SEHZADE — Connais-tu la signification de tes prénoms, ma toute petite ? Lancéhlya était pour le combat, la volonté. Une célèbre guerrière originaire de Tameriel répondait à l'appel lorsqu'on la hélait sous ce patronyme. J'ai pensé que tu serais tout aussi forte que cette femme. Puis Nur-Banu, qui signifie « princesse des lumières » là où je suis née.

C'était ce que lui avait conté sa mère lorsqu'elle était âgée de neuf ans et qu'elles se promenaient dans les jardins resplendissants du domaine familial. Fille cadette du seigneur de Tameriel, Lord Ramsay, et de son épouse Sehzade, issue des terres étrangères qu'étaient celles de Yederhil, Lancéhlya était une de ces fillettes bien nées qui ne manquait de rien. Elle était la seconde de la fratrie Culkin, après son aînée de soeur Lehona et précédant le petit Bayezid.

Dans les premiers temps, on n'avait rien exigé d'elle. Elle était la plus jeune des filles Culkin et ne se trouvait donc pas dans une position privilégiée, tandis que Lehona était d'ores et déjà promise à un noble du même âge. Afin de se réconforter de cette mise à l'écart, Lancéhlya s'était lancée corps et âmes à la poursuite de l'excellance. Les légendes n'avaient aucun secret pour elle, elle lisait à merveille et rédigeait même dans des langues étrangères. Elle dessinait lorsque les mots ne parvenaient pas à exprimer sa rancoeur envers Lehona ou ses parents qui ne daignaient prêter attention à son futur. Et dans le noir, dans le secret des alcôves, il y avait Bayezid... son frère, si impétueux et viril, pourtant si jeune. Bayezid, qui se montrait avenant envers Lancéhlya et qui l'exerçait même au tir à l'arc.

En cette chaude journée où Lancéhlya songeait à la bienveillance de Bayezid, ses yeux d'un bleu déconcertant rivés vers l'extérieur, les mains appuyés sur la rambarde de ses appartements, elle vit. Oui, elle assista au départ de Lehona. Celle-ci, le visage baigné de larmes et montant dans une calèche qui l'emmenait vers une destination dont elle ne reviendrait peut-être pas de sitôt. Mais à cette période, Lancéhlya ne comprenait pas encore. Elle ne savait rien de cet endroit où on déposerait Lehona. Ainsi s'en alla-t-elle à la rencontre de sa mère, la reine de Tameriel. Postée dans la salle de réception, assise sur son siège d'or massif et un air qu'elle tentait de rendre impassible sur le visage, Lady Sehzade eut la force d'esquisser un sourire à la vue de Lancéhlya. Elle aimait ses enfants mais ne le montrait qu'en de rares instants, préférant user de sa sévérité pour les instruire. A présent, une partait et l'autre restait. Il n'y avait que Lancéhlya pour la contenter, tandis que Bayezid se chargeait d'égayer les heures libres de Lord Ramsay.

LANCEHLYA — J'ai aperçu Lehona ! Où va-t-elle ainsi, mère ?

Les relations entre Lehona et Lancéhlya avaient toujours été difficiles, complexes. Elles ne se détestaient pas, ne rivalisaient pas, mais le fait qu'on mette l'aînée sur un piédestral agaçait la benjamine depuis la nuit des temps. De plus, elles ne partageaient rien en commun : Lancéhlya était une intellectuelle tandis que Lehona n'avait de talent que pour guetter diverses aventures et se faire gronder, malgré qu'elle était la plus âgée et qu'elle se devait de ne pas ternir l'image de leur maison.

SEHZADE — Au couvent, Lancéhlya. Ta soeur a fauté en se liant d'amitié avec Will, le fils du domestique qui a volé à Teldrasyl. Là-bas, les tentations seront limitées et je te conseille vivement d'appliquer l'éducation qu'on t'inculque à la lettre si tu ne souhaites pas la rejoindre.
LANCEHLYA — Je...
SEHZADE — Tu es ce qu'il me reste, abstiens-toi de répondre et écoutes pour l'instant : ne me déçois jamais. Promets-le, Lancéhlya.
LANCEHLYA — Promis, maman.

Le temps avait défilé d'une allure folle depuis l'instant où Lancéhlya avait promis de ne jamais décevoir sa mère. Lehona n'était plus qu'un lointain souvenir dont ils n'entendaient plus parler. Elle n'écrivait que très peu de lettres mais se portait bien, malgré l'annonce de la mort de son fiancé... qui signifiait qu'elle ne sortirait pas de sitôt du couvent. Désormais âgée de quatorze ans, la situation avait évolué concernant Lancéhlya. Prendre de la maturité l'avait considérablement rapproché de ses parents, dont elle était devenue la prunelle de leurs yeux. Avaient-ils eu une prise de conscience ? Avaient-ils compris qu'ils n'avaient pas été suffisamment démonstratif envers leur fille cadette depuis qu'ils avaient perdu Lehona dans un excès de sévérité ? Lancéhlya n'avait pas vraiment réponse à ces questions et ne s'en souciait plus depuis belles lurettes.

A présent, Lancéhlya jouissait d'une réputation enviable à la cour de Teldrasyl. Ses bonnes manières et sa grâce devenaient reconnues à travers Kahanor et on murmurait que la fille de la Dame de Soie n'avait rien à envier à sa mère. Pourtant, sa ressemblance avec son père était plus frappante hormis ses yeux d'aciers. Elle avait hérité de ce sourire tantôt froid et victorieux ou plus doux selon ses humeurs, ainsi que de son intelligence hors du commun. Si on la disait artiste mélancolique durant son enfance, on remarqua au fil des années que son esprit semblait se différencier des autres jeunes filles de sa génération. Lancéhlya ne partageait rien avec elles, hormis des conversations cordiales où... glaciales, notamment lorsqu'une courtisane avait le malheur de glousser sur Lord Ramsay ou son frère Bayezid. Elle était devenue l'ennemie des maîtresses de son père, menant une guerre sans merci contre les enfants bâtards qu'avait eu Lord Ramsay suite à ses aventures avec son ancienne concubine, qu'il avait abandonné au profit de l'envoûtante Sehzade Özilhan, dont il avait fait sa reine en quelques semaines. Cette bataille se faisait silencieuse. Discrète et influente à Teldrasyl, on notait à peine ses écarts de conduite envers sa demi-soeur Steleyna. Dernièrement, Lancéhlya avait menacé de divulguer l'identité de l'amant de Steleyna afin de ternir la réputation de cette dernière et l'éloigner de la cour. Prise de peur, sachant Lancéhlya capable de tout afin d'écarter ses rivales de son chemin, Steleyna préféra s'installer dans l'aile la plus reculée du palais des Culkin afin de trouver la paix.

Lancéhlya se devait de ne reculer devant aucun obstacle pour asseoir son pouvoir naissant, ainsi que la crédibilité de Bayezid en tant que futur seigneur de Tameriel.

« D'ici quelques mois, tu seras la lady Feunoyr... mais n'oublies pas d'où tu viens et qui tu es. Jamais. » A Kahanor, on ne fiançait plus les jeunes filles aussi jeunes. Les cas étaient rarissimes et de ce fait, l'annonce des fiançailles du Grand Argentier Ceyhan Feunoyr et de Lancéhlya Culkin en avait choqué plus d'un. Encore gamine, disaient-on. Elle n'était qu'une enfant de seize ans, livrée à un homme qui pouvait s'affirmer adulte depuis déjà une certaine période.

Cinq ans plus tôt, en voyant Lehona partir et en comprenant qu'elle était l'espoir de ses parents, Lancéhlya avait eu l'idée de ne pas se marier. Telle son arrière grand-mère paternelle, elle avait espéré régner sur Tameriel un jour et clamer son indépendance. Durant des années, Lancéhlya ne s'était guère imaginée dans les bras d'un quelconque être et pourtant, elle se trouvait dans une calèche, résignée à s'offrir à un inconnu. Des nuits qu'ils chevauchaient vers Aubétoile, elle seule en compagnie de ses caméristes, puis plus loin vers l'avant lord Ramsay et lady Sehzade. On prévoyait son arrivée pour le lendemain et on se réjouissait d'avance des festivités. Après tout, n'allait-elle pas devenir une Feunoyr ? Oui, les plus puissants bannerets du roi Halbarad I, ces riches Feunoyr qui ne manquaient de rien et qui détenaient le feu grégeois entre leurs mains. D'ici peu, on la désignerait comme étant l'épouse du Grand Argentier. On le disait si fort et talentueux, autant dans les affaires que lorsqu'il sauva le souverain d'une attaque de bandits... devenant un héros dans la capitale et également dans le reste des contrées du royaume. Ce lord Ceyhan, célibataire si longtemps malgré son prestige. Comment avait-il pu la choisir, sans même la rencontrer ? Les yeux emplis d'admirations, les courtisans de Teldrasyl la qualifiaient de chanceuse.

Et dans ce lot de compliments et de bénédictions, Lancéhlya ne savait où se placer. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur. Habituellement prévoyante, calculatrice au possible, elle se retrouvait dans une situation inconfortable. Être livrée à l'inconnu avait un aspect tout aussi effrayant qu'excitant. Effrayant, parce qu'elle craignait de tomber sur un rustre. Excitant, car là était peut-être son ascension ultime.

Ceyhan Feunoyr avait été promu à la fonction de Grand Argentier en 1605, le plus jeune à obtenir ce poste important depuis la montée au pouvoir des Hammer trois siècles plus tôt. On l'avait connu précédemment comme étant officiellement un des écuyers du roi, pour ensuite devenir un de ses conseillers intimes et ensuite, parvenir à se faire octroyer une place au Conseil quelques temps après la mort du vieil Jaehaerys Feunoyr. Ainsi, à peine trente ans révolus, ce jeune homme se retrouvait seigneur et détenteur des finances de Kahanor. « Le fait que tu deviennes l'épouse d'un noble aussi influent est un honneur, Lancéhlya. Cette année, aucune demoiselle n'aura autant de chance que toi, ma fille. » lui avait soufflé son père lors d'une entrevue privée où il s'était chargé de la rassurer concernant le statut et les qualités de son futur époux.

Lancéhlya posa son visage au teint soyeux contre le rideau qui couvrait entièrement la vitre du carosse. Aubétoile l'attendait et dans son fort intérieur, elle ne comptait pas être qu'une nouvelle et quelconque représentante de la famille Feunoyr. Elle se devait aussi de se battre afin de montrer qu'elle en avait dans le ventre, qu'elle n'était pas similaire aux autres idiotes de la cour royale. Lancéhlya Culkin était bien plus... le trésor de lord Ramsay, une partie du coeur de Sehzade Özilhan et plus tard, une tâche immense l'attendait : s'emparer de l'âme de son promis, en être la capitaine.

Le roi Halbarad I avait rendu son dernier souffle au matin, découvert par la reine en personne sans vie dans le lit conjugal. Silencieuse dans les appartements qu'elle partageait avec le Grand Argentier, elle informait Bayezid des dernières nouvelles. Contrairement à sa mère Sehzade, il ne l'avait pas suivi à la cour royale d'Aubétoile. Fils unique et donc héritier des Culkin, il était amené à diriger Tameriel une fois leur père décédé. C'était pour cela qu'il n'avait pu la suivre, car son devoir était de se former à Teldrasyl afin d'apprendre à être seigneur, à perfectionner son savoir à ce sujet. Pas une semaine ne défilait sans qu'ils ne s'écrivent et il lui manquait. Bayezid était de son sang et elle l'aimait d'un amour fraternel indéfectible. Même à distance, elle ne pouvait s'empêcher de lui prodiguer des conseils. Du haut de ses dix-sept ans, Lancéhlya en savait énormément concernant la politique. Petite stratège redoutable, elle épaulait son époux dans les affaires qu'il entreprenait et tenait même la fortune des Feunoyr entre ses mains. Elle n'avait pas encore enfanté, mais ne se pressait pas. Sa santé n'était pas en danger, aussi vigoureuse qu'un chêne millénaire. Lancéhlya avait la chance d'être à l'abri des maladies depuis sa tendre jeunesse et on ne s'inquiétait pas de sa fertilité. Son mariage était récent et à Aubétoile, il y avait de quoi s'occuper même lorsqu'on n'était pas mère. Elle avait trouvé en Ceyhan un ami et amant, bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de dénigrer la justice dont il faisait preuve.

Achevant sa lettre, elle roula le parchemin et le scella, le tendant à sa domestique attitrée afin qu'elle aille l'expédier. A la minute où celle-ci franchit le seuil de la porte vers l'extérieur, un autre entra, mine faible. C'était Ceyhan, qui avait eu le réflexe de tenir de s'entretenir avec Halbarad II, le futur souverain.

CEYHAN — Le prince Halbarad sera couronné d'ici peu. Son manque d'expérience m'inquiète, il n'est pas prêt... je le sens.
LANCEHLYA — Ceyhan... il fallait s'y attendre. Ne sois pas dépité, nous savions tous qu'il n'était pas suffisamment préparé à ses responsabilités de roi. Il est trop insouciant, juvénile. Vois donc la reine, qui est si souple avec ses enfants ! Ce n'est pas ainsi qu'on éduque, à Tameriel : Bayezid, à quinze ans, est un homme fait.
CEYHAN — Il va sans dire qu'il sera nécessaire d'épauler Halbarad II au mieux, j'ai promis à son père que s'il...
LANCEHLYA — ... arrivait quelque chose, tu serais présent aux côtés de son fils.

Elle soutint le regard de son lord durant une longue minute. Lancéhlya le sentait sincère dans ses démarches. Ceyhan aimait les Hammer, mais il l'aimait elle aussi. Plus qu'eux, parce qu'elle était sa dame. L'écart d'âge n'était pas un obstacle dans le lien qu'ils avaient tissé au fil des mois, il la respectait et l'honorait. Pourtant, ils étaient différents. Lancéhlya était une ambitieuse et Ceyhan, lui, un bon gaillard plein aux as mais si avenant... il était l'homme de confiance. Certains le jalousaient pour ses nombreuses possessions et sa richesse, puis à côté, la majorité ne pouvait que l'apprécier. Il faisait parti des héros de Kahanor, c'était indéniable. Mais il était temps de changer la donne, de viser plus haut.

LANCEHLYA — Tu es un guerrier puissant, un Feunoyr né. Le meilleur trésorier que le royaume ait eu depuis des décennies, un fidèle serviteur aussi. Le peuple t'aime... il te serait si facile de tourner les choses à ton avantage... à notre avantage.
CEYHAN — Que me chantes-tu, Lancéhlya ? Tu es ma femme, j'ai appris à te cerner... à connaître tes multiples facettes. Des murs se dresseront devant tes dessins.
LANCEHLYA — A ce jour, rien ne m'a jamais résisté alors ne parle pas de murs ridicules ! Tu le sais, Ceyhan. Phineas combattra pour être le détenteur du pouvoir... mais tu le peux aussi, my lord. Et quand les familles nobles se soulèveront, les Culkin seront de la partie. Les miens ont les capacités de s'emparer du trône, n'oublie pas que Livia Hammer est la mère de mon propre père... ma tante est l'épouse de Bartholomey, je suis quant à moi la dame du Trésorier. Nous sommes si proches du trône... si tu essayais seulement d'écouter ta conscience et non ton coeur, nous pourrions aller loin.

Lancéhlya s'approcha de lui d'un pas ferme, s'emparant de la main de son époux, la pressant contre la sienne. La tension montait entre eux, elle le sentait comme embarrassé... perdu entre elle et sa loyauté envers les Hammer. Ceyhan savait que tout était possible, mais ce, contre un bain de sang.

Dans ce lot de possibilités, le sang versé au profit du pouvoir ne freinait pas une Culkin.

Bravo l'ami ! T'as passé l'épreuve de la fiche de présentation avec succès et t'es désormais validé ! Pour la peine, tu te retrouves dans le groupe des THE EMPEROR.

Ayant lu ta fiche précédente je ne me faisais pas trop de soucis et en effet, c'est très agréable à lire et tu nous amènes un personnage fort intéressant alors amuse-toi bien parmi nous !

Par contre, t'en as pas terminé avec les trucs chiants ! Tout d'abord, il va falloir que tu postes ta fiche de liens. Rassure-toi, il y a un modèle à respecter, ça t'évitera d'avoir à coder pendant trois heures. Ensuite, tu peux ouvrir ta fiche de RPs. C'est le lieu idéal pour que les autres membres puissent savoir où tu en es & savoir si oui ou non tu es libre pour un petit RP. Pour nous aider à mettre à jour rapidement les annexes, n'oublie pas de remplir ce formulaire ici !

Encore avec nous ? Parfait ! Si tu es artisan ou tenancier d'une boutique, c'est ici. Ton personnage n'a pas encore de toit sur la tête ? C'est ici qu'il faut aller demander. Maintenant, ton personnage est bien installé ! Aaahn dernière petite chose. Si tu as envie de créer un scénario, c'est ce modèle qu'il faut suivre. Encore de l'inspiration ? N'hésite pas à lier ton personnage à des PVs déjà écrits. C'est par là que ça se passe !

Néanmoins, nous savons tous qu'un forum n'est pas là que pour le RP. C'est pour ça que tu te conseillons d'aller faire un tour dans les différents sujets comme les petits jeux. Tu veux donner ton avis ou raconter ta vie ? N'hésite pas à écrire tes amours/emmerdes dans le sujet flood intempestif.

N'oublie pas une chose ; amuse toi bien !