« Vous devez garder le lit madame. Votre délivrance vous as coûté beaucoup en énergie... Reposez-vous et vous devriez être rapidement remise.»Enora Stromrage venait de donner naissance à une fille. Une fille alors que Phineas n'avait toujours souhaité qu'un héritier mâle pour lui succéder un jour. C'était une déception supplémentaire pour la nouvelle main du roi mais la dame, elle, était heureuse...
Elle tenait ce petit être dans ses bras caressant le petit duvet blond qui parsemait son crâne et ne cessait de l'embrasser, elle profitait de ces instants qui lui seraient bientôt enlevés puisque sa constitution trop faible et son statut social ne lui permettaient pas de nourrir sa fille elle-même et de la garder auprès d'elle.
La lady pensait à l'avenir de ses deux enfants, et elle craignait de ne pas pouvoir les voir grandir et devenir de belles et grandes jeunes femmes.
Quelqu'un soudainement frappait à sa porte, ce n'était autre que la nourrice qui venait chercher la fillette... Enora colla sa fille contre elle caressant doucement la petite main du nouveau-né et posant un ultime baiser sur son front.
« Faites attention à sa tête...» dit elle en la tendant à la nourrice
« Bien m 'dame. » répondit celle-ci avant de s'incliner légèrement et de s'éloigner.
La dame attendit d'être seule pour éclater en sanglot.
Jamais elle ne pourrait véritablement de sa dernière fille, puisque lors des dernières années de sa vie, sa santé fut souvent affectée par de nombreuses maladies dont une qui lui fut fatale. Ses craintes c'étaient donc réalisées, et elle laissait ses deux enfants en proie à un profond chagrin.
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« Tenez-vous droite mademoiselle et cessez de vous agiter ! » lui dit froidement sœur Katheryn. Tandis que la petite fille d'à peine 10 ans bougeait sans cesse sur sa chaise. Soeur Katheryn était la femme à laquelle on avait confié l'éducation de Cellie, et elle s'en acquittait avec le plus grand soin et la plus grande fermeté.
La petite enfant, blonde comme les blés semblait être l'innocence et la douceur incarnée même si en cet instant elle ne souhaitait qu'une chose : rejoindre Halbarad et Euphemia dans les jardins pour leur promenade quotidienne où ils pouvaient enfin s'amuser comme de véritables enfants. Mais la plupart de son temps étaient partagé entre les diverses leçons qu'elle pouvait recevoir de sœur Katheryn : soit la couture, la danse, le chant, la musique, mais aussi la lecture, l'écriture, l'algèbre, et l'histoire. Elle devait être une parfaite future dame de la cour, et elle se montrait appliquée et déterminée à le devenir afin de faire honneur à son père et à son nom.
Soeur Kathryn tentait de brosser ses cheveux, mais l'enfant était si enthousiasmé à l'idée de passer quelques instants avec ses amis qu'elle ne tenait pas en place.
« Une dame ne doit jamais rien montrer de ses émotions mademoiselle. Alors calmez-vous je vous prie ». Cellie alors opina, ce tenant aussi droite qu'elle le pouvait et tentant de se contenir sous un masque de calme et de froideur. Elle ne sut pas tout de suite que cette faculté lui serait bien utile dans l'avenir... Lorsque la sœur eut fini, l'enfant, descendit de sa chaise avec calme et distinction et lorsqu'elle quitta le champ de vision de Katheryn elle se mit à courir comme si sa vie en dépendait évitant des serviteurs amusés, et rejoignant au plus vite ses deux amis, les deux héritiers du royaume qui risqueraient sûrement de s'entre-tuer si elle n'était pas présente. La petite fille était en quelque sorte le médiateur de leur petit groupe, celle qui savait par un mot gentil ou un geste calmer toutes les tensions entre le frère et la sœur. Et même si la jeune fille était très amie avec l'héritier du trône rien ne pouvait la préparer à ce qu'il allait se passer quelques années plus tard...
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On était venus chercher les deux jeunes gens : Halbarad et Cellie, lors de leur promenade quotidienne et ils n'avaient pu s'empêcher de faire déplacer la garde royale. C'est avec une certaine inquiétude et assez impressionnée que la jeune fille de 14 ans se laissa guider avec l'héritier des sept royaumes. Les gardes royaux les menèrent auprès de leurs deux paternels, et Cellie leva un regard timide vers son père. Elle ne le voyait qu'extrêmement rarement habituellement, mais ses visites c'étaient faite quotidien ces derniers temps et sans raison aucune. Il l'avait écouté chanter en jouant de la harpe et ils avaient même discuté quelques instants ! Cellie dans toute son innocence ne trouva pas cela étrange loin de là.
La jeune fille resta à côté d'Halbarad et resta droite malgré sa nervosité. Elle craignait ce qu'ils allaient pouvoir leur annoncer. Quelqu'un était-il mort ? La blonde voulut jeter un regard à Halbarad mais elle se retint.
Le roi soudain parla et Cellie retint son souffle.
« Mes chers enfants, vous n’avez peut-être que quatorze ans, mais le temps passe vite. Votre complicité est touchante, mais c’est également une grande force pour vous. Aussi, Phineas et moi pensons que ce serait une bonne chose qu’au moment venu vous montiez ensemble sur le trône et avons décidé de vous fiancer. » Fiancé ? Cellie ne dit rien, incapable de prononcer un mot mais gardant malgré toutes les émotions qui se bousculait chez elle, un visage calme et indéchiffrable comme le lui avait appris sœur Katheryn : se montrer digne en toutes circonstances.
Ils furent bientôt tous deux libres de quitter la pièce et elle suivit de près Halbarad. Halbarad qui venait de passer au statut d'ami à celui de fiancé... Ce dernier se mit d'ailleurs à rire dès qu'ils sortirent de la pièce. Tous deux semblaient d'ailleurs très embarrassés de la situation et plus encore Cellie qui venait d'apprendre qu'elle allait devenir reine. Une très grande responsabilité certes, et malgré ce que l'on pouvait penser d'elle et de ses allures de poupée, elle en avait réellement conscience.
La jeune fille le regarda avec un air sérieux et lui dit :
« Faisons de notre mieux Halbarad, d’accord . »Halbarad acquiesça et je posais une main sur son épaule lorsqu'il me répondit :
« Nous serons bons et justes comme mon père et ma mère. Nous pouvons y arriver. » Cellie opina à son tour et pendant plusieurs minutes ils restèrent ainsi, côte à côte, chacun dans leurs pensées et ce demandant ce que l'avenir pouvait leur réserver...
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Malheureusement quelques jours avant le mariage la jeune Cellie tomba très gravement maladee... Elle avait été prise de malaise et bientôt elle fut secouée d'une violente fièvre qui la condamnait à rester au lit jusqu'à son rétablissement. Cette période resta pour elle très trouble, puisqu'elle ne parvient pas à se souvenir d'événements précis.
De nombreux médecins vinrent la visiter, proposant des remèdes qui n'eurent aucun effet. La fiancée du futur roi dépérissait et personne n'était en mesure de stopper la progression de la maladie qui était d'origine inconnue. Jamais elle n'était tombée aussi gravement maladee, jamais et cela arrivait au moment le plus importun.
Quelques semaines plus tard alors que tout le monde pensait que Cellie était perdue, celle-ci se rétablit comme par miracle... En tout cas c'est ainsi que le vit le haut prêtre puisque dès que la jeune Stormrage ouvrit des yeux enfin lucides autour d'elle, tout le monde semblait fort étonné et la regardait comme si elle revenait tout droit d'un autre monde....
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« Comme vous êtes jolie très chère Cellie » lui disait Elizabeth en entrant dans sa chambre. La Stormrage se tourna vers sa belle-mère avec un grand sourire. La blonde avait trouvé chez la nouvelle épouse de son père toute la douceur et la tendresse qui lui avait manqué pendant son enfance, elle était si gentille et elles se plaisaient toutes deux à passer du temps ensemble. Et malgré les mise en garde d'Ysmira, Cellie ne pouvait s'empêcher de l'apprécier.
« Vous auriez fait une si belle reine... Je regrette vraiment que vos fiançailles aient été annulées. » La jeune fille baissa les yeux. Cela faisait un an maintenant que la maladie l'avait frappée, mais aussi que sa future union avec Halbarad fut abrogé par le conseil. Il l'avait jugé trop faible, elle qui avait pourtant toujours montré une grande vigueur était tombée malade juste avant le grand jour. L'orgueil de sa famille en avait souffert et pendant quelque temps Cellie avait été incapable d'adresser un mot à Halbarad, mais aussi à son père et à sa sœur sans rougir de honte.
« Mais ce n'est pas tellement important n'est-ce pas ? » s'empressa d'ajouter Elizabeth en voyant l'air gêné de sa belle-fille.
La jeune fille releva la tête et lui sourit cependant. Les deux jeunes femmes étaient de plus en plus proches surtout depuis que Cellie avait découvert le secret d'Elizabeth... Elle lui murmura à l'oreille
« Comment se porte Hisan depuis la dernière fois ? »La nouvelle lady Stormrage rosit légèrement avant de regarder sa belle-fille et de remettre une de ces mèches de cheveux en place.
« Fort bien mademoiselle, il vous envoie ses plus sincères salutations et remercie votre discrétion... »En effet, Cellie avait découvert il y a peu qu'Elizabeth entretenait une relation clandestine avec un chevalier : Hisan. Transporté par les écrits qu'elle pouvait lire sur ce genre d'amour interdit, la jeune fille avait immédiatement avoué la chose aux deux amants et leur avait juré de garder le secret.
« Ne vous inquiétez en rien... Mon père n'en saura jamais rien... »Sa douce belle-mère lui embrassa la joue
« merci...»ɤɤɤɤɤ
Cellie arborait un visage froid et sans émotion, et c'est tout vêtu de noir qu'elle quittait le lieu où le corps de sa belle-mère était exposé. Elle devait contenir en elle toute la culpabilité et la rage qui l'animait, mais en voyant sa sœur rire légèrement à la plaisanterie d'un courtisan, la jeune fille ne put s'empêcher de lui lancer un regard plein de mépris et de haine. C'était la faute de ce monstre si Elizabeth était morte... et la sienne également. Elle n'avait pas tenu sa promesse et trop naïve avait fait confiance à sa sœur qui c'était empressé de tout répéter à son géniteur.
Cellie lui tourna le dos et croisa son père un peu plus loin. Quelque chose semblait être mort chez la jeune fille, toute trace d'innocence avait disparu en elle laissant place à la colère. Comment pouvait elle être fait partie de cette famille d'hommes et de femmes ambitieuses et cruelles ? Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Elle n'était qu'un simple jouet entre leurs mains, eh bien ils n'allaient pas être déçus... Elle allait les faire tous souffrir autant qu'elle avait souffert, elle leur ferait payer...
Son père s'apprêtait à l'aborder. Cellie lui tourna ostensiblement le dos et retourna dans ses appartements claquant la porte avec force et restant de marbre devant le miroir. En cet instant la jeune blonde pensait à Hisan... Elle s'en voulait terriblement de ce qu'il lui était également arrivé. Jamais elle ne pourrait se le pardonner.
« Je me vengerais... »