Dire qu’il y a encore quelques heures de cela, il pensait pouvoir dormir dans le lit d’une auberge… Mais tout cela c’était avant qu’une bagarre éclate à cause de sa prisonnière. Comme souvent elle dénotait face aux locaux mais Ulrik se demandait si n’avait pas volontairement attiré le regard des hommes pour créer une bagarre. Le jeune homme posa la lame glacée de son poignard sur sa tempe pour se soulager. Inspirant profondément, il essayait de laisser couler la douleur à chaque expiration.
Il se rendit compte qu’il s’était laissé aller quelques instants, soudainement ses yeux s’ouvrirent à nouveau fixant sa captive.
« Ça t’amuse hein ? » lui lança-t-il froidement.
Qu’est ce qu’il pouvait la haïr ! Oui ! C’était décidé au prochain arrêt, il la vendait et il pourrait revenir à sa vie d’avant avec une bourse un peu plus pleine !
Ironie de la situation quand on sait que la bagarre dans laquelle s’était retrouvé entrainé le chasseur portait justement sur le fait qu’il refusait de la vendre au shérif local.
Qu’est ce qu’il pouvait la haïr ! Son regard glacé s’embrassa sous la fureur, pourquoi ne pouvait il s’y résoudre ?! Pourquoi essayait-il désespérément de la garder près d’elle alors qu’elle le fuyait. Pourquoi essayait-il de se faire aimer d’elle ? Cette bohémienne aux pratiques hérétiques !
Qu’est ce qu’il pouvait la haïr ! Une fois encore il allait devoir se contenter d’un sommeil trop léger pour être réparateur, il devait veiller à ce qu’aucune tentative de fuite ou de meurtre n’arrive. La garce avait essayé plus d’une fois de l’égorger dans son sommeil. u,c
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Il déposa sa plus belle fourrure sur les épaules de la jeune femme pour la protéger du froid mordant, ses doigts touchèrent sa peau soyeuse et il se perdit quelques instants dans cette sensation avant que son regard ne croise le sien. Elle ne dit pas un mot, elle inspectait ce qui semblait être un refuge de chasse. De quoi les mettre à l’abri pour la nuit pendant que la neige tombait sans un bruit. Les sons de la foret était tous étouffés. Il n’y avait plus qu’eux deux.
« Je te conseille de dormir. T’échapper d’ici est impossible, tu seras perdue et morte de froid avant que le soleil ne se lève » expliqua-t-il alors qu’il installait les paillasses au sol.
Ses paroles glacées allaient en opposition avec ses gestes. Tentant de donner le plus de confort à sa détenue, Ulrik lui-même ne savait pas sur quel pied danser. Depuis quelques temps, il sentait que sa garde baissait mais elle n’était plus aussi farouche et le suivait avec facilité. Peut-être avait elle finit par se faire à sa situation ? Cette idée avait quelque chose de réconfortant et il tentait de la marteler dans son esprit pour y apporter un peu de paix. Son esprit brulait à vif depuis qu’ils voyageaient ensemble et aucun repos ne semblait possible. Cette nuit peut être trouverait il la paix ? L’abri était solide, fermé et il était le seul détenteur de cette clef. Rien ne pouvait arriver. Rien.
Il inspecta une dernière fois ses affaires posées près de lui et surtout loin d’elle et s’enroula dans sa cape avant de fermer les yeux. Comme souvent il se contenter de feindre le sommeil pour guetter la moindre de ses réactions mais rien ne vint. Alors son esprit tomba dans les abysses de la fatigue.
Ce fut le crépitement d’un feu qui le fit sursauter, aussitôt une dague à la main, il la brandit devant lui en poussant un cri avant de s’immobiliser perplexe.
Sa captive avait allumé un feu dans la cheminée de fortune de cet abri. Comment avait elle fait ? Il n’en savait rien.
« Tu n’as pas demandé l’autorisation » lui lança-t-il.
A sa plus grande surprise elle hocha de la tête et d’un mouvement d’épaule fit tomber la fourrure qui la couvrait. Dévoilant aux yeux de son tortionnaire son corps, celui-ci n’avait jamais essayé de la toucher si bien que si certains regards ne l’avaient pas trahis, elle aurait pu penser qu’elle laissait indifférent le chasseur. Il restait immobile, déstabilisé par son comportement, tentant de faire fonctionner son cerveau à vive allure. C’était une ruse, un piège, un stratagème, une diversion, il devait y avoir une explication. Pourtant il n’eut pas le temps de continuer son raisonnement qu’elle venait de poser ses lèvres sur les siennes, ses mains se faufilant tel un serpent entre ses vêtements à la recherche de sa peau. Elle faisait fondre le mur de glace que l’homme avait érigé autour lui.
Si son corps avait depuis longtemps cédé face aux assauts de l’étrangère, son esprit tentait de lutter encore. Il ne pouvait croire qu’elle souhaitait se donner à lui. Et puis… Elle allait perdre de la valeur… Elle ne pensait tout de même pas que ses charmes lui permettraient de retrouver sa liberté. Il bombardait sa pensée d’arguments pour ne pas céder tandis que ses lèvres rendaient chaque salve de la jeune femme. Ses mains déjà se posaient dans son dos, brulant de plaisir à son contact.
Le bonheur semblait s’embrasser avec lui, les remords, la solitude tout brulait, il acceptait de se donner à elle, tout simplement alors que leur mouvements devaient de plus en plus envieux, la respiration du jeune homme s’accélérait, son cœur allait exploser si elle se frottait une fois de plus contre lui.
Mais une erreur fut commise. La main qui s’était accroché à son épaule venait de se libérer, tâtant la paillasse de l’homme. Le feu venait de s’étouffer et le froid revenait à grand pas. Il se saisit violement du poignet de la jeune femme et alors que son corps redevait de glace, son esprit d’embrassa de fureur. Elle avait voulu le voler, il avait été assez bête pour penser que tout ceci était nait d’une rencontre fortuite, d’un destin qui avançait à contre-courant mais non… Il n’était qu’une farce. Il la repoussa alors violement en arrière.
« Pour qui est-ce que tu me prends ?! » Hurla-t-il.
Cette fureur n’avait qu’un seul but. Couvrir la douleur qui le prenait à nouveau. La solitude le submergeait à nouveau, emportant une part d’humanité de plus. Il la détestait… Autant qu’il se détestait d’imaginer qu’il était possible que deux opposés comme eux puissent d’attirer.