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Allongée sur le dos, le regard fixé sur la pénombre du plafond, j'écoutais la pluie tomber : c'était un véritable déluge dehors. J'aurais voulu que le bruit de cette pluie dense me berce et m'aide à m'endormir. J'aurais voulu qu'elle m'apaise et m'aide à vider mon esprit. Cette pluie, cependant, ne m'apportait absolument aucune paix. Cette pluie ne faisait que me renvoyer aux images sombres qui peuplaient mes jours et mes nuits. Des images nocturnes dont le sens m'échappait bien souvent, des images diurnes qui n'étaient, elles, que le fruit de mon imagination et de ma peur. La peur qu'il ait disparu au milieu des mers. La peur qu'il ne me soit jamais rendu. Je fermai les yeux et plaquai mes avants bras contre mon visage : que le sommeil vienne, par tous les Dieux qu'il m'emporte et tant pis pour les cauchemars : mieux valait mille fois des images terribles et réelles mais sans aucun sens plutôt que des images inventées mais qui me brûlaient le cœur et me tordaient les entrailles.ѺѺѺѺѺ
"I wish that this world would embrace you
from magic stars and mystery. " Mes bras étaient serrés autour de la taille de Trystan alors que nous étions installés sur le seul cheval que notre famille possédait. Notre père guidait le cheval sur la route, au milieu des arbres. Je connaissais notre destination mais n'avais pas envie d'y aller. Mon regard se posa sur l'arc que mon père tenait dans sa main libre et sur le carquois dans lequel se trouvait quelques flèches. Je fermai les yeux et me crispai davantage. Je sentis les mains de mon grand frère se poser doucement sur les miennes et je l'entendis me murmurer quelques mots rassurants mais rien ne pouvait me rassurer, pas même la tendresse et la gentillesse de mon grand-frère car nous nous dirigions vers cette petite plaine où mon père allait tester l'efficacité des arcs qu'il fabriquait ou que Trystan fabriquait et, pour la première fois, l'arc et les flèches qui allaient subir cette épreuve étaient les miens. A l'aube de mes douze ans, j'avais pour la première fois réussi à créer un arc et des flèches, du début à la fin, de mes propres mains. Lorsque j'avais finalement terminé, j'avais été très fière d'avoir réussi mais après cela, la tension s'était peu à peu emparée de moi : et si cet arc n'était que joli à regarder ? Et s'il n'était pas l'arme efficace et parfaite qu'il était censé être ? Je craignais cela. Je craignais cela de tout mon cœur car décevoir mon père aurait été une chose absolument terrible pour moi. Lorsque nous arrivâmes à destination, je descendis du cheval à contre cœur, mon mal-être ne cessant de s'intensifier à chaque seconde. Le pire moment fut lorsque mon père prit position avant de se saisir d'une flèche, prêt à tirer. Trystan glissa sa main dans la mienne et m'adressa un sourire encourageant : s'il n'avait pas été là, la tourmente aurait été bien pire. Lorsque mon père plia le coude et rapprocha sa main de son visage, je me crispai et fermai les yeux : si la corde devait céder, elle allait céder maintenant. Il ne se passa cependant rien et Trystan me donna un léger coup de coude pour m'inciter à rouvrir les yeux, ce que je fis. J'eus alors le plaisir de voir mon père tirer la flèche. La corde de l'arc claqua lorsqu'il la lâcha et la flèche s'envola vistement pour aller se nicher dans un arbre plus loin.
Doucement, progressivement, un sourire étira mes lèvres et quand mon père se retourna et m'adressa un fier sourire, le mien n'en fut que plus grand. Trystan déposa un doux baiser sur ma joue avant de me laisser m'avancer vers notre père. Mon cœur battait vite mais à présent, c'était parce que j'étais heureuse, véritablement heureuse d'avoir réussi. Lorsque mon père se pencha vers moi, il ébouriffa mes cheveux avant de m'expliquer que l'arc et les flèches étaient à moi. Mon sourire se fana rapidement car cela me parût déplacé : avec le temps que j'avais passé à fabriquer cet arc, avec les matériaux que j'avais utilisés, si nous ne le vendions pas, mon père allait perdre des gains et cela, je ne le voulais pas. C'est alors qu'il me confia que Trystan avait lui-même gardé sa toute première création mais je n'avais, jusqu'à ce jour, jamais été dans la confidence. Mon grand-frère nous rejoignit, deux glaives en bois à la main et mon père esquissa un sourire avant de s'éloigner vers le cheval. Il savait que j'avais une nette préférence pour les armes que pour la broderie, il savait que je préférais croiser le fer (enfin, le bois plutôt) avec mon grand-frère et puisque le temps était clément et que nous avions un peu d'espace, mon père avait décidé de donner son accord pour que nous en profitions. Mon père était un homme véritablement bon et gentil. Il n'avait que faire des médisances, il n'avait que faire de ce que les autres pouvaient penser : j'étais différente des jeunes filles de mon âge et de cela, il en était fier.
D'ordinaire, j'aurais donc été ravie à l'idée de pouvoir m'entraîner en compagnie de mon grand-frère mais quand ce dernier glissa le glaive dans ma main, je n'affichais plus aucun sourire et il perdit du coup rapidement le sien.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-il.
« Où est-il ? » murmurai-je tout bas.
Il secoua la tête, incrédule.
« L'arc ! Je ne l'ai jamais vu ! » expliquai-je en élevant un peu la voix.
Son sourire réapparut doucement sur son visage.
« Il est bien caché, je te le montrerai une fois que nous serons de retour. »Je me renfrognai un peu plus et il s'approcha de moi en soupirant.
« Quoi ? »« Je croyais que tu ne me cachais rien... Je croyais tout savoir... » répondis-je, au bord des larmes bien malgré moi car, il avait beau être mon aîné de cinq ans, nous partagions tout, absolument tout. En tout cas, c'était ce que j'avais cru jusque là.
« C'était la seule chose que je te cachais et c'est parce que père me l'avait fait promettre. » assura-t-il en m'adressant un tendre sourire.
Je restai un instant sans bouger puis, ne voyant aucune fourberie dans son regard, esquissai un sourire avant de bien me saisir du glaive en bois et d'être la première à tenter une attaque.
Ce fut une journée qui se termina dans de francs éclats de rires.
"Your love consumes me, all fear eludes me
I’d die to be close to your heart. " L'aiguille s'enfonça une nouvelle fois dans ma peau et je pestai tout bas, ne souhaitant pas que mon père, qui se trouvait à l'étage du dessous à l'atelier ne m'entende ou que mon frère, qui avait élu domicile sous le toit et donc à l'étage du dessus ne m'entende lui non plus. J'avais cessé de compter le nombre de fois où j'avais piqué ma peau en plus du tissu. Je n'avais jamais été douée pour la broderie et je ne le serais probablement jamais. Quelle idée avais-je eu de vouloir créer autre chose qu'un arc pour célébrer les vingt-cinq printemps de mon frère ? Peut-être avais-je seulement voulu paraître plus « femme » mais pour le moment, cela ne donnait rien de satisfaisant. Le carré de tissu en lui-même était joli mais la broderie elle... Lorsque j'entendis la voix de mon frère au-dessus de ma tête, je cachai le tissu avec mes bras avant de relever la tête : il se tenait en haut de la petite échelle de bois qui permettait de monter à l'étage. Il m'annonça qu'il avait besoin de moi et je l'observai un instant, suspicieuse. Pourquoi pouvait-il donc avoir besoin de moi ? D'ailleurs, je ne manquai pas de le lui demander (si j'étais dérangée aussi souvent, je n'allais vraiment pas réussir à terminer cette broderie avant la date de son anniversaire) et il me demanda simplement une nouvelle fois de monter. Je soupirai avant de lui annoncer que j'allais arriver. Une fois qu'il disparut de l'échelle, je récupérai ma création loin d'être terminée (allait-elle seulement être terminée un jour ?) avant de cacher le tout sous ma couche et de grimper à l'échelle. A mon goût, il faisait un peu trop humide sous le toit mais Trystan s'y sentait bien : il avait de l'espace et il avait moins l'impression de vivre avec nous. Sa façon de s'émanciper à sa manière et je ne pouvais lui en vouloir : j'avais beau n'avoir que vingt ans, j'aurais aimé avoir un espace tel que le sien rien qu'à moi également.
« Bon, que voulais-tu me montrer ? » demandai-je, quelque peu pressée de m'en retourner à ma broderie. Cette pensée avait de quoi me faire froid dans le dos d'ailleurs : moi, pressée de faire de la broderie.
« J'ai besoin de ton avis pour quelque chose d'important. » me répondit-il, semblant tout à coup nerveux.
Je fronçai les sourcils, ne saisissant pas d'où pouvait venir cette nervosité qui ne lui ressemblait réellement pas. A l'accoutumée, dès que nous étions ensemble, nous nous sentions merveilleusement bien. Enfin, en apparence en tout cas, nous nous sentions réellement bien. Je savais, de mon côté, qu'il existait un malaise au plus profond de mon cœur mais je pouvais me vanter d'avoir réussi, jusqu'à présent, à bien le cacher.
« D'accord, de quoi s'agit-il ? » finis-je par lui demander, en laissant de côté ce qui pouvait tourmenter mon esprit.
« Il s'agit d'une femme. »Malheureusement, il semblait que le moment soit propice à la tourmente. A peine eut-il prononcé ces mots que je sentis mon cœur se serrer. J'ignorai cependant cette douloureuse sensation et l'invitai à poursuivre d'un geste de la tête.
« Je voudrais lui offrir un présent et j'aimerais vraiment te le montrer avant. Je veux être sûr de faire ce qu'il faut, tu comprends ? »Je hochai la tête en esquissant un sourire le plus doux possible et le plus sincère également tout en craignant qu'il ne semble faux tant je devais me forcer.
« Tu sais que je ne suis pas comme les autres : j'ai tendance à aimer ce que les filles détestent et à détester ce qu'elles aiment mais je veux bien essayer. »Je me devais d'essayer de l'aider oui, même si cela me coûtait. Bien sûr, j'avais toujours su que ce jour allait arriver et à présent, je devais faire face : mon frère était amoureux et je devais me réjouir pour lui avant de pleurer sur mon propre sort. Il m'adressa un doux sourire à son tour avant de m'apporter une flèche qu'il déposa dans le creux de mes mains et aussitôt, je perdis mon sourire : ce n'était pas n'importe quelle flèche.
« C'est une mauvaise idée ? »Sa voix était à présent hésitante. Je relevai mon regard vers lui et je savais qu'en cet instant, mon air outré était sans doute loin de le rassurer.
« C'est ta flèche... » murmurai-je la voix tremblante.
« J'en ai d'autres. » répondit-il sans attendre.
« Pas comme celle-ci non ! C'est ta toute première flèche Trystan ! » répliquai-je.
La première qu'il avait créée de ses mains et il voulait l'offrir à une femme. J'en fus incapable de retenir mes larmes.
« Et ce n'est pas une bonne idée ? » demanda-t-il encore une fois.
Je secouai la tête et reportai mon attention sur la flèche autour de laquelle mes doigts s'étaient refermés.
« C'est... » Je marquai un silence.
« C'est une idée magnifique Trystan... »Et c'était parce que cette idée était justement magnifique que cela me mettait dans un état pareil.
« Cette flèche représente beaucoup pour toi, comme ma première flèche représente beaucoup pour moi. C'est comme... C'est notre trésor et toi, tu veux l'offrir... Tu veux l'offrir parce que cette femme représente beaucoup pour toi. Cette femme, c'est ton nouveau trésor... » finis-je par dire, la voix quelque peu éteinte.
Je pris une profonde inspiration avant d'afficher un nouveau sourire, de relever mon visage vers lui et de lui tendre la flèche qu'il récupéra en me fixant attentivement. Il semblait soulagé que j'ai réussi à comprendre le sens de ce magnifique présent mais que je le comprenne moi ne voulait pas dire qu'elle allait comprendre.
« Trystan, je comprends ce que ça représente et donc ce que cette femme représente parce que je te comprends toi mais il est possible qu'elle, elle ne te comprenne pas alors... Il faudra que tu lui expliques sinon, elle risque de mal le prendre parce que... Une flèche... Tu comprends ? »« Oui. Oui, je comprends. Merci beaucoup Hylde. »« Je t'en prie. » Je plongeai mon regard dans le sien et restai un petit instant silencieuse avant de poursuivre.
« J'espère vraiment qu'elle va comprendre. Elle a beaucoup de chance. » terminai-je par dire avant de me détourner de lui et de redescendre à l'étage inférieur. Cette femme avait gagné l'amour de l'homme le plus merveilleux du monde. Cette femme avait gagné l'amour de l'homme que j'aimais plus que tout, plus que ma propre vie. Cette femme m'avait volé celui qui ne pourrait jamais être mien car cela nous était interdit.
Ce fut une journée qui se termina dans des sanglots étouffés par mes draps.
"Sirens, Sirens of the sea,
please bring him back to me" Assise sur la couche de Trystan, mon regard voilé était perdu dans la lumière que projetait l'unique bougie allumée de la pièce. Sa flamme semblait s'être figée, comme mon cœur s'était lui-même figé. Comme mon cœur était en train de mourir. Je doutais sincèrement qu'il puisse reprendre vie un jour tant la séparation qui se profilait à l'horizon me rongeait de l'intérieur parce qu'il avait décidé de partir. Il avait décidé de tout quitter, de me quitter, moi. Voilà des mois qu'il m'avait offert la flèche. Des mois que j'avais découvert que cette femme qui était son nouveau trésor n'était autre que moi. Des mois que nous avions fini par échanger nos sentiments interdits et proscrits, certes, mais puissants et incontrôlables. Des mois que nous nous aimions, en secret, à l'abri des regards. Des mois que nous commettions l'improbable, l'irréparable et l'impardonnable parce que nous nous aimions à en mourir. Des mois que j'étais la pécheresse la plus heureuse au monde. Et aujourd'hui, j'allais le perdre parce que cet amour si fort et si pur quand bien même il était interdit, était en train de nous consumer, de nous détruire sans que nous ne puissions rien y faire. J'avais beau être heureuse, et lui également, nous étions également de façon constante dans la souffrance. Finalement, il avait trouvé la solution : la séparation.
« Hylde. »Je fermai les yeux, sa voix venant de derrière moi : il venait de grimper l'échelle. Je le sentis s'asseoir derrière moi et glisser ses mains sur mes épaules. Il déposa un baiser dans mon cou avant de poser délicatement sa joue contre la mienne.
« Je ne veux pas que tu t'en ailles... » murmurai-je tout bas, faisant preuve d’un égoïsme terrible.
Je savais que cette séparation n'était pas plus facile pour lui que pour moi et j'aurais dû me montrer forte pour lui rendre les choses plus faciles mais j'en étais incapable. Je l'aimais trop pour lui dire de partir. Je glissai mes doigts sur ses mains avant de me tourner pour pouvoir plonger mon regard noyé de larmes dans le sien. Puis, je laissai vagabonder le bout de mes doigts sur sa joue avant de poser mon front contre le sien.
« On n'a pas le choix. » répondit-il finalement après quelques instants de silence.
« On a toujours le choix... »« Pas cette fois... » ajouta-t-il à voix basse.
Si mes yeux étaient remplis de larmes, les siens n'étaient pas en reste.
« Crois-tu vraiment que ça va tout changer ? Que d'être séparés va tout effacer ? » demandai-je, n'y croyant pas.
« Peut-être... Je ne sais pas... » dit-il le plus sincèrement du monde.
« Nous avons toujours été ensemble mais peut-être qu'en étant éloignés, oui, peut-être que cela changera ce qu'on ressent... Il faut qu'on essaye... »Je hochai doucement la tête parce qu'au fond, je savais qu'il avait raison : il fallait essayer. Cela faisait horriblement mal, mais il fallait essayer.
« Hylde... » Il glissa à son tour sa main sur ma joue.
« Si ça fonctionne et que ton cœur s'ouvre à quelqu'un d'autre, je t'en prie, il faut laisser faire, d'accord ? »« Feras-tu de même ? » demandai-je la voix tremblante.
« Oui... On doit se le promettre pour que toute cette souffrance ne soit pas vaine... »« D'accord. » finis-je par concéder. Cependant...
« Mais là, tout de suite, tu es celui que j'aime, tu es mon tout, ma vie. » murmurai-en en posant ma main contre son cœur.
A son tour, il glissa sa main contre mon cœur et m'adressa un sourire tendre à travers ses larmes.
« Toi aussi tu es mon tout, ma vie. »Sur quoi, il approcha son visage du mien et déposa un tendre baiser sur mes lèvres. Aussitôt, mes bras se refermèrent autour de son cou et ce baiser tendre prit soudain une toute autre couleur : la couleur des adieux. Plus fort que moi, plus décidé que moi, ce fut lui qui rompit le contact de nos lèvres. J'avais les yeux fermés et il me demanda de ne pas les rouvrir tant qu'il ne serait pas parti. Alors que j'avais les yeux fermés, je glissai mes doigts sur son visage et en épousai chaque trait, chaque petite parcelle pour que mes mains s'en souviennent, pour qu'elles n'oublient jamais. Il finit par poser ses mains autour de mes poignets pour me faire lâcher et déposa un tendre baiser sur mon front. Je sentis ensuite son poids disparaître de la couche et, gardant les yeux fermés comme il l'avait demandé, je l'entendis s'éloigner et descendre l'échelle. Je restai prostrée là, entendant les hurlements de mon père quand Trystan lui annonça une fois arrivé en bas qu'il avait décidé de partir car l'existence qu'il menait ici ne le convenait plus et parce qu'il voulait découvrir le monde. C'était là l'excuse qu'il avait trouvée pour partir. Père allait le détester pour ça et il le savait mais il était prêt à accepter cette haine si cela pouvait nous permettre de nous sauver comme il aimait le dire. Nous sauver... Pourquoi moi, avais-je l'impression que nous n'avions pas besoin d'être sauvés ? Sans doute parce que j'étais plus aveugle que lui. Quand les cris cessèrent, je rouvris les yeux et m'approchai de la petite et unique fenêtre dont la pièce disposait. A travers la vitre, à travers la pluie, à travers mes larmes, je vis sa silhouette s'éloigner et ce fut une violente colère qui s'empara soudain de moi parce que nous devions affronter une terrible souffrance alors que nous n'étions pas coupables. Nous devions affronter une terrible souffrance alors que nous n'avions pas cherché à nous aimer ainsi : notre cœur et notre âme avaient parlé à la place de notre esprit.
Ce fut une journée qui se termina dans une douleur lancinante et aveuglante.
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Lorsque je m'éveillai, de nombreuses images flottaient encore dans mon esprit. Ces images sans aucun sens réel pour moi. Ces images qui me laissaient simplement un arrière goût d'horreur et de terreur la plupart du temps, cette nuit en particulier. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir l'impression d'avoir vu, cette nuit, les nuages pleurer des larmes de sang et ce n'était pas la première fois que de telles images s'imposaient à moi. Peut-être était-ce un mauvais présage comme cela était déjà arrivé par le passé mais je me refusais d'y penser. Je me frottai le visage et soupirai avant de me relever. J'observai la pièce, m'imprégnant de la présence fantomatique de Trystan avant de descendre travailler avec mon père à l'atelier.
Voilà quatre cent quatorze jours que Trystan était parti.
Quatre cent quatorze jours qu'il m'avait quittée.
Quatre cent quatorze jours que mon cœur saignait car il avait pris la mer.
Allait-il jamais retrouver son chemin jusqu'à moi ?ѺѺѺѺѺ