« Maman, regarde le beau papillon ! » Dit la petite Freyha avec des yeux émerveillés. A peine âgée de cinq ans, elle était déjà émerveillée par le monde qui l'entourait et trouvait de la beauté dans tout ce qu'elle touchait.  « Freyha arrête ! Ce n'est pas le moment de jouer et tu le sais. Tu veux être puni ? Non ? Alors va chercher l'eau et vite. » Hurla la mère de la petite fille en lui arrachant le papillon des mains. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Azilis, la mère, n'était pas une mauvaise personne, elle était juste fatiguée. Fatiguée d'être une esclave, fatiguée d'avoir tout donné en sachant qu'elle ne s'en sortirait jamais et que ses filles également resteraient des esclaves. Azilis avait eu deux filles avec son maître, un riche marchand, contre son gré. Il avait tout d'abord violé Azilis sans arrière pensée, sans avoir voulu un enfant mais quand il avait vu la petite Freyha, il avait compris très vite que sa beauté lui rapporterait beaucoup quand elle serait grande. Alors, deux ans plus tard, il avait remis cela en espèrant cette fois ici avoir bel et bien une autre petite fille, et si cela avait été un garçon, il n'aurait certainement pas passé la nuit... Cet homme, n'avait jamais considéré Freyha et Isÿe comme étant ses filles mais comme étant des esclaves qui pouvaient lui rapporter gros. Freyha avait donc grandi sans aucune figure paternelle et avait une mère plutôt froide et distante avec elle, comme si elle avait eu peur de s'accrocher à sa petite fille qui allait partir bien trop vite...
Freyha, un peu triste de la réaction de sa mère, se décida à partir chercher de l'eau pour son maître afin de ne pas se faire gronder. Mais très vite, une voix l'interpella. «  Hé petite ! Ta maman n'a pas l'air d'être très gentille ! » lui dit un mendiant qui avait suivi toute la scène.  «  Non, elle est juste triste, je suis sûr qu'elle est très gentille ma maman, je suis sûr que tout le monde est gentil. » Le mendiant ne pu s'empêcher de rire, personne sur cette île ne pouvait être qualifié de gentil et il pensa que cette petite fille, aussi jolie soit-elle, ne survivrait pas longtemps ici. Alors que le mendiant se leva pour attraper la petite fille, cette dernière se retourna après avoir entendu son nom et courut vers sa petite sœur. Elle se jeta dans les bras d'Isÿe et lui proposa d'aller chercher de l'eau avec elle, ce que la petite accepta. Et comme tous les jours, personne ne se soucia de leur départ...


 « Freyha, tu t'en vas. » Ces quelques mots de son maître résonnèrent un long moment dans la tête de Freyha avant que la jeune fille puisse les comprendre. Elle partait ? C'était donc fini ? Elle partait sans sa sœur ? Freyha savait qu'elle ne resterait pas éternellement avec elle, qu'elles seraient séparées mais elle ne pensait pas que cela se passerait aussi vite. Elle ne pensait pas qu'à treize ans, elle quitterait le seul endroit qu'elle n'est jamais connue. Même si elle n'était pas heureuse, même si elle était maltraitée, même si elle mourrait de faim, elle ne connaissait que cette demeure et elle avait peur de l'inconnu. Mais il était hors de question de le montrer, la petite fille de cinq ans avait bien changé. Au fil des années, elle avait arrêté de voir de la bonté dans chaque personne, elle avait arrêté de croire qu'un jour, elle s'en sortirait, elle était devenue réaliste et avait compris que la vie était dure et qu'elle n'allait avoir que des malheurs. Alors, elle était devenue étrangement muette. Elle qui était si bavarde petite, ne prononçait presque aucun mot, préférant la sagesse du silence.  « Je t'ai bien vendu à un riche marchand, il viendra te chercher très bientôt, tu as compris ? » Freyha se contenta de hocher la tête et avec la permission de son maître, partit préparer ses affaires mais elle devait se rendre à l’évidence, âgée de tout juste treize ans, son maître ne lui avait encore rien acheté. Elle prit donc le temps de dire au revoir à sa petite sœur en lui promettant qu'elles se retrouveraient un jour même si elle se doutait que cela n'arriverait jamais. Isÿe allait tellement lui manquer. Elle était la seule à pouvoir redonner l'espoir et le sourire à Freyah.  « Ton maître est là Freyha, descends tout de suite. » La jeune fille obéit et découvrir très vite le visage de son nouveau maître. C'était un homme froid, musclé, sûrement âgé de la quarantaine et n'inspirant guère confiance. En voyant un sourire se dessiner sur le visage de son nouveau maître, elle comprit qu'elle avait trouvé bien pire que sa vie actuelle.


Freyha vivait chez son nouveau maître depuis maintenant un an et elle avait connu l'enfer. A son arrivée, elle avait été jeté dans un haram, avec d'autres femmes et très vite, bien trop tôt, elle connut l'acte charnel. Cette nuit, cette nuit où elle perdue sa virginité avec son maître, la marqua à tout jamais. Juste ici, Freyha avait été une fille passive, ne cherchant pas à gagner, étant résignée à avoir une mauvaise vie. Mais cette nuit-là réveilla son instinct de survie, son instinct animal où elle avait emmagasiné une rage et une haine phénoménale. Au fil du temps, elle était devenue une fine manipulatrice à l'aide de son corps, comprenant très vite que sa beauté serait son seul atout dans la vie. C'est ainsi qu'elle séduit de plus en plus son maître. Au début, elle n'avait aucune emprise sur lui, elle dût apprendre à utiliser son corps mais au bout d' un an, elle devient son esclave principal, celle qui avait le droit de l'accompagner en ville et qui, pouvait parfois espérer dormir dans le lit du maître et manger un bon repas avec lui. Son arme n'était pas seulement son corps mais sa capacité à faire croire aux hommes qu'elle leur était totalement soumise alors qu'en réalité, elle les manipulait totalement. Elle vécut avec cet homme trois ans en tout, avant qu'il ne meurt mystérieusement un soir dans son lit... Freyha trouva très vite un nouveau maître, âgé cette fois-ci d'une cinquantaine d'années.


Ce nouveau maître fut la bonne étoile de Freyha. Elle qui était résignée à avoir une vie d'esclave, trouva enfin sa porte de sortie. Cet homme, très vite, se montra très différent de ses autres maîtres. Il était attentionné envers Freyha, il n'a d'ailleurs jamais essayé de la forcer à coucher avec lui. Il lui apprit même à lire, à écrire et à compter, ce dont Freyha lui remercia. Elle était heureuse de savoir tout ceci, de se sentir plus humaine que animal. Parfois, il demandait à Freyha de lui faire la lecture, des lettres sans importance, afin qu'elle s’entraîne. Puis, vient le jour de ses seize ans où il décide de l’affranchi et de l'épouse. Ce fut un jour important dans la vie de Freyha, le jour où elle comprit qu'elle était libre et qu'en plus de cela, elle était mariée à un homme extrêmement riche. Lui, était fou amoureux d'elle, ne remarqua même pas que Freyha ne pouvait plus ressentir ce sentiment, elle ferait passer sa survie, ses envies avant tout. Quatre ans après ce mariage, l'homme mourut dans d'étranges circonstances, dans le lit conjugal... Très vite, on accusa Freyha mais on ne trouva aucune preuve contre la jeune femme. Elle hérita de tous les biens de son mari et c'est ainsi que sa nouvelle vie commença. Elle devint une femme très influente dans le monde des affaires et s'imposa à Yelderhil comme une figure emblématique dans l'île. Décrite comme une femme froide mais juste, elle a également une maison de Gladiateurs.


 «  Monsieur Hendrik, voilà un long moment que vous n’êtes pas venu me voir, ne souhaitez-vous plus faire affaire avec moi » demanda Freya derrière le dos du Second. Hendrik était un pirate qu'elle avait connu il y avait déjà quelques années. Cet homme avait qui elle faisait affaire, c'était tout d'abord montré plus intéressé par son physique que par son commerce mais très vite, elle lui avait fait comprendre qu'elle n'était pas accessible. Après quelques mois où il avait continué à lui faire des avances, il avait finalement arrêté, comprenant que cela n'aurait mené à rien. Depuis, Freyha trouvait la compagnie de cet homme fort agréable et elle devait se l'avouer, ses conversations avec Hendrik lui manquaient. Elle avait découvert que derrière le séducteur, le  second était un homme intelligent et cultivé avec qui il était plaisant de converser.  « Bien sûr que non Madame mais j'ai été très occupé ces derniers temps, et je n'ai pu malheureusement venir voir votre beau visage. » Lui répondit-il avec un sourire. Freyha ne put s'empêcher de sourire à son tour. Quelques fois, elle aimait retrouver la légèreté de cet homme dont les conversations lui faisaient oublier son terrible passé qui avait fait d'elle la femme qu'elle était aujourd'hui.