Depuis le tournoi en l'honneur du jeune roi, son oncle, Dezial avait eu beaucoup à faire. Maître d'armes le jour, il était surtout, dans le plus grand des secrets, un Sombrelame. Ces fameux assassins aux compétences légendaires. Tellement que pour certains ils ne sont que phantasmes. Pour les plus sceptiques, l'ordre n'a jamais existé, et ne serait en fait qu'une rumeur dont le but serait d'équilibrer le monde sans une intervention extérieure. Et pourtant, notre ami fait bel et bien parti de cette guilde, et ce n'est pas n'importe lequel d'entre eux, l'homme fait parti du Conseil, dirigé par huit autres membres. Depuis la création des hommes, sages et puissants, ont siégé autour de cette table ronde, dans l'espoir de pouvoir créer un monde meilleur grâce à leur actions dans l'ombre. La guilde a toujours prôné des idéaux altruistes, voulant œuvrer pour le bien du royaume, et l'équilibre du monde. De fait, la tête dirigeante a toujours été séparé en neuf personnes, afin que les intérêts personnels d'un assassin un peu trop ambitieux ne viennent compromettre tout cela.

Alors, depuis le tournoi, le maître d'armes avait dû convaincre le peuple et sa propre famille que les Somrbelame n'étaient pas derrière cet agissement. Notre ami, avec l'appui de son cousin -lui aussi sombrelame, et membre du Conseil- Adrian, avait raconté que durant ses voyages, tous deux avaient fait la rencontre de l'assassin qui se dévoilait ouvertement comme étant un ennemi de cette fameuse guilde. Ainsi, son action en ce jour ne pouvait-être que dirigée contre eux. Après tout, des assassins que l'on qualifiait d'exceptionnels ne feraient pas de telles erreurs. Attaquer de plein jour, alors que le roi était entouré de garde, et que l'élite martiale de tout le royaume étaient présents, cela était insensé. Encore plus étrange, n'est-ce pas des plus idiot que de tenter d'assassiner quelqu'un avec tant d'yeux braqués sur nous ? Non, cela cachait forcément quelque chose. De fait, grâce à la sagesse et au sang froid que le Sombrelame avait fait preuve en ce jour, de nombreuses suspicions sur la guilde s'envolèrent. Encore mieux, Dezial avait convaincu le jeune roi d'aller rencontrer lui-même le fameux Conseil pour savoir ce qu'il en était vraiment, lui donnant par la même occasion un prétexte idéal pour se rendre lui même à une réunion extraordinaire du Conseil. Réunions qu'il avait bien du mal à se rendre en temps normal, envoyant son bras droit, Morrigan pour le remplacer et parler en son nom.

Mais cela n'était pas fini, le trentenaire dû s'entretenir avec le roi, lui demandant de lui faire confiance, et lui promettre de revenir avec un des membres du Conseil pour discuter avec. Il dû aussi faire quelque chose des plus difficile : tout avouer à sa très chère sœur, la reine. Pour remettre dans le contexte, Eleonore était la personne la plus importante à ses yeux. C'est grâce à elle s'il était en vie aujourd'hui, grâce à la tendresse qu'elle avait offerte à son demi-frère, le considérant dès le début comme un frère, et rien d'autre. Elle l'aima en tant que tel, et s'en occupa comme une grande sœur le devait. De fait, toute sa vie, Dezial agit systématique pour elle. Elle était devenue reine. En tant que bâtard il ne pouvait la suivre, il n'avait pas droit de devenir chevalier et encore moins de rentrer dans la garde royale. Alors, il eut une idée des plus étranges, devenir un assez grand guerrier pour que tous le reconnaissent, et qu'il gagner sa place à la cour afin de veiller sur elle. De fait, lorsqu'on lui proposa de devenir Sombrelame, et de devenir meilleur que tout ce dont il aurait pu imaginer, vendre son âme au diable ? Cela ne le dérangeait pas si cela allait en ce sens. Plus tard, pour son talent à l'épée -et dans de nombreuses autres armes d'ailleurs- on lui offrit cette place de maître d'armes. Cela dit, il y avait ce petit quelque chose que le jeune homme n'avait pas prévu : le sentiment horrible de devoir cacher tout cela et de mentir quotidiennement à sa très chère sœur. Dévoiler la supercherie fut encore plus difficile, dire à la personne qui représente notre Monde, qu'on lui ment depuis des années, cela suffirait à détruire de nombreuses personnes. Malheureusement, l'assassin n'avait plus le temps pour penser à lui, il devait protéger son neveu, il devait protéger sa sœur. Elle qui avait perdu récemment son époux, lui brisant ainsi le cœur, si quelque chose arrivait à son fils, qu'adviendrait-il d'elle ? Survivrait-elle à tant de chagrin ? Non. Le Rivers ne pouvait tout simplement pas le permettre. Alors, malgré le fait qu'elle puisse le haïr pour ce secret, ou encore du simple fait d'appartenir à cette guilde, le trentenaire avoua tout, dans un but précis : empêcher un quelconque mouvement militaire. Cette attaque n'était pas de leur fait, et, dans l'ombre, un ennemi dangereux devait attendre son heure. Si une guerre éclatait entre le royaume et les Sombrelame, les deux camps se feraient sans doutes exterminer.

Malgré toute ces dispositions, il restait quelque chose de crucial que Dezial devait s'occuper. Pendant son absence, Aubétoile serait sans surveillance, sans protection, sans juridiction. Du point de vue de la guide, un membre suffisamment haut placé devait s'occuper de la zone dans laquelle il résidait, afin d'éviter tout conflits et tout débordement. Mais plus encore, il fallait quelqu'un dans l'ombre pour veiller sur les siens. En temps normal, Morrigan aurait été son choix le plus naturel. Malheureusement, cela n'était tout simplement pas possible. En premier lieu, elle s'était rendu à Tamarang, et devait l'assister lors de cette fameuse réunion. Mais, surtout, l'homme voulait la nominer pour le poste vacant du Conseil. Depuis des années la belle s'était montré diplomate et dévouée envers la guilde, malgré son tempérament de feu. Lorsqu'elle agissait pour Dezial, elle restait calme et posée, se révélant ainsi d'une loyauté à toute épreuve. Alors, en plus de la penser capable de rejoindre le cercle, il voulait faire un geste pour tout ce qu'elle avait fait pour lui. Dès lors, le membre du Conseil devait penser à trouver un remplaçant à lady Storm, mais surtout quelqu'un pour veiller sur tout cela. Et, le maître d'armes avait bien quelqu'un en tête. Une jeune femme, une recrue récente, maître depuis quelques mois seulement, mais qui s'était montré efficace et loyale à la cause. Une certaine Eileen Dummers, qui préférait qu'on la nomme Nora. Une charmante demoiselle que l'assassin avait recruté après la mort du précédent roi, gardant un œil sur lui, se félicitant de plus en plus pour son choix. La belle semblait très intéressée par la vie de la guide et les missions que l'on pouvait lui confier. Elle semblait aussi désireuse d'apprendre de nouvelles choses, s'améliorer et surtout s'investir de plus belle au sein de la guilde. Ne faisait-elle pas une candidate idéale pour ce poste ? Très certainement. En plus de quoi, lui donner la charge de le remplacer un certain temps pourrait faire office de test.

C'est ainsi que, une fois la nuit tombée, Dezial se vêtu sombrement, un long tissus noir camouflant son visage, tandis qu'une cape l'encapuchonnait pour ne laisser paraître aucun trait de sa personne. Il s'arma de ses nombreuses lames dissimulées un peu de partout avant d'ouvrir la fenêtre de ses appartements pour enfin sauter de toits en toits et se rendre dans la zone de surveillance de la demoiselle. Très vite il perçut une ombre sur une des toitures et la prit en chasse. Devinant à travers ses mouvements et sa silhouette l’identité de la sombrelame, il s'avança en relâchant la pression. Seulement, lorsqu'il fut à porté, Nora porta un coup de dague au bâtard, visant directement la gorge de ce dernier. Lui, passa sous le coup donné avant de lui agripper le poignet et la regarder directement dans les yeux pour lui dévoiler son identité. Une fois les tensions apaisées, le maître eut un doux rire amusé.


Un léger sourire, caché par le linge posé sur le bas de son visage, se dessina doucement sur ses lèvres. Le coup était précis et rapide, Dezial n'était pas certain que tous les membres de son équipe aurait pu éviter une telle attaque, ce qui le laissa songeur un bref instant, avant de réaliser qu'il ne l'avait toujours pas relâchée. Alors, en faisant un pas en arrière, l'homme lâcha prise, avant de se pincer l'arrête du nez, soucieux. Ce qu'il avait à dire était complexe à mettre en place. Par où commencer ? Il n'en était pas vraiment certain, mais son esprit finit par choisir de lui faire gagner encore un peu de temps.