Un secret bien gardé était inexistant aux yeux du monde. La Princesse l'avait soigneusement protégé et pourtant petit à petit son jardin devenait peu à peu mirage au sein de la populace. 'Une jolie rousse ressemblant à la Princesse Euphémia buvait un verre dans une taverne' disait-on ou encore 'Par les dieux, j'ai vu la Princesse se baignait dans le lac'. Des chuchotements traversant les couloirs du palais, des on dit animant la table de quelques familles modestes, des phénomènes typiquement humains que la Princesse ne pouvait hélas contrôler sous risque que cela vienne jusqu'aux oreilles de son frère, le Roi. Nouveau coup dur quand le mirage devint une vérité lors qu’Aurore Hawklin l'avait surprise en ville de façon hasardeuse. Quelle malchance ! Quitte à se faire prendre, elle aurait préféré que ce soit Cellie Stormrage, plutôt que Dame Pigeon car oui la belle blonde était comme une soeur. La belle savait que c'était mal de sortir ainsi, mais ne pouvant refréner cette envie virulente de sortir sous risque de se faire prendre ou pire qu'il lui arrive quelque chose, la jeune fille était bien trop intrépide et curieuse. C'était un désir compulsif, à l'instar d'un bon gâteau après y avoir goûté une part on en voulait systématiquement une deuxième. Peut-être était-ce égoïste en plongeant volontairement dans un monde dangereux sous peine de faire du mal aux êtres qui lui était chères, mais c'était plus fort qu'elle. Alors comme chaque pleine lune, la Princesse attendit patiemment que la nuit soit bien entamée pour sortir de son lit. Debout, elle se dévêtit. Faisant glisser son bout de tissu tout le long de son corps, puis à ses jambes fuselées pour finalement tomber mollement au sol, elle troqua sa robe de nuit pour des habilles d'homme chaparder à un garde royale. S'admirant, la petite voleuse était satisfaite. Alors sortant a pas de loup dans les couloirs, elle tapissa les murs. Le palais était différent de jour, bien sûr plus lumineux Euphémia avait toujours l'impression qu'il était plus petit que la nuit.

Toujours dans les quartiers des suites royales, la Princesse n'avait plus qu'à passer un dernier couloir quand tout à coup elle entendit des pas et des rires. Ayant eu à peine le temps de revenir sur ses pas, elle fût entraîné dans une chambre inoccupée. Un seul coup d’œil lui suffit pour connaitre l'identité de la personne. Les cheveux d'une jolie couleur de blé, pratiquement de la même taille qu'elle, et une douce odeur de parfum qu'elle identifia comme étant de la lavande l'enveloppait. Cellie. Certes, elle aurait certainement préféré que ce soit elle qui découvre tout plutôt que l'éleveuse de faucon, mais de là à ce qu'elle le découvre en plus de la brune la gênait beaucoup. La liste s'allongeait, son secret n'en était plus un et ça l'agaçait. Sachant par avance qu'elle allait devoir utiliser beaucoup de salive pour convaincre la cadette de la Main de ne rien dire à Halbarad. La malchance la tourmentée de nouveau ... « Euphemia ! Aurais-tu perdu la raison ? » Et ce n'était que le début. Plissant ses lèvres par réflexe, elle se sentait comme une petite fille prise sur le fait. Croisant les bras pour se réchauffer, la chambre n'avait pas de feu allumé et le froid lui mordait douloureusement la peau. « Si quelqu'un d'autre que moi t'avais vu Halbarad t'aurais encore sermonné ! » Oui, elle avait raison. Sermonner aurait été une douce punition par contre, n'osant imaginer sa réaction. Diplomate de nature, il pouvait devenir implacable sur certains sujets. Énième frisson d'inquiétude. Cherchant ses mots la belle rousse regarda son amie droit dans les yeux. « Cellie ... » Ce n'était pas la peine d'user de mot fourbe pour l'endormir, de toute façon elle ne savait pas mentir « ... Je sais que ça peut paraître fou, mais je sais que tu peux comprendre mes motivations au vu de ton regard. Je me trompe ? » Elle ne connaissait que trop bien son amie de longue date pour savoir lire les expressions de son visage. Des traits d'inquiétude à son égard, de la curiosité et une once de jalousie. Elles avaient été élevées ensemble, son visage ne la trompait pas.

« Où te rendais-tu ainsi ? » Esquissant un petit sourire, il aurait été malvenu de lui dire qu'elle allait se rendre dans une taverne bien loin des murs. Oh, la princesse ne buvait pas d'alcool elle y allait simplement pour discuter avec les gens du peuple, du moins ceux qui n'étaient pas alcoolisés histoire d'avoir un minimum de conversation. Apprendre était une de ses motivations, et quoi qu'on en dise les gens de basse naissance ne savaient certes ni lire, ni écrire, mais avaient des connaissances dont Euphémia était avide « Je te dirais tout en détail si tu me promets de ne jamais rien dire à qui que ce soit. » Soulignant ses derniers mots en accentuant bien dessus, elle parlait évidemment de son frère ou de la Reine. Ne supportant plus davantage l'ambiance glaciale de la chambre, elle finit par sortir faisant attention qu'il n'y ait personne. Prenant la main de la jolie blonde, elle l'a conduisit dans ses appartements. Entrant finalement dans sa chambre, la Princesse se jeta presque devant la cheminée pour se réchauffer. Elle détestait l'hiver, et par-dessus tout la neige. Jetant un œil à son amie d'enfance, elle osa quelques paroles pour détendre l'atmosphère « Si tu veux tout savoir, j'apprends aussi à me battre ... Je ne sais pas mentir, ni garder mes secrets c'est vraiment frustrant d'être aussi honnête. » S'accordant un petit sourire sournois, elle regarda les flammes.

« Si tu pensais vraiment que j'allais te trahir, tu te trompais. Sinon j'aurais laissé les gardes t'attraper et t'amener à Halbarad ... Tu es comme ma sœur, et ce depuis toujours. Comment pourrais-je te dénoncer ? » Cellie avait raison, aucun sang ne les liait et pourtant, elles étaient semblables à des sœurs. Autrefois partenaires de jeu, puis confidentes, amies, et soutien. Elles étaient tout ça l'une pour l'autre, et la Princesse aurait fait n'importe quoi pour aider la jolie blonde malgré la difficulté de l'acte. Cependant, la Stormrage était tout aussi proche d'Halbarad que d'elle, jadis Prince le jeune homme était devenu Roi. Cacher, la vérité à un ami d'enfance était tout autre chose que de le cacher au propriétaire du trône et Euphémia n'avait pas voulu prendre le risque, non seulement d'être dénoncer, mais également de mettre dans une position inconfortable son amie. « J'ai eu tort de ne pas te faire confiance, j'en suis navrée et pour me racheter je vais toute dire jusqu'au moindre détail. » Sourire taquin, Euphémia était celle qui avait toujours causé le plus de soucis depuis son plus jeune âge. Intrépide, et aventurière n'ayant pas froid aux yeux, elle n'avait jamais eu peur de rien au grand dam de ses parents. Faire des 'bêtises' n'était donc pas anodin pour les gens qui l'entouraient. « Vraiment ? Tu apprends à te battre ? Mais pour quoi faire ? Nous n'en avons pas besoin ici pourtant ... Qui t'apprends à faire cela ? Est-ce qu'Halbarad est au courant ? Et ta mère ? » Son visage arborant un sourire, Cellie était tout aussi curieuse que la jolie rousse. Son désir d'aller à l'extérieur était certainement aussi fort que celui de la Princesse, ce n'était pas la peine de nier, elle le savait. Toutes deux se sentaient prisonnières de cette prison dorée. Certes, leur geôle était somptueuse, riche, confortable et spacieuse, mais rien ne valait ce sentiment de liberté qu'apportait l'extérieur. Euphémia y avait goûté, et elle ne pouvait plus s'en passer. « Et ... Comment est-ce dehors ? »

Dans une position inconfortable, la jeune fille décida de s'asseoir à même le sol, ce pantalon si agréable lui permettant. Face à son amie, elle était fin prête pour lui conter ses aventures, comme jadis lorsqu'elles étaient enfants assise au coin d'un feu et avide des histoires qu'on leur racontait. « Par où ... » Euphémia fut coupée dans son élan quand quelqu'un frappa subitement à la porte. Sursautant un peu ne s'attendant pas à ça, elle eut le réflexe de se cacher. Malheur, elle était en pantalon ! Cellie prenant l'initiative d'aller voir, la Princesse entendit la voix d'un garde « Pardonnez-moi madame ! J'ai cru entendre un bruit étrange et je suis venu voir si tout allait bien. » Le cœur battant, la rouquine soupira. Le personnel du château avait le mérite d'être avenant, peut-être un peu trop même. « Tout va bien je vous l'assure, vous pouvez retourner à votre garde. » Refermant aussi tôt la porte, les battements de son cœur ralentir un peu. « Pourquoi ne rien m'avoir dit plus tôt Euphemia ? » La réponse lui semblait évidente pourtant. « Peut-être parce que mon frère compte tout autant à tes yeux que je ne le suis ? Tu es peut-être même encore plus proche de lui vu ... Vos antécédents. Sans compter qu'il est roi et que lui mentir est un crime. Je ne voulais pas te mettre dans l'embarras. » Elle avait déjà mis dans la confidence son oncle, du moins il en savait plus que d'autre dans ce palais n'ayant pas été au bout de ses confidences, et elle en était rongée par le remords. Que tous découvrent le pot aux roses, et s'en étaient finit d'elle et de son oncle. Gardant le silence quelques instants, elle chercha ses mots. Par où devait-elle commencer ? Il y avait tant de choses qu'elle ne lui avait pas dites, qu'elles risquaient toutes deux de faire une nuit blanche. Ses petites escapades, sa rencontre avec l'homme au teint halé, son entrainement ...

Elle finit par débuter par le plus important, et sans doute, le plus intéressant « Tout ce que je m'apprête à te dire, personne ne le sait. Que ce soit mère ou mon frère, personne. Ça fait un moment que je sors dehors dès que les gens ont le dos tourné et dehors, c'est ... Beau et en même temps moche. Aucun garde coller à tes pieds, aucune hypocrisie dans le regard des gens. Je me sens libre, même si je sais que ce n'est qu'illusion quand l'heure fatidique de rentrer arrive. Je fais ce que je désire, je parle au peuple comme une personne normale ... C'est vraiment différent d'ici. La nourriture, le langage, les vêtements, tout. Tu voudrais m'accompagner un jour ? » Les yeux de la Princesse brillaient rien que d'y repenser. Elle savait que c'était mal, que son frère allait la punir si jamais il en avait vent, mais qu'importe, elle prenait quand même le risque. Une douleur au fessier, la fit revenir à la réalité, se levant pour se choir dans son lit en laissant de la place à son amie. « En ce qui concerne les entraînements clandestins, c'est Oncle Dezial qui m’entraîne. Peut-être que pour l'instant, ce n'est pas nécessaire d'apprendre à se défendre, mais les temps sont sombres ... Mon père est mort, je soupçonne qu'on nous l'a volé et je ne veux pas qu'il arrive la même chose à Halby. » Ses doigts agrippèrent instinctivement les draps de son lit, toujours autant émût par la perte de son père. Elle voulait être prête, action préventive si jamais quelque chose arrivait de nouveau.

« Euphemia ... Je dois bien te l'avouer, j'ai l'impression que plus nous grandissons et plus Halbarad et moi nous nous éloignions loin de l'autre. Je crains même que nos ... Fiançailles ... Ont encore de plus en plus distendu les liens que nous pouvions avoir l'un avec l'autre. Il est un ami très cher à mon cœur, mais tu m'es précieuse ! » La vie séparait irrévocablement les gens, aimer était un risque que l'on prenait ou non, et bien que son frère et Cellie ne soient qu'amis, la rupture de leur fiançailles les avait touchés. Ils s'étaient certainement vus ensemble régner sur Kahanor, la jolie rouquine l'avait rêvée également, car elle n'avait pas imaginé meilleure reine que la Stormrage. Dame infortune les guettant, le destin en avait décidé autrement, la vie offrant sans cesse de douces illusions amères, et cela l'agaçait de l'admettre, mais la Princesse avait effectivement vu des changements dans leurs rapports, elle ne pouvait le nier, préférant acquiesçait silencieusement à sa confession. D'habitude radieuse, elle constate une pointe de tristesse dans son regard. Euphémia était peinée pour elle. Que pouvait-elle dire face à la vérité ? Elle voulait être un baume au cœur pour son amie. « Depuis qu'il est Roi tout a changé ... Si ça peut te consoler, je ne suis guère plus proche de lui que tu ne l'es. Malheureusement, il porte la couronne, nous devons le partager avec le royaume tout entier. » Déposant un furtif baiser sur sa joue, la jeune Hammer esquissa un sourire. La jolie blonde était vraiment comme une grande sœur, la sœur qu'elle n'avait jamais eue. « Ne me cache plus jamais rien ... Et moi, je ne te cacherais rien en retour. » Yeux dans les yeux, la Princesse lui promit silencieusement d'un joli sourire. Elle le savait au plus profond de son être, étant rassurée, elle pouvait être grande pipelette sans crainte que cela ne vienne aux oreilles d'Halbarad, et rien que pour ça elle chérissait les Dieux, car il était bien rare ici de trouver telle amie.
Revenant sur le récit de ses aventures, Euphémia revivait littéralement ce qu'elle racontait soigneusement à la fille de la Main. Chaque épopée qu'elle avait vécue l'excitait, histoire tellement excitante, qu'elle proposa à sa confidente de les vivre avec elle. « Je ... Je ne peux pas Euphemia. Si ton frère nous prenait toutes les deux à aller dehors. Il serait furieux. Pire que furieux même. Il tient tellement à toi, et s'il apprenait que je t'ai aidé dans ton entreprise, il ne pourrait guère me le pardonner. » La Princesse n'était pas vraiment déçue ou surprise de sa réponse. Cellie étant bien plus sage et surtout plus raisonnable qu'elle. La jeune noble avait toujours était la plus responsable du trio, faisant passer les vertus de la haute ou les désirs d'Halbarad avant les siens. Bien moins fougueuse et aventurière que Roussette en somme, et elle ne lui en tenait pas du tout rigueur, même si elle aurait préféré une autre réponse que celle-ci. Car quand bien même la cadette royale aimait ses escapades, elle était à chaque fois seule, n'ayant personne pour comprendre ce qu'elle ressentait vraiment. « Toujours raisonnable ... » Petit sourire moqueur, la jolie rousse s'adossa aux pieds d'un fauteuil richement décoré.

« J'admire ton courage et ta détermination Euphemia. Vraiment, j'admire cela. Je serais incapable de toucher à une arme sans me blesser moi-même, je le crains. » Elle se retenue de rire, car quand bien même elle avait eu le courage d'aller voir son oncle, elle était encore novice en la matière, les bleus parsemant son corps en étant la preuve. Cependant, malgré la douleur, elle se relevait toujours ayant cette motivation sans limite et sans faille. Elle n'avait qu'à penser à sa famille, et elle trouvait toujours la force dont elle avait besoin pour tenir le coup. Fixant obstinément le feu, la Princesse avait bien changé. Elle ne savait si la nouvelle image qu'elle donnait était bonne, mais elle s'en fichait tout ce qui comptait pour elle était sa maison et rien d'autre. La réputation ? Contrairement à beaucoup dans ce palais, elle n'y prêtait guère attention. N'écoutant jamais les racontars à son sujet. « Et que fais-tu une fois que ... Une fois que tu es dehors ? Hormis discuter avec les gens du peuple, je veux dire. » La jeune Hammer fit mine de réfléchir quelques instants, puis répondit avec un air malicieux dans les yeux « Je flirte. » Laissant en suspens cette déclaration, elle voulait voir la réaction de son amie, et raisonnable qu'elle était, Euphémia s'attendait à un scandale. Cependant ne voulant pas réveiller tout le monde, elle continua « Je plaisante ... » Demi-mensonge. « ... Ce n'est pas vraiment du flirt. » S'efforçant de ne pas rire, elle continua sur sa lancée essayant de décrire avec détail ce qu'elle vivait au-delà des murs du palais « Je me balade beaucoup, mais je ne sors pas d'Aubétoile. Souvent, je vais rendre visite à une dame qui tient une taverne. J'adore boire son lait au miel, en sentant l'odeur du pain qui émane de la boulangerie d'à côté. Parfois, un vieil homme qui demande des aumônes s'y trouve, je lui achète du pain en échange d'une histoire ... » La belle se tut en entendant des pas résonnaient dans le couloir. Regardant obstinément la porte, elle était légèrement paranoïaque quand elle s'exprimait sur ses aventures en ayant toujours cette peur au ventre que son frère découvre tout. « Et toi, que fais-tu en ce moment dans cet horrible endroit ? »

« Tu ne me connais que trop bien. Serais-je un jour autrement que raisonnable ? » Esquissant un joli sourire, Euphémia s'amusa pensivement à imaginer son amie plus intrépide et téméraire. Imaginant qu'elle puisse porter l'épée, pourfendant gracieusement l'air dans un champ de blé, coiffée d'une tresse sauvage et vêtue d'habille d'homme. L'idée était fort alléchante, mais la Princesse n'était pas assez naïve pour croire qu'un jour la belle blonde le devienne. Après tout, elle était depuis de nombreuses années le symbole de la raison, du calme et de la sérénité. Et bien qu'elle aurait volontiers pris la fille de la main comme équipière, cette envie allait restait un simple rêve, un joli rêve, qu'elle allait garder pour elle. « Ça n'arrivera sans doute jamais, mais je peux toujours rêver. » Petit rire moqueur, l'enfant royal finit par se lever, se résignant finalement à rester à l'abri derrière les murs du château malgré cette envie pressente de sortir. Ce n'était que partie remise. Elle se glissa derrière un paravent près de son lit, protégeant ainsi sa nudité, malgré que Cellie soit comme une sœur. La rouquine n'était pas gênait non, mais ne voulait pas mettre mal à l'aise son amie. Se déshabillant, tout en gardant un œil vers Cellie, la belle blonde continua à en apprendre plus : « Tu flirtes ? Que veux-tu dire par flirter ? Aurais tu fais une rencontre ? » Au son de sa voix, Euphémia décela un certain dégoût dans ses propos, ce qui ne la choqua nullement, ayant envisager ce genre de réaction bien que ce soit son amie d'enfance en face d'elle. La Stormrage avait beau posséder un esprit ouvert et bien moins étroit que leurs aïeux, elle n'en restait pas moins une noble de pure souche, représente d'une des grandes familles de Kahanor, et l'idée même de se mélanger avec les gens d'en bas lui paraissait - apparemment - incompréhensible, voir dégoûtant. La Princesse était jadis du même avis, mais elle avait en quelque sorte grandit d'esprit, s'ouvrant à d'autres perspectives. Réapparaissant en chemise de nuit, qu'elle eut bien du mal à fermer seule, elle rejoignit son 'invitée' sur ce lit bien trop grand pour elle.

Allongée de dos, elle fixa son plafond, cherchant ses mots. « Dois-je comprendre qu'au son de votre voix, vous êtes de ceux qui n'approuvent pas l'idée de se mélanger à des gueux ? Vous me décevez Lady Stormrage ! Mais sachez que je n'ai rien fait de compromettant avec qui que ce soit. » Plus une moquerie qu'un reproche en la vouvoyant alors qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant, elle regarda Cellie avec un sourire. Euphémia avait bien rencontré quelqu'un, un homme pauvre de surcroît, mais elle n'avait strictement rien fait qui puisse déshonorer sa famille, et elle avait toujours fait attention pour que n'arrive jamais. « J'ai effectivement rencontré quelqu'un. Il se nomme Rhaegar. C'est un ami. » Faisant une pause, la jolie rousse attendit une quelconque réaction de la part de sa meilleure amie. Les nobles avaient l'esprit vraiment étroit. Toute personne n'ayant aucun titre, aucune terre, ni fortune n'était rien dans ce monde. Or, durant ses escapades, Euphémia avait su déceler chez certaines personnes de basse naissance des trésors immatérielles dans leur personnalité, leur savoir-faire, et leur savoir être. « Cette vie à l'extérieur est bien palpitante dis-moi ! Au moins auras-tu quelque chose à raconter à tes enfants quand tu seras mariée. » La princesse ne put s'empêcher de grimacer au dernier mot de la jolie blonde. L'idée d'épouser un homme qu'elle ne connaissait aucunement, et parce qu'il le fallait étant princesse la répugner. Malheureusement, elle était vouée à ce destin qu'elle le veuille ou non, et elle avait juré à son frère de faire des efforts. « Je serais heureuse de raconter à mes enfants ce que j'ai vécu, mais ça doit rester secret ... Salir l'image de ma famille est la dernière chose que je veux, et une princesse telle que moi ferait jaser si tout le monde le savait. » Naître sans une famille noble était déjà bien ardue, naître dans la famille royale était encore plus compliqué, mais quand son frère et son père avant lui était roi, là, c'était vraiment une épreuve de toute une vie.

« Ne t'inquiète pas ... Je doute qu'ils viennent de nouveau nous embêter. Le jeune homme de tout à l'heure semblait si gêner plus tôt que j'ai crains qu'il ne s'étouffe tant il était rouge. » Euphémia s'en fichait maintenant qu'elle était dans sa robe de nuit. Plus aucun risque qu'elle soit prise sur le fait. Après tout, elle était dans sa chambre avec Cellie, et sa seule infraction était sans doute d'être encore éveillée malgré une heure tardive, et qu'elle aurait sans doute des cernes le lendemain. Haussant juste les épaules avec un sourire sournois, elle se tourna de sorte d'être sur le ventre, balançant de manière enfantine ses jambes dans les airs. « Mes journées ? Elles sont toutes terriblement monotones. C'est mortellement ennuyeux, Halbarad ne me prête guère attention, et sa Main se montre toujours terriblement méprisante. Je me contente d'hanter ce palais et quand le temps le permet ses jardins. » Que je te comprends bien ! Euphémia la comprenait parfaitement même. Ses journées étaient d'un tel ennui qu'elle cherchait constamment quelque chose de nouveau à faire, d'où le fait qu'elle sorte sans autorisation. « Halby ne m'en prête que rarement également malgré toutes mes bouderies, et je m'ennuie moi-aussi ... Les femmes de ce château ont toutes le même problème, je pense. » Souriant un peu tristement en pensant à son frère, elle se rapprocha de son amie.