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 je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. (thadeus)

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je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. (thadeus) Empty
MessageSujet: je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. (thadeus)   je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. (thadeus) EmptyJeu 13 Mar - 22:37



- je ne sais plus quoi faire pour te décevoir -


FLASHBACK 1587
- - - - - - - - - - - - - -
Il compte les pièces avec fébrilité. Il n’en possède que trop peu. Dans sa bourse se prélassent quelques deniers qui semblent, à leur éclat moqueur, railler sa pauvreté. Il lui aura fallu trois jours entiers de dur labeur au port pour pouvoir récolter son maigre pécule. Et dire qu’une grande partie de cette épargne va bientôt rejoindre l’aumônière du gamin qui lui fait face … un môme en pleine adolescence, pourvu d’une grise mine, sentant la vase et au regard de batracien n’inspirant guère la joie. Il sait pourtant que ce cafard est un être de confiance tant on lui en a vanté les mérites dans les venelles sordides de la cité. Y parle point trop mais y fait c’qu’on lui dit d’faire !, lui a-t-on assuré. Et comme tout est une question d’argent, on lui a vite précisé le prix d’une telle vertu.
Il se met à tendre la récompense et l’Autre accueille le cliquetis de l’or avec atonie. Les phalanges crasseuses du jeune seigneur glissent ensuite un petit morceau de papier plié en deux. La veille, il a pu dénicher l’un de ces innombrables avis de recherche sillonnant Thelsamar, déchirant le parchemin à mains nues pour ensuite n’y inscrire qu’une brève calligraphie : sa signature. Ornée comme seul un noble saurait l’esquisser, terriblement personnelle et donc, une preuve incontestable de son authenticité.
« Ser Thadeus de la Maison Stormrage, t’en souviendras-tu ? »
La voix nerveuse et non moins auguste de l’inconnu fend l’atmosphère glaciale de la nuit en une sinistre volute de buée. Le piètre émissaire lève sur lui ses orbes globuleux en branlant du chef.
« Alors va. »
Il observe la silhouette courbée tourner les talons et se faufiler dans la ruelle aux effluves d’humidité et de pisse, le faciès tordu par une vive appréhension. Son regard bleu, celui-ci même dont les ladies ne pouvaient se dépêtrer et qui savait se peindre d’une bien froide cruauté à l’égard de ses ennemis, se brise en lamelles d’angoisses lorsque le silence devient son unique compagnon.

Cela fait dix jours.
Dix jours qu’il a fuit.
Dix jours qu’il subsiste comme un rat le ferait.
Dix jours qu’il patauge dans les excréments de chevaux, dans les tripes des poissons et dans la fange des bas quartiers. Dix jours de trop. Dix jours à maudire et mitonner sa rage. A inscrire partout où c’est possible le nom de ce chien, ce traitre, cette infâme raclure qu’il égorgerait à même les dents, s’il le fallait ! PHINEAS, éructe son esprit, en proie à la folie d’une colère lacérée. A chaque heure de la journée. A chaque heure de la nuit. Son visage d’éphèbe trahit ses maux : une barbe s’est éprise de son menton, des cernes lui tombent avec pesanteur et ses ridules d’habitude si altières ne sont plus que vicissitudes. Ses étoffes se sont encrassées, le maculant de la même matrice recouvrant le reste des gueux. Le froid a crevassé ses lippes et affaibli son teint, son travail au port a coupé ses mains et souillé ses ongles d’abjects résidus. Il se laisse emporter par la paranoïa, celle qui l’oblige à regarder derrière son épaule dès qu’un bruit y éclot, celle qui le fait dormir avec son coutelas de travail dissimulé sous sa cape sombre, celle qui ne lui fait manger que ce qu’il pêche ou récolte lui-même. Il ne parle que pour se renseigner ou mendier un toit sous lequel s’abriter, du reste, il paraît réserver sa salive pour s’abreuver au mieux.

Mais il lui reste ce frère. Cet unique et prestigieux frère. D’aucuns diraient que Hermeus Stormrage s’accommode comme il veut de ses relations. Que son amitié n’est effective qu’à la condition d’un intérêt réel. Ce quidam aurait foutrement raison. On ne naît pas avec des serres pour se contenter du bec, rétorquerait l’intéressé avec une morgue de prince. Mais avec Thadeus, c’est différent. S’il est la tempête diluvienne, son ainé, lui, est la falaise rocailleuse. Leur clivage est aussi célèbre que celui de la terre et du ciel. Et de cette faiblesse, il compte aujourd’hui en faire une force : son frère le croira. Son frère l’aidera. S’il doit reporter tous ses espoirs sur une seule et unique personne, c’est bien sur le chevalier Stormrage. Le sang les unit. Mais à plus forte raison, l’honneur intarissable du seigneur son ainé ne saurait laisser la chair de sa chair ainsi désavouée.
Il en est certain.

* * *
Le Corbeau Givré.
Taverne du port.
Voici trois longues heures qu’il patiente dans la torpeur frileuse de la gargote. Emmitouflé dans sa cape, l’échine collée à la pierre et la chope vide, le jeune sieur se laisse envenimer par une somnolence traitre qui en a déjà alertés certains. Les regards de quelques clients se font plus appuyés, attendant tapis dans l’ombre que leur proie s’endorme complétement pour le dépouiller. Et le poignarder s’il le faut. Ils ne récolteraient qu’un bien médiocre butin, mais tout est bon. Les paupières du fier Stormrage se relèvent avec contrainte, faisant luire sciemment sous la table la lame de son coutelas. Elle est rouillée, courte et bien menue, mais les billes de l’inconnu sont celles d’un animal blessé prêt à tout pour survivre. Certains globes se dérobent. D’autres, plus pugnaces, s’entêtent.
L’huis s’ouvre enfin, une ombre le traverse puis referme les battants en vieux chêne. Il reconnaît la démarche avant d’en reconnaitre le portrait. Sans attendre, il se relève et s’en vient vers son frère.
Avant de pouvoir laisser son cœur se réjouir de cette venue, voici qu’il l’accable avec précipitation de murmures vipérins.
« Que dit le Roi ? Croit-il en ma culpabilité ? Il agrippe le bras de l’ainé et l’entraîne à sa table, fomentant déjà – comme à son habitude – un verbe d’intriguant. As-tu été suivi ? Le garçon que je t’ai envoyé ne t’a pas posé de questions, j’espère ? Il ne faut rien dire. Rien. Il n’y a ici qu’un ramassis de déchets prêts à vendre leurs mères pour un denier de plus ! » Les lippes se tordent avec dureté. Il n’a plus rien du digne Stormrage, jeune, mais déjà si redouté. Non. Il ne ressemble plus qu’à un vaurien resté trop longtemps sous le soleil de Terremer qui regarderait de travers les mouettes volant trop près autour de lui.
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je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. (thadeus)

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