Mon visage, mon nom était sur toute les lèvres de la noblesse. Peut-être même qu'on parlait de moi en ville, souvent ce genre de chose sort très vite du cercle privé de la Cour. Avec ma chance, cela irait certainement encore plus vite. Ainsi, du simple propriétaire d'une terre jusqu'à la famille royale. Celles du roi comme celles de la reine. Un privilège pour beaucoup, mais une malédiction pour moi qui pensait faire une entrée discrète et en ressortir aussi méconnue qu'avant. Bien sûr, ce ne fut pas le cas, à croire que le destin, l'espoir aime bien être un traitre,  et  de plus je sens que les Dieux  ou la Cour ont d'autres projets pour moi. Néanmoins pour ceux-ci, j'espère avoir le choix, non pas comme avant. De toute manière par Mara, je le jure j'aurais mon mot à dire, je ne suis plus une enfant, un être faible, je ne vis plus dans l'ignorance. C'est de cette manière, que je me retrouvai un soir, conviée par la reine à la rejoindre.

Rencontrer le roi, puis être invitée par la reine. C'est un immense honneur, de quoi redorer ma famille si cela continue. Oh ma pauvre famille, qui ne vit que grâce au  faible labour payé au prix bien trop cher de leur sueur et de leur sang. Je pense de plus en plus souvent à eux, me demandant qu'est-ce que je pourrai faire pour eux, une action concrète, anonyme. Oui, car je ne suis pas encore prête à les revoir. Non, c'est une blessure bien encore trop récente pour y imprimer une autre déchirure. Oui, Siraliel Bloodwrath a peur de nouveau d'être déçue et elle pense que se rattacher au passé est le meilleur moyen de l'être.

Ainsi, d'un pas rapide, vêtue d'une robe noire en coton  avec une capuche pour se protéger du froid et dont le corset se lace avec un fil d'argent croisé dans son dos. Mes longs cheveux, flottaient à chacun de ses mouvements, libre. Je  gravis de longs escaliers, accompagnées d'un garde silencieux. J'aimais vraiment le silence qui régnait dans la tour des appartements royaux, si reposant contrairement au reste du château, agité en permanence par l'assortiment de nobliaux ou par les servants ou les deux. Il me permettait de mieux réfléchir. D'ailleurs je réfléchissais, pourquoi la reine voudrait me voir ? Je doutais avoir fait très bonne impression à la Cour. A moins qu'elle se souvienne de moi, qui l'ait soigné lors d'un de mes nombreux voyages, par Mara ! Ceci dit cela ne justifie pas encore ma présence ici. Mystère et boule de gommes.  Ce garde même m'annonça  alors à la porte de l'appartement de la reine.
<< - Votre invitée est arrivée ma reine >>


La porte s'ouvrit alors sur moi, et se referma immédiatement, pour ne pas gêner plus l'intimité de la reine.  Je m"inclinai alors devant elle. Faisant une belle révérence. Pliant bien mon buste, les épaules rejetés vers l'arrière,  mes longs cheveux frôlant le sol. Et je me relevais doucement, fière de moi. Le silence avait des bienfaits considérable sur ma posture pensai-je en me rappelant le désastre devant la Cour. Espérons que ma langue ne fourche pas et ne prenne pas de liberté comme avec le roi. Je pense que sa jeunesse et ses rires m'avaient trop approchés de lui. Trop pour mon bien.

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Les convenances, les non-dits, les coutumes, les manières obligatoires ne sont pas mon style. Je suis bien plus à l'aise dans l'élément sauvage, imprévu, franche où seul vos actions comptent, elles seules pouvant faire de vous un être, bon ou mauvais. Un lieu  où mes mains peuvent être utile. Aucun masque, non, là-haut dans les contrées sauvages ou les lieux du bas-peuple vous êtes libres. Peut-être nageant dans la crasse, mais c'est mieux que d'être dans une cage dorée, n'est-ce pas ma cher colombe ? Mais l'Ignorance rend parfois fragile, comme me la prouvé mon passage désastreux à la Cour, un oisillon on aurait dit, alors que je devais être un chasseur, en quête de proie.

Revoir le doux visage de la reine, bouscula Siraliel des années en arrière, où l'impatience, la joie de vivre gouvernait ces traits là, aujourd'hui creusés par des sillons d’inquiétudes et de tristesse. C'était un jour de printemps, les bourgeons emplissant l'air d'un doux parfum de fleur capiteuses, ryhtmés par le bruit du sabot des chevaux, puis perturbé par la venue de voleurs. Une  blessure mortelle au ventre, une fleur de sang s'épanouissant sur sa belle robe de soie. Une lumière naissant de mes mains, l'attraction pouvait m'être fatale, mais je l'avais sauvé, car j'obéissais toujours à mon instinct. Animal n'est-ce pas ? Mais cela, a évité bien des peines à un mari et à des enfants, l'un qui avait besoin d'une épouse les autres qui avaient besoin d'une mère. Un acte anodin pour une guérisseuse, et je ne m'en vante pas, je me souviens, pourtant il aurait pu me coûter la vie.Frisson. Aujourd'hui je ne m'imagine plus mourir, pas après avoir fait tout ce chemin.  Je sens encore la brûlure froide de l'épée de son garde pointé sur ma gorge, mon regard froid et déterminé. Je sauve la vie d'une reine et on me traite comme si j'avais planté une épée dans son corps. Mais Eleonore Hammer , lui ordonna de baisser son arme et de taire cela ainsi que mon nom. Heureusement, sinon feu de moi où alors plus qu'une ombre errante dans une haute tour de pierre.

Siraliel plongea son regard dans celui de la reine, comme autrefois, n'ayant que elle où regarder.Encore une fois, elle fut surprise par la force de fer de cette femme, cette volonté inébranlable, avec cette pointe de sagesse, et de douceur qui lui donnait une physionomie si douce, quand on va au-delà de cet aspect guerrier. Guerrière non pas pour les honneurs mais pour une cause qui lui tient à coeur : Les Siens. Siraliel était curieuse, elle aussi, car la reine avait déjà lâché un masque entre la salle du trône et ses appartements.

<< - Bonsoir Dame Eleonore Hammer, il est agréable effectivement de voir que le destin nous réunit ainsi. Mais je suis contente que cela soit dans d'autres circonstances que précédement>> dis-je d'une voix douce mais ferme.

J'ignorai si je devais l'appeler reine, après tout je n'ai juré allégeance à personne, seulement à Mara, déesse de l'Amour et du Pardon.Qu'elle me reprenne à ce niveau, si c'est ce qu'il lui plait. Mais ce n'est pas une femme pompeuse, à s'enquérir des titres, ou alors elle a changé bien plus que je ne peux le lire avec son corps et ses yeux portes ouvertes sur son âme.

Eleonore m'invita à m'asseoir d'un geste de la main, je le fis ainsi, plissant ma robe au niveau de mes cuisses, face à elle. Encore une fois, la table était opulente de fruit et mets divers, pourtant je n'y touchais point. Je n'avais pas faim.

<< - Demandez donc ce que vous voulez savoir, rien ne sert à tourner autour du pot >> conclus-je donc.

La patience n'est pas mon fort également, en ce qui concerne le parler, la franchise. Ainsi, cela sera fait, nul besoin de retourner en arrière.

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