Kazhan repoussa le bras passé autour de sa taille et se redressa en grimaçant. Il avait l'impression qu'une horde de chevaux sauvages et enragés galopaient dans sa tête. Il passa une main sur son visage et s'empara de la cruche en terre cuite posée à côté de sa couche pour la vider entièrement sur le sommet de son crâne. Elle n'était pas vraiment froide, rien ne l'était jamais ici, mais cela lui remit un peu les idées en place. Il se tourna vers le corps étendu à côté de lui et donna une légère tape sur la fesse nue de Lirya – Laëlia ? - afin qu'elle se réveille. Elle ouvrit les yeux en grognant légèrement, guère ravie d'être tirée de son sommeil de la sorte. « Ta maîtresse t'attend, femme, » fit-il en se levant enfin. Il s'étira longuement et entreprit de s'habiller enfin. Il fixa son subliga avant d'entourer ses mollets et ses avant-bras des pièces de laine épaisses qui le protégeaient un minimum des coups qu'il pouvait prendre à l'entraînement. Il possédait quelques pièces de métal, offertes par sa maîtresse, mais il ne les portait que dans l'arène. Il se retourna pour constater que la jeune esclave avait remis sa robe et se dirigeait déjà vers la sortie de la pièce sans dire un mot. Elle était un achat récent de Freyha et avait été sa récompense le temps d'une soirée. La veille, Kazhan avait remporté de nombreux combats dans l'arène, écopant de quelques plaies bénignes seulement. Pour ses victoires, il avait eu droit de faire profiter tous les gladiateurs de la maison Whispers d'une nuit particulièrement alcoolisée. Il en subissait les retombées ce matin et se levait bien trop tard, mais personne n'était venu le réveiller alors il supposait qu'on lui avait accordé un peu plus de sommeil, une générosité qu'il appréciait. Kazhan sortit de la minuscule pièce qui lui servait de chambre et quitta les quartiers des gladiateurs. La lumière du soleil l'agressa immédiatement, lui rappelant qu'il avait beaucoup trop dormis. Le jeune homme plissa les yeux et leva sa main pour les protéger des rayons qui l'agressaient. Les autres s’entraînaient déjà depuis plusieurs heures sous les cris de leur supérieur et le choc des épées de bois. Le gladiateur s'avança sur le sable, s'adossant à une poutre en bois qui soutenait le balcon de la ville Whispers, d'où sa maîtresse se postait régulièrement afin d'observer l'entraînement de ses esclaves. Lui-même posa son regard sur les différents hommes qui se trouvaient là. La plupart venait d'arriver, une livraison du Capitaine Lawrence que Kazhan avait observée d'un œil critique. Certains avaient du potentiel, d'autres finiraient par mourir très vite, ne supportant pas les conditions d'entraînement ou durant leur premier combat dans l'arène. C'était ainsi que ça se passait et si Kazhan avait trouvé cela barbare au début, désormais, c'était devenu une habitude. Les hommes devenaient forts ou trépassaient, une lame plongée dans l'abdomen.
Le regard du champion s'attarda alors sur une silhouette bien plus frêle que les autres. C'était celle de l'esclave que Lucian avait rapporté, environ une semaine plus tôt. Kazhan n'avait pas hésité une seconde à dire à sa maîtresse qu'il ne tiendrait pas deux jours ici et que ça ne servait à rien de gaspiller de l'or en l'achetant. Mais le pirate s'en était tiré en prétextant qu'il était plus redoutable que ce qu'il semblait être. Bien évidemment, le jeune homme ne l'avait pas cru une seconde mais sans qu'il comprenne pourquoi, Freyha avait semblé voir du potentiel dans l'esclave. Il n'avait pas le droit de juger sa maîtresse, aussi n'avait-il rien dit de plus, mais il n'en pensait pas moins. Le vermisseau était en train de se faire acculer par un autre esclave ramené en même temps que lui. Il se défendait afin d'éviter de prendre des mauvais coup, mais il n'avait aucune envie de se battre et cela se ressentait dans chacun de ses gestes. Il se battait par obligation, pas par envie. Des ecchymoses marquaient déjà sa peau dorée et il avait la lèvre inférieure fendue. Kazhan grimaça et croisa le regard d'Agaereth qui s'avança vers lui. « Tu nous fais enfin l'honneur de ta présence, champion » dit-il d'un ton clairement moqueur. Le jeune homme désigna l'esclave d'un signe de tête. « Il est encore debout, c'est un exploit. » Le maître d'armes suivit son regard et hocha la tête. « Il a fallu que je le rosse pour qu'il se décide enfin à participer à l'entraînement. Ce garçon ne vaut rien, » marmonna-t-il et Kazhan était du même avis. Il se dirigea vers le coffre qui contenait les épées en métal et en saisit une au hasard. Il testa son poids puis lança un regard à Agaereth qui esquissa un sourire, comprenant où il voulait en venir. Alors Kazhan passa entre les hommes qui s'entraînaient pour arriver près des deux esclaves. Il posa une main sur l'épaule du plus grand et lui fit signe de s'écarter. L'homme obéit sans broncher, essoufflé et heureux de faire une pause. Le plus petit lui jeta alors un regard noir et cela tira un sourire amusé au champion qui se plaça face à lui et désigna l'épée de bois qu'il tenait, avec la sienne, faite de métal. « Que vaut ta vie, esclave ? » demanda-t-il d'un ton dur. Il ignorait son nom et s'en fichait pas mal, pour être honnête. Il ne méritait pas qu'on le prononce au sein de ces murs. Le regard que lui lançait le plus jeune n'était pas sans lui rappeler celui qu'il dardait sur tous ceux qu'il croisait, quelques années plus tôt. « Je porte le métal, toi le bois. Et il en sera ainsi jusqu'à ce que tu te décides enfin à accepter que tu ne vaux rien. Tu n'es rien, tu n'as aucune importance. J'ignore ce que tu étais avant de finir entre ces murs et ça ne m'intéresse pas. Si tu veux vivre, tu dois le mériter. » Ces mots n'étaient pas les siens. Ils étaient ceux d'Agaereth, des horreurs crachées au visage du garçon qu'il était, des paroles précieuses maintenant qu'il était en mesure de les comprendre. « Ta maîtresse a estimé que tu avais du potentiel. Fais-lui honneur en me prouvant que j'ai tort de penser le contraire. Ou crève comme un chien, » siffla-t-il entre ses dents avant de s'avancer agilement pour lui porter un premier coup qui tailla une plaie peu profonde dans sa chair, au niveau de la cuisse. Si l'arène avait appris une chose à Kazhan, c'était bien qu'un homme ne se révélait réellement que lorsqu'il était acculé. Sur le point de mourir. S'il fallait cela pour que l'esclave réalise enfin qu'il n'avait pas d'autre choix que d'accepter l'enseignement qu'on lui offrait, ça ne dérangeait pas le champion de la maison Whispers. S'il préférait mourir, soit, il se ferait un plaisir de gorger le sable de son sang.
Invité
Sujet: Re: JEEHAN • blood, sand and tears. Sam 21 Déc - 23:21
BLOOD SAND AND TEARS
It is mine to give to whom I will. Like my heart.
Jeehad soupira longuement et se retourna dans la petite pièce qui lui servait de chambre à coucher. Le réveil allait être difficile, ces idiots de gladiateurs avaient fait la fête toute la nuit parce que cette saleté de Kazhan avait gagné un tournoi. Oh oui, Kazhan Windrunner, Jeehad n’avait vu que rarement un tel spécimen de « je suis une tête vide et tout ce que j’ai pour moi ce n’est qu’un tas de muscles ». Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il ne pouvait pas supporter la présence de cet idiot. Il le haïssait car, la seule chose qui l’importait c’était de se donner en spectacle. Kazhan par-ci et Kazhan par-là, Kazhan fait vraiment honneur à dame Freyha… Jeehad serra les poings et les muscles de ses bras se contractèrent, lui aussi il faisait la fierté de son maître quelques jours plus tôt, mais il avait fallu qu’on l’envoie ici injustement. Il détestait les gladiateurs, ce n’était que des bêtes assoiffées de sang, des personnes stupides qui n’avait aucun respect pour l’être humain ! Mais comment pourrait-il leur en vouloir ? Ce n’était pas leur faute s’ils ne connaissaient rien à l’art et à la beauté du monde qui les entoure. Le jeune homme lâcha un léger rire nerveux, puis s’assit et s’étira longuement. Ce matin comme tous les matins c’était entrainement, encore et toujours se battre avec de vulgaire épée de bois, tout ça n’avait aucun intérêt. Il se décida enfin à se lever et but une gorgée de vin qu’il avait réussi à subtiliser hier. Puis, alla rejoindre ses camarades qui étaient déjà en train de se battre dehors, Jeehad lui s’assit dans un coin espérant passer encore une fois inaperçu. Mais la mascarade ne durait jamais très longtemps car leur entraineur le renvoyait bien vite auprès des autres gladiateurs.
Malgré tout, malgré les journées remplient qui animé sa vie en ce moment Jeehad se sentait seul, tellement seul. La solitude. Qu’était-ce que la solitude ? On la rencontre tous au moins une fois dans notre vie. Elle est là, partout, elle nous guette. Certains la recherchent, d'autres, au contraire, la fuient. Mais souvent elle blesse et détruit plus de cœurs et d'âmes que ce que nous pouvons bien penser. C'est simple, regardez autour de vous, regardez-vous ! Ne vous est-il jamais arrivé d'aller vous coucher un soir sans parvenir à trouver le sommeil ? C'est à ce moment-là que vous faites le résumé de votre journée, et bien souvent vous terminez par la même constatation : vous vous sentez vide. Vide comme quelqu'un qui ne trouve plus d'épaule sur laquelle se reposer, ou comme celle qui n'a plus personne pour l'écouter. Vous êtes parfois anéantit comme la femme qui a perdu son mari ou la personne âgée que plus personne ne vient voir. C'est à ce moment-là aussi que vous regardez le bonheur de tous les autres, ceux qui vivent fou amoureux, ceux qui réussissent leurs rêves, ceux qui profitent de chaque instant et au final, vous vous demandez qu'est ce qu'il ne va pas dans votre vie. Jeehad avait sauvé une vie et cela lui avait couté sa liberté, et même sa vie. Comme il s’en doutait l’entraineur remarqua son manque d’investissement. « Oh le petit frêle ! On n’est pas là pour se reposer ici ! Prend donc une épée et entraine-toi si tu espère survivre à l’arène ! » Jeehad soupira et s’empara d’une épée de bois puis fini par rejoindre un homme qui s’entrainait seul. « Puisqu’il le faut, Jeehad tâta l’homme du bout de son épée, allez finissons-en vite ! » Il ne fallut pas le dire deux fois à son camarade qui lui sauta littéralement à la gorge, le nouveau gladiateur tenta d’éviter les coups comme il le put. Leurs épées s’entrechoquèrent dans un violent éclat qui fit virevolter des morceaux de bois de part et d’autre.
Mais au bout de quelques minutes sa majesté Kazhan entra dans l’arène, avec plus d’une heure de retard, mais soit c’était Kazhan, alors on lui laissait tout passer. L’esclave serra les dents, et se surpris à le jalouser. Pourquoi les gens lui portaient autant d’intérêt ? Il était aussi bête que ses pieds ! Mais en parlant du loup celui-ci se dirigea droit vers eux et ordonna presque à son adversaire de prendre conger. Jeehad ne put s’empêcher de lui jeter un regard noir, ce qui arracha un sourire à l’autre protagoniste. « Que vaut ta vie, esclave ? » demanda-t-il d'un ton dur. Sa vie d’esclave ? A l’heure actuelle strictement rien. « Je porte le métal, toi le bois. Et il en sera ainsi jusqu'à ce que tu te décides enfin à accepter que tu ne vaux rien. Tu n'es rien, tu n'as aucune importance. J'ignore ce que tu étais avant de finir entre ces murs et ça ne m'intéresse pas. Si tu veux vivre, tu dois le mériter. Ta maîtresse a estimé que tu avais du potentiel. Fais-lui honneur en me prouvant que j'ai tort de penser le contraire. Ou crève comme un chien. » Sifflat-il entre ses dents avant de porter un premier coup au jeune homme qui lui entailla la chair au niveau de la cuisse. Jeehad releva la tête vers le grand brun. « Ce n’est surement pas de toi que viennent ses mots, tu n’es pas assez intelligent pour en comprendre le sens… Pour toi tout ce qui compte c’est gagner, c’est frapper, c’est faire couler le sang de tes frères. » crachat-il au visage de Kazhan, avant de lui retourner son coup et lui entailla faiblement le biceps. Etait-il vraiment si fort que ça ? Jeehad en doutait maintenant.
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