Vous pensez surement savoir qui je suis, vous entendez mon nom et vous avez déjà une idée de qui je peux être. Vous êtes comme tout le monde, votre esprit, incontrôlable, vous donne des " réponses" à des questions que vous n'osez pas poser. Vous entendez Stormrage, vous compreniez ambitieux. Associé à la mort du roi. À vos yeux, je ne suis qu'un de ses nombreux nobles prétentieux sans cœur et tout simplement prêts à faire tout ce que ma famille me dit, prêt à les trahir dans mon propre intérêt, avec la facilité de vous poignarder dans le dos si j'en tire un quelconque intérêt par la suite.
Avez-vous tordez de penser cela de moi ? Pouvez-vous simplement deviner qui je suis rien qu'en connaissant mon nom. Comme si nous étions tous ainsi dans cette famille, celle-ci cela coulé dans nos veines. Je pense que personne ne sait réellement qui je suis, même moi je l'ignore. Je ne suis pas maitre de mon destin, je ne connais pas l'avenir je sais juste que ma généalogie ne définit pas mon être.
Je ne suis peut-être pas parfait. J'ai sûrement commis des erreurs. Il m'est surement déjà arrivé de ne pas être juste. J'ai un statut qui me pardonne ce genre de faux pas. Certes, je le conçois.
Mais je ne permettrais jamais personne de croire que je suis un certain type de personne juste parce que mon nom est Stormrage. A dix neuf ans On était au début du mois d'octobre, la saison où brulent les feuilles. L'automne était la période de l'année que je préférais, non pas à cause de la pluie qui se faisait souvent présente, des légumes récoltés, ni quoi que ce soit de banal, mais parce qu’à cette époque-là de nombreux paysans ratissaient les feuilles pour les brûler et les flammes s'élevaient haut dans l'air automnal vivifiant. J'avais une grande fascination pour un petit couple de personnes âgées qui vivait près d'un tas de grands chênes et d'érables, et ils n'avaient ni enfant, ni petit enfant pour s'en occuper à leur place. J'avais pris l'habitude d'aller les aider l'automne, je venais ratisser leurs feuilles pour le simple plaisir de les regarder brûler. Mes parents n'approuvaient pas que je me mêle ainsi aux " petits peuples". C'était un comportement qu'ils ne comprenaient pas, mais au fil des années ils avaient juste arrêté de me faire de remarquer, il me laissait partir aider ce petit couple.
Cette fascination pour le feu, je ne l'ai jamais vraiment comprise; le feu est une chose brève, temporaire: c'était l'impermanence incarnée. Il apparaît sans crier gare, naissant dans un grondement lorsque la chaleur s'unissait aux feuillages, jaunis et durcis par l'automne, pour s'embrasser. Il s'effectuait ainsi une danse vorace tandis que tout autour de lui noircit et se recourbe. Quand il ne reste plus rien à dévorer, il disparaît, ne laissant que de la cendre et quelque reste de feuillage: ces bouts de bois et de feuille qui n'était pas assez purs pour bruler, pas digne de prendre part à sa danse.
Moi, j'ai l'impression que le feu ne laisse absolument rien derrière lui: après tout, la cendre ne fait pas partie de la flamme, le feu fait simplement passer les feuilles d'un état à un autre, aspirant son énergie et le transformant en davantage de feu.
Le feu ne crée rien de nouveau, il EST, tout simplement. Si son existence implique la destruction d'une autre chose, il s'en fiche. Il estime que c'est sa raison d'être. Quand cette destruction prend fin, le feu lui aussi disparaît, et même s'il est possible de trouver des traces de son passage, on ne trouve rien du feu lui-même: ni lumière, ni chaleur, ni minuscule fragment rouge provenant d'une flamme esseulée. Il retourne là d'où il est venu et s'il avait la faculté de sentir ou se rappeler, nous n'aurions de toute façon aucun moyen de savoir s'il sent notre présence ni s'il se souvient de nous.
Plus j'y pense plus, je pense que ma fascination pour le feu vient du fait que lui et la noblesse ont beaucoup de points en commun. Les complots, les arrangements, la destruction d'une famille pour le bien d'une autre. C'est tout aussi rapide tout aussi impermanent. On trahit les uns pour les autres, on oublie - ou fais mine d'oublier- puis un autre complot se met en place. Tout aussi destructeur, sauf que là, le combustible du feu ce n'est pas de simple feuille, mais des êtres humains.
Crawley, le vieux monsieur pour qui je brûlais les feuilles aimait s'asseoir dans le jardin, histoire de " regarder passer le monde" comme il disait, et si j'étais justement en train de ratisser son jardin, il me posait quelques questions. Il avait parfaitement conscience de mon statut, de mon nom, mais comme je venais depuis cinq ans, il avait pris l'habitude de me parler de manière un peu familière. Je l'écoutais souvent à moitié. Non pas que ce qu'il me disait ne m'intéressait pas. C'était juste que j'étais concentré à ma tâche. Je pense que ça lui faisait plaisir de voir que quelqu'un de mon âge s'inquiéter pour lui et sa femme. Enfin, ce n'était pas de l'inquiétude, disons plutôt... venait les aider.
Il disait souvent les mêmes banalités: comment j'allais, ce que j'avais prévu de faire le reste de l'année ( comme si j'avais la moindre idée de ce que mes parents avaient prévu pour moi), si j'étais tombé amoureux. Cette question faisait toujours apparaitre un petit sourire rempli de nostalgie sur mon visage.
J'étais tombé amoureux d'une jeune fille, mais l'histoire avait été entachée par ma famille. Vous compreniez même si je ne suis pas dans la branche principale de la famille Stormrage, mon mariage a toujours été la préoccupation de mes parents. J'avais souvent souhaité entrer dans la garde royale pour rayer cette histoire de ma vie. Mais je ne l'avais pas fait.
Rien que de penser à son prénom, mon cœur se serre, donc je ne le nommerais point dans ce récit.
Quand j'avais seize ans, je me mêlais beaucoup plus au petit peuple que maintenant, au point d'être tombé amoureux d'une jeune fille qui n'était pas de sang noble. Bien évidemment, j'avais caché mon idylle à mes parents. Mais ils finirent par l'apprendre à cause de mon petit frère. Il a toujours été jaloux de n'être que le second fils et donc avait été le principal acteur dans la destruction de mon histoire d'amour. Je tente cependant de garder en mémoire que les bons souvenirs.
Et à chaque fois qu'il me voyait sourire de cette manière, il changeait de sujet. Peut-être espéré-il que j'avais, aux fils des ans, oublié cette mésaventure dont il n'avait jamais entendu parler, mais qu'il décrypte sur mon visage.
La fille aux pommes et un jeune noble de seize ans
Constantin venait de fêter son seizième anniversaire et été lassé d’entendre ses parents parler de mariage arranger. Il avait donc fui la demeure Stormrage pour se mêler comme à son habitude au petit peuple. Le jeune homme était partie en direction du vergé, une habitude qu’il avait depuis quelque temps depuis qu’il avait vu la jeune fille aux pommes, c’était comme ça qu’il l’appelait, car il n’avait jamais osé l’approcher pour en savoir plus. Elle était d’une incroyable beauté, digne d’une princesse. Il se contenté de temps en temps d’allée dans ce vergé pour la regarder travailler.
Constantin la regarder monter l’échelle quand la belle jeune fille se prit une pomme sur la tête. Elle fut surprise et son pied glissa du barreau sur lequel elle s’apprêtait à le poser. Elle s’écrasa deux mètres plus bas, atterrissant sur un fruit pourri dont la chair molle poissa sa tenue de travail. Constantin réagit sans prendre le temps de réfléchir, il s’approcha de la jeune fille aux pommes.
— «
Il faudra faire plus attention la prochaine fois » , lança-t-il tout en tendant sa main pour aider la pauvre demoiselle à se relever. Celle-ci lança un sourire forcé, elle n’était pas reconnaissante.
— «
Je n’ai pas besoin d’aide. »Répondit-elle d’un ton sec.
Cette réaction fit sourire Constantin, elle n’avait donc aucune idée de qui il était. Il se contenta donc de la regarder se relever, elle se redressa de la manière la plus digne possible. Il se mit à l’observer, lorsqu’elle lâcha un soupire.
Le panier était vide, son contenu s’était répandu sur le sol et le soleil déclinait à l’horizon. Les ombres du verger s’allongeaient autour d’eux. Constantin s’accroupit et entreprit de ramasser quelques un des fruits épars.
— «
Ce n’est pas parce qu’elles sont au sol que cela signifie qu’elles appartiennent à qui le veux. Ce sont MES pommes.» Elle s’accroupit en face du garçon.
Constantin était un peu perplexe il n’avait jamais rencontré une jeune fille qui semblait aussi peu fragile, il mit les pommes dans la panière de la jeune fille. Il trouvait que cela avait beaucoup de charme
— «
Je n’avais nullement l’intention de vous voler. Je me présente Constantin. » Dit-il dans l’espoir d’avoir enfin un nom sur un visage
—«
Et bien Constantin, je suis pressée. » Emit – elle lorsqu’elle ramassa la dernière pomme, elle se redressa fit quelque pas avant de se retourner vers le jeune homme. «
Peut-être à une prochaine fois, Monsieur Constantin Stormrage », elle s’inclina, puis reprit sa route. Constantin se redressa, elle savait donc qui il était et l’avait traité comme s’ils étaient égaux. Intéressant, plaisant, Constantin ne pouvait la laisser partir ainsi
—«
Vous ne m’avez pas donné votre prénom ! »Ecria le jeune homme.
Elle se retourna une seconde fois, un petit sourire malicieux aux coins des lèvres. «
Isolde, je m’appelle Isolde »
Il s’empressa de rajouter:
Est-ce que vous travaillez ici demain ? »
Elle se contenta de sourire et de reprendre sa route, puis ajouta«
Tu n’as qu’à venir demain pour le savoir» et elle disparut.