Nom et Prénom : Gil-galad, fils de Valar. C'est ainsi qu'il s'appelait autrefois, avant que ne sourde l'hécatombe de leur race. Une identité dont s'est délaissée le jeune elfe pour se protéger de la réputation éventée de son défunt paternel. Valar, druide émérite, autrefois aimé, sitôt haï et écorché comme un chien galeux lorsque surgit la haine et la vengeance. Gil-galad disparu au profit de Radagast, qui signifie littéralement "vagabond". Approprié en vue de sa situation. Radagast Greenstorm balaya ainsi son ancienne identité dans les profondeurs de son esprit...sans jamais que l'oubli n'en dévore la rancune conséquente.  Âge : Il a connu la paix d'autrefois, vu le chaos se répandre telle une traînée de poudre dans chaque recoin de Kanahor. Spectateur du déclin des maintes races, de la prohibition de la magie et des conséquences de la haine humaine, l'existence du semi-elfe a commencé peu de temps avant le premier chapitre apocalyptique. Radagast est né par un soliste d'été de l'année 1105, autrement dit âgé de 507 années.  Contrée de naissance : Il naquit à Tameriel, quand l'herbe balayait encore maintes parcelles de terre, que la rosée roulait sur les limbes des plantes et que les filets lumineux du soleil se reflétait dans l'opacité du lac, autrefois bordé de bouquets de fleurs arc en ciel. Il a connu cette province dans toute sa splendeur...aujourd'hui, ce n'est plus que désolation et sécheresse. Allégeance : Priant le culte des neufs avec ardeur dans un lointain passé, il lui arrive encore aujourd'hui de citer l'un ou l'autre de ces anciens dieux, mais la vie a rendu sa foi bien fébrile. Le simple vagabond qu'il est devenu n'a foi en personne et ne ploiera jamais le genou devant un petit seigneur fièrement couronné. Statut du sang : Son père, elfe et druide respecté, était issu d'une longue lignée de nobles. Cette lignée fut brisée par son union avec une jeune commerçante dont il s'éprit d'amour, mais Radagast n'attache que peu d'importance à la nature de son sang. Race : Souillée dans la rancœur, décimée dans la vengeance, injuriée dans la haine, il appartient à cette race qui l'oblige à se montrer discret. Quasiment transparent. Être un semi-elfe incite à une vie de solitaire, loin des routes marchandes. Une vie à travers des sentiers escarpés pour escompter un quotidien tranquille  Statut civil : Sa tendre et douce est décédée quatre siècles plus tôt, abattue par la haine des mortels, tout comme son paternel. Depuis, les plaies de son cœur brisé ont appris à cicatriser, mais perdre sa moitié l'a rendu fort amer et nostalgique. Ainsi est-il veuf et célibataire depuis ces quatre derniers siècles, se laissant parfois allé à l'ébauche de quelques conquêtes éphémères. Orientation sexuelle : Malgré qu'il ait été longuement lié à une elfe, il n'a jamais caché son goût pour les deux sexes et se laisse volontiers allé aux expériences des deux camps Métier ou fonction : C'est de son père qu'il tient ses connaissances en médecine et magie. Druide accompli, il n'en demeure pas moins discret sur ses activités, au risque de trépasser sous les crocs des templiers. Ou pire, être clôturé dans cette maudite tour. Destin que le semi-elfe évite en menant une vie discrète.   Faction ou Guilde : Aucune Rang : De même que sans faction, il demeure sans rang officiel Armes possédées : Isildur, une fine lame forgée du temps de ses ancêtres et transmise dans sa lignée. C'est l'unique souvenir matériel qui le rattache à son passé et Radagast tient à cette épée comme la prunelle de ses yeux. Car outre ses talents en magie, le semi-elfe excelle aussi au combat, mais se garde bien de vanter ses aptitudes.

ɤ Que pensez vous de la mort du roi ? L’héritier étant encore jeune, arrivera-t-il à gérer le royaume selon vous ? Devant son aversion contre la royauté, en particulier contre le roi, sa mort est accueillie avec bénédiction. Radagast pourrait naïvement espérer un avenir plus libre avec la montée au trône du nouvel héritier. Mais qu'espérer d'un gamin prébupère qui vient à peine d'arrêter de téter le sein de sa mère? Le druide n'attend rien du nouvel héritier, comme il n'attend rien de la race humaine. La déception n'a été que trop grande pour qu'il puisse retrouver goût à l'espoir. Il n'espère plus. Depuis trop longtemps.  ɤ  A votre avis la garde des ombres a-t-elle encore lieu d'être ? Les Engeances ont-elles vraiment disparu ou la menace est-elle encore présente ? Le mal laisse toujours une trace indélébile sur son passage. Les Engeances ont-elles disparu? Peut-être. C'est ce que tout le monde espère, y compris Radagast. Le mal est propice à fendre le cœur des vulnérables et il estime prudent de laisser la garde des Ombres en activité. Même en tant que magicien, le demi-elfe craint le retour au chaos et à la terreur, bien que le concernant, il y est plongé à moitié depuis la prohibition de la magie ɤ Les mages ont été bannis sur une île près des côtes d'Alcahar, étant désignés coupables de tout le mal qui s'abattait sur le continent. A vos yeux était-ce juste ? La magie est elle une chose à proscrire ? Il comprend la terreur, mais ne parvient toujours pas à accepter les boucheries commises par le passé sur son peuple, ainsi que sur les êtres de magie. Parce qu'une poignée de corrompus ont secoué le pays, la faute est balancée sur l'ensemble d'un groupe minoritaire qui n'a pu que subir les réprimandes et la haine des concitoyens sans pouvoir en changer le cours des choses? Radagast se souvient des flammes consumant les maisons de chaume, les cris de femmes, d'hommes et d'enfants brûlés en leurs entrailles. Le sang d'innocents n'a que trop coulé depuis cette époque de trouble. ɤ  La forêt de sombrebois regorge de créatures plus infâmes les unes que les autres, vous sentez-vous en sécurité malgré le fait qu'il se passe des choses étranges non loin de là ? Le gouvernement devrait-il se préoccuper de ce qu'il s'y passe ? Les créatures sont sûrement moins à craindre que les rôdeurs qui y vivent, car le cœur d'un homme est bien plus imprévisible que celui d'un animal aux abois. En symbiose avec la nature, cette forêt jusque là indomptée par l'humain a conservé sa sombre splendeur. Parce qu'elle n'est parsemée de parterres de fleurs colorés, de clairières ensoleillées et de lapins bondissants, elle doit faire office de lieu dangereux? Certes, les créatures qu'on y trouve ont leur réputation. Les gardiens de la forêt, comme se complaît-il à les appeler. Radagast apprécie cette forêt d'où s'échappe une bestialité naturelle, loin des empreintes malsaines de l'homme.  

Accalmie inquiétante. Les relents d’humidité ont laissé leurs marques indélébiles sur le sol boueux,  couvert ci et là de mousse gorgée d’eau. Les arbres non plus n’ont pas été épargnés. Sur leur tronc noueux et sombres, lianes, mousses et autres mauvaises herbes grimpent à la force de l’air nauséabond. Les étendues d’eau visqueuse s’étendent à perte de vue dans cet échiquier interminable d’écorce, où chaque mouvement est synonyme de prudence. Garde à l’étranger voyageur qui s’y aventurerait sans guide ou sans carte. Quoique, même une carte ne serait d’un grand secours si vous n’êtes pas familier à ce décor sinistre et indompté. C’est d’un pas sûr et prudent qu’une silhouette se faufila le long de ces berges infertiles, son manteau d'un vert béryl ondoyant autour de ses jambes effilées. Avançant sans réticence dans les raccourcis conseillés pour traverser Sombrebois sans risque d’embûches, le druide semblait se fondre avec le décor. En pleine symbiose biologique avec cette forêt réputée périlleuse est rarement fréquentée, outre par les plus téméraires ou les rôdeurs. Ni l’un ni l’autre,  Radagast connaissait tout simplement bien cette forêt après cinq siècles durant lesquels il l’avait traversée maintes fois jusqu'à aujourd’hui. Il l’avait vu évoluée de peu par rapport à ses contrées voisines. Car Sombrebois demeurait sûrement jusqu’alors la région la plus sauvage du pays. Imprenable, il s’en dégageait un parfum bestial dont le vagabond s’inspirait  pour mettre à profit sa couverture. Quoiqu’en ces lieux, le demi-elfe n’avait pas grande chose à craindre. Amis des animaux, dompteur des créatures les plus féroces et voyageur transparent aux yeux des rôdeurs, Radagast traversait Sombrebois sans se soucier du danger extérieur.

C'est ainsi qu'il finit par échouer furtivement au beau milieu d’une clairière déserte, ou presque.  « Te voilà enfin » Murmure rauque et désagréable, le druide reconnaitrait cette voix entre mille. Il pointa le bout de son nez à découvert vers le sommet d’un vieux chêne secoué par les blizzards d’antan, sa capuche glissant légèrement pendant le mouvement, laissant entrapercevoir quelques mèches d’un blond rutilant. Campé entre les branches courbées de l’arbre, un homme le fixait de ses yeux brillants, un sourire goguenard luisant sur ses lèvres charnues. Sans sourire, Radagast extirpa sa besace en cuir de sa ceinture, en même temps que l’humain se balança au sol dans un mouvement souple, presque fantomal. Son visage crasseux brillait de cette habituelle expression malicieuse caractéristique à  Thorvald. Un rôdeur. Un pirate des forêts et des mers, qui n’avait aucun scrupule mais qui possédait le talent de lui ramener des plantes rares de Temariel. Temariel... Voilà bien longtemps qu'il n'avait plus remis les pieds dans sa contrée natale. Et pour cause, vu ce qu'il en reste...

Thorvald tournait autour de lui comme un chien aux abois. « Tu as ce que je t'ai demandé? »lâcha Radagast dans un soupir fatigué. Le maraudeur ôta sa capuche pour laisser entrevoir la singularité de son visage : Une mâchoire d'une géométrie parfaite, parsemée d'une barbe mal taillée mais qui soulignait la barbarie du brigand. Des yeux métalliques à glacer le sang des plus téméraires, le centre frontal pourfendu par une vilaine cicatrice. L'expression immuable, le druide glissa une petite besace d'argent contre la petite fiole en verre abîmé que lui tendit l'humain. D'un oeil examinateur, il jugea la qualité de la marchandise, acquiesça, puis délaissa le rôdeur pour reprendre sa traversée. Il avait obtenu ce qu'il voulait de cette forêt, plus rien ne le retenait. La voix guttural de Thorvald retentit une dernière fois dans son dos comme à l'accoutumée, avant qu'il ne disparaisse dans les brumes des marécages. « Ah dans un mois! » A son grand malheur. Pas que venir dans cette forêt le dérangeait. Nullement d'ailleurs. Mais la dépendance d'un mortel pour soigner une vieille blessure indélébile, oui, ça le faisait rager. Tout en s'enfonçant sous la cime des arbres, Radagast songeait avec aigreur à la cicatrice qui sinuait le long de son omoplate droite. Séquelle laissée par un Engeance quatre siècles plus tôt et qui, malgré la cicatrisation effective, continuait à lui envoyer des décharges de douleurs à intervalles irréguliers. Seul remède pour contrer cette douleur étourdissante : une drogue provenant des terres presque infertiles de Temariel. Plante aux effets puissants mais malheureusement temporaires. De tout ce qu'il avait essayé, cette plante était la seule alternative au maux qui le rongeait depuis trop longtemps.

Bientôt, le demi-elfe se retrouva niché au cœur d'un arbre tandis que la nuit rendait la forêt encore plus sombre. La mixture qu'il avait préparé avec de l'eau bouillie et une pétale de plante commençait déjà à plonger son âme fatiguée dans les limbes torturées du passé.


 Tarides...vastes domaines boisés où s'écoule la vie paisible des elfes. Des demeures s'érigent par vingtaines dans cette immensité d'épais feuillus. Toutes plus élégantes les unes que les autres, des bâtisses construites dans la plus somptueuse pierre finement polie. La propriété des Celeborn ne faisait pas exception. Elysée bâti au cœur de l'ardente nature, dans laquelle circulait quelques élégantes silhouettes, quatre d'entre elles se tenaient en cercle sur la terrasse, stature droite et regard sérieux. Enfin, sauf pour l'une d'entre elles...   "Alors...c'est lui"soupira le plus âgé des elfes, le regard vacillant de son fils au petit tas de chair enroulé dans un drap blanc au creux de ses bras. "Oui père, c'est mon fils" La voix du jeune Valar était confiante, ferme mais respectueuse. Couvant d'un regard tendre la chair de sa chair, alors bercée par Morphée, il était déchiré entre le bonheur paternel et la douleur du deuil. Car si Gil-Galad était né, Idris, elle, avait succombé avant l'épanouissement du sang de son sang. Seulement voilà, son bien-aimée étant une mortelle, sa relation avec la bergère avait été des plus mal vues par bon nombre. Nombreux sont ceux qui ont jugé cette relation impure d'un œil critique. Beaucoup, exceptés les parents de Valar. Cléments et peu portés sur la conservation du sang,  seigneur Glorfindel et dame Svanhild étaient à la fois respectés pour ses nobles valeurs, mais parfois critiqués pour leur indulgence appuyée."Fort bien..." Ainsi fut scellé le destin du jeune bambin.

Du bambin innocent au soldat accompli et mage émérite, l'accès fut facilité par la persévérance et l'ambition du jeune Celeborn. L'enfant intenable, aventureux, imprévisible, lunatique et impulsif a muri au fil des années pour devenir un jeune homme avisé mais non moins friand de découvertes et d'aventures. Formé au combat, mais aussi à la magie naturelle par son père et ses grands parents, Gil-Galad a réussi à se faire accepter dans le peuple elfique par son caractère charismatique et imposant. L'amour, c'est auprès de Niniel qu'il l'a trouvé. Deux cœurs ardents, croquant la passion de l'aventure ensemble. Deux guerriers émérites vivant au cœur d'un quotidien coloré, palpitant et pimenté. Niniel représentait tout. Sa famille aussi. Cet ensemble représentait son pilier, un tout immuable autour duquel s'était bâtie sa vie.  



Tout comme la majorité des habitants du pays, Gil-Galad a assisté, impuissant, à la destruction de tout un pays. Malgré les efforts déployés pour contenir le mal, Archidémon se montra trop puissant et progressait chaque jour davantage sur les terres retirées de Kanahor. Il perdit de nombreux proches et dut assister au départ de son ascendance vers des terres inaccessibles aux demi-elfes. Par la suite, les Engeances ne furent plus le seul mal à esquiver. Alors qu'une majorité d'elfes avaient quitté Kanahor, laissant leur descendance comme Gil-Galad derrière eux, apparut au même moment la révolte du peuple humain. Naquit alors la vengeance et la haine vers un groupe minoritaire. Gil-Galad dut subir cette révolte virulente aux côtés de son père, alors resté pour son fils, et de Niniel. Malheureusement, le jeune Celeborn perdit son père dans une traquenard tendu par un groupe d'humains. Une perte douloureuse, qui pousse le couple a fuir Temariel pour une contrée plus isolée. Deux combats menés en parallèle. Celui contre les engeances éparpillés au hasard dans le pays et croisés au grès de leur périple...et celui contre les villageois rancuniers du départ des ancêtres de leur culte. Quand le premier combat s'acheva grâce à l'union entre différents clans d'hommes, le second ne fit que s'envenimer sous l'action du culte des Trois. Niniel et Gil-Galad assistèrent à la mort de nombreux de leurs confrères en fuite. Pas que des demi-elfes pourvus de magie...mais aussi des humains, détenteurs eux aussi de magie devenue soudain tabou à travers le pays. Toute forme de magie devait être contenue, voir décimée. Gil-Galad perdit Niniel dans ce combat déséquilibré. Après son père, sa chère et tendre. Cette dernière précipita le cœur du demi-elfe dans la rancœur et le chagrin. Sentiments violents que même la vengeance ne put satisfaire. C'est à partir de ces jours endeuillés que le dernier Celeborn de Kanahor devient Radagast Greensword. Une identité inconnue...transparente, loin du nom connu d'une majorité d'humains, Celeborn.  

Radagast le vagabond...un titre peu honorifique par rapport à sa glorieuse jeunesse. La silhouette préservée d'un long manteau d'un vert béryl caractéristique, le visage caché lorsqu'il arpente les routes commerciales, le demi-elfe est devenu un nomade à travers tout le pays. Un druide bohémien, connu d'une poignée de gens à l'écart de la justice et donc, qui ne présentent aucune nuisance pour le vieux magicien. Cependant d'une prudence extrême, Radagast parcoure les terrains peu fréquentés à pieds, avec un simple sac, une vieille épée fétiche et une pipe comme compagnons silencieux. Il marche...encore et toujours, avec cet infime espoir d'oublier. Mais rien n'y fait. Il n'oublie pas. Et le pardon, lui, ne vient pas. Traînant le fardeau d'un passé ravagé de sa longue existence, le demi-elfe n'est plus que l'ébauche d'une vie autrefois palpitante. Il n'attend plus rien de la vie, même si la curiosité le maintien en vie. La curiosité d'un avenir non fixé. Alors il marche, encore et toujours...jusqu'à ce que la mort vole son dernier souffle.

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