This is a gift, it comes with a price
Who is the lamb and who is the knife ?
L'air était doux et agréable. Les arbres ondulaient sous la douce brise de l'après-midi. Un soleil timide pointait derrière des nuages aux formes plus étranges les unes que les autres. Assis sur une carriole qui avançait au rythme du mulet qui la poussait, un petit garçon fixait ses étranges animaux duveteux avec un air toujours aussi émerveillé. Ce n'était pas la première fois que le petit Frewin accompagnait son père au marché de la ville pour prendre leur marchandise, tissus et vêtements de belles qualités, mais le garçon était toujours aussi bavard et aussi intrépide quand il partait en sortie. Tenant peu en plus, son père lui avait proposé de regarder tout ce qui passait et de préparer le récit de la journée pour sa mère qui attendait à la maison. Le petit brun n'avait qu'une hâte tout raconter à cette dernière la folle journée qu'ils venaient de passer. Pourtant, quelque-chose l'intrigua et il se tourna vers son paternel :
«
Papa, dis ... Pourquoi les nuages avancent tous dans le même sens ? Pourquoi ils ne vont pas où ils veulent ? »
Le tisserand qui tenait les rênes eut un petit rire accompagné d'un sourire tendre. Il se tourna vers son fils qui le fixait de ses grands yeux bleus, les mêmes que ceux de la femme de sa vie. Toujours avec le même sourire, il lui répondit sur un ton taquin mais néanmoins emprunt d'une profonde gentillesse :
«
Tout dépend encore une fois de la réponse que tu veux, Frewin. Celle du savant ou celle du conteur ? »
Le garçon, du haut de ses dix années, s'agitait sur place et ne prit même pas le temps de prendre une respiration pour répondre à son père que la réponse qu'il attendait était celle du savant. Frewin était un bonhomme toujours avide de connaissance et posait des questions sur tout ce qui lui passait sous le nez. Son père avait parfois du mal à lui répondre, il l'envoyait donc quérir sa mère et celle-ci s'empressait alors de l'envoyer le plus souvent auprès du patriarche de leur village. Le vieil homme savait tellement de choses, plus ou moins vraies, mais Frewin ne se lassait jamais de l'écouter. Ce jour-là, sur leur charette, le chef de la famille Lightstalker dut donc répondre à son fils que les nuages n'avaient pas le choix, que c'était le vent qui les poussait dans une direction. L'artisan aimait proposer plusieurs réponses à son fils adoré, celle du savant avec ses explications concrète et celle du conteur qu'il s'amusait à inventer pour faire briller les yeux de son petit garçon et le faire rêver. Celui-ci était d'ailleurs en train de regarder ses doigts avec attention. Il avait l'impression que ses phalanges se réchauffaient pourtant, le vent de l'après-midi lui donnait des frissons. C'est alors qu'il vit se balader au bout de ses ongles, une petite flammèche ondulant timidement. Tout aussi intrigué que précédemment, il demanda alors tout enjoué à son père :
«
Et dis, Papa ! Pourquoi j'ai du feu au bout des doigts ? »
I start spinning slipping out of time
Was that the wrong pill to take. Des rivières de larmes coulaient le long des joues du jeune garçon. Il ne comprenait pas. Pourquoi ces hommes étaient venus le chercher ? Pourquoi avait-il si mal à la tête ? Pourquoi ses parents l'avaient-ils laissé partir ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête et ni la peine de ses parents, ni le comportement austère de ses gardiens ne l'avaient rassuré. Bien au contraire. Ses grands hommes étaient habillés d'une armure solide frappés aux écussons d'une garde bien connue de tous depuis plusieurs années : Les Templiers. Ils emportaient tous les enfants comme lui, sans cérémonie, sans la moindre compassion. Des hommes froids et qui le jugeaient de leurs regards tranchants, comme s'il n'était qu'un monstre à leurs yeux. Du moins, c'était le sentiment du petit garçon qui ne pouvait retenir toute sa peine. Pourtant ses parents avaient essayé de le garder, de le protéger mais ses maux de têtes étaient devenus trop persistants, trop puissant pour lui. Sans vraiment comprendre ce qu'il lui arrivait, il avait même un jour perdu connaissance. Ce fut ce jour-là où ses parents s'étaient résignés.
Une malédiction. Une terrible injustice, ce sentiment s'insinuait dans ses veines comme un poison et cette infinie tristesse qu'il avait dans le coeur ne le lâchait pas. Il ne verrait plus ses parents, ni le sage du village, jamais plus il ne pourrait courir dans les bois à la recherche de fleurs pour sa mère pour après les animaux de la forêt. Une grande tour apparaissait à l'horizon aussi froide que la solitude qui le prenait. Son cœur se serra davantage, voilà l'endroit où il passerait le reste de sa vie, garder par des chiens de garde en armure et de personnes qui avaient eu la même malchance que lui : Naître avec la magie.
Here I am, a rabbit hearted girl
Frozen in the headlights
It seems I've made the final sacrifice. Des années c'étaient passées depuis ce fameux jour où Frewin mit les pieds pour la première fois à la tour du Cercle. Dans un sourire nostalgique, le jeune mage se souvenait de ses premiers pas dans ce nouveau monde et de la peur panique qu'il eut. Son adaptation ne fut pas facile, même si les mages présents étaient accueillants, mais il y avait une profonde tristesse dans leur accueil dans une certaine forme de compassion. Ce fut le jour et la nuit entre le comportement des mages et celui des Templiers. Les premières nuits dans le dortoir des apprentis furent un véritable calvaire et ce fut cauchemars sur cauchemars que le jeune garçon se réveillait en sueur. De terribles formes l'assaillaient et il voyait ses parents se consumer dans des flammes démoniaque. Pourtant au fur et à mesure que le temps passait, et surtout avec les connaissances dispensées par les enseignants-mages de la tour, ses mots de tête disparurent complètement.
Frewin se faisait doucement une place au sein du cercle, comprenant les enjeux de son enfermement. La magie pouvait réaliser des merveilles mais aussi causer le chaos et la destruction. Le monde extérieur était meurtri par son histoire et les coupables idéaux, c'étaient eux, les Mages. Ses parents ne pouvaient pas l'aider dans ce nouveau monde, contrairement aux membres du cercles et contrairement aux Templiers à son grand étonnement.
«
Tu devrais arrêter de rêvasser, ce n'est pas comme ça que ta cervelle de moineau va retenir les bases pour la Confrontation ! »
«
Et ce n'est clairement pas avec tes aboiements de petit rocket que ça ira plus vite. »
Frewin termina sa phrase avec un petit sourire en coin qui eut le don de faire froncer les sourcils blonds d'Arcturus. Le jeune mage adorait comparer son templier à toutes sortes de bestioles, surtout à un petit chien, le garde détestait tellement cela. Le jeune mage avait rencontré Arcturus à la tour, le jeune templier venait d'arriver sur les îles pour y jouer son rôle. Le souvenir de ce petit gaillard tout renfermé et discret arracha un long sourire et un petit rire à Frewin. Arcturus grogna alors. Jamais personne n'aurait pu prévoir que ces deux bougres deviendraient amis, mais Frewin ne pouvait d'empêcher de bousculer et de faire réagir le blondinet un peu trop accroché à ses à priori sur les sorciers. Arcturus était un jeune templier blessé par la vie et l'enseignement du monastère ne l'avait pas aidé à s'ouvrir aux autres. Le jeune mage s'était donc mis en tête de dérider ce personnage ce qui ne fut pas une chose aisée. Pourtant, à force de courage, de persévérance et d'un bon paquet de farces, les deux jeunes hommes se rapprochèrent et ne se quittait plus.
«
Au fait, tu as vu le mot déposé sur ta table de nuit ? »
«
Non, je ne suis pas retourné au dortoir depuis ce matin, de quel mot parles-tu ? »
«
Tu devrais y jeter un coup d’œil alors, j'ai cru comprendre par Wilhem que c'était important ... »
Frewin s'empêchait intérieurement de ne pas sourire pour ne pas gâcher ce qui allait arriver. Il fut son blond préféré froncer les sourcils avant de se lever du banc où ils étaient assis pour sortir de la bibliothèque. Le jeune mage fit de même au moment où son ami passa la porte, pour le suivre discrètement. Il ne pouvait pas manquer cela. Il vit dans un coin une petite tête brune passer dans le couloir tout aussi calmement. Bien. Le dortoir des templiers n'étaient pas loin et les choses se déroulèrent assez vite. A peine avait-il ouvert la porte de la salle, qu'un énorme saut d'eau froide s'abattit sur le pauvre Arcturus ...
«
FREWIN !!! KEIRA !!! »
Un petit rire cristallin et taquin jaillit de derrière l'épaule du blond et la petite complice, du doux nom de Keira, s'enfuit à toute jambe du couloir suivit de près par Frewin et un templier totalement trempé qui les talonnait de près ...
I must become a lion hearted girl
Ready for a fight
Before I make the final sacrifice. Frewin tremblait de tous ses membres. Recroquevillé sur lui-même au fond du dortoir des apprentis vide, il s'y était réfugié après ce qui lui semblait l'un des pires moment de sa vie. Ce qu'il venait de vivre revenait sans cesse dans son esprit et la peur mais aussi aussi le soulagement lui prenait les tripes. C'était du passé désormais, mais il voyait encore ce regard qui le scrutait avec un sourire presque satisfait sur le visage, ce regard de feu venant de plus terrible des démons qu'il put rencontrer.
Il était seul dans l'immensité de l'Immatériel. C'était le but, la confrontation l'avait mené ici et il avait travaillé dur pour ce moment crucial. Parmi les meilleurs élève du cercle, son tour était venu de montrer qu'il était capable d'être un mage accompli et qu'il méritait de perdre le titre d'apprenti. Pourtant les choses ne se déroulèrent pas comme prévu, jamais il ne fut préparé à ce qu'il allait vivre. Une immensité brumeuse, étrange et oppressant se trouvait autour de lui et il fut seul face au démon qui le jugeait du regard. Ce démon ne revêtait pas une apparente plaisante, il n'était donc pas un démon du désir et il ne lui promit pas mont et merveille. Il lui parla simplement, lui tint un discourt qui remua tout l'intérieur de son être. Frewin méritait tellement plus ... Cette tour n'était qu'une prison, un étau à ses pouvoirs, à ce qu'il pouvait réellement être ! Il ne méritait pas cette cage et le monde entier devait le savoir ! La liberté était au bout de ses doigts, les mages ne méritaient pas un tel sort et il était de son devoir de se rebeller et de faire face aux templiers pour le bien de tous ! Le démon s'approcha alors de lui pour lui murmurer qu'il pouvait l'aider. Briser les murs de la tour, guider les mages vers leur Liberté tant souhaitée et tant méritée. Ensembles, ils pouvaient changer le monde, il ne lui suffisait que d'accepter.
L'esprit de Frewin était embrouillé, les paroles du démon étaient empruntes de tant de vérité qu'il ne savait que faire. L'emprisonnement était la chose la plus terrible qu'il connaissait et ne souhaitait à personne de vivre ce qu'il avait vécu, personne ne méritait de vivre comme cela. Les mages et leurs pouvoirs avaient droit à tellement plus ... Pourtant au fond de lui, une petite voix lui murmurait qu'il avait eu droit à tellement de belles choses et l'image d'Arcturus s'imposa dans son esprit, ainsi que celle de Wilhelm et de Keira. L'Amitié. Une des plus belles choses sur cette terre et il en avait eu droit. Durant toute sa vie, l'amour, la connaissance et la sympathie s'étaient invités sur sa route, finalement, la vie de la tour n'était pas si terrible s'ils les avaient à ses côtés. Ce démon se trompaient et ses paroles n'étaient que poison. Un déclic s'enclencha dans on esprit et Frewin rejeta l'immonde créature et la défit grâce à tout ce qu'on lui avait enseigné.
Pourtant, il tremblait toujours au fond de son dortoir. Quand il s'était réveillé, le jeune mage sentit la froide lame d'Arcturus sur son cou et la tempête qu'il se passait dans les yeux et la tête du templier le déstabilisa. Avait-il mis tant de temps à réussir la Confrontation ? Ce fut le cas, on lui annonça que cela faisait plusieurs heures qu'il était parti dans l'Immatériel et qu'il n'était pas passé loin d'échouer. Cette révélation le bouleversa, les dires du démon étaient toujours dans son esprit, même s'il reçut néanmoins les félicitation du Premier Enchanteur et de ses professeurs. Il était désormais un Mage à part entière du Cercle et devait maintenant réfléchir à l'orientation de sa future vie au sein de la communauté. Il s'était alors retiré, encore sans dessus-dessous de son expérience.
Il sentit alors quelqu'un s'assoir à côté de lui et un bras amical l'entoura. Frewin devina tout de suite de qui il s'agissait. Son ami de toujours se pencha alors sur son oreille pour lui murmurer avec douceur et lui annoncer :
«
Jamais plus tu ne vivras ça. Je ne le permettrai pas. Je serai toujours à tes côtés, Frewin, jusqu'à la fin ... »
NB: Merci à l'Eternel P.Bottero & Florence Welch <3