Lorsque Korbund est venu au monde, ils n'étaient déjà plus qu'une poignée de Nains. Une vingtaine, à peine plus. Les femmes de ce peuple étant rares, la guerre les a décimés et le jeune Nain est venu au monde avec un terrible poids sur les épaules à venir ; celui d'être l'un des dix seuls représentants de sa race encore en vie. Tout petit déjà, Korbund a appris tout ce que son père avait à lui enseigner. L'art de se battre, de chasser, de survivre quoi qu'il en coûte. Il apprit à forger des armures et les plus belles armes qui soient. Il n'avait que vingt alors lorsque son père mourut, avec nombreux autres Nains. Ainsi se retrouva-t-il seul rapidement. Les Oaken firent de leur mieux pour le soutenir et il s'avéra être proche de cette famille, mais il ne trouva jamais véritablement sa place dans le monde des Hommes. Korbund avait l'impression d'appartenir au passé, d'être une de ces vieilles reliques que l'on veut oublier, parce qu'elles rappellent des temps sombres. Alors c'est sans hésiter qu'il décida de rejoindre la Garde des Ombres. Il prit un risque énorme en acceptant le rituel qui le lia définitivement aux Engeances, mais il le fit quand même et parvint à survivre. Désireux d'en apprendre plus sur son peuple, le Nain passa des années à explorer Forgenerg et ses incroyables galeries. Il s'imprégna de la culture de ses ancêtres, devenant un véritable puits de connaissances pour ses camarades qui ne partent désormais plus en expédition sans lui. Korbund devint un véritable pilier de la Garde des Ombres et si vivre chaque jour en sachant qu'il est le dernier représentant de son peuple n'est pas facile, ses frères de la Garde sont capables de lui donner un but, une raison d'être. Il se sent enfin chez lui, dans les ruines de Forgenerg, entouré d'hommes et de femmes qui ont conscience que le mal n'a pas été vaincu et qu'il faudra sûrement se battre à nouveau un jour. Il se sent chez lui et pour la première fois, Korbund a l'impression d'avoir une famille, chose qu'il n'a que très peu connue, après tout.  

Hedwige est venue au monde dans un château figé par les vents glacés du nord. Une grande tempête faisait rage et le labeur de sa mère dura toute la nuit. La sœur qui était sensée assister l'accouchement de Lady Tarly venait de mourir des suites d'une grave pneumonie et beaucoup pensèrent que l'héritière ne viendrait jamais au monde. Mais elle finit par voir le jour, minuscule mais vigoureuse enfant de l'hiver. Épuisée à cause de son accouchement, Lady Tarly dut garder le lit pendant de longues semaines durant lesquelles une nourrice s'occupa d'Hedwige. Cet évènement plongea la mère de la jeune fille dans un profond désespoir puisque habituée à sa nourrice, Hedwige eut tendance à la prendre pour sa mère et à pleurer lorsque sa véritable génitrice la prenait dans ses bras. L'enfant grandit donc dans un environnement étrange puisque sa mère ne se remit pas d'avoir été rejetée par sa propre fille et devint une véritable étrangère pour Hedwige. Petite fille sauvage, têtue et impétueuse, il n'y avait bien que le tiern Tarly qui parvenait à se faire écouter d'Hedwige. L'homme était tout pour elle, seul véritable parent sur lequel elle pouvait compter. Grand, fort, parfois dur et implacable, mais juste, il lui semblait invincible. Malheureusement, il succomba à de fortes fièvres après une blessure à la chasse alors qu'Hedwige n'avait que treize ans. Son monde s'écroula. Perdue, désespérée, elle n'avait plus qu'une envie, qu'on la laisse tranquille. Mais Hedwige étant la seule héritière de la branche principale des Tarly, elle se retrouva bien vite embarquée dans des histoires de mariage et de succession. Un cauchemar pour elle. Mais un soir, alors qu'elle s'inquiétait de la rencontre avec un jeune seigneur qui aurait lieu le lendemain, la jeune fille commença à se sentir étrange. Prise d'une furieuse envie de fuir, elle ne réfléchit pas et fonça dans l'écurie du château. Elle monta sur le dos du plus solide cheval qu'elle y trouva et galopa durant plusieurs jours, épuisant presque l'animal, jusqu'à la capitale. Comme guidée par une voix qu'elle seule pouvait entendre, elle trouva le Drôme des Cavaliers Verts alors qu'elle n'était encore jamais allée à Aubétoile et fut accueillie par le Responsable des messagers du Roi qui se retrouva face à une jeune fille débraillée et essoufflée. C'était l'Appel, que tout Cavalier Vert entend un jour dans sa vie, cet Appel qui les force à se rendre au Drôme. Elle devint écuyer après que le Responsable des cavaliers ait fait parvenir une missive à Lady Tarly afin de lui expliquer où était sa fille et qu'elle ne pourrait pas revenir. La nouvelle fit éclater la rage de la mère d'Hedwige qui se retrouvait à devoir passer la succession du domaine au frère de son époux, un homme qu'elle n'appréciait guère. Hedwige quant à elle, se révéla être une excellente recrue. D'une patience incroyable avec les chevaux, d'une efficacité hors du commun avec une arme à la main, elle devint vite une des meilleures et à la mort de son supérieur, c'est presque naturellement qu'elle prit sa place à la tête des Cavaliers Verts.

Alvin est le cadet de la famille Tilney. Il eut une enfance heureuse et calme, aimé par ses parents et proche de sa sœur aînée. Il apprit à lire, à écrire, se passionna rapidement pour le combat à l'épée et le monde de la chevalerie. L'année de ses quatorze ans, Eleonore quitta le cocon familial pour épouser Halbarad I, l'héritier du trône et la séparation fut difficile pour les deux adolescents qui avaient toujours été très proches, voire-même inséparables. Mû par un désir de devenir chevalier de la Garde Royale comme il l'avait toujours désiré et d'être en mesure de protéger sa sœur aînée, Alvin décida de devenir écuyer et eut l'immense chance et l'honneur d'être celui du Lord Commandant de la Garde Royale en personne. Il s'entraîna sans cesse, impatient de devenir chaque jour meilleur et d'enfin être digne de porter la cape d'or des chevaliers de la Garde Royale. Ce ne fut pas tous les jours faciles et Alvin dut essuyer plusieurs échecs cuisants qui mirent son ego à rude épreuve, mais il continua de persévérer jusqu'à enfin atteindre le grade dont il rêvait tant. Le jour de son adoubement fut sûrement le plus beau de sa vie et Alvin fut enchanté de pouvoir veiller personnellement sur sa sœur aînée et ses enfants. Ses vœux furent néanmoins durement remis en question lorsqu'il fit la rencontre d'Ysmira Stormrage, cette beauté froide et blessée qui ravit immédiatement son cœur, à la seconde même où il posa ses yeux sur elle. Leurs rencontres se firent de plus en plus souvent, leurs conversation s'allongèrent, ils commencèrent même à se donner rendez-vous dans des endroits paisibles et intimes. Puis, une après-midi de rude chaleur, elle se donna enfin à lui et Alvin l'aima comme jamais, pansant les blessures causées par un mari qui ne la touchait plus depuis des années. Leur relation est malsaine, dangereuse, car elle pourrait leur coûter la vie à tous les deux et le jeune homme en a conscience mais il est incapable de se détourner d'Ysmira. Pourtant, son amante semble changer d'années en années, devenir une femme qu'il ne reconnaît plus parfois. Il sent qu'elle l'entraîne dans des ténèbres qu'il ne se sent pas prêt à affronter, mais si son esprit lui crie de tout arrêter, son cœur, lui, le supplie de ne jamais la quitter.

Wilhelm est l'héritier des Rahl. Il vint au monde un matin d'été, portrait craché de son père qui ferait sûrement la fierté de toute la famille. Sa mère, une femme triste et solitaire, trouva tout le réconfort qu'il lui manquait dans la présence de son fils. Elle l'éleva en le préservant du mieux possible, en le gardant rien que pour elle. Un jour, son père ramena un autre garçon qu'il appela son bâtard. Il avait les yeux clairs comme lui mais ses cheveux étaient d'un noir de jais, ce qu'on n'avait jamais vu dans la famille. L'épouse du seigneur Rahl vit cela d'un très mauvais œil et pourtant, le garçon grandit aux côtés de son frère aîné, Wilhelm. Plus fragile et discret, Qahedar eut beaucoup de mal à se faire à l'extravagance du fils légitime du seigneur de Yenibohor. Et pourtant, les deux frères se rapprochèrent tant et si bien que lorsque leur père mourut des suites d'une vilaine plaie mal soignée, Wilhelm se battit pour que son frère reste à ses côtés, contrairement à ce que sa mère aurait souhaité, bouffée par la jalousie. Mais le destin ne semblait pas être d'accord et Qahedar se mit à faire des rêves étranges, désagréables. Des évènements surnaturels commencèrent à l'entourer et c'est sans tarder que Lady Rahl comprit que le bâtard de son défunt mari était un sorcier. Elle n'attendit pas plus longtemps pour l'expédier à la Tour du Cercle malgré les cris et les larmes du garçon. Lorsque Wilhelm revint de sa leçon d'escrime ce jour-là, son cadet n'était plus là et il ne tarda pas à comprendre pourquoi. Alors âgé de douze ans seulement, le garçon décida de rejoindre l'ordre des Templiers. Sa mère hurla, pleura, elle le menaça de l'enfermer dans sa chambre mais la décision du garçon était prise. Il avait juré de ne jamais abandonner son petit frère et Wilhelm tenait ses promesses. L'entraînement fut rude, il eut conscience de sacrifier sa vie et ses terres pour un frère qui n'était qu'un bâtard aux yeux de tous. Mais il ne pouvait se résoudre à abandonner plus fragile que lui. Alors il subit l'entraînement et l'année de ses vingt ans, enfin, il fut envoyé à la Tour du Cercle. A la première occasion, Wilhelm se précipita vers son jeune frère, pour lui expliquer que dix ans plus tôt, il avait rejoint les Templiers, qu'il avait appris leurs techniques difficiles et sacrées, dans le seul but de le revoir un jour, pour qu'il ne soit plus seul à nouveau. Qahedar passa l'épreuve de la Confrontation avec une facilité déconcertante. C'est sans surprise que son demi-frère devint son Gardien et les deux jeunes hommes réapprirent à se connaître, malgré les dix années qui les avaient séparés. Mais quoi qu'en pense Wilhelm, Qahedar n'est plus le petit garçon fragile et innocent qu'il était autrefois. Sa solitude et sa tristesse l'ont rongé et il s'est laissé tenter par les ténèbres. Aujourd'hui, le mage rêve de liberté, il rêve de quitter cette Tour qui le retient prisonnier. Et Wilhelm, impuissant, assiste à la déchéance de son frère, en priant pour ne pas avoir à l'abattre un jour.

Arcturus est venu au monde dans une petite famille paisible et a eu une enfance agréable jusqu'à l'âge de cinq ans. Cette année-là, une terrible sécheresse ravagea la Cahoridie et un incendie se déclencha dans les écuries qui se trouvaient à côté du château dans lequel il avait grandi. Il faisait nuit et tout le monde dormait paisiblement si bien que le feu eut le temps de se propager avant que les habitants du château ne se réveillent et tentent de l'éteindre. Malheureusement, c'était trop tard. Arcturus parvint à s'enfuir malgré de graves brulures à la jambe, mais ses parents perdirent la vie dans l'incendie. Orphelin et traumatisé par cet évènement, Arcturus fut envoyé dans la famille de son oncle où il mit plusieurs années à ne plus faire de cauchemars sur cette nuit là. Le petit garçon effrayé prit de l'assurance dans un environnement sain qui se détériora légèrement lorsque son oncle, face à son talent pour le maniement de l'épée, se mit à le préférer à son fils, plus attaché à ses livres qu'aux arts de la guerre. Une terrible jalousie opposa alors les deux cousins qui s'entendaient comme des frères avant cet évènement et plutôt que de voir cette famille se déchirer, Arcturus préféra partir, l'année de ses douze ans. D'un naturel pieux et courageux, il décida d'intégrer les rangs des Templiers. Après plusieurs années d'entraînement, il fut finalement envoyé à la Tour du Cercle des Mages, où il fit la rencontre de Frewin, un jeune homme de son âge diamétralement opposé à lui. En effet, Arcturus était plutôt quelqu'un de discret, presque renfermé, bourré d’à priori sur les mages, à cause de l'éducation qu'il avait reçue au monastère. Frewin étant un véritable boute-en-train, drôle, maladroit et par conséquent, extrêmement attendrissant, il ne tarda pas à percer la carapace d'Arcturus qui s'attacha au jeune mage. Les deux garçons devinrent d'excellents amis, si bien que lorsque Frewin manqua d'échouer à son épreuve de la Confrontation, Arcturus se retrouva face à une véritable impasse. Devait-il tuer son plus proche ami, comme on le lui avait toujours appris, ou le laisser vivre et prendre un énorme risque ? Heureusement, le mage réussit de justesse mais cet évènement changea à jamais le jeune Templier. Il devint le Gardien de Frewin et il se demande à présent si la situation des mages et ce qu'on lui a enseigné n'est pas un peu exagéré. Il se demande si tout cela est bien juste et cette situation titille sa conscience de manière assez désagréable.