ɤ Une tentative d'assassinat a eu lieu durant le tournoi organisé en l'honneur du Roi Halbarad II, les rumeurs disent qu'il s'agissait d'un membre du conseil des Sombrelames, pensez-vous que la Guilde soit devenue une menace pour le royaume ? « Allen, je préfère te prévenir que Sohane est une tueuse.
-
Ouais enfin tu m'excuseras mais j'ai failli lui déboîter la gu...-Non, je veux dire une tueuse de la Guilde des Sombrelames. »
C'était ainsi qu'Allen avait rencontré pour la première fois une membre des Sombrelames. Rencontrer dans le sens parler et apprendre à faire connaissance, du moins autant que la patience d'Allen pouvait lui permettre. Sohane était, de son point de vue totalement objectif nous le savons, une femme extrêmement énervante qui possédait le caractère d'un nain bourré – fait rarissime – et apportait le même bien-être communautaire qu'une invasion de chauve-souris.
Allen s'était remémoré petit à petit ce qu'il savait des Sombrelames, maintenant qu'il était amené à partager ses repas avec une d'entre eux pendant plusieurs jours. Il s'était souvenu de l'effervescence dans les tavernes et autres auberges de la tentative d'assassinat du Roi. C'était quoi son nom, déjà ? Albaredad ? Hallebarde ? Non, ça c'était une lance bizarre. Putain de nobliaux, toujours à se donner des noms de merde avec des chiffres derrière.
Mais le fond n'était pas vraiment de savoir si c'était bien un Sombrelame qui avait tenté d'assassiner le Roi, ou réussi selon la version de certains. La question était de savoir si cette bande de tarés, toujours le point de vue objectif de notre mercenaire, était devenue une menace plutôt sérieuse pour l'équilibre du royaume.
Allen ne pouvait pas, même si il le voulait, se faire un avis pertinent sur ce sujet, d'autant qu'il n'en a sans doute rien à foutre. Trop profane sur certains sujets pour donner un point de vue, il était quand même assez intelligent pour comprendre que parler sans savoir équivaut à boire un verre vide. C'est ridicule et ça n'apporte rien.
Mais la présence de cette connasse pouvait lui permettre de jauger une sombrelame et commencer à se faire un avis là-dessus. Même si, objectivement, il espérait que ces assassins n'étaient pas tous du même acabit. Parce que, franchement, l'équilibre du royaume n'était guère en péril avec ça. L'équilibre de cette guilde, par contre...
Au fil du peu de chemin parcouru, Allen s'est rendu compte – toujours avec l'objectivité qui le caractérise – que Sohane était bonne à rien et il s'était promis de la tuer de ses propres mains. Cette extrémité lui était venu à l'esprit car Allen avait néanmoins du reconnaître qu'il avait sous-estimé sa capacité à être casse-couilles en toute circonstances. Si le roi avait subi une tentative d'assassinat, peut-être l'objectif était de faire en sorte qu'il saute lui-même par une fenêtre de son palais après lui avoir déposé dans son entourage une telle personne.
Le royaume était donc, objectivement, bel et bien en péril.
ɤ Les animaux qui peuplent la forêt de Pestebois semblent être devenus fous. Des villages entiers ont subis des attaques de loups géants, une odeur nauséabonde se dégage de Pestebois, tout semble pourrir et n'être que chaos, jusque dans le cœur des hommes. Pensez-vous que cela annonce le retour d'un Enclin ? «
Ce contrat à intérêt à valoir le coup l'ami... Et à nous emmener loin de là au retour. »
Matrim hocha la tête tout en gardant sa lance bien en main. Allen continuait de mâcher sa viande tout en regardant les arbres. Il mâchait longuement, trop en fait, comme si ce geste était une façon de le protéger, de se souvenir que lui-même était en vie et que rien ne pourrait l'atteindre.
Les arbres qu'il voyait étaient d'une difformité sans nom. Oui, il faisait nuit. L'obscurité et la danse des flammes pouvaient transformer n'importe quel arbuste inoffensif en terrible monstre nocturne. Mais, en ce moment précis, Allen préféra ne pas voir cette forêt en plein jour, se disant que son imagination serait forcément plus douce que la réalité.
Allen mordit dans sa viande.
Ce lieu était l'objet des rumeurs les plus tordues de Kahanor. Souvent, cela se résumait au mot « Enclin ». Allen n'avait aucune foutre idée de ce que cela voulait bien dire. Personne ne semblait savoir en vérité. Quand un brave tentait une explication, il faisait référence à des démons, un monde de feu et de sang se déversant sur le royaume. De la destruction de chair, des explosions de lave et des guerriers démons gigantesques qui aspiraient toute forme de vie à portée.
Devant lui se tenait autre chose. Quelque chose de plus noir, de plus pourri, de plus inconnu en fait. Quelque chose qui lui donnait un arrière-goût étrange dans la bouche.
Allen mordit à nouveau dans sa viande.
Les odeurs qui accompagnent habituellement les forêts étaient moins fortes, comme si la vie était moins présente, mais bien plus pestilentielles. Le tout dans un froid bien trop glacial pour la saison. Si Allen avait mit tant de ferveur à allumer un feu, c'était non seulement pour se protéger du froid mais également remplacer les odeurs qui resteraient sans doute encore 1 semaine dans sa bouche.
Allen mordit encore et encore dans sa viande.
Le pire était les bruits des animaux. Ceux des corbeaux étaient tout à fait standards, mais tellement nombreux. D'autres étaient plus ou moins proche des animaux véritables. Le pire était celui qui lui avait fait perdre, pendant trois secondes, la capacité de mâcher. C'était comme le hurlement d'un loup beaucoup moins aigu, beaucoup plus long et beaucoup plus.... Puissant. Même les autres bruits avaient fait silence un petit instant. Comme pour marquer un certain... Respect. Ce silence était sans aucun doute la pire chose qu'ils avaient remarqué depuis leur arrivée. L'élément le plus lourd et le plus oppressant alors qu'un silence n'est qu'un silence.
Allen et Matrim se regardèrent. Tous deux avalèrent leurs derniers morceaux et l'espoir de passer une nuit saine.
ɤ Suite à la destruction d'une partie de la Tour du Cercle, des mages ont tenté de s'enfuir et ont été violemment abattus par les Templiers, un vent de révolte souffle parmi les mages, qu'en pensez-vous ? Allen tenait sa torche de manière à bien éclairer toute la pièce. Il avançait très prudemment. Il ne fallait surtout pas faire de faux mouvements.
Son compagnon éternua bruyamment.
Allen s'arrêta net et se retourna lentement vers Renard, le visage lourd de reproches.
« Quoi ? Tu vois bien que c'est rempli de poussière ici ! »
Effectivement, le lieu était assez poussiéreux pour tuer à sa simple vue toutes ces personnes obsédées par la propreté parfaitement impossible à atteindre. Les torches illuminaient tous ces minuscules grains qui flottaient dans l'air, comme si Renard et Allen étaient dans un temple sous-marin. Ce dernier serra ses doigts en pointe et les colla entre ses yeux, tout en baissant la tête. Signe d'une déception et d'une perte de patience nette.
«
Pour quelqu'un qui se surnomme Renard, t'es quand même pas futé.-Et voilà, monseigneur Allen recommence ! Depuis qu'on est entré là-dedans tu me dis de la fermer et tu chuchotes ! Alors que, c'est une TOMBE, on n'y croisera personne. »
Allen renforça la pression que ses doigts exerçaient sur le bas de son front.
«
Observe le lieu. »
Renard regarda autour de lui. Ils étaient dans un couloir assez vaste doté de cavités sur les côtés. Dans ces dernières se tenaient des restes de bougies éteintes depuis très longtemps, des livres tellement rongés par les mites qu'un simple coup de vent les renverraient à l'était de poussière propre au lieu. Chandeliers rouillés, vieux outils trop dégradés pour ne serait-ce découvrir quels étaient leurs fonctions et les décorations que l'on trouve dans les maisons des morts : des crânes, centaines de spectateurs de cette scène incongrue.
« Et ben ? C'est une tombe, et il y a des objets de merde qu'on revendra même pas pour une pièce ! »
Allen releva la tête et pointa sa torche vers le sol.
«
Devant-nous, il y a des traces de pas dans la poussière.-..Et ?
-
Elles ne vont que vers la dernière chambre et ne reviennent pas. La poussière ne les a quasiment pas recouverte à nouveau et les traces ne reviennent pas en arrière. Il y a donc quelqu'un qui est arrivé devant nous. Soit le lieu est piégé et nous découvrons un cadavre, soit ton éternuement l'a alerté et il attend sagement que nous arrivons.-Pourquoi attendrait-il ?
-
Nom d'Aerynn tu piges absolument rien. De toutes façons il doit nous entendre alors autant aller le voir. Mais je vais te renommer, histoire qu'il ne se méprenne pas, Pigeon. »
Renard, désormais Pigeon, se renfrogna, considéra à nouveau les environs et lança à Allen :
« T'as qu'à te démerder tout seul, alors ! »
Pigeon fit demi-tour et laissa Allen seul avec sa torche. Ce dernier considéra aussi les crânes qui semblaient rire du spectacle, comme si Allen et Pigeon n'étaient que des marionnettes ridicules qui font rire les petits enfants. Allen avança à pas feutré vers la seule et unique chambre.
Elle n'était pas très vaste mais pas petite non plus. Allen leva sa torche et regarda de toutes parts. Il entendit un cri lorsque la lumière rencontra la personne qui l'avait précédé. Allen s'avança doucement vers cette dernière : c'était un homme. Un homme complètement apeuré qui se protégeait de la lumière du mieux qu'il pouvait. Il avait trouvé refuge sur une tombe rectangulaire, comme si ce nivellement le protégerait de l'intrus.
« Je ne veux pas y retourner ! Allez-vous en ! Allez-vous en ! »
Allen avait, simple précaution, déjà sorti son arme. Une simple hache avec un manche en bois. Pas une arme, plutôt un outil à ce niveau de conception. Mais bon, il valait mieux ça que rien. Il s'approcha de l'homme apeuré et posa sa torche sur la tombe voisine, de sorte à ce qu'elle continue d'éclairer les alentours.
Il resta silencieux, encore plus quand il vit que l'homme tenait une épée dans la main. Une belle épée, magnifique même, avec un manche sculpté. Il leva la main et avança prudemment vers son probable opposant.
« NOON ! »
Ce dernier se redressa et fendit l'air avec l'acier tout aussi brusquement que maladroitement. Allen arrêta son mouvement en attrapant la main d'épée dans la sienne. Ce fut facile.
L'air fut, tout d'un coup, rempli d'une chaleur étonnante, qu'Allen n'avait jamais ressenti avant. Cette fois-ci, le mage le regardait avec l'air déterminé de celui qui se bat pour sa vie.
Moins facile fut, pour la main gauche d'Allen, d'encaisser les flammes.
et si vous nous racontiez vos aventures ?Source
Les deux jeunes hommes étaient assis sur une petite embarcation. Les deux étaient munis de cannes à pêches, sans aucun doute de leur propre confection au vu de leurs qualités. Le cadre était idyllique : la rivière, calme, chantait légèrement et sublimait le soleil par milles reflets. L'herbe sur les berges était si verte et les fleurs si colorées de vie que l'on aurait pu croire qu'un peintre était venu ici, histoire de donner à ce lieu un avant-goût du paradis.
Tout cela, personne ou presque ne le remarque à leur âge. Une dizaine d'année, tout au plus. Pour eux, cet endroit ne gagnera en couleur uniquement en souvenir pendant une période où tout semblera n'être que nuance de gris. Pour l'instant, ils étaient concentrés comme jamais. La récompense en valait la peine.
Cela ne les empêchait nullement de converser avec le talent, l'éloquence et la perspicacité des enfants de leur âge :
« ...et j'lui ai dit : mais t'es con ! »
Allen se mit la main devant la bouche et serra sa mâchoire du mieux possible pour éviter d'éclater de rire et, inévitablement, de faire peur aux poissons. Ils en avaient déjà attrapé trois. Allen en attrapait toujours plus, mais ils s'arrangeaient toujours pour avoir un nombre pair afin de diviser le butin en deux. Un nombre pair pour contenter leurs pères.
«
J'ai tellement hâte de prendre la mer.-Moi aussi Allen, mais pour cela il nous faudrait au moins 6 poissons. »
Allen se demandait à chaque fois pourquoi ils devaient pêcher sur la rivière pour faire leurs preuves et ainsi accompagner leurs pères sur l'océan. Après tout, son père disait que les pêcheurs des rivières étaient des lâches, des couards sans honneur. Comme si la pêche était un combat et que ce combat n'avait vraiment de sens que sur les grandes étendues d'eau du monde. Mais puisqu'il n'y a aucune frontière entre une rivière et une mer, quelle est la différence ? Le petit Allen ne la percevait pas encore.
«
Je veux sentir l'odeur de la mer. C'est bien meilleur qu'ici. »
Enfin, presque pas encore.
« Moi ce que je préfère, c'est ramer. »
Effectivement, l'ami d'Allen avait des bras déjà trop musculeux pour un garçon d'une dizaine d'années. Cela le grandissait un peu et même les plus grands, ceux vers la quinzaine, n'osaient pas vraiment lui chercher des noises de peur que cela finisse en queue de poissons.
«
Ah ! J'en ai un !-Mais comment tu fais ? J'en ai eu qu'un moi !
-
Tu te rappelles ? J'suis l'type qui pense et toi t'es le mec qui tire sur la canne ! Maintenant ! »
Les deux garçons attrapèrent la canne et tirèrent. Moins d'une minute plus tard, un quatrième poisson entra dans leur butin.
« Pourquoi mieux penser fait que les poissons viennent vers toi ? »
Ce n'était nullement ça. L'instinct, la façon d'agiter l'hameçon pour le rendre vivant, faire de lui un appât crédible, le calme, une voix pas très portante, la patience, une grosse dose de chance et une plus grosse dose de culot. Tout ça fera qu'Allen ira plus souvent sur les flots que son ami. Tout ça fera qu'Allen vivra bien plus longtemps.
Rivière
C'était la première fois. La première sans leurs pères. Les voilà, eux deux, sur la mer. Celui de Grosbras était malade, très malade en fait. Celui d'Allen était déjà mort. Et les voilà sur le bâteau, perpétuant la tradition.
«
Tu ferais mieux de remonter le filet, il risque de se ficher dans le récif. »
Le moment était assez critique. Le ciel était gris, le vent soufflait et la nuit tombait. Il leur restait moins d'une heure pour rentrer chez eux en sécurité. Allen savait qu'il n'y seraient pas à temps. Grosbras mit facilement le filet sur le petit pont, rempli de poissons sautant une dernière fois pour s'accrocher à la vie.
«
Rame, je tiens le gouvernail.-D'accord, mais si tu d'truit l'bateau, j'te frappe ! »
Grosbras portait bien, très bien son surnom. La menace était donc de taille pour Allen. Une tempête se préparait. Les vagues étaient de plus en plus grosses et naviguer là-dessus, prêt des falaises bordant les environs de Hurlevent, avec un bateau aussi pourri que ça était d'une dangerosité sans nom. Du moins, c'est ce que pensait Allen. Il verra, plus tard, que ceci n'était qu'un jeu d'enfant.
Tout se passait bien, pour le moment. Grosbras ramait de manière très efficace, même seul. Ils allaient vite et Allen sentait le mouvement de l'eau mieux que personne à ce moment précis de son existence. Les récifs s'esquivaient tranquillement et les vagues ne présentaient aucun danger pour lui. C'était le risque de vouloir pêcher à un endroit plus prolifique. Il fallait passer par cette route, au retour. Mais ça valait le coup.
« Tu pourrais pas m'aider à ramer ?
-
Si je lâche le gouvernail et que je laisse le bateau se conduire lui-même, la mer nous prendra et nous ne verrons plus jamais nos femmes. »
Ils avaient la quinzaine, à peu prêt. Mais, dans la petite vie et de leur petit village, le choix du conjoint s'imposait plutôt rapidement.
« Justement, si je continue comme ça j'aurais plus de forces pour elle quand je rentrerai ! Alors, viens m'aider et... »
Une vague, plus importante que les autres, vient approcher dangereusement le bateau de la falaise, interrompant Grosbras dans son argumentation. Comme si la mer, décelant leur faiblesse, s'était trop enhardie et avait tenté de les désarçonner. Elle recommencerait.
« ...Ouais, continue comme ça Allen. Petit con va. »
Allen sourit alors qu'il se trouvait dans une situation qui aurait tué n'importe quel pêcheur du coin. Il zigzagua entre les rochers s'élevant des flots tels des crocs.
«
Arrête de ramer et tiens-nous à distance des rochers. »
Grosbras appuya sa rame sur les crocs pour empêcher de se faire avaler. Cela rappela à Allen l'histoire d'une baleine blanche mangeuse de navires. Il n'était même pas sûr de reconnaître une baleine si il en voyait une, mais il espérait que ce jour viendrait.
La nuit était tombée mais il ne restait plus qu'à se jeter dans l'embouchure du fleuve et utiliser une perche pour remonter la rivière jusqu'au village. Le courant n'était guère fort et la lanterne qu'Allen avait allumé éclairait le chemin.
« T'as hâte de la retrouver, Allen ?
-
Bien sûr... »
Il avait répondu avec difficulté car c'était lui qui se chargeait de pousser l'embarcation lourde du matériel, des poissons et de Grosbras.
« T'as jamais peur qu'elle repique une des... Crises, un jour ? »
Allen cessa tout mouvement pour regarder Grosbras. Le sujet était sensible, à la limite du tabou.
«
Jamais, tant que je serais là. »
Mer
Matrim rôdait autour d'Allen. Il faut dire que ce dernier savait faire saliver tout le monde avec sa nourriture indigne de rester dans la cale d'un navire pirate.
« Rien que pour ça, être capitaine vaut le coup. »
Allen regarda Matrim. Matrim regarda la nourriture. La nourriture regarda Allen. Malgré les mouvements du navire, malgré les couteaux aussi vieux que Myp le Jeune, surnom lui-même trop vieux, Allen savait préparer la nourriture comme personne. Du coup, l'équipage était tout aussi ivre de joie en pillant un navire rempli de viande salée qu'un navire bourré d'or.
«
Tiens, goûte. »
Matrim n'avait même pas fini d'écouter la phrase que le poisson était déjà dans sa bouche. Il avait fermé les yeux et avait stoppé tout mouvement, excepté celui de sa mâchoire. Allen n'avait même pas besoin de connaître son avis. La tête de Matrim répondait pour lui.
« Mais, comment tu fais pour dégager autant de si bon goût d'un poisson ?
-
J'ai pêché toute ma vie, puis j'ai pillé des tombes toute ma vie. Je connais donc toutes les odeurs les plus horribles du monde. Il est facile pour moi de dégager les plus merveilleuses. »
Matrim ouvrit ses yeux calculateurs. Des yeux qui semblaient de souvenir de tout. Absolument tout. Allen ne savait pas si c'était une bonne nouvelle. Après tout, Matrim le regardait travailler. Il pourrait se souvenir de ses recettes.
« Tu as... Pillé des tombes ? »
Allen goûta à son tour son poisson. L'équipage allait être ravi.
«
Et bien, oui. Quoi, ça te pose problème ?-Non. C'est juste assez surprenant. Et tu...AIE ! »
Allen venait de frapper la main que Matrim tentait d'approcher trop dangereusement du poisson cuisiné. Pour la trois-cent quatrième fois exactement depuis que Matrim venait rôder dans la cuisine.
« ...Tu arrivais à vivre, comme ça ?
-
Bien sûr. T'as pas idée de tout ce que les gens mettent dans les tombes pour éviter que le mort se sente seul.-Tout le monde fait ça.
-
Oui mais le mort, il s'en fout : il est mort ! »
Bam. Trois-cent cinq.
« Donc, tu recelais des objets trouvés dans des tombes ?
-
Pas tous. J'en ai gardé certains.-Et t'as déjà trouvé des choses intéressantes ?
-
Oui. Les objets que j'ai gardé. »
Matrim posa son regard sur l'épée qu'Allen avait posé derrière lui. Une épée trop belle pour être honnête. Même la lanterne qui diffusait une lumière bien déprimante pouvait sublimer l'acier de cette arme. La gueule du serpent, découvrant ses crocs au bout de la poignée, était même sublime.
« Et tu as gardé quoi, exactement ? »
Matrim avait posé la question comme l'on en posait tout en sachant déjà la réponse.
«
Mon envie d'être libre, et de ne devoir rendre des comptes à personne. »
Allen regarda Matrim. Matrim regarda Allen. En cet instant, en cet instant précis. Ils ne bougèrent pas. Sauf pour... Trois cent six. Et en cet instant précis, ils se comprirent. Allen sonda le regard de Matrim et lui demanda la chose la plus incroyable que l'on ait jamais demandé à cet homme :
«
Passe-moi le plat derrière toi. »
Allen tendit sa main brûlée et dégantée, comme à chaque fois qu'il préparait les repas.
« Dangereux la cuisine, hein ? » lança Matrim avec une petite, grosse, très grosse en fait, pointe de moquerie.
Océan
« Allen ?
-
Ouais ?-Tu ne m'as jamais expliqué pourquoi on te surnomme « Connard ».
-
C'est seulement quelques personnes en Tameriel.-Oui, mais pourquoi ? »
Allen et Matrim pissaient du haut d'une crête. Encore un peu saouls, sans aucun doute.
«
Ils se sont aperçus que je pillais les tombes du coin.-Et c'est tout ? Ils t'ont juste surnommé « Connard » ? »
Allen sursauta légèrement pour les dernières gouttes de...Son histoire.
«
Oui. "Connard on va te tuer", ils arrêtaient pas de me répéter ça. »
Allen se retourna vers le feu de camp désormais plus que cendres. L'aube se levait légèrement et ils allaient bientôt partir. Le mercenaire ramassa les casseroles sales et lança à Matrim.
«
Réveille l'autre là. Je vais nettoyer ça dans la rivière qu'on a vu pas loin. »
L'autre était un mage en fuite. Matrim l'avait deviné assez facilement et en avait profité pour augmenter de manière drastique le prix de l'escorte. Allen n'aimait pas vraiment les mages. Mais bon, vu que Matrim lui donnerait plus d'or, il ne lui en voulait pas trop.
Lorsqu'il arriva à la rivière, il vit une petite barque abandonnée. De manière assez machinale, il s'installa dedans, délogeant les araignées, et lança l'embarcation sur la rivière. Il rinça ses casseroles. Même sur une petite embarcation d'une qualité aussi pauvre, il se sentait déjà mieux que sur terre ou à cheval.
Cela lui rappela quelques souvenirs colorés d'un endroit assez similaire. Avec Grosbras. Qu'est-ce qu'il était con, Grosbras. Aujourd'hui, tout semblait gris et morne. Après quelques minutes à se laisser porter par le courant faiblard, il abandonna sa trouvaille et remonta vers ses compagnons.
Ils l'attendaient, prêts à partir.
« T'en as mit du temps.
-
J'ai trouvé une barque et j'ai fait un p'tit tour. Naviguer me manque, mon cher enfoiré.-Il reste des provisions ? »
Le petit groupe se mit en marche à travers la forêt. Longeant à bonne distance les chemins blindés de templiers pas très jouasses.
«
Bien assez pour finir. Mais il me faudra acheter des épices à nouveau à la prochaine ville.-Tu te rends compte du prix que ça nous coûte ?
-
Tu te rends compte que jamais le soleil n'éclairera le jour où je laisserai mon palais devenir mélancolique ? »
Cette phrase avait sans aucun doute choqué Matrim. Allen n'était pas très intelligent, lui-même s'en rendait compte, et son vocabulaire était parfois limité. Mais, quand il s'agissait de nourriture, Allen devenait aussi redoutable de paroles que d'épée et pouvait même utiliser des figures de style dignes d'un vieil écrivain.
« Alors, vous tenez le coup vous ? »
Matrim venait de poser cette question au mage, qui avait participé, légèrement, à vider un pichet de bière.
« J'ai... Encore un mal de crâne.
-Ahah ! Vous n'avez pas inventé de sorts pour décuver tranquillement ?
-Et bien un de mes collègues travaillait là-dessus...
-...Ah bon ? »
Matrim s'était arrêté, yeux calculateurs en marche. Limite aussi flippant qu'Allen en train d'utiliser des métaphores.
« Non, je me payais votre tête.
-Oh. Dommage. Viens Allen, partons un peu devant cinq minutes pour vérifier que la voie est libre. Vous, restez-là et... Utilisez donc le sort de votre collègue.
-J'ai plutôt l'impression qu'une autre bouteille me soulagerait mieux.
-C'est ça l'esprit ! »
Alors qu'ils s'éloignaient, Allen lança :
«
Bizarre, tu me laisses y aller seul d'habitude.-Oui, mais là c'est un sacré paquet de pièces qu'on va récupérer. Peut-être faut-il réfléchir à ce que l'on va en faire.
-
Tu veux dire autre chose que de payer à boire et les dégâts que cela entraîne ? »
et c'est qui derrière l'écran ?ɤ Pseudo/âge/sexe (f ou m) ; Sky/23/M
ɤ Fréquence de connexion ; Tendance quotidienne
ɤ Que pensez-vous du forum? ; On m'a laissé mettre une image "Under construction" et "Coming soon" pendant l'écriture de ma fiche. Je crois que ça veut tout dire.
ɤ Comment l'avez-vous découvert ? A cause de
lui alors qu'il n'était même pas encore inscrit. Si ce mec bosse dans la pub un jour...
ɤ Code du règlement ; War Will Weather the Souls of the Lost.
ɤ Célébrité choisie ; George Blagden
ɤ Credits (avatar, icon etc.) ;Toujours
lui.