Parfois, ce monde me semble un peu trop étroit, étouffant, bridant l'âme. Enfermant l'imagination et la magie à double tours, presque inaccessible. Jusqu'à ce que tout s'écroule. Alors enfin, on devient libre et on rêve. Le pouvoir de rêver est chose magnifique, et sans prix , car on peut rêver de la liberté, espérer. Le rêve permet de s'évader. Mais il y a aussi, d'autres dimensions, d'autres plans où nous, mages sommes conscients. L'Immatériel en est l'exemple parfait. Contrée vaste et sans limite forgée par notre seule imagination et notre humeur, fait d'ombre et de lumière. C'est en ces lieux, encore peu familiers à mon âme  que je me rends ce soir. Dans cette contrée, il faut voir on n'apprends que comme ça. L'aveugle, ici est perdu. Ainsi, par mes yeux, j'ai appris  que pour les Marcheurs de rêve allez  dans l'Immatériel est une chose innée, car il est comme un pont entre les rêves de chacun d'entre nous. Pour les clairvoyants, il nous faut méditer pour y entrer, car nous ne rêvons pas comme eux. C'est ce que je fais, en m'imaginant un lieu où je suis en paix.Cet endroit où je me sens en paix ce situe en Sermar, c'est au Grand Chêne, ma maison, la seule et l'unique, en communion avec la Nature.

Pourtant j'en suis bien loin de cette maison, je suis actuellement dans une auberge d'Aubétoile, allongée sur un lit, durement payé. Mais, faisons fis de cela. Le soleil décline lentement à l'horizon, bordant mon corps frêle d'ombres, tandis qu'une légère brise se leva, faisant s'élever une douce musique des branches s'entrechoquant entre elles, l'épais feuillage bruissant au même rythme. Je l'entendais, me berçant de mots d'amours. Mes paupières se firent de plus en plus lourdes, mes cils noirs caressant désormais mes joues. Les muscles relâchés, mon souffle se fit plus profond.  Derrière mes yeux, se dessina alors un tout autre paysage diffus et  semblant évoluer dans deux endroits différents en même temps. L'Immatériel pensai-je en souriant. Dans l'Immatériel mon corps était nimbé d'une douce lumière, une femme redoutable fête de lumière. Un morceau d'équilibre, de pouvoir. J'avais d'ailleurs déjà mon contraire pour ne pas briser l'équilibre. Cet homme fait d'ombre, noircissant l'Immatériel d'une cape de nuit, traversée seulement par son épée fait d'argent pur. Il devrait m'inspirer beaucoup de chose, mais devant lui je reste béate d'admiration, de curiosité. Il y a tant de chose en lui, qu'on en perd notre latin.

J'espérais le croiser est une vaine phrase. Je savais qu'il viendrait, car nous sommes comme des aimants l'un pour l'autre. Et la nuit est légion, réunion. C'est comme si on était relié par un lien, si profond, invisible et incompréhensible. Après tout, son visage, me semble si familier encadrés ainsi de ses boucles sombres pourtant je sais que c'est un étranger, réellement je ne le connais pas. Ces yeux sont ce qui me rend certaines cela. Car je n'ai jamais vu des yeux de glace où brulent un feu, un feu sauvage promettant du sang, de la mort.Peut-être est-ce des restes d'une rencontre astrale passée ? Quand j'ignorais tout de cela.Cela même qui soulève des milliers de questions. Des questions auxquelles je compte bien avoir réponse. Et le peu dont je savais de lui, je m'en souvenais dans les moindres détails. Notamment les signes de son arrivée : Une atmosphère écrasante se créait l'enveloppant comme une cape chargée de pluie avec une odeur de forêt, de sève. Son nom aussi, il était mémorable. Je le sentais rouler sur ma bouche, lorsqu'il se faisait proche, me faisant rouler le j comme on le ferait avec des r. Je me demande bien ce que l'avenir nous réserve. Etre attirée ainsi alors que même les ombres me donnent de l'urticaire est un sacrilège. Hormis tout cela, tout va bien, je ne pense pas être folle. Pas encore. Mais l'Ignorance risque d'avoir un effet secondaire désagréable pour moi.

Et là, au détour d'un dédale, le voici, grand et beau, fier sur son destrier. Vous voyez je vous l'avez dis. Allez hop, vous avez perdu à vos jeux de cartes, donnez moi la somme que vous aviez pariés. Que les 9 me pardonnent.

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