L'hiver s'était installé. Un hiver humide et pluvieux, et non pas froid et sec comme les années précédentes. La terre regorgeait toujours de nourriture. Dellyn trouvait dans la forêt de Tirisfal tout ce qui était nécessaire à sa survie. Peu fréquentée par les hommes, cette dernière était devenue son refuge une dizaine d'années auparavant. De refuge, elle en avait également l'air. La vie dans la forêt était toujours douce, le matin, elle se réveillait grâce aux chants de oiseaux, ou à cause des craquements de branches, causés par les animaux qui se déplaçaient. Dellyn savait que si ce lieu d'une telle beauté et d'une telle tranquillité était évité, c'était à cause de la soit disant magie qui s'y trouvait, mais la demi-elfe ne ressentait nulle trace de magie dans cette forêt, sauf celle de la vie.
Les créatures qui vivaient dans la forêt y étaient bien avant le Culte des Trois. Hors, le danger était représenté en cette religion qui bannissait toute forme de vie étrangère à la norme. Fort heureusement, les hommes en la craignant, ne s'y aventuraient pas, et ne la détruisait pas. Pas encore. Car Dellyn sentait aussi le mal augmenter dans d'autres forêts. Il revenait, lentement mais sûrement et personne ne faisait rien pour l'en empêcher. Les hommes étaient plus préoccupés par leurs propres affaires, ils étaient aveugles.

La demi-elfe décida un jour d'aller chasser. Cela peut sembler normal, mais pour elle, ça ne l'était pas. Elle respectait la vie sous toute ses formes, et ne chassait que lorsque cela était nécessaire, répugnant à ôter la vie sans avoir de bonnes raisons de le faire. Comme la plupart des siens, ce qui était dû à son sang elfique, elle maîtrisait bien le tir à l'arc, voir même plus que bien. Elle ne ratait jamais sa cible, peu importât la distance ou le mouvement. Elle était plus rapide, plus précise.
Dellyn revêtit pour la première fois depuis bien longtemps des habits masculins, les seuls qu'elle possédait avec ses rares vêtements féminins. Ils étaient vieux, un peu abîmé, mais de qualité, résistants au temps. Lorsqu'elle se saisit de son arc, un trouble s'empara d'elle. Elle ne put s'empêcher de se remémorer l'époque où sa vie n'était que fuites successives, où les jours s'enchaînaient mais ne se ressemblaient pas. Elle vivait dans la peur d'être découverte. Aujourd'hui, elle était plus sereine, elle était aussi plus âgée et savait mieux se protéger. Accrochant son arc dans son dos, elle laissa glisser ses doigts sur ses flèches. Elle les fabriquait elle-même, ce dont elle n'était pas peu fière. Il fallait dire aussi qu'elle avait eu un bon mentor, un demi-elfe, comme elle, qui lui avait appris à se débrouiller seule, à survivre. Il avait continué sa route, une route faites d'errances, elle, avait préféré s'installer, lassée de fuir.
Sortant rapidement de son abris, bâti dans les racines noueuses d'un arbre immense, ce qui lui rappelait la forêt dans laquelle elle avait grandi, aujourd'hui désert des Tarides, elle se dirigea vers le nord de la forêt. En cet instant, Dellyn se sentait vraiment elle-même. Elle n'était plus guérisseuse, elle n'était plus Dellyn, elle était elle-même. Mara. La demi-elfe. S'élançant à travers les bois, elle savoura le vent qui lui fouettait le visage, elle regardait le sol tapissé de feuilles changer sous ses pas. Elle filait, évitant les branches basses, courant silencieusement, s'amusant à bondir ça et là, testant son corps, retrouvant sa souplesse et son agilité. Sa course fut ponctuée de brèves pauses, faites pour qu'elle puisse se reposer, mais aussi pour qu'elle écoute la forêt. Elle devait trouver une proie. La viande était chère, et elle ne pouvait se permettre d'en acheter. Dellyn devait donc chasser, puis elle devrait sécher la viande afin de la conserver longtemps, et ainsi, d'avoir des réserves. Elle craignait le futur, maintenant plus que jamais. Un léger craquement attira son attention. Ses sens étaient un peu plus développés que ceux des hommes. Elle se saisit d'une flèche dans son carquois, la glissa le long de l'arc. Un frémissement familier, mais oublié depuis trop longtemps courut le long de son échine. L'excitation accéléra les battements de son cœur. Lentement, elle s'approcha de la source du bruit. Elle faillit sursauter lorsqu'un oiseau s'envola de la branche sur lequel il était posé, battant bruyamment des ailes. La biche qu'elle avait entendue se tenait là, devant elle. Un faon à ses côtés. Poussant un soupir, Dellyn rangea sa flèche et, sans aucune discrétion, se remit en marche, faisant fuir la mère et son petit. Avisant un arbre, elle l'observa quelques secondes, avant de commencer à escalader le tronc noueux. Elle prit de la hauteur, et parvint finalement au sommet de l'arbre, tenant en équilibre entre deux branches qui semblaient bien fine à son goût. Elle prit le temps d'observer l'horizon. La forêt s'étendait devant elle.
Elle n'était plus dans la forêt de Tirisfal, qu'elle avait laissé derrière elle, mais dans celle de Sombrebois. Un terrain de chasse idéal. A l'horizon, elle apercevait même les Tranchantes. Dellyn ferma les yeux, résistant à l'envie de reprendre la route, de voyager à nouveau, car ce n'était pas sans danger. Il lui restait des années et des années, elle avait déjà parcouru Kahanor de long en large, de bas en haut, elle pouvait bien patienter. Elle redescendit de l'arbre tranquillement et avança encore.

Les heures filaient vite, et la nuit tombait. Dellyn s'arrêta pour manger. Le soleil mourant teintait la forêt de lueurs orangées. Sombrebois n'était pas Tirisfal. A Tirisfal, elle aurait admiré le spectacle des flammes-nuits qui semblaient danser lorsque le crépuscule arriver. De nuit, elle aurait plus de chance de trouver quelque chose car le animaux seraient de sortie, aussi reprit-elle sa route. La fatigue commençait à se faire sentir mais Dellyn savait qu'elle tiendrait encore. Elle se reposerait lorsqu'elle aurait trouvé une proie, et l'aurait tuée. Pas avant.
La lueur de la lune était suffisante pour qu'elle s'y repère, surtout que cette dernière était presque pleine, baignant la forêt d'une lumière argentée. Le froid semblait s'être abattu sur la forêt en même temps que la nuit. Dellyn avait volontairement négliger de prendre une cape, ce qui l'aurait encombrée plus qu'autre chose mais elle commençait à le regretter.
L'impatience commença à la gagner et elle se saisit d'une flèche, se jurant qu'au prochain bruit qu'elle entendrait, elle tirerait sans la moindre hésitation. Ce qu'elle fit lorsqu'elle s'approcha d'une forme en mouvement et trop petite pour être un homme. Elle tira donc. Et fort heureusement, rata sa cible, qui au lieu de s'enfuir, se retourna simplement. Sa cible avait une figure bien humaine, et pas du tout animale. De là où elle était Dellyn ne pouvait pas voir son expression mais n'osait pas s'approcher. Elle fut tentée l'espace d'un instant de s'enfuir en courant, la nuit l'aiderait à disparaître rapidement et elle était rapide, tant pis pour sa flèche. Mais ses bonnes manières prirent le dessus et elle s'approcha.

«  Navrée de vous avoir tirer dessus, je vous avais pris pour un... un... sanglier.  » lâcha t-elle en baissant les yeux au sol. Elle se doutait que le traiter de sanglier, en plus de lui avoir tirer une flèche dessus, le ravirait encore moins, mais au moins, c'était une excuse comme une autre. Elle leva rapidement les yeux vers l'inconnu. Elle savait que la forêt de Sombrebois était fréquentée par des Rôdeurs, et sans doute en était-ce un... Mais ce qu'elle vit la stupéfia. Il n'était pas un sanglier, ni un homme d'ailleurs. C'était un Nain. Un Nain, comme ceux qui autrefois vivaient à Forgenerg bien avant l'arrivée des Engeances. Un Nain, une race, qui, comme les Elfes, était censée avoir disparue.
« Excusez-moi... mais... » balbutia t-elle « vous êtes un...Nain ? » Dellyn ferma les yeux. Était-ce possible ? Devait-elle se pincer pour se prouver qu'elle ne rêvait pas ? Non, elle ne devait pas être en train de rêver, elle sentait le froid contre sa peau, et ses doigts étaient gelés. Elle ne rêvait pas. C'était un Nain qu'elle avait en face d'elle, un vrai Nain, pas un petit homme.

l'inattendu

code broadsword.

Sombrebois était comme une seconde demeure, pour le nain. Il connaissait bien ces lieux et les appréciait – parfois, il lui arrivait de s’y sentir en sécurité. Une chose dont rares étaient ceux pouvant s’en targuer, mais Euroswydd n’était pas le premier venu. Son âge et son expérience, tous deux liés, lui donnaient des capacités que certains pouvaient juger surhumaines. En même temps, il n’était pas humain. Plus petit mais aussi plus résistant et fort physiquement. Mentalement, Euroswydd ne pouvait dire. Il avait ses hauts et ses bas, ses qualités et ses défauts… Et un de ses défauts était de toujours se fourrer dans des situations impossibles, comme se retrouver, en pleine nuit, sans abri en plein cœur de Sombrebois. Le nain avait trop tardé à former un camp, plus occupé à écouter et traquer ce qui l’entourait. Cela l’avait excité, les premières heures. Chasser sous la clarté de la lune, ce soir pleine et immense, l’avait électrisé. Voilà de quoi épicer la monotonie de ses journées de chasseur !

Mais après quelques heures, plus rien n’allait. Euroswydd n’était pas un animal nocturne : sa vue n’était pas mauvaise dans le noir, mais pas non plus excellente. Les couleurs étaient ternies par le manque de lumière, faisant se confondre des arbres avec d’autres et empêchant le brun de se repérer dans l’espace. Les distances lui échappaient… Et les bruits de la forêt se faisaient oppressants ; tout l’intimidait. Sans le chant des oiseaux, qui disparaissait à l’approche d’un carnassier, Euroswydd ne pouvait plus que se fier aux craquements de branches et aux bruissements d’herbes. Mais souvent ce n’était que le vent ou un batracien à la peau grasse. Le nain ressentait sa peur, son cœur tapait contre sa poitrine et sa respiration sifflante remplissait ses oreilles. Et à chaque fois qu’il réussissait à reprendre le dessus sur ses sentiments, un bruit étrange surgissait et le faisait, de nouveau, s’affoler. Ses doigts étaient fatigués de tenir son arc, son dos souffrait d’être toujours courbé et ses pieds avaient mal à force de marcher. Vraiment, sur ce point-là, le brun avait été bien imprudent. Il ne craignait pas la fatigue, certes, capable de rester quelques jours sans dormir et sans en souffrir. Mais la nuit n’était point son élément.

Sombrebois, qui de jour lui était un terrain connu, changeait de visage une fois le soleil couché. Euroswydd avait l’impression d’être tombé ailleurs, dans une autre forêt… Il suffisait vraiment de pas grand-chose pour qu’un lieu se retrouve dévisagé ! Mais heureusement ce n’était que le temps qui agissait là et non pas des forces noires, comme les Engeances. Le petit être aurait été plus que contrarié si cet endroit avait rencontré le même sort que Pestebois. C’était quand-même une source première de ses revenus, du fait des animaux y habitant. Animaux qu’il ne trouvait pas, d’ailleurs… Où étaient-ils ? Dormaient-ils ? N’existait-il pas de vie nocturne dans ce lieu ? Bien sûr que si : quelques chouettes avaient pointés le bout de leur bec et des rongeurs fouillaient le sol. Mais ce que craignait Euroswydd, c’était de sombres bêtes, grandes et méchantes. Ne pas sentir leur présence l’inquiétait. Est-ce que la nuit réduisait son champ de vision mais aussi ses autres sens ?

Peut-être, car le nain n’avait pas senti qu’on s’approchait de lui. Quand une flèche passa près de sa silhouette, sifflant comme une menace, il fit un bond d’un mètre sur le côté. Deux centimètres plus à droite et c’était sa gorge qui se retrouvait transpercée. L’objet se ficha dans un arbre, dans un bruit bien connu d’Euroswydd, lui aussi archer. On venait de lui tirer dessus. Alors que ce qu’il craignait étaient les bêtes sauvages, voilà qu’un humain s’en prenait à lui ? Les yeux ronds et les lèvres pincées, voilà le brun qui rapidement se tourna en direction de son agresseur, qui n’avait pas bougé… Ses muscles tendirent la corde de son arc, sur lequel reposait déjà une flèche : si on le cherchait, on le trouvait. Euroswydd n’était pas connu pour sa patience et surtout, craignait qu’on ne cherche vraiment à le tuer. Néanmoins, cela ne semblait pas être le cas.

Une voix féminine finit par porter quelques mots. Des excuses suivies d’une insulte. On l’avait pris pour un sanglier. Un éclair de rage passa dans le regard du nain. Etait-ce une boutade ? Oh, vraiment, ce n’était pas le moment de rire. Avait-il vraiment l’air d’un sanglier ? Non ! Dans un mouvement de colère, voilà le brun qui tourna sa tête vers un côté et tapa du pied, toujours en fixant celle qui l’avait si violemment traité. Et il ne pouvait en être certain, assez loin et se méfiant de ce que pouvait lui faire penser la pénombre mais… mais il semblait que c’était une elfe. Ou, plus vraisemblablement, une demi-elfe. Des pommettes hautes, des traits lisses et réguliers. Un corps fin et grand, qui n’avait rien à voir avec celui des paysannes. S’il s’agissait d’une humaine, vraiment, elle était d’une incroyable beauté et sans aucune peur… un être humain, en pleine nuit dans Sombrebois ne ferait pas long feu. Mais cela se pouvait ! Surtout qu’elle l’avait ratée, alors qu’il avait été sa cible – et qu’il n’était pas particulièrement rapide. Un demi-elfe aurait-il raté une proie si facile ? Un demi-elfe l’aurait-il vraiment confondu avec une bête au poil dru et muni d’un groin ?

Euroswydd ne savait trop quoi penser de ce qui se tenait devant lui. Humaine folle ou moitié d’elfe moqueuse ? Il fut tiré de ses pensées quand de nouveau l’être féminin (au moins, de cela il en était sûr : il avait bien vu ses formes et entendu sa voix) s’adressa à lui. Elle non plus n’était pas certaine de ce que lui était. Agacé par cette question, Euroswydd fit claquer sa langue et répondu d’un ton brutal : « Non, un sanglier ! » Puis, il imita le cri de cette bête, prouvant son agacement. Cela ne répondait pas à la question de la jeune brune, mais ce n’était pas le but. Euroswydd ne voulait pas se montrer coopératif : il avait eu peur. Très peur. D’ailleurs, un de ses bras tremblait. Toujours affolé, le brun continuait de tendre son arc. Certes, sa flèche pointait vers le sol, mais on voyait bien, à sa position, toute la méfiance et la frousse qui l’abritaient. Surtout qu’immobile, il était une proie encore plus facile pour les autres habitants des bois… Son regard ne put trop longtemps rester sur le visage de son agresseur : sa beauté l’intimidait. Alors, il se fixa sur les mains de cette dernière. « Un sanglier… j’ai l’air d’un sanglier… » marmonna-t-il, vexé. « Bah oui, je suis un nain. » Il avait fini par lâcher l’information, toujours à mi-voix : mais il ne voulait pas rester, dans l’esprit de la belle demoiselle, comme un sanglier ou, pire, un humain déformé.

Dellyn fixa le nain, qui s'était totalement retourné. Elle se mordit la lèvre, suffisamment fort pour avoir mal. Elle avait été stupide de le traiter de sanglier, même si cela était sorti tout seul, et à vrai dire, elle l'avait vraiment pris pour un sanglier. Pour sa défense, il était petit, et de dos, comment aurait pu-t-elle voir que c'était un nain ?
De plus qu'il semblait vraiment l'avoir mal pris. Il était vrai que Dellyn avait oublié la fierté des nains, qui pouvait les mener à leurs pertes d'ailleurs. Aussi décida t-elle de se taire en attendant qu'il ait fini, pour qu'elle puisse s'excuser encore.

«  Je suis vraiment désolée de vous avoir pris pour un sanglier, mais vous êtes un Nain, et donc pas très grand, et il fait nuit, je ne voyais pas très bien. Excusez-moi. » Elle n'osait pas non plus rajouter qu'elle n'avait pas croisé beaucoup de nains, surtout depuis la chute de Forgenerg. A vrai dire, Dellyn avait cru, jusqu'à aujourd'hui, que tous les nains avaient été tués dans leur cité, et que les rares qui avaient survécus n'avaient pu assuré leur descendance, et donc, ils s'étaient éteint.
Elle haussa brièvement les épaules avant de s'avancer vers le nain, elle se pencha pour récupérer sa flèche, avant de le remettre calmement dans son carquois. En observant le nain de près, elle venait à se demander comment elle avait pu le prendre pour un sanglier, c'était vrai qu'il avait tout de même une figure humaine.
Dellyn se recula ensuite de quelques pas puis s'arrêta. Elle ne savait absolument pas quoi faire dans ce genre de situation-là. Déjà qu'elle n'aimait pas beaucoup rencontrer des étrangers car cela la terrifiait, mais bon, ce n'était pas un étranger après tout, c'était un Nain, un membre d'une race presque disparue, comme la sienne. Était-il obligé de se cacher comme elle ? Les hommes souhaitaient-ils vraiment éliminer toutes les traces du passé? La forêt n'était fréquentée que par des Rôdeurs. Elle était considérée comme dangereuse, avec des créatures maléfiques y vivant. Le Nain devait être un Rôdeur, un voyageur. Sinon que faisait-il ici ? A vrai dire cela lui importait peu, mais elle était curieuse. Ce n'était pas tous les jours qu'elle croisait des personnes, surtout dans des coins aussi reculés. « Alors » commença Dellyn « Vous êtes un Nain... » elle s'interrompit, fronça légèrement ses sourcils tout en cherchant ses mots « Et vous faites quoi ? Vous n'êtes pas forgeron. C'est dommage. Les Nains font des choses magnifiques. » Les Nains avaient toujours été réputés pour la qualité de leurs armes, de leurs bijoux. Ce qui vexaient profondément les forgerons Elfes qui estimaient que leurs armes étaient bien meilleures. Heureusement, Nains et Elfes vivaient à l'opposé ce qui avait grandement limité les rencontres. Dellyn se sentait profondément stupide de parler ainsi, mais elle trouvait le silence pesant, et les bruits que faisaient la forêt n'était pas pour la rassurer, elle n'osait imaginer les créatures qui se terraient, attendant sans doute.

Pour une fois, Dellyn n'avait pas vraiment peur de celui qui se tenait en face d'elle. Elle était sûre qu'il ne voulait pas la tuer, sauf peut-être si il était vraiment rancunier parce qu'elle l'avait pris pour cible, et heureusement raté. Mais il était comme elle, différent. Ce n'était pas un Homme. Dellyn lâcha un rire nerveux qui retentit dans le silence de la forêt. Son sang se glaça dans ses veines, elle se traita mentalement d'idiote. Il ne fallait pas faire trop de bruit. Elle se pinça la main, puis continua de parler, après tout, elle se sentait déjà stupide, s'enfoncer encore plus ne coûterait rien « Je... je suis très bonne au tir à l'arc généralement vous savez. Mais je suis contente de vous avoir manqué. Vraiment. » Elle hocha la tête en même temps, voulant renforcer ses dires. Dellyn passa une main dans ses longs cheveux, signe qu'elle était gênée. Elle sentait aussi le feu lui brûler les joues, et aurait juré qu'elle était rouge. « Mhh, au fait, vous avez un nom ? Un prénom ? » finit-elle par simple curiosité, se promettant que si il répondait juste « oui », elle lui planterait une flèche quelque part dans le corps, histoire de voir si la peau naine était résistante. Puis elle lui adressa un léger sourire. Elle lui en collerait une autre si jamais il lui faisait remarquer qu'elle était une mauvaise archère pour avoir raté sa cible aussi. Dellyn se considérait comme étant modeste, mais elle était tout de même fière de qui elle était, et tenait son talent pour le tir de son côté elfique, hors, il ne fallait jamais insulter un elfe, et elle l'était à moitié.