Tes genoux ! Cracha le petit être aux airs candides, frappant durement le creux des articulations du jeune gladiateur.
Ce dernier se targua de lâcher un cri de protestation, serrant les dents et redressant sa silhouette trappue. Le bois de bambou fermement tenu dans ses mains, et quelques anciens esclaves plantés derrière elle. Freyha se donne comme mission bien personnelle de former ses nouveaux esclaves elle-même, avant de les laisser aux mains des plus expérimentés. A son humble avis, il est d'une importance capitale de s'investir auprès de ses nouveaux arrivants. Bien que ses leçons soient dures, et que certains futurs gladiateurs mettent du temps à accepter la jeune femme. Mais elle n'en a cure.
-
Tu es plus raide que l'édifice qui nous entoure ! Persifla la syphilide aux traits poupins, ondulant autour de sa masse frêle.
Tu es trop maigre. Remarque-t-elle ensuite, sans lâcher les onyx rageuses de l'esclave.
Un gladiateur doit pouvoir tenir sur ses deux jambes. Si tel n'est pas le cas, ta chute dans une arène pourrait bien être ta dernière.Et les spectateurs détestent les combats trop courts. Qu'elle achève pour elle même, plantant le bambou dans la terre poussiéreuse de la petite court d'entrainement.
Une main sur la hanche, elle avise le jeune homme aux côtes visibles.
-
Il va falloir te nourrir un peu plus, et t'entrainer plus longuement. Déclare Freyha, faisant fi de l'éclat de surprise dans les traits du futur gladiateur.
Elle sait d'où vient son trouble. Un bourreau qui veut le nourrir davantage ? Qui ne le regarde pas avec mépris, mais avec cet air parfois absent, comme emporté par un passé qui lui est propre ? Whispers est déjà un mystère. Car à part pour le remettre à sa place, et pour éduquer sa dextérité, jamais encore elle n'a levé la main sur lui. Une première pour l'esclave de toute une vie. Quant aux autres, ils semblent en forme, et non pas à deux doigts de s'écrouler aux pieds de leurs maitresses, en suppliant un peu de vivres. La terreur de transperce par leurs regards. Si ce n'est celui des combatants qu'elle jette dans l'arène. Dans ce cas présent, elle s'y prend pourtant sans scrupule. C'est à rien n'y comprendre. Leur peau ne sont pas immaculées de plaies, et ne possèdent aucunement l'apparence des plus démunis.
-
Ma dame ! L'interpelle alors une jeune servante, rare femme possédée par Freyha.
Le capitaine Lawrence est à nos portes, il affirme avoir un présent pour vous … Son menton se tourne, et c'est seulement après un moment de réflexion que la veuve brise le silence presque religieux installé dès l'attente d'une réponse.
-
… Un présent, n'est-ce pas ? Répète la maîtresse des lieux avec cynisme.
J'ai hâte de voir ce que cette canaille me réserve encore. Un simple murmure pour elle-même.
****
Affublé ce pirate de l'adjectif 'canaille', est certes un peu fort exagéré. Car, pour être tout à fait honnête, Freyha apprécie Lucian. Plus que son charme et sa compagnie, le pirate se voit doté d'un esprit vif et libre. Comme tous ses comparses, certes. Mais ce dernier est aussi doté d'un tempérament tout à fait singulier. Et … Particulier. Si ce n'est légèrement extravagant. Dans ses gestes et sa posture, il porte l'allure d'un ivrogne qui tient en équilibre précaire, et aussi surprenant que cela puisse être : Cet homme-là ne chavire jamais. Peut-être est-ce simplement son équilibre, qui doit être remit en cause.
Quand les portes s'ouvrent, Freyha fait face à une foule atypique.
Des esclaves, bien-sûr. -
Lauwrence, je ne m'attendais plus à votre visite … Rouspète la blonde, haussant un sourcil fin sur sa bouille faussement contrariée.
-
Dame Whispers. Toujours un honneur. Le genre de courbette digne de Lucian. Lui baisant la main, se dernier se redressa, un sourire sûrement involontairement charmeur scotché à ses babines.
-
Honneur partagé, mon ami ... Très bien, lâche-t-elle en jetant une œillade aux esclaves présents dans son dos.
Je vois que vous voulez parler affaires ? Qu'elle suppose sans difficulté, ordonnant d'un signe très bref qu'on ouvre les portes.
Entrez, j'aimerai étudier votre offre en privé. Car ici, les murs ont des oreilles. Et de se tourner vers la jeune esclave à la peau métisse.
-
Va prévenir deux de nos hommes que le Capitaine est de retour avec sa marchandise. »
(c) Bloody Storm