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 ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness.

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Rohan E. Staghelm
Rohan E. StaghelmJustice - adm.
ɤ REGISTRATION : 06/09/2013
ɤ PARCHEMINS : 284
ɤ STATUT DU SANG : Noble.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Medraven.
ɤ METIER OU FONCTION : Soldat.
ɤ INVENTAIRE : Son épée, un petit poignard glissé dans sa botte, briquet et amadou.

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MessageSujet: ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness.   ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness. EmptyMer 18 Déc - 20:19

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we are the sword in the darkness.


Elle portait une longue robe blanche, vaporeuse. Ses longs cheveux noirs étaient libres de toute attache. Ses yeux, identiques aux siens, brillaient d'une lueur si triste que c'en était douloureux de croiser son regard. Rohan s'avança, la main tendue, mais la silhouette de sa sœur disparut dans les ténèbres, sans qu'il ait le temps de prononcer le moindre mot. Il sentit comme un souffle rauque contre son oreille et voulut se retourner, mais une vive douleur entre les deux omoplates le saisit brusquement. La lame transperçait ses chairs avec une telle puissance qu'il eut la sensation qu'on lui brisait la colonne vertébrale en deux. Il laissa échapper un cri étouffé et se réveilla en sursaut, le cœur battant. Il se redressa sans attendre, le visage et le dos recouvert d'une fine pellicule de sueur froide. Ce n'était qu'un cauchemar et pourtant, ça avait semblé si réel. Il sentait encore la lame entre ses deux omoplates. Le jeune homme secoua la tête et se leva pour se diriger vers la petite table de chevet où se trouvait une vasque remplie d'eau. Il retira sa chemise, la roula en boule et la jeta plus loin avant de se débarbouiller le visage et de se passer une grande quantité d'eau froide dans le dos. Il serra les dents mais cela lui permit d'éclaircir un peu ses idées. Les braises qui se trouvaient dans l'âtre de sa cheminée étaient encore rougeoyantes, signe qu'il n'avait pas dormis très longtemps et qu'ils étaient encore en plein milieu de la nuit. Rohan laissa échapper un profond soupir et se dirigea vers le coffre qui contenait le peu de vêtements qu'il possédait. Il l'ouvrit et s'empara d'une chemise en lin noire qu'il enfila. Il ne dormirait pas plus cette nuit, il le savait, alors autant faire quelque chose d'utile. Il acheva de s'habiller rapidement, passant son épaisse cape par-dessus ses épaules et attrapa Eclat-de-Lune avant de quitter la pièce qui lui servait de chambre.
Il aperçut les hommes encore réveillés qui montaient la garde, près d'un feu de camp au centre de l'ancienne rue principale de Forgenerg. Ils semblaient plongés dans une conversation particulièrement animée, aussi Rohan décida-t-il de ne pas les importuner. Il s'éloigna, déambulant sans but parmi les ruines de la cité. En presque dix ans, il avait eu le temps d'explorer la cité de fond en comble mais cela ne l'empêchait pas de s'émerveiller à chaque fois. Korbund lui avait souvent fait part des connaissances qu'il avait accumulées au fil des années sur son propre peuple. Il lui avait même enseigné certaines runes, afin qu'il puisse comprendre où il se trouvait à chaque fois. Il l'avait déjà fait des centaines de fois et pourtant, le jeune homme se plaisait encore à imaginer ce qu'était cette cité, avant que les Engeances ne détruisent tout sur leur passage. Il percevait presque clairement le bruit des marteaux sur l'enclume, la chaleur de la grande forge qui tournait à plein régime. Il voyait les bâtiments, comme ils étaient jadis, grands et majestueux. Il imaginait les rues bondées de monde. Les chants des nains, le tintement joyeux des chopes de bières qui s'entrechoquent. Bien évidemment, tout cela appartenait désormais au passé. Il n'y avait plus qu'eux, les Gardes des Ombres. Une poignée d'hommes et de femmes qui veillaient encore sur ces ruines, dans l'attente éternelle d'un retour éventuel du mal qui avait autrefois plongé Kahanor dans les ténèbres.
Rohan eut une pensée pour Korbund. Le Nain n'avait pas connu la guerre, mais il était le seul de sa race que le jeune homme ait eu l'honneur de rencontrer. Les Engeances avaient massacré son peuple et vivre dans l'attente de revoir ces monstres un jour devait être insoutenable. Il ne pouvait imaginer le poids qui pesait sur les épaules de celui qui lui avait tout appris et repenser à son peuple, sa civilisation disparue était toujours quelque chose de pénible, même pour Rohan qui ne connaissait des Nains que ce que Korbund avait pu lui enseigner. Le jeune homme laissa échapper un profond soupir et réalisa qu'il s'était un peu trop éloigné de la rue principale dans laquelle se trouvaient les installations de la Garde des Ombres. Ses nuis étaient de plus en plus mouvementées, dernièrement. Il peinait à trouver le sommeil et lorsqu'il s'endormait enfin, c'était pour être réveillé deux ou trois heures plus tard par un cauchemar. Rohan avait pensé s'y être habitué, en presque dix ans, ces cauchemars étaient sensés faire partie de lui. Mais depuis quelques temps, ils étaient plus récurrents, plus violents. Le pire était qu'ils semblaient tous concerner cette jeune femme du même âge que lui, cette jeune femme qui lui ressemblait tant et qui ne pouvait être Astoria. Était-ce son esprit qui lui jouait des tours ou avait-il enfin la confirmation que sa sœur n'était pas morte, contrairement à ce qu'on lui avait raconté durant des années ?
Il connaissait les pouvoirs de sa sœur. Il savait que c'était pour cette raison qu'elle avait si mystérieusement disparu du jour au lendemain. Est-ce que sa jumelle essayait de le joindre en utilisant ses dons, ou s'agissait-il d'autre chose ? Rohan était perdu. Son devoir était de rester à la Garde des Ombres, de veiller sur ces ruines quoi qu'il se passe. Mais et si sa sœur se trouvait réellement quelque part, en dehors d'ici ? Et si elle courait un grave danger, comme il le ressentait dans chacun de ses cauchemars ? Le jeune homme ne savait plus quoi faire. Bien évidemment, il avait prêté serment et n'avait aucune intention de le rompre. La Garde des Ombres était son foyer, sa famille, il ne quitterait cet endroit pour rien au monde. Mais n'était-ce pas également de son devoir de veiller à la sécurité de sa sœur, si elle s'avérait être réellement vivante ? Le jeune Staghelm referma son poing autour de la garde d'Eclat-de-Lune. Il ignorait pourquoi, mais ce geste le rassurait, en quelque sorte. Rohan se détourna de la grande bâtisse qu'il observait  depuis plusieurs minutes pour poser son regard sur les silhouettes des hommes près du feu, à plusieurs mètres de lui. Il remarqua alors que l'une d'entre elles s'éloignait du groupe pour s'approcher de lui et il reconnut la démarche de Vandathiel.

Rohan marcha à sa rencontre, un léger sourire aux lèvres. Ils se connaissaient depuis plusieurs années à présent et il arrivait souvent qu'ils parcourent les galeries de Forgenerg ensemble. La jeune femme était une amie précieuse aux yeux du Staghelm qui ne pouvait nier son inquiétude de la voir debout, elle aussi. « Il semblerait que je ne sois pas le seul à éprouver des difficultés à dormir, » dit-il en arrivant à sa hauteur. « J'espère que ce n'est pas à cause des vilains bleus que notre dernier entraînement t'a laissé, » dit-il avec un léger sourire en coin. Ils n'y allaient jamais doucement. Ils s'entraînaient toujours comme s'il s'agissait de leur dernier combat. Vandathiel était du genre acharnée et Rohan voulait être préparé à toutes les éventualités. Les nouvelles recrues de la Garde des Ombres, des criminels envoyés ici pour payer leurs erreurs, les regardaient souvent comme s'ils étaient fous, à mettre autant d'acharnement dans leurs coups alors qu'à leurs yeux, le seul ennemi présent ici était l'ennui mortel. Mais le Staghelm savait, profondément, viscéralement, que ce n'était pas le cas.
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MessageSujet: Re: ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness.   ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness. EmptySam 21 Déc - 12:46

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we are the sword in the darkness.



      Le rougeoiement des flammes projette des ombres dantesques sur les murs de pierre noire. Dans leur folle danse, elles embarquent un combat étrange mêlé d’ombres et de lumières, un combat dans lequel ni l’une ni l’autre ne semble pouvoir avoir l’ascendant. La chambre est étroite, guère plus large qu’une cellule à vrai dire, et l’air y est frais malgré le feu incandescent. Les couvertures enroulées autour de ses épaules, assis en tailleur, les yeux plongés dans les flammes, les cheveux en bataille, et l’air hagard de ceux qui ne dorment plus. Elle fuit le sommeil comme la peste ; sitôt que ses yeux d’ambre se ferment, les cauchemars s’emparent de son âme, déchirant chaque parcelle de souvenir cher à son cœur. Vandathiel réplique de la façon qu’elle connait ; ne pas dormir, jusqu’au moment ou, arrivée au bord du gouffre, elle sombrera dans un sommeil si lourd que nul rêve, nul cauchemar n’aura d’emprise sur son esprit.
      En attendant, elle frissonne encore de la puissance de ce dernier réveil. L’air perdu, si intensément pensif, comme figée dans la pierre que les Nains ont bâtie. Sur ses genoux se tient l’éclat argenté de MurmeVent, et sa garde se trouve enserrée dans l’enchevêtrement de doigts de la bellâtre, comme si le seul fait de tenir une épée elfique pouvait tenir à distance les ombres. Fantasque et stupide espoir qu’es-ce là, car d’elfique ou non, la lame ne peut guère l’aider à vaincre des chimères qui n’existent que dans son esprit. Les murs avaient été blanchis à la chaux. Le château était silencieux. De ce silence pesant, insoutenable, qui présage malheurs et horreurs. Elle marchait entre les piliers ancestraux du château familial, comme elle l’aurait fait étant enfant, jouant et maudissant ses frères ; mais c’était seule qu’elle avançait, drapée d’une robe de deuil démesurément outrageuse. Elle avait tenté de se défaire du vêtement, sans succès aucuns. Quand l’avait percutée le silence. Jamais la bâtisse des Stormrage n’était silence. Le frisson de terreur qui lui avait alors parcouru l’échine l’avait d’abord pétrifiée, puis résolue à avancer avec la plus grande prudence. Et, lorsque, son courage rassemblé, elle s’était aventurée dans la salle aux hauts piliers, la salle ou son père officiait, elle avait trouvé les portes battantes, pendant sur leurs gonds, comme si elles n’étaient que de vulgaires poupées de chiffons. Elle n’avait pas esquissé un mot, pas ouvert la bouche ; elle ne le pouvait pas. Là, les murs avaient été rougis, rendu vermeils par l’étalage du liquide vital. Ils se tenaient là, devant elle, attablés dans ce qui semblait être la plus grotesque scène qu’elle ait jamais vue. Mais il n’y avait lors rien de grotesque, dès lors qu’elle vit que le carmin qui tapissait les murs était le leur. Chaque membre de la famille Stormrage se trouvait là, la gorge tranchée, les yeux arrachés. Un corbeau dominait la scène ; lorsque ses yeux se posèrent sur elle, il poussa un cri ; les Ombres surgirent.

      Lentement, elle détache son regard des flammes. La terreur dans son cœur s’est tarie. Elle délaisse les couvertures, s’habille plus chaudement. Elle ne dormira pas plus cette nuit-là, elle le sait. Alors elle déambule parmi les Guetteurs, sa frêle silhouette contrastant avec celle des hommes réunis en ce lieu. Ses débuts ne furent pas aisés ; une femme, noble qui plus est, débarquant parmi une bande de criminels entrainés à défendre le pays contre une menace qui semble ne pas exister. Elle se souvient de la fois ou Tard avait tenté d’abuser d’elle lors de sa première nuit. La surprise dans ses yeux lorsqu’il s’était retrouvé avec une lame sous la gorge, et une autre, menaçant sa virilité. Elle l’avait regardé retourné du trou d’où il était venu, la queue entre les jambes. Elle n’avait fait que le menacer, mais pour d’autres, il avait fallu qu’elle leur mette une raclée. Sans l’entrainement dispensé par ses frères, elle aurait bien plus de problèmes.

      Ils saluent la jeune femme lorsqu’elle passe près d’eux, l’un lui proposant même un bol de soupe qu’elle refuse poliment. Elle a gagné leur respect, pour les anciens, elle est l’une des leurs. Les nouveaux la testent toujours, certes ; mais elle rit alors, et se jette dans le combat sitôt le défi lancé. Plus homme que femme.

      Ses pas la mènent à l’écart des groupes, là ou le froid est plus intense, et soudain devant ses yeux surgit Rohan. Les traits du jeune homme sont détendus, un léger sourire étire ses lèvres. Vandathiel détend lentement ses muscles endoloris, et se permet de lui retourner son sourire. « Il semblerait que je ne sois pas le seul à éprouver des difficultés à dormir, » lance-t-il lorsqu’elle se trouve à portée de voix. Elle hausse les épaules, nonchalante. Elle sait qu’il ne sert à rien de le nier, les cernes sous ses yeux sont des témoins voyants de son état. « C’est communicatif, dirait-on. » tente-t-elle avec le sourire, mais à ses oreilles, son ironie sonne faux. « J'espère que ce n'est pas à cause des vilains bleus que notre dernier entraînement t'a laissé, » La remarque déclenche un vrai sourire, cette fois-ci, qui se glisse sur le visage de la jeune femme comme le soleil devant un nuage. Elle paraît ainsi moins fatiguée, plus reposée. « Certainement pas, tu tapes trop doucement pour ça. » le taquine-t-elle, avec un sourire espiègle. Elle ne s’entraine jamais. Elle se bat. Elle doit retenir ses coups lorsqu’elle affronte un autre Garde ; pas avec Rohan. Il est de taille face à elle, il le sait, aussi tous deux se plongent avec un acharnement qui force l’admiration, dans des combats parfois dangereux. Mais ils savent tous deux ce qui les attends, même s’ils n’en parlent pas forcément.
      Elle redevient sombre, scrute les pupilles de son ami. « Ils deviennent de plus en plus violents, moins espacés. » murmure-t-elle, la main crispée sur la poignée de MurmeVent. Le vent emporte ses paroles, mais elle sait que Rohan a parfaitement entendu ; sa terreur d’alors, lorsqu’elle était allée voir la voyante, se cramponne encore dans ses entrailles.
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Rohan E. Staghelm
Rohan E. StaghelmJustice - adm.
ɤ REGISTRATION : 06/09/2013
ɤ PARCHEMINS : 284
ɤ STATUT DU SANG : Noble.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Medraven.
ɤ METIER OU FONCTION : Soldat.
ɤ INVENTAIRE : Son épée, un petit poignard glissé dans sa botte, briquet et amadou.

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MessageSujet: Re: ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness.   ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness. EmptyMer 1 Jan - 13:15

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we are the sword in the darkness.


Rohan avait beaucoup de respect pour Vandathiel. Lui-même avait rejoint la Garde des Ombres parce qu'il était convaincu que c'était la bonne chose à faire. Parce que hériter des terres de son père ne l'avait jamais intéressé. Son arrivée à Forgenerg avait été saluée de moqueries de la part des types envoyés à la Garde des Ombres pour payer leurs crimes. Ils voyaient déjà le gringalet qu'il était rentrer chez lui en pleurant ou succomber au Rituel. Mais Rohan avait survécu, il s'était entraîné avec acharnement, jusqu'à devenir un soldat dont il estimait pouvoir être fier, à l'heure actuelle. Plus jeune, il n'avait cessé de se battre pour que les hommes qui rejoignaient leurs rangs comprennent qu'il s'agissait d'un honneur et non d'une punition. Malheureusement, ils ne voulaient pas l'écouter et l'adolescent avait fini par arrêter. Puis Vandathiel avait décidé de rejoindre la Garde des Ombres, de son plein gré. Elle qui était une fille noble, d'un rang bien plus élevé que le sien. Elle qui était promise à un futur agréable, entourée de richesses et disposant de tout le confort dont une dame peut rêver. Elle avait choisi de demeurer seule, de n'hériter de rien et de se rendre à Forgenerg, pour subir un Rituel qui aurait pu la tuer. Elle avait redonné espoir à Rohan. Bien évidemment, cela ne faisait pas partie des choses dont il parlait avec la jeune femme, mais savoir que d'autres personnes que lui ou Korbund pensaient fermement que leur rôle était utile, nécessaire, c'était une chose qui lui avait réchauffé le cœur. « C’est communicatif, dirait-on. » dit-elle, une fois arrivée près de lui. Elle esquissa un sourire mais il ne sembla pas atteindre son regard, plus sombre, plus fatigué. Rohan hocha la tête, il comprenait parfaitement. Depuis quelques temps, il n'était pas rare qu'il ne parvienne pas à trouver le sommeil et il n'était pas le seul. Il ne put se retenir de la taquiner, espérant que cela la tire d'éventuelles sombres pensées et sa manœuvre sembla fonctionner, puisqu'elle sourit franchement, cette fois-ci. « Certainement pas, tu tapes trop doucement pour ça. » Il se serait certainement vexé, si ça avait été une autre qu'elle prononçant ces paroles. Mais leur relation n'était qu'une agréable rivalité qui les poussait tous deux jusqu'au sommet. « Ce n'est pas ce que tu semblais dire la dernière fois ! » s'exclama-t-il avec un air taquin. A son tour, le jeune homme sourit avec franchise, le cœur un peu plus léger. Mais ça ne dura pas très longtemps, puisque le visage de son amie s'assombrit à nouveau, tandis qu'elle plongeait son regard dans le sien. Il le soutint, attendant qu'elle exprime ce qu'elle avait sur le cœur. Il nota qu'elle aussi, avait refermé sa main sur la poignée de son épée, un geste qui le rassurait, le réconfortait lorsqu'il doutait. « Ils deviennent de plus en plus violents, moins espacés. » Rohan hocha lentement la tête. Vandathiel avait rejoint la Garde des Ombres plus tard que lui, mais désormais, cela faisait suffisamment de temps pour qu'elle puisse se rendre compte pleinement que quelque chose n'allait pas.
Les premiers cauchemars du jeune homme avaient été particulièrement violents pour l'adolescent qu'il était alors. Il avait mis quelques temps à s'y habituer et finalement, ça avait fini par faire partie de son quotidien. Les années s'étaient écoulées et il avait cessé de s'inquiéter, il savait qu'il n'était pas le seul à les faire et cela avait suffit de le convaincre qu'il n'y avait rien d'anormal. Mais depuis quelques mois, ses cauchemars étaient différents. Il en avait parlé à Korbund, dont la mine sombre avait confirmé ses doutes. A présent, la Stormrage souffrait de la même récurrence et de la même violence. Il était persuadé que tous les autres vivaient la même chose, même s'ils n'en parlaient pas forcément. Criminels et poltrons qui préféraient fermer les yeux sur ce qui paraissait évident. Des choses sombres et maléfiques se préparaient, ils avaient connu la paix durant plusieurs siècles mais ça ne saurait durer. Rohan laissa échapper un léger soupir et reporta son attention sur Vandathiel, réalisant qu'il était resté silencieux trop longtemps. Il tenta d'esquisser un mince sourire, mais le cœur n'y était pas vraiment. « La tisane de valériane, dit-il alors. C'est ce que je buvais, plus jeune, pour dormir plus profondément et ne pas être réveillé par les cauchemars. J'ignore s'il est encore possible d'en trouver ici mais... ça m'aidait bien. » Il n'était pas du genre à vouloir ignorer les avertissements mais il estimait que le sommeil était important. Ce n'était pas la première fois qu'il se réveillait en pleine nuit en sachant qu'il ne parviendrait plus à fermer l’œil. Un esprit fatigué n'était pas efficace et le jeune homme craignait que cela finisse par se retourner contre lui.

Il détourna son regard qui alla se poser sur les bâtiments qui se dressaient devant eux. « Puisque nous sommes tous deux éveillés, je te propose de marcher un peu, » dit-il en désignant les longues rues sombres qui s'étiraient à leurs pieds. Il s'avança donc, la main toujours posée sur la poignée d'Eclat-de-Lune. Il aimait déambuler dans l'ancien royaume des Nains pendant des heures. Cela faisait presque dix ans que Rohan vivant dans ces murs et pourtant, il avait la sensation de découvrir de nouvelles choses chaque jour. Un détail qu'il n'avait pas remarqué plus tôt, des runes qu'il n'avait pas encore apprises et qu'il noterait dans un coin de sa tête, avant d'aller les rapporter à Korbund. Forgenerg le fascinait. Le travail accompli par le peuple du Firestone était époustouflant, que ce soit en matière d'architecture ou de ferronnerie. Le jeune homme aurait voulu tout apprendre, tout savoir. Il aurait souhaité connaître la cité à l'époque où les Nains étaient encore au sommet de leur gloire. Cette culture le fascinait et ils étaient nombreux au sein de la Garde à se moquer de lui parce qu'il s'intéressait à des choses du passé qui, à leurs yeux, n'avaient plus aucun intérêt. Mais Rohan se fichait pas mal de ce qu'ils pensaient et continuait d'apprendre. Voyant qu'ils s'approchaient de la partie de la ville qui n'était plus éclairée, le Staghelm s'empara d'une torche. Ils se trouvaient dans ce qui devait être l'ancien quartier commerçant de Forgenerg. Il était à présent capable de reconnaître les runes qui désignaient les différents artisans et il n'avait aucun mal à imaginer un immense marché dans ce coin de la ville. Ils n'étaient pas tellement autorisés à s'éloigner autant des autres, il n'était pas rare que des petits curieux aient fini par se perdre dans les nombreux dédales de l'ancienne capitale Naine. Mais Rohan connaissait cet endroit depuis longtemps maintenant et puis il n'avait pas l'intention d'entraîner la Stormrage dans les galeries souterraines. « Le Lord Commandant a fait part de ses inquiétudes à la Cour, plusieurs fois, dit-il alors, la mine sombre. Ton oncle est la Main du Roi, tu ne penses pas que... qu'il t'écouterait ? » On les avait seulement encouragés à vider les geôles des Sept Royaumes, répliqué que la Couronne avait des priorités plus importantes et plus inquiétantes que des cauchemars. Depuis quelques temps, Rohan hésitait de plus en plus à se rendre à la capitale. Après tout, sa famille avait toujours été incroyablement fidèle aux Tilney et le jeune homme gardait un bon souvenir de la Reine Eleonore. Peut-être qu'elle l'écouterait et en parlerait à son fils. Peut-être que sa jeunesse permettrait qu'il trouve encore les conseils de sa mère très précieux.
Mais il avait seulement l'impression qu'on les prenait pour une bande d'allumés. Des antiquités que l'on préférait oublier, puisqu'elles rappelaient de mauvais souvenirs. Les gens préféraient fermer les yeux et se dire qu'ils n'étaient que des fauteurs de troubles, à toujours répéter que les Engeances allaient revenir. Mais ils ne pouvaient pas comprendre qu'il ne s'agissait pas que de simples rêves. C'était bien plus fort que ça. C'était la conviction, profonde, viscérale, qu'un mal nouveau était à l’œuvre. Ils le ressentaient au plus profond d'eux-mêmes puisque les ordres de l'Archidémon grondaient dans leur esprit, sa noirceur les accompagnait sans cesse. Mais ils ne pouvaient pas comprendre. « Enfin, je dis cela mais... je ne pense pas que mes propres parents m'écouteraient, » dit-il avec un petit sourire triste. Il leva un peu son bras afin d'éclairer une ruelle qu'il avait découverte et empruntée quelques semaines plus tôt seulement. Sa mine sombre sembla alors laisser place à un air plus enjoué et il fit signe à Vandathiel de le suivre. Il savait où il allait la mener. Oh ils avaient un peu de marche à faire pour y parvenir, mais puisqu'ils n'avaient pas l'intention de retourner dormir, autant faire quelque chose de productif.
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MessageSujet: Re: ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness.   ROHAN&VANDATHIEL ϟ i am the sword in the darkness. EmptySam 4 Jan - 18:32

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                Son souffle forme dans la nuit de douces volutes de fumée qui s’évanouissent petit à petit. Le froid a depuis longtemps pris possession de ces terres. Ce n’est pas le froid qui l’inquiète. Elle n’a jamais été dérangée par la froideur des nuits d’hiver, quand bien même l’air marin de Terremer pouvait se révéler glacial. Ce n’est pas le froid, qui la glace jusqu’aux os. Ils ont des yeux, mais ils ne voient pas. Elle en frissonne encore, de ces maudites paroles, gravées au fer rouge dans sa mémoire. Ce n’est plus tant le visage de la Vieille Femme qui la hante, ce sont ses paroles. Chaque nuit, avant de plonger dans un sommeil morcelé de cauchemars, elle se les rappelle. Chaque nuit, chaque soir, les yeux plongés dans le feu, l’étau glacé de sa terreur menace de la submerger.

                Son choix ne fut pas facile. Quitter sa famille, ses frères adorés et ses sœurs, et le regard, sur le visage sévère de son père, ô ciel, quel regard ! ce désappointement dans ses prunelles, et l’air abattu de sa mère. Elle leur avait promis des visites fréquentes, mais à quoi bon ? Ses frères s’étaient certainement mariés, et ça ne saurait tarder pour ses sœurs. Quant à retourner voir ses parents… Non, elle ne voulait pas revoir ce regard dans les prunelles ambrées de son paternel. Il y a des fois ou elle aurait préféré naître enfant de maçon, ou de forgeron. Les choses auraient été plus simples. Ne pas porter un nom.

                Et elle n’en a guère plus. La Garde des Ombres ne tolère aucun traitement de faveur ; noble ou pas noble, tout le monde est logé à la même enseigne. « Ce n'est pas ce que tu semblais dire la dernière fois ! » Elle étouffe un juron du cru de ses frères, préférant le grommeler dans sa barbe, un mot qui aurait certainement fait se hérisser toutes les femmes de chambres qu’elle avait eu étant gamine. Puis elle reprend son aplomb, un sourire malicieux dévoilant ses quenottes toutes blanches, impeccables. « Non, en effet, mais c’était pour faire plaisir à ton égo, à vrai dire. » Ce qui, bien sûr, n’était absolument pas vrai. Elle avait bien eu quelques courbatures lors de leur dernier entrainement, mais quant à l’avouer, ça, c’était autre chose. Stormrage a de la fierté, un peu trop même.
                Il hoche la tête, silencieux, et force est de constater que le phénomène ne touche pas qu’elle. Ses soupçons se confirment de plus en plus, et la Vieille Femme avait raison. Elle s’était habituée aux cauchemars, c’était une chose, de ne dormir qu’une nuit sur deux, ou, dans le meilleur des cas, d’avoir un cauchemar une nuit par mois. Mais ce n’est plus à cette récurrente-là désormais. D’autant plus que la violence de ces derniers semblent avoir monté d’un cran, tout comme leur affreux réalisme.  « La tisane de valériane, dit-il alors. C'est ce que je buvais, plus jeune, pour dormir plus profondément et ne pas être réveillé par les cauchemars. J'ignore s'il est encore possible d'en trouver ici mais... ça m'aidait bien. » Elle grimace. Elle connait l’herbe, en a bu quand elle avait débuté dans la Garde. Mais en boire voudrait dire ignorer des avertissements au profil d’une nuit de sommeil, et elle ne le veut pas. C’est comme fuir un ennemi sur un champ de bataille, abandonnant amis et frères ; sa terreur ne l’a que trop poussée dans ses retranchements. « Non. » fait-elle fermement. L’idée même de prendre quelque chose pour la faire dormir la met en colère. « Je ferais avec. » marmonne-t-elle, la main crispée sur son épée. En sachant pertinemment qu’un manque de sommeil pourrait ne pas être une bonne solution… mais elle se refuse à une telle solution.
                « Puisque nous sommes tous deux éveillés, je te propose de marcher un peu, » Elle hoche la tête et lui emboite le pas. L’immensité de l’ancienne cité des Nains s’étends dans la nuit, et c’est en silence qu’elle se laisse guider par Rohan. Il connait mieux les lieux qu’elle ; la cité lui a toujours donné un sentiment de malaise, comme si elle n’appartenait pas à ses murs, mais dans le même temps, elle ne peut s’empêcher d’admirer le travail des maîtres nains, de la pierre, de la voirie, des colonnes… Jamais elle n’avait vu pareille architecture ; bien différent est le château familial des Stormrage, et force est de constater qu’elle se sent bien dépassée par l’ingénierie des anciens habitants des lieux. Doucement, Vandathiel effleure de ses doigts emmitouflés dans ses mitaines les runes gravées sur un mur, n’ayant aucune peine à imaginer ces lieux empreints d’une vie tout autre, il y a quelques siècles de cela.
                « Le Lord Commandant a fait part de ses inquiétudes à la Cour, plusieurs fois. Ton oncle est la Main du Roi, tu ne penses pas que... qu'il t'écouterait ? » Elle glousse. Ce n’est pas de manière méchante, plutôt un ricanement dédaigneux. Les brèves entrevues qu’elle a eues avec son oncle… ont suffit à Vandathiel pour savoir qu’elle n’aime pas l’homme. Ambitieux jusqu’aux bouts de ses orteils, un digne Stormrage, en somme. Elle hausse les épaules. « Mon oncle.. » Elle soupire, détache sa main des runes. « N’a que faire des problèmes des autres. Son ambition le dévore de l’intérieur. Il ne fera quelque chose que si il y trouve un intérêt. » Et quel intérêt pourrait-il trouver à aider une bande de voleurs en qui personne ne croyait plus ? « Non, ce n’est pas vers mon oncle que je me tournerais, à vrai dire, la prochaine fois que je me rendrais à Aubétoile. » Elle passe une main dans ses cheveux, un léger sourire aux lèvres, et lorsqu’elle reprend, le ton de sa voix est ironique : « qui sait, peut être que le jeune roi écoutera mieux, lui. » Mais pour ça, il leur fallait des preuves, c’était indéniable. Sans preuves, elle n’a aucune chance de convaincre qui que ce soit. « Enfin, je dis cela mais... je ne pense pas que mes propres parents m'écouteraient. » Elle sourit tristement, mais n’ajouta rien ; elle préfère ne pas en venir à parler de ses propres parents. Elle évite le sujet, à vrai dire, depuis qu’elle est arrivée dans la Garde. Son nom est connu, de par le monde, et pas souvent pour de bonnes raisons. Si sa famille importe énormément pour elle, elle est aussi parfois un fardeau imprévu. Plongée dans ses pensées, elle n’a pas vu Rohan s’avancer ; lorsqu’elle reprend conscience, il est à plus pieds d’elle, un air enjoué sur le visage, les joues légèrement rosies par le froid. Avec l’habitude de quelqu’un sur le point de découvrir quelque chose d’absolument fantastique, et, connaissant Rohan, elle compte sur une merveille d’architecture de Forgenerg qu’elle n’a pas encore vu. Elle se dépêche de le rejoindre, courant sur la neige, puis, arrivée à sa hauteur, ralentit le pas. « tu as l’air d’un gamin enchanté » lui glisse-t-elle avec un sourire malin.[/b]
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