Chapitre 1
Les coups contre la porte me tirent de mes pensées et je lance un « Entrez » D’une petite voix. La porte s’ouvre sur Lyssandra qui me lance un léger sourire avant de venir s’asseoir sur le lit à mes côtés.
Je tourne la tête vers ma soeur avant de demander timidement. « C’est aujourd’hui ? » Elle hoche silencieusement la tête et me prend dans ses bras alors que des larmes commencent à perler à mes yeux. « Mais tu pourras venir me voir à la capitale d’accord ? » N’ayant pas la force de répondre, je me contente de hocher la tête.
« Et puis… Qui sait. Peut être que toi aussi tu trouveras une femme pour t’épouser à Aubétoile ? » Je souris faiblement et reprend sur un ton plus sombre. « Mais je voudrai pas me marier moi. Je veux que tu restes ici. Avec moi. » Elle me caresse doucement les cheveux et reprend d’une voix douce. « Tu sais très bien que je ne peux pas Arch’. Mais mère reste ici avec toi et père aussi ! » Je secoue la tête et resserre un peu plus mes bras autour d’elle jusqu’au moment où une servante passe sa tête par l’embrasure de la porte pour faire signe à Lyssandra de venir. « Je suis désolée Arch’. Mais il faut que j’y aille. Mais on se reverra bientôt d’accord ? » Elle dépose un bref baiser sur mon front et ressort prestement de la chambre avant de fermer la porte.
Me retenant de hurler, j’enfouis ma tête dans mon oreiller et ferme les yeux pour essayer de me calmer.
Chapitre 2
La garde de l’épée m’atteint au visage et je pousse un cri de douleur alors que je m’effondre lourdement au sol. Je passe ma main sur mon visage ensanglanté avant de pousser un léger grognement. Il ne m’a vraiment pas loupé.
Mais alors que je veux me remettre debout, je sens la pointe d’une lame contre ma gorge. Je relève les yeux vers mon adversaire qui me lance un grand sourire.
« Navré jeune maître, mais j’ose espérer que ce coup vous rappellera que vous devez toujours maintenir votre garde. » Je hoche silencieusement la tête et saisit la main qu’il me tend pour m’aider à me relever. La douleur me fait tourner la tête mais je parviens à garder me esprits.
Je porte mon regard sur père et mère qui se tiennent sur le balcon au dessus de nous avant de hocher la tête lorsque mon père m’affiche un léger sourire.
Je fais quelques moulinets avec mon épée avant de me remettre en garde, face à Jorah.
« Tu m’as bien eu, je dois l’admettre. Mais je pense avoir comprit la leçon. » Il incline légèrement la tête en souriant avant de se jeter sur moi, l’arme levée, prêt à me frapper à l’épaule. Je pars le coup -non sans difficulté- et tente de l’atteindre au torse mais il parvient à esquiver en reculant de quelques pas.
Il est vraiment doué. Pas étonnant qu’il ait été maître d’arme au service du roi il y a quelques années.
Nous continuons notre combat pendant plusieurs minutes avant que je ne parvienne enfin à l’atteindre aux côtes et à le faire tomber au sol. Je lève mon poing au ciel en signe de victoire et l’aide à se relever.
« A croire que tu commences à te faire vieux Jorah ! »———————— ϾҨϿ ————————
Père est assit sur son siège, alors que mes frères se tiennent debout à ses côtés. Mère quand à elle est installée un peu à l’écart, assise entre deux servantes.
Je me passe une dernière fois ma main dans mes cheveux et m’avance jusqu’au “trône” avant de m’agenouiller devant père.
« Père. Je vous demande de m’accorder votre bénédiction. Comme vous le savez, mon vœu le plus cher est de rejoindre la garde royale. » Je marque une pause le temps de trouver les mots pour formuler la suite de ma demande.
« Je suis votre dernier fils et je pense être réaliste en estimant que jamais je ne pourrai diriger notre famille. C’est pourquoi je vous le demande une nouvelle fois. Accordez moi le droit de rejoindre Aubétoile. »Un long silence, pesant s’installe dans la pièce alors que j’attends la réponse de mon père. Mais contrairement à toute attente, c’est ma mère qui brise le silence d’une voix forte mais implorante à la fois.
« Thorïn. Vous savez bien que c’est ce qui lui tient le plus à cœur. Accédez à sa requête. Vous compr… » Père lève la main pour la couper avant de prendre enfin la parole.
« Relève toi Archaon. » Je m’exécute et plonge mon regard dans celui de mon géniteur, sans vaciller.
« C’est vraiment ce que tu veux ? » Je hoche la tête sans prononcer un mot. Non pas que je n’ose pas répondre à mon père mais, je n’ai pas envie de risquer de tout gâcher en prenant un ton qu’il considérerait comme insultant ou trop insistant.
« Soit. Si c’est ce que tu veux, tu as ma bénédiction Archaon. » Mon regard s’illumine lorsque j’entends ces mots, mais je me retiens de sourire.
« De toute façon, je pense que je ne pourrai rien faire pour t'empêcher d’atteindre ton objectif mh ? » Je m’incline légèrement avant de murmurer un
« Merci père. Je saurai me montrer digne de notre famille. Je ne vous décevrai pas. » Chapitre 3
La pierre vole dans les airs avant de terminer sa course dans le casque du chevalier qui se tient à mes côtés. Je l’observe quelques instants pour voir s’il va bien avant de reporter mon attention sur la foule de paysans qui se tient à une vingtaine de mètres en face de nous.
Ils doivent être une cinquantaine au maximum. Pourquoi s’acharnent-ils ? Ils ne voient donc pas qu’ils n’ont aucune chance ? Certes nous ne sommes que vingt mais… Nous sommes mieux armés et bien mieux entrainés qu’eux.
Je secoue la tête et me retourne vers le Lord Commandant qui se tient derrière nous, sur son destrier. Je retire lentement mon heaume avant de l’interpeller d’une voix forte. « Ser Lautrec ! » Il pose son regard sur moi et je sens immédiatement un frisson me parcourir le corps. Cet homme dégage vraiment une aura impressionnante. « A quoi bon ? Vous voulez vraiment que nous affrontions ces hommes ? » Il rit légèrement avant de s’avancer vers moi. « Ces ordres ne viennent pas de moi mais directement du roi Ser Oaken. Vous contestez l’autorité de notre suzerain ? » Je baisse la tête face à sa réplique. Pourquoi est ce que je dois absolument compliquer les choses à chaque fois ? « S’il s’agit de massacrer de simples paysans, oui ! Je conteste son autorité ! »
Les chevaliers autour de moi se lancent des regards d’incompréhension et m’observe en murmurant des mots que je ne comprends pas. « Je vous conseillerai de rester à votre place Ser Oaken. Vous ne voulez pas ternir l’honneur de votre famille n’est ce pas ? » A mon tour de lâcher un rire. « Je ne vois pas où est l’honneur dans le fait de massacrer des hommes peu entrainés et mal équipés Ser. » J’appuie volontairement sur son titre afin qu’il comprenne bien que ce n’est pas son rang qui me fera renoncer à mes principes. « Ce sera sans moi. » Je quitte la troupe et écartant doucement mes compagnons et vais m’asseoir sur un tonneau éventré qui traîne près d’une chaumière en ruine.
J’assume pleinement mes actes. S’ils veulent me juger où me renvoyer de la garde je l’accepterai sans broncher.
Je relève mes yeux vers la troupe et ne les quitte pas des yeux lorsque le Lord Commandant leur ordonne de charger. Alors voilà où en est le royaume ? Réduit à massacrer son peuple ?
Chapitre 4
Je rengaine ma lame d’un mouvement sec et me retourne vers le dernier bandit encore en vie. Il est en train de ramper sur le sol pour s’éloigner de moi mais je le rattrape en quelques enjambées avant d’appuyer mon pied sur l’une de ses chevilles. L’homme pousse un hurlement de douleur et s’arrête net alors que je prends la parole. « Je ne vais pas te tuer. Non pas que tu m’inspires de la pitié, mais je suis fatigué par mon voyage. Et je ne suis pas prêt de rentrer. »
Je m’agenouille à ses côtés avant de le forcer à me regarder dans les yeux. « Tu vas t’en aller et retrouver tes amis de la même espèce que toi. Et tu vas leurs dire que ces terres appartiennent aux Oaken et qu’aucun acte de banditisme ne sera toléré. Est ce que c’est clair ? » L’homme balbutie quelques mots incompréhensibles en hochant la tête avant de se remettre à ramper.
Je secoue la tête, un air désabusé sur le visage avant de me retourner vers le vieillard qu’ils agressaient. Il s’est relevé et incline humblement la tête lorsque je m’avance vers lui. « Inutile de me remercier. Je n’ai fait que mon devoir. Rentrez chez vous, vous devriez être tranquille à partir de maintenant. »
Le vieillard se racle la gorge et m’interpelle alors que je commence à m’éloigner pour reprendre ma route.
« Messire ! » Je me retourne, intrigué. « Je… Merci. Est ce que je peux au moins vous offrir le souper et le gîte pour vous remercier ? » Je lève un moment la tête, le regard perdu dans le ciel. Après tout, qu’est ce que je risque ? Je peux bien passer une nuit chez cet homme et reprendre ma route demain.
Je m’incline légèrement et reprend. « J’accepte votre proposition avec plaisir. »
Chapitre 5
J’ai à peine le temps de réaliser ce qu’il se passe que la créature se jette sur moi pour me saisir avec une de ses mains avant de me soulever comme un fétu de paille et de me rapprocher de son visage.
« Il y a bien longtemps que je n’avais vu un membre de ton espèce. Que viens tu faire ici humain ? » Je déglutis avec difficulté et prends la parole sur le ton le plus assuré possible.
« J’ignore comment j’ai atterrit ici. Je… Je n’ai rien demandé ! Je ne sais même pas où nous sommes ! » La créature se contente de lâcher un rire tonitruant.
« Tu m’amuses déjà mortel ! Je sens que je vais regretter de te dévorer ton âme. » J’écarquille les yeux en entendant ses mots.
« Mon âme ? » Mais qu’est ce qu’il raconte ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Je dois vraiment être en train de faire un cauchemar.
Un hurlement de douleur franchit mes lèvres alors qu’il resserre sa prise sur mon corps. Je sens tout mes os craquer sous la pression qu’il exerce. Il est en train de me broyer… Si je ne réagis pas je vais mourir…
« Laisses toi aller mortel. Ce ne sera pas long. » Je parviens à emplir mes poumons d’air avant de hurler un dernier
« NON ! » ———————— ϾҨϿ ————————
Je rouvre les yeux et une migraine épouvantable me saisit. C’est comme si on me plantait une lame chauffée à blanc directement dans le cerveau. La douleur irradie tout mon corps mais je parviens tout de même à me redresser et à m’asseoir sur le bord de la table. Combien de temps suis-je resté endormie ? Je crache le sang qui a envahit ma bouche sur le sol et porte ma main à la blessure qui me traversait la poitrine. Rien. C’est comme si j’avais rêvé cette partie aussi. Pourtant ma chemise est tâchée de sang.
Mais qu’est ce qu’il m’arrive ?
Je descend de la table et fait quelques pas avant qu’une nouvelle migraine soudaine ne me saisisse et ne me force à m’appuyer contre le mur pour éviter de n'effondrer à nouveau.
J’attends quelques instants que la douleur ne s’atténue et observe les lieux. On dirait un cellier ordinaire comme on en trouve dans de nombreuses chaumières mais pourtant quelque chose ici empeste. Ce n’est pas une odeur “physique” c’est plus une… Intuition. Des meurtres ont été commis ici. Des meurtres rituels.
Des bruits de pas dans mon dos m’alertent et je me retourne le plus rapidement possible pour découvrir mon “meurtrier” en bas des escaliers, qui me fixe avec un sourire carnassier.
« Bien ! Je vois que tu es enfin réveillé ! Alors ? Tu commences à t’habituer à ton nouveau corps ? Prends ton temps surtout Daeraug. Je ne voudrais pas que tu meurs avant d’avoir accomplis ta mission. » Mais à qui est ce qu’il s’adresse ? Et qui est ce Daeraug ?
« Qui d’autre veux-tu que ce soit à part moi mortel. » La voix résonne dans ma tête au moment où une nouvelle douleur me saisit le crâne.
Est ce que je deviens fou ? J’ai pourtant bien entendu une autre voix.
« Oui. Tu as bel et bien entendu une autre voix. Et c’est la mienne. As-tu déjà oublié notre petit entretien ? Décidément tu me surprends sans cesse humain ! » La douleur est bien plus aiguë cette fois et me fais tomber à genoux avant de me faire rendre le contenu de mon estomac sur le sol. Le… Sorcier ? S’avance précipitamment vers moi et m’aide à me relever avant de plonger son regard dans le mien. Je le saisi à la gorge avant de le plaquer violemment contre le mur en hurlant.
« Qu’est ce que vous m’avez fait ?! » Le sorcier semble aussi perdu que moi. Il m’observe avec un regard hagard pendant quelques secondes et balbutie quelques mots incompréhensibles.
« RÉPONDEZ ! » Il parvient à reprendre quelques peu son calme et prend la parole.
« Ça ne devait pas se passer ainsi ! T… Tu devrais être mort ! » Je resserre la prise sur sa gorge et le frappe au visage avec une force telle que je sens les os craquer à l’impact. Il gémit un moment et appuie sa main à l’endroit où je l’ai frappé.
« Daeraug aurais du te tuer ! C’est incompréhensible ! » Je serre mon poing et le frappe à nouveau au visage. Un bruit de succion ignoble se fait entendre alors que son crâne se disloque sous la puissance du coup, répandant des bouts d’os et de cervelle aux alentours.
Je reste un moment immobile, tétanisé et horrifié par ce que je viens de faire. J’observe un moment mon poing encore fermé et recule de quelques pas. C’est moi qui ai fait ça ? Mais… C’est. C’est impossible.
Je retombe à genoux et me prend mon visage dans mes mains. Mais qu’est ce qu’il m’arrive ? Est ce que je deviens fou ?
« Non… Tu ne deviens pas fou humain. Tu viens juste de réaliser ce que notre association peut donner. » « SORS DE MA TÊTE ! » « Non. C’est tout simplement impossible. A moins que tu ne meurs bien sûr. Mais je doute fort que le tu le veuilles. » Je parviens à calmer ma respiration et relève la tête.
« Qu’est ce qu’il m’arrive ? Je pense que tu le sais non ? » Son rire résonne dans ma tête et provoque un nouveau pique de douleur qui me fait vaciller.
« Tu veux savoir ce qu’il t’arrive ? Bien. Après tout je peux bien te le dire étant donné que nous allons devoir faire un bout de chemin ensemble. » Je secoue la tête et laisse un rire nerveux m’échapper devant l’ironie de la situation.
« Cet homme que tu viens de… Tuer. Ou de réduire en bouillie, à toi de voir. C’était un mage de sang. Je pense que tu sais quelle magie ils pratiquent ? » Je hoche silencieusement la tête. Bien évidemment que je sais quelle forme de magie ils utilisent. Tu me prends pour un idiot ? Il pousse un nouveau rire qui cette fois ne provoque qu’une légère douleur.
« Donc je pense que tu as deviné que tu viens d’être possédé ? Tu es désormais mon hôte humain. » « Et ton nom c’est Daeraug c’est bien ça ? » « Exact. Je suis Daeraug Irratak Belakor. Premier archi-démon et fléau de cette terre. » Je ris à nouveau.
« N’est ce pas un peu pompeux comme titre ? » Une douleur insupportable me saisi presque instantanément alors qu’il pousse un rugissement bestial.
« Tu oses te moquer de moi humain ? Même si je suis coincé dans un recoin de ta tête je peux aisément te tuer. Ne l’oublies pas. Et ne t’avises pas de me manquer de respect. » Je hoche la tête et me relève difficilement pour m’appuyer le dos contre le mur.
« Et maintenant Daeraug ? Que sommes nous censés faire hm ? »Chapitre 6
Une puissante rafale de vent manque de me faire tomber mais je parviens à rester accroché à la paroi. Une fois la bourrasque passée je continue mon ascension et roule sur le dos une fois le sommet atteint. Mes poumons brûlent dans ma poitrine alors que je peux enfin respirer sans effort. J’ai les mains ouvertes et en sang à cause de la roche aussi aiguisée que des lames de rasoirs mais j’ai réussi.
Alors que je reprend mon souffle, la voix de Daeraug se fait entendre.
« Tu m’impressionnes Arch’ ! Je vais être franc, jamais je n’aurais pensé que tu réussirais cette ascension ! » Un rire franchit mes lèvres avant que je ne lui réponde.
« Après deux ans passés ensemble, je pensais que tu arrêterais de douter de moi. Mais ce doit être dans ta nature. » Je me relève enfin -et non sans difficultés- et observe les alentours. Il n’y a absolument rien ici. C’est complètement désertique. Pourquoi est ce que je l’ai écouté ?
« Parce que je t’ai dit que cette ascension en valait la peine. Tu te souviens ? » Je secoue la tête, dépité.
« Il n’y a rien ici Daeraug ! Tu t’es encore joué de moi ! » Son rire résonne dans ma tête et me déclenche une légère migraine. Je pensais pourtant être parvenu à contrôler ces douleurs...
Je secoue la tête et me remet en marche vers un pique non loin. Peut être que je trouverai ce que je suis venu chercher là bas ?
« Bien observé. »Je marche pendant de longues minutes avant de m’arrêter net face à la chose qui me barre la route. La silhouette semble être humaine mais me dépasse de quelques centimètres. Il est recouvert d’une armure sombre qui semble être en bois, mais je me doute bien que sa résistance dépasse celle d’une armure standard. Il se tient debout, les mains posées sur le pommeau de son épée qui est plantée dans le sol.
Où est ce que je suis ? Et surtout qui est cet homme ? Si c’en est un...
Je m’avance dans sa direction et lorsque je ne suis plus qu’à quelques mètres de lui, l’homme retire sa lame du sol et la pose sur son épaule avant de prendre la parole.
« Que viens tu faire ici humain. » Il marque une pause avant de reprendre.
« Même si tu n’as d’humain que l’apparence. Je sens quelque chose en toi. Quelque chose de… Malsain. » Daeraug éclate de rire.
« Il est doué ! Peu de personnes sont capables de ressentir ma présence ! » Je fronce les sourcils et prends quelques secondes pour l’observer. Peu de personnes hein ? Est ce que c’est un mage ? Non. J’en doute fort… Mais alors quoi ? Ce ne peut non plus être un elfe, ils ont quitté le continent il y a bien des années.
« Je t’ai posé une question humain ! » Sa voix me tire de mes pensées et je plonge mon regard dans le sien avant de prendre la parole d’une voix assurée.
« Si je suis ici, c’est parce que j’ai entendu dire qu’une puissante lame s’y trouvait. » Il lâche un rire qui résonne dans la montagne.
« Tu as bien été renseigné. Mais si tu veux cette lame, il faudra me passer sur le corps. » Il retire sa lame de son épaule et se met en garde.
« Es-tu sûr que c’est ce que tu veux ? » Je dégaine ma propre épée et me mets à mon tour en garde.
« Je ne redescendrai pas sans elle. » Cette fois c’est au tour de Daeraug d’éclater de rire.
« Ça c’est vraiment quelque chose que j’apprécie chez toi Arch’ ! Ton assurance ! Mais s’il te plait… » Je hausse un sourcil. C’est bien la première fois que je l’entends utiliser un ton aussi implorant.
« … Laisse le moi. J’ai toujours rêvé de dépecer un semi-elfe. » Alors c’était ça. Finalement je n’étais pas loin du compte quand je disais qu’il pouvait être un elfe. Voilà pourquoi il a pu deviner ou sentir ma véritable nature.
« Navré Daeraug. Mais celui là il est pour moi. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas affronté un adversaire digne de ce nom. En plus un semi-elfe, je n’aurais sûrement jamais l’occasion d’en recroiser un. » Daeraug pousse un soupire désabusé qui me fait sourire.
« Soit. Mais tu me laisseras le prochain qui croisera notre route. » Comme je l’ai dit, il y a vraiment très peu de chances que ma route recroise celle d’un semi-elfe mais soit. Marché conclu.
Je fais quelques moulinets avec ma lame et mes bras pour les réchauffer et me mets en position. Contre cet adversaire je n’aurai pas droit à l’erreur. Il va falloir que je sois extrêmement prudent.
« C’est quand tu veux chevalier ! » Le semi-elfe incline légèrement la tête et se jette sur moi, la lame en avant.
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Sa frappe d’estoc manque de m’atteindre au sternum mais je parviens à la dévier d’un revers de ma lame et me recule de quelques pas. Mes poumons sont en feu à cause de l’effort et chacun de mes mouvements est un supplice. Cela fait maintenant dix minutes que nous combattons et je n’ai encore réussi aucune fois à le mettre en difficulté alors que lui a manqué de me tuer une bonne vingtaine de fois.
Il va falloir que j’en termine vite si je ne veux pas m’effondrer d’épuisement. Le bâillement de Daeraug me fait pousser un soupire d’exaspération et je remet en garde, prêts à attendre le prochain coup de mon adversaire. Pourriture de démon…
Le chevalier se jette une nouvelle fois sur moi, préparant un coup descendant visant ma clavicule gauche. Je lève ma lame pour parer et nos deux épées se croisent dans un tintement métallique avant que nos deux visages se rapprochent.
« Tu es un adversaire de taille humain. Néanmoins je suis persuadé que ton… Ami pourrait pimenter un peu plus le combat. » Je sens l’attention de Daeraug se réveiller avant qu’il ne prenne la parole.
« Tu l’as entendu Arch’ ! Il veut que je l’affronte ! Laisse le moi maintenant ! » Je me concentre pour ne pas lui laisser le dessus et reprend la parole.
« Tu n’as pas envie de l’affronter, crois moi. » Le chevalier lâche un bref éclat de rire.
« C’est dans ton intérêt humain. Tu tiens à peine debout et tes forces s’amenuisent. Si tu ne fais rien, tu seras mort à mon prochain coup. »Il appuie un peu plus sur sa lame et j’en fais de même pour l'empêcher d’avoir le dessus -non sans pousser un grognement de douleur-.
« C’est moi ton adversaire ! »Les secondes s’écoulent, perturbées par la voix de Daeraug qui ne cesse de lancer des
« Laisse le moi ! » Enjoués alors que mes forces s’épuisent peu à peu.
Le chevalier finit par reprendre la parole
« Tu vas mourir humain. Et tu aurais pu l’éviter si tu avais laissé ton ami m’affronter. » Une rage indescriptible commence à s’emparer de moi alors qu’il prend petit à petit le dessus.
« Je vais te faire une faveur humain. Donnes moi ton nom et j’enverrai ta tête à ta famille une fois que je t’aurai tué. »Mon sang bout dans mes veines alors que Daeraug continue de me pousser à bout, toujours sur ce ton enjoué.
Je pousse un hurlement de rage et parvient à dévier la lame du chevalier vers le sol, laissant une ouverture dans sa garde. Je profite de ce faible laps de temps pour tourner sur moi-même et le frapper à la gorge d’un revers de ma lame.
Nous restons tous deux immobiles pendant quelques secondes. Daeraug a arrêté de parlé et semble aussi surprit que moi quand la tête du chevalier finit par se décoller de son corps et tombe au sol dans un bruit sourd. Son corps ne tarde pas à suivre, agité par de léger spasmes.
Je tombe à genoux et laisse tomber mon épée avant de pousser un hurlement déchirant.
C’est terminé... C’est enfin terminé.
Je reste sans bouger pendant un long instant avant que la voix de Daeraug ne se fasse à nouveau entendre.
« Tu es plein de surprises Arch’. » Je fronce les sourcils.
« Qu’est ce que tu racontes ? C’est toi qui a fait ça ! J’ai eu exactement la même sensation qu’à chaque fois que je te laisse prendre le dessus. Cette… Rage. Cette envie de meurtre. Je ne me contrôlais plus. Alors ne viens pas me dire que tu n’y es pour rien ! » Il pousse un léger rire.
« Je ne dirai pas que je n’y suis pour rien. Il semble évident que ma présence en toi y soit pour quelque chose. Mais ce coup ci je n’ai rien fait. Je peux te l’assurer. » Un air incrédule se dessine sur mon visage. Il n’y est pour rien ?
« Je pense que j’ai dû déteindre un peu sur toi. C’est tout. »Un rire nerveux m’échappe alors que je me relève et me mets en marche vers le pique que j’avais aperçu plus tôt. Un autel y est gravé, à même la roche, sur lequel repose une épée longue. D’après sa taille, c’est une claymore. Cependant, sa lame n’est semblable à rien de ce que j’ai déjà vu. Elle est d’un bleu glacé et ne semble pas faite en acier. Je la prend en main et la soulève. Malgré sa taille elle est d’un poids ridicule. Je fais quelques moulinets et passes d’armes avec avant de frapper l’autel de toutes mes forces. La lame s’y enfonce aisément et le tranche à moitié alors que je lâche un éclat de rire.
« Je confirme. Ça en valait largement la peine. » Daeraug éclate à son tour de rire.
« Je te l’avais dit ! Quand vas-tu enfin apprendre à me faire un peu confiance ! » Je retire la claymore de la pierre et observe longuement la lame glacée. Quel forgeron a bien pu forger une telle arme ? La voix de Daeraug me tire de mes pensées.
« Toutes les bonnes lames ont un nom Archaon. Comment comptes-tu l’appeler ? » J’observe une dernière fois la lame avant de l’accrocher dans mon dos à l’aide de la sangle de mon ancienne épée.
« Glace. »Chapitre 7
Le garde me repousse de la main avant de hausser le ton.
« Je t’ai dit de circuler manant ! Tu n’es pas autorisé à t’entretenir avec le Lord commandant ! » Je baisse la tête et soupire bruyamment. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas me reconnaître. J’ai quitté la capitale voilà presque deux ans. De plus avec mes cheveux longs et ma barbe de plusieurs semaines je suis méconnaissable. En plus de ça je dois vraiment faire peur à voir.
« S’il te plait Arch’. Laisses moi lui apprendre à nous traiter avec respect. » Je me surprend à rire à la proposition de Daeraug. Il est vrai que ce serait amusant de corriger ce garde. Mais ça compromettrait toutes mes chances de retour.
« Non. Je ne veux pas faire de vagues. » « Tu es vraiment trop humain Arch’. Moi qui pensais que le fait de vivre avec un démon en toi te rendrais plus sauvage… Je suis déçu. » Je secoue la tête et souris légèrement.
« S’il vous plait. Prévenez Ser Lautrec que Archaon Oaken désire s’entretenir avec lui. » ———————— ϾҨϿ ————————
L’épaule appuyée contre la porte, je reste quelques instants immobile à observer Lyssandra. Ça fait tellement longtemps que je n’ai l’ai plus vue… Elle me tourne le dos, probablement trop occupée à lire une lettre ou autre.
Je toque faiblement contre la porte avant de lui lancer un faible sourire au moment où elle se retourne. Elle n’a absolument pas changée. C’est comme si je ne l’avais quitté qu’hier.
« Salut sœurette… Ça fait un bail hein ? » Nous restons immobiles pendant de longues secondes, sans prononcer un mot, nous contentant de nos observer.
« Arch’ ? » Je laisse un rire nasal m’échapper avant de m’effondrer lourdement sur le sol.
Je ferme lentement les yeux et laisse le sommeil m’emporter lentement, bercé par les cris de ma soeur qui appelle à l’aide.