le sol. Les cous se tendirent pour mieux voir son visage de l'inconnue, qu'elle redressa... révélant de magnifiques iris aussi bleus que l'océan, des traits harmonieux, un teint halé, parée de soieries et de bijoux.  Elle ne ressemblait en rien à Mehlya et était certainement plus jeune. Cette petite rayonnait, elle ne pouvait se le nier. Lumineuse, elle ne pouvait que comprendre le sourire attendri de Lord Desmon. Ramsay s'avança vers sa nouvelle proie, la prenant par la main afin de la montrer davantage à son géniteur, ainsi qu'à la cour. « Voici Sehzade Özilhan, ma future dame. »

Au sein de la Cité Libre, plusieurs catégories de gens se présentaient. La ville comportait pirates, mercenaires, prostituées, riches marchands. Un joyeux bordel dont on ne ressortait pas impassible, forcément. Lorsqu'on y vivait, si la chance daignait à pointer le bout de son nez, le meilleur était d'être fortuné. Sehzade Özilhan avait eu le privilège d'être née fille de Mustapha, un des plus grands hommes de la cité. Marchands dans l'âme, à ses débuts serviteur, guerrier et confident d'un vieillard qui ne comptait même plus le nombre de pièces d'ors sous lesquels il croulait, Mustapha était parvenu à gravir les échelons de la société au fil des années. On avait vu d'un mauvais oeil son ascension, si bien que son maître s'était mis à voir son fidèle ami comme étant un potentiel ennemi. La rivalité entre Mustapha et Anton se créa, jusqu'à qu'un duel se fasse et que Mustapha en ressorte vainqueur. Ce fut de cette manière qu'il prit possession des biens d'Anton, se choisissant une épouse et engendrant une respectable descendance... dont Sehzade fit partie. Âgée de neuf ans, elle recevait déjà une éducation digne d'une princesse. La danse était devenue un rituel pour la fillette, tandis que sa voix si musicale envoûtait les sens de ses domestiques à chaque fois qu'elle lisait un poème. On la formait à devenir une véritable femme, une de ces créatures dont un homme ne pourrait plus jamais se lasser. « Ma toute petite, dans d'autres contrées, des femmes deviennent reines. C'est ce que tu mériterais, Sehzade : un royaume dont le peuple ploiera les genoux face à l'étendue de ta beauté. » La mère de Sehzade était une ambitieuse. Elle n'était pas vraiment mauvaise mais souhaitait le meilleur pour ses enfants, et ce, à n'importe quel prix. Daëna était persuadée qu'en inculquant toutes les bonnes manières à ses filles, une de celle-ci parviendrait à épouser un homme ayant peut-être davantage d'argent et de prestige que son propre mari Mustapha. Alors, même du haut de ses neuf années d'existence, Sehzade se devait d'être la perfection incarnée. Si elle avait le malheur de commettre un faux pas, elle était sévèrement punie et Däena ne se retenait pas pour la priver de nourritures lorsque c'était le cas. Suite à ces dures punitions, Sehzade avait doucement cessé ses incessantes bêtises et apprenait encore davantage, sous le regard fier de sa génitrice.

Ces souvenirs, Sehzade s'en souvenait comme si c'était hier. Les yeux rivés vers la mer, elle se remémorait sa famille biologique. Si elle était parvenue à se débarrasser du fléau qu'était devenue sa mère au fil du temps, elle pensait encore fortement à son père ainsi qu'à ses frères et soeurs. Par chance, ils comprenaient le dialecte utilisé à Kahanor et lisaient. Elle pouvait se permettre leur écrire tant qu'elle le désirait, leur contant son nouveau quotidien. Cela faisait désormais deux ans qu'elle avait quitté la Cité Libre pour Tameriel. Dans cette chaude région où Ramsay l'avait emmené, fou d'amour et de fascination pour elle, les choses avaient évolué. Lord Desmon avait rendu son dernier souffle il y avait de cela quelques semaines et ainsi, Ramsay était devenu gouverneur du sud et on le clamait roi de Tameriel, tandis que Sehzade était considérée comme étant sa reine. Qu'était-il advenu de Mehlya et de son fils ? Ce dernier résidait encore au château et répondait au nom de Bryndaen. Éduqué à une échelle respectable, il ne voyait que peu sa mère, qui avait décidé de s'installer ailleurs. Humiliée par le mariage de Ramsay et Sehzade, elle avait préféré s'évader afin de ne pas en subir davantage. Les railleries étaient courantes à Kahanor et Mehlya était celle qui avait vendu sa dignité à un homme qui n'avait fait que jouer avec sa personne. Sehzade n'avait pas tenté de ridiculiser Mehlya lors de son arrivée à Teldrasyl, mais fut contrainte de répondre aux incessantes attaques de sa rivale. Ce fut Lord Desmon qui mit fin à ces querelles en ordonnant le départ de Mehlya, que celle-ci ne put qu'approuver. « Pas d'allusions à ton seigneur concernant ses conquêtes. Souviens-toi. » lui avait glissé sa mère à l'oreille avant qu'elle n'embarque pour Tameriel. C'était un conseil que Sehzade avait pris en compte et au final, elle avait gagné et conservé sa place dans le coeur de son époux. Son aspect avenant et la loyauté indéfectible qu'elle éprouvait pour Ramsay l'avait rendu plus rentable que Mehlya, impulsive, remplie d'ambitions mais dénuée de neurones pour savoir user de son intelligence correctement.

« Ma mère décédée lorsque je n'étais qu'un bambin et mon père ayant rejoint la paix, tu es désormais reine de Tameriel. Il t'incombe d'être une maîtresse de maison digne de ce nom, je ne laisserais aucun écart de conduite se faire. Comprends que nos enfants à venir se devront de t'avoir pour exemple. Lorsque nous aurons une fille, elle se devra d'honorer son futur seigneur de la même façon que tu le fais avec moi, Sehzade. » Le discours de Ramsay avait été clair après la mort de Lord Desmon. Elle avait acquiescé, sachant pertinemment que c'était une opportunité pour elle. Ce n'était pas tout les jours que la fille d'un riche marchand de Yederhil s'élevait dans une autre société, surtout celle de Kahanor. La cour des Culkin l'avait trouvé intrigante lors de ses premiers pas dans le royaume, avec sa beauté étrangère et le peu de paroles qu'elle versait à chaque fois que Sehzade se montrait en public. Elle ne jacassait pas et c'était une qualité inestimable chez une femme selon les hommes. Malgré l'amour que lui portait Ramsay, ce dernier savait être dur avec elle lorsqu'il s'agissait de s'affirmer. Sehzade s'était promise de l'honorer et ce, qu'importe les circonstances. (UC)

« Lehona est encore avec le fils de l'écuyer, Lady Culkin. » La remarque de Sian eut un effet assez remarquable sur Sehzade, qui interrompit sa lecture. Ses lèvres se pincèrent, inévitablement. Combien de fois avait-elle insisté pour que sa fille ne se prélasse pas auprès de ce garçonnet qui avait volé au sein du château ? Deux fois déjà. A la troisième, elle avait promis un châtiment à Lehona. Ce n'était pas le statut de l'enfant avec qui elle s'amusait depuis la mort de la nourrice qui la révulsait, mais plutôt le délit commis plusieurs mois plus tôt. Indulgente envers les plus jeunes, elle avait laissé le petit Will poursuivre sa vie et se mettre au service de son fils en guise de punition. Mais le fait qu'il tienne compagnie à Lehona lui déplaisait. C'était son aînée et celle-ci avait donc une image à donner auprès des autres nobles. Elle se devait d'être la fierté des Culkin et à onze ans, c'était chose pénible à expliquer pour une mère. « Cette situation m'irrite. Trouves-là, qu'elle vienne donc à ma rencontre. » Sian ne tarda pas pour obéir, fuyant au loin vers le jardin. Fermant son livre dans un soupir, Sehzade se leva, les yeux orientés vers l'extérieur. Il faisait extrêmement chaud, mais toujours en quête d'aventures, rien n'arrêtait Lehona. Malgré qu'elle portait un amour immense pour ses héritiers, Sehzade s'était toujours gardée de le prouver. C'était ainsi, elle n'était pas douée avec les mots lorsqu'il s'agissait de démontrer son affection à autrui. Avec les années, elle s'était forgée une carapace sans le vouloir, sans même y prêter attention. Ce n'était pas le pouvoir qui l'avait rendu aussi imperméable, mais plutôt le sens des responsabilités. Cela faisait bien des siècles que les Culkin régnaient sur cette contrée, banissant quiconque commettait un crime. Souvent, les femmes ne s'attardaient pas sur la justice de Tameriel, préférant léguer ces affaires aux hommes. Mais Sehzade n'appartenait pas à cette catégorie. Elle se mêlait à la politique, tenant par le cou n'importe lequel de ses sujets par une force invisible. Si elle ne se comportait pas de cette manière, elle serait cantonnée à un rôle simple et sans intérêt : celui de l'épouse de Lord Ramsay Culkin, destinée à lui fournir une descendance et à faire de la figuration. Sehzade éprouvait un mépris considérable pour ces femmes futiles et c'était parfois avec inquiétude qu'elle se rendait compte qu'elle avait hérité de certains traits de caractère ayant jadis appartenu à sa défunte génitrice, Däena. C'était de cette façon qu'elle inspirait le respect et l'autorité face à ses trois enfants, Lehona, Bayezid et Rhaenysa. Le soucis que lui causait sa toute première l'indignait. Après tout ce qu'elle lui avait donné, comment osait-elle lui désobéir ? On n'enfreignait pas les lois et les ordres de Sehzade Özilhan.

Elle se détourna du paysage désertique lorsqu'une petite voix s'éleva non loin d'elle. « Mère ? Sian m'a informé de votre convocation. » Lehona n'avait pas peur. Se doutait-elle de ce qui allait se passer ? Peut-être pas, Sian l'abordait sans cesse avec une gentillesse démesurée. Prenant une grande inspiration, Sehzade fit quelques pas en direction de sa fille, le regard glacial. « Je t'ai vu avec Will, le fils de l'écuyer. Il me semble que c'est la troisième fois. Ne mens pas, j'ai raison. Je veux t'entendre le confirmer. » Impérieuse, elle s'installa sur le grand fauteuil qui trônait contre le mur qui faisait face à la porte d'entrée. Devant Sehzade, la jolie Lehona semblait aussi minuscule qu'un oisillon. « Oh ma maman, oui c'est vrai... mais je m'ennuie tellement, Rhaenysa passe ses journées à se former et je n'aime pas ça. » Rhaenysa était un exemple à suivre. Plus jeune que Lehona de trois années, elle prenait plaisir à s'instruire, plus particulièrement dans le domaine des arts. Elle ne s'entendait pas spécialement avec Lehona, favorisant Bayezid qui se révélait être également un garçon qui obtempérait, bien qu'il s'avérait rebel lorsque l'envie lui prenait. Il n'empêchait que la situation était différente : Bayezid devenait un homme et était libre de penser comme il le désirait, tant qu'il n'entachait pas la réputation de leur maison. « Je me fiche complètement que tu n'aimes pas étudier la danse ou le dessin, ce n'est qu'un détail. Le problème est que tu passes tes journées avec Will, qui a volé à Teldrasyl. J'ai été impartiale en lui accordant une chance, ainsi qu'à son père qui est son responsable. Hors de question qu'il s'entiche de toi, donc. C'est un cadeau bien trop précieux, comprends-le. » Lehona méritait mieux qu'un jeune délinquant. Sehzade n'ignorait pas comment la suite se déroulait : au début une amitié enfantine, puis par la suite d'autres expériences dont on ne se vanterait pas à Kahanor. Lehona était dans l'obligation d'honorer l'éducation qu'on lui avait inculqué et pour cela, si il était nécessaire de passer par les mesures extrêmes, Sehzade n'hésiterait pas. « Je t'envoie au couvent, Lehona. Tu n'en reviendras qu'une fois mariée à un noble digne de toi. » Sehzade était persuadée que c'était la meilleure solution qui s'offrait à sa fille. Une fois Lehona sortie, elle épouserait un jeune homme bon et respectable qui n'oserait lui faire du tort. Malgré les supplications de Lehona, ses pleurs et ses reproches, Sehzade ne plia pas l'échine.

« Ceyhan Feunoyr et Lady Lancéhlya à votre porte, Lady Culkin. » « Qu'il entre donc. » La voix quasi chantante de Sehzade résonna dans la pièce, tandis que les deux gardes reculèrent vers la sortie pour laisser entrer un jeune au teint clair, possédant une barbe taillée et de belle allure. Suivant ses pas, sa benjamine Lancéhlya : silhouette assez menue, mais à la chevelure brune et admirable et dotée d'iris d'un bleu-gris perçant, à l'instar de Sehzade. Ceyhan Feunoyr appartenait à une famille de grande renommée, sous l'allégeance des Hammer depuis la montée au pouvoir de ceux-ci et c'était à cette maison que Sehzade avait choisi de donner sa fille cadette, Lancéhlya. Cette dernière était âgée de seize ans mais contrairement à Lehona, prenait soin d'honorer les Culkin et se montrait pleine d'intelligence et d'ingéniosité. Mariée au Grand Argentier du royaume de Kahanor, Lancéhlya n'avait rien à envier aux autres jeunes filles nobles. Au contraire, on félicitait Lord Ramsay et Sehzade pour cette union fructueuse. Sehzade espérait que l'entente était présente entre ce nouveau couple et suffisamment maligne, faisant de son possible pour que les choses restent aussi stables qu'elles l'étaient à l'heure actuelle. Ainsi, la correspondance entre Ceyhan et la reine de Tameriel était aussi régulière que celle qu'elle entretenait avec Lancéhlya. Cela faisait quelques jours que les deux dragons Feunoyr séjournaient à Teldrasyl et les retrouvailles s'étaient bien déroulées. Hier, Ceyhan avait annoncé sa volonté de visiter davantage les contrées du sud et Sehzade se trouvait étonnée de sa venue dans ses appartements : s'il délaissait une promenade pour aller à sa rencontre et ce, en présence de Lancéhlya, c'était qu'il avait une information d'une grande importance à lui transmettre. « Que me vaut cette arrivée surprenante, Ceyhan ? Je vous pensais ailleurs avec ma fille. » Interrogatrice, elle ne daigna se lever mais posa néanmoins les mains sur son bureau, prête à écouter la suite. Sehzade n'appelait jamais son gendre par le titre de lord. A Yederhil, et surtout au sein de la famille Özilhan, une mère avait toujours le pouvoir sur son beau-fils, qu'importe sa position sociale. Peut-être n'était-ce pas le cas à Kahanor, mais c'était désormais ainsi dans sa maisonnée. Qu'il l'accepte ou pas, peu lui importait. Sehzade avait apporté dans ses bagages sa propre culture, qui s'était assise dans la cour des Culkin sans que les sujets de Ramsay n'eurent leur mot à dire là-dessus. « Je n'ai pas pu, Lady Culkin. J'ai reçu une missive d'Aubétoile il y a de cela une heure : le roi Halbarad I est mort, Madame. »

Mort. La nouvelle lui semblait invraisemblable, si bien qu'elle se leva de son siège écarlate aussi soudainement que lorsqu'un orage éclatait. « Mort ? Je n'y crois pas ! Il y a deux jours, le roi se portait très bien. » C'était vrai. Sehzade se souvenait parfaitement des propos de Ramsay, qui s'il n'était pas un des plus grands amis du roi, lui écrivait souvent pour différentes affaires. « C'est bien vrai, mère. La lettre est sur moi, voyez donc. » Ce fut sans attendre que Sehzade s'empara du document, ses yeux clairs parcourant les lignes à toute vitesse, le regard de plus en plus écarquillé à chaque moment où elle digérait un mot. Alors, c'en était fini. Halbarad I Hammer avait rendu son dernier souffle, laissant son petit bambin de dix-sept ans aux rênes des sept contrées de Kahanor. Cet adolescent que Sehzade avait rencontré lors de son séjour à Aubétoile et qui lui avait semblé encore si junévile, si... empathique. « Alors, c'en est terminé de la paix. La prospérité ne peut être là avec un être si fragile sur le trône, encadré d'un nid de vipères. » Car il ne fallait sous-estimer les Stormrage. Faisant les cents pas dans la pièce, elle s'arrêta subitement en voyant par la fenêtre Ramsay. Celui-ci se divertissait dans les jardins du château en organisant un petit tournoi où il combattait contre son conseiller et frère Trystam. Les deux avaient le sourire aux lèvres et respiraient la joie de vivre, sabres en mains. Les frères Culkin étaient réputés pour être des guerriers redoutables, autant que Sehzade maniait les arcs à la perfection. Ils étaient des combattants, des aventuriers qui ne craignaient ni la tempête, ni rien. Ramsay était également un adepte de la devise Toujours plus et elle appréhendait sa réaction lorsqu'on lui apprendrait la mort d'Halbarad. Etait-il capable de se liguer contre le jeune Hammer une fois son père envolé ? « Je peux être en paix avec un aïeu par respect mais sciller la tête du descendant si je le veux, après tout ce n'est pas la même personne, hein ? » avait-il déclaré en riant il y avait de cela des années en parlant d'un de ses pires rivaux dont elle ne se souvenait plus vraiment le nom. Mais le souvenir de cette scène était clair dans sa mémoire et à présent, voilà qu'elle en était à se demander si Ramsay était capable de prendre les armes contre la dynastie régnante. La vérité était positive, voilà ce que lui insufflait son esprit. Et Sehzade se positionnait déjà du côté de Ramsay. Elle était sienne et l'idée d'étendre leur pouvoir au-delà même de Tameriel n'était guère une idée déplaisante.