L'étrange demoiselle.

Astoria marchait sans s’arrêter. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. Depuis quand ? Bien trop longtemps pour elle. Qui fuyait-elle ? Elle-même tout simplement. Mais comment fuir sa propre personne ? C’est impossible. Elle ne voulait plus faire de mal aux gens qu’elle aimait, mais après tout elle était seule maintenant. Errant dans les bois tel un vulgaire fantôme, un souvenir oublié. Quelquefois elle rencontrait des rodeurs, mais elle n’était pas très bavarde, pas qu’elle ne voulait pas leurs parler, mais elle ne pouvait pas s’attacher à une personne. Non, parce qu’elle était un monstre. Un mage, une sorcière démoniaque qui s’infiltrait dans les rêves des autres et finissait par les tuer. «  Ton cœur est bien trop fragile petite fleure » lui avait dit Rowena en se moquant. Fragile, oui, elle l’était, ses pouvoirs l’avait détruite à jamais, ils avaient fait de sa vie un enfer. Astoria petite étoile. Astoria ce monstre à l’allure si angélique, elle se dégoutait, oui sa propre existence la dégoutait au plus haut point. Elle comprenait les personnes qui avaient peur des mages, elle aurait voulu ce rendre dans un endroit où on lui aurait appris comment se contrôler, comment ne plus faire de mal, seulement un tel endroit n’existait pas. Enfin si, la tour des mages, mais cela était semblable à la mort. Les templiers, seraient là pour la contrôler, mais aussi pour faire d’elle un pantin. Non son pouvoir bien qu’instable était vraiment trop précieux, trop rare. C’est Rowena qui lui avait expliqué que la magie des rêves, celle lui permettant de se balader dans l’immatérielle était un vrai don, seulement quelques chanceux la possédait. Oui mais elle était difficile à maitriser et nécessité un apprentissage assez complexe. Bien sûr que Rowena lui avait proposé de venir rejoindre Darrach afin de lui apprendre, mais Astoria bien qu’elle appréciait fortement cette femme ne lui faisait toujours pas confiance.  Elle porta doucement sa main jusqu’au pendentif rouge qui tombait sur sa poitrine, elle l’avait toujours eu et le serrer dans ses mains fines l’apaiser à chaque fois. Elle ne savait pas d’où il venait, ni qui lui avait donné, son père n’avait jamais voulu lui dire, mais quelques fois Astoria avait des « visions », enfin des broutilles ressemblant à cela. Elle était épuisée tellement épuisée de se battre contre tout ça, de se battre contre elle-même, d’être seule. Mais elle avait un objectif, oui Astoria avait trouvée une raison de vivre à présent. Lui, il fallait qu’elle le retrouve, ce garçon qu’elle allait hanter dans ses rêves, cet homme auprès du quel elle se sentait si bien. Lui, son visage si innocent, sa peau si pâle, ses cheveux noirs ondulant de façon et retombant devant ses magnifiques yeux bleus. Lui, elle voulait le connaitre, se rapprocher de lui, qu’il lui dise pourquoi ? Pourquoi ils semblaient tout deux connectés ? Et qu’il lui explique qui il était vraiment. Astoria sentit tout à coup son corps s’engourdir petit à petit. Non pitié pas ça, pas maintenant, pas ici. Elle ne connaissait que trop bien cette sensation, bientôt une douleur insoutenable allez la prendre le long de ses jambes, puis remonter le long de son ventre lui donnant l’impression de se faire lacérer par un animal sauvage, puis la douleur deviendra insoutenable, comme si les dieux déchainaient leur colère sur elle, puis enfin elle perdrait connaissance et se laisserait aller dans l’autre monde. L’immatériel, là ses sens reviendront petit à petit et son esprit vaguera jusqu’ a cet homme, rencontrant de temps à autres de nouvelles personnes sur son chemin. Des âmes voguant sans but, des gens rêvant tout simplement.

Extérieurement son corps était libre de ses propres mouvements, elle ne le contrôlait totalement plus. Astoria se mit à hurler, elle avait mal, tellement mal, dans ces moments elle n’aspirait qu’à une chose, mourir, car la mort aurait été bien plus douce. Ses cris résonnaient dans le bois, et toute personne aux alentours aurait put l’entendre. Si elle croisait un templier ça en aurait été fini pour elle. Elle se roula sur le côté se tortillant de douleur, comme possédée, ses os craqués un à un, son dos se cambrait, et ses yeux n’arboraient plus aucun éclats. Quand elle sentit une présence, oui, quelqu’un était là tout prés d’elle. Qu’allait-on lui faire ? Elle était impuissante et personne ne l’avait jamais trouvée dans cet état. « Eh oh ! Excusez-moi… EH ! Vous devez vous réveiller ! Vous allez vous faire mal… » . Elle poussa alors un dernier cri, ce qui provoqua un mouvement de recul de la part de l’homme. Puis ses muscles se relâchèrent d’un seul coup avec violence, sa respiration se coupa un instant, puis retrouva enfin un rythme normal. Elle ouvrit doucement les yeux, tout semblait plonger dans un épais brouillard, mais elle distingua une silhouette penchée au-dessus d’elle, petit à petit elle distingua les traits de cet homme. Elle se surprit à apprécier ses traits fins, rougit, et se releva brusquement. «  Je vous prie de m’excusez… Je… S’il vous plait il ne faut pas en parler… » dit-elle paniquée. Sweet dreams.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.