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 with the lights out, it's less dangerous. (nysen)

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MessageSujet: with the lights out, it's less dangerous. (nysen)   with the lights out, it's less dangerous. (nysen) EmptySam 21 Déc - 22:01



Comme si tout pouvait bien se dérouler. Comme si, mon histoire était écrite sur un morceau de papier. Seulement comme si. Mais, rien ne se passe jamais comme on pourrait le désirer, pas totalement. Je passe mes heures à courir, mon temps à détaler tel un piètre lapin aussi maladroit qu'un bambin. J'entends presque au loin mon maître pester contre moi. Ces échecs sont rares, mais quand ils arrivent, il vaut mieux savoir se cacher, et vite. Que ce soit dans un vieux tonneau, derrière un mur ou encore dans une maison, l'idée de survie vient à frapper de plein fouet mon visage. Caché sous la capuche de ma longue cape, j'ai encore bien de la chance de ne pas m'être fait avoir par mes propres pieds. J'entends des personnes hurler au loin. Ce devait être simple, d'une bêtise enfantine, comme briser l'espoir d'un enfant, faire naître des larmes dans ses yeux. Rien n'est comme je le veux. La nervosité ne m'avait même pas touché, je ne peux pas reposer la faute sur elle, encore moins les conditions qui sont loin d'être désagréables. Le soleil tape bien qu'un vent vient à me faire frissonner, je n'avais guère de facteurs pouvant me faire flancher. Il fallut pourtant que cet homme bouge, d'un seul coup, comme si une maladie étrangère venait de le tirer sur le côté - ou que le père venait lui murmurer à l'oreille qu'il allait mourir. La flèche plantée dans le sol, il ne fallut qu'un regard pour qu'il commence à beugler tel un porc se faisant éventrer. Heureusement pour moi, Aubétoile n'est pas une petite ville, bien au contraire, elle regorge d'endroits en tous genres pour les miteux et pouilleux cachant leurs hontes. Je n'en ai pas, je n'en ai jamais eu - ou alors plus -, malgré tout, mon identité doit être sauve. Mon prénom doit être aussi inconnu que possible, et mon visage ? Rien qu'une légende inexistante. Inspirant longuement, je peux sentir la chaleur de mon corps s'éparpiller partout sur ma peau. Mes vêtements n'arrangeant rien, je risque bientôt de m’essouffler et de me faire avoir comme un débutant. Aubétoile, ce n'est pas simple. Aubétoile, c'est trop de monde. Surtout le jour, bien que la nuit soit tout autant animée. Les règles ne marchent plus quand je suis dans un tel état, elles finissent dans un coin de mes idées pour venir seulement lorsque j'ai l'arc entre les mains. Là ? Mes pensées se bousculent, s'emmêlent, ne forment qu'un morceau de tissu difforme. Je ne connais pas si bien la capitale, pas assez à mon goût, et un terrain pas assez souillé peut causer la perte de n'importe qui. C'est dangereux. Tueur. Plaisant à la fois. Mon coeur frappe avec violence contre ma peau, menace de s'arracher et de se prendre pour un lâche. Un sourire s'accroche à mon visage, malgré mes sourcils froncés et concentrés. Oui, j'en rirais presque, si je n'étais pas aussi obnubilé par la recherche d'un endroit. Je m'en tiendrais l'estomac si je n'étais pas aussi paniqué. Ils courent bien vite ces idiots, mais pas aussi vite que moi - ou du moins, je l'espère, et même si l'espoir peut tuer, il peut être salvateur à la fois. Grinçant des dents, je me retrouve bien vite dans un quartier qui ne m'inspire rien du monde. Encore plus de peuple, des petites gens comme des mieux vêtus, me fondre dans ce décor, faire l'animal. Tenant fermement ma main qui s'accroche à ma dague, mes yeux se jettent d'un côté, d'un autre, à la recherche d'une boutique dans laquelle je pourrais me faufiler. Je n'ose pas. Trop de monde, je serais facilement repéré. Les trois sont contre moi aujourd'hui, ceci étant, bien des victoires se consolident aussi par plusieurs pertes. Nom d'un chien. L'odeur des alentours me fait presque saliver. Ce n'est pas le moment de penser à se ravitailler, bien que je n'ai eu la chance d'avaler quelconque animal ou fruit depuis une journée au moins. Faiblesse est mot juste pour ceux qui ne se connaissent pas. Et parmi la guilde des Sombrelames, tomber n'est pas permis. Mon estomac rate un bond lorsque je dépasse de quelques mètres une ruelle peu encline à accepter la lumière. Encore un faux pas. Pas à pas de loup, mais bien plus rapidement, je me colle pratiquement aux pierres froides pour éviter d'être fuyard. Bonne chose ou au contraire qui pourra me trahir, m'importe peu. Alors que ma course se continue un peu plus loin dans cette rue étroite, je m'arrête d'un coup sec. Je ne peux plus avancer. Je suis cerné, par une paire d'yeux bleus écarquillés. Manquait plus que ça.

Réagir ne prend pas que quelques secondes, malgré ce que peuvent dire les sages. Le temps se veut bien plus lent d'un seul coup, alors que les possibilités se mélangent et se frappent entre elles. La peau blafarde, les traits durcis par la surprise, le pétillement dans ses prunelles a fini par disparaître et laisser place à de la terreur. Ses cheveux blonds brillent avec le peu de soleil qui arrive à passer, tétanisé, ses muscles ne veulent pas bouger, même ses jambes refusent de prendre quelconque initiative. Il va hurler. Ou pire qui sait, je ne sais guère s'il est armé. Malgré tout, cette idée me fait sourire un peu plus. Un peu plus petit que moi, il ne doit pas peser plus qu'une bête malade et affaiblie. Il ne pourra rien faire. Le tuer ? Ce serait une éventualité. Mais, loin d'être juste, et en plus de m'en vouloir, je risquerais d'être une véritable honte aux yeux de la guilde. Je n'ai pas le droit. Alors que faire ? Mon visage se relève légèrement pour regarder le ciel sans nuages. Je ne peux sauter, encore moins taper contre les murs. Je suis véritablement coincé et les responsables de mon calvaire, ne tarderont point à passer non loin des commerçants. Une grimace vient à déformer mes traits, il ne me reste plus qu'une chose, et même si j'ai peine à sa place, je n'ai pas le choix. Plus de doute. C'est impossible pour un assassin, pour quelqu'un dont l'existence est en danger. Derechef, je me glisse derrière lui, pose une main sur sa bouche pour l'empêcher de parler, dans mon autre main, ma dague est prête à faire son travail en cas d'une quelconque résistance. Cette situation est loin de me plaire, alors, pour au moins le rassurer, je murmure de manière à peine audible. « Si tu tiens un peu à ta carcasse, j'te conseille de te taire. » Je sens son souffle chaud frapper contre ma main, il panique mais ne se rend certainement pas compte de la situation. Ou bien il risque de me filer entre les doigts, et quelqu'un le retrouvera d'ici quelques heures totalement ailleurs, pas mort, mais dans le noir. Pinçant ma lèvre inférieure, je me recule le plus possible avec lui, histoire d'atteindre le fond et d'entendre les pas des autres, même leurs voix. Un signe qui pourra me persuader que je suis définitivement libre, que ma mission ne reprendra pas directement, mais d'ici quelques jours, lorsque les âmes seront calmées - peut-être que le conseil se décidera à la donner à un autre maître assassin. Quoi qu'il en soit, mes membres se crispent, à l'affut du moindre bruit, moindre plainte des lèvres de celui que je tiens entre mes bras. « Évite de gigoter. A choisir entre ta vie et la mienne, j'pense que tu t'doutes qui sera l'perdant dans c't'histoire. » Le doux son d'une menace, généralement une personne de fort caractère ne se laisse pas faire. Je me doute qu'il n'osera pas grogner contre ma personne, après tout, qui viendra fouiller dans cet endroit ? Il ne sent même pas l'odeur du pain, non, quelques flaques d'eau viennent orner ce lieu sordide. Je suppose que bien des habitants ont dû perdre la vie ici, à l'abri de tout regard, loin des oreilles indiscrètes. Et je me tais, je me cache dans mon silence, dans le sien. Je sentirais presque son pauvre coeur battre à une vitesse à peine imaginable, je ne peux pourtant m'excuser. Serait-ce seulement digne de moi ? Loin de là. Peut-être un jour ou l'autre, mais pas directement. C'est à rire, même à pleurer, au fond, ce n'est qu'une pitoyable erreur qui me coûte de sortir une lame face à un innocent. Qu'il arrête tout. Pour son sang qui pulse contre ses veines, pour le mien. Pour nous deux. Même si son visage ne sera qu'un souvenir d'ici quelques heures, en cet instant précis, je me sens bien trop lié avec cette tête blonde.
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MessageSujet: Re: with the lights out, it's less dangerous. (nysen)   with the lights out, it's less dangerous. (nysen) EmptyMar 24 Déc - 17:14




Le bruit des pas sur les pavés, celui des commerçants un peu plus bas dans les ruelles. La chaleur du soleil sur la peau, l'odeur chaude des plats préparés par les taverniers mêlée à celle de l'alcool qui déjà se verse dans les choppes qui claquent joyeusement, le souffle chaud d'une brise pourtant pas plus puissante qu'un courant d'air, Aubétoile en appelle aux sens, à l'exploration, à la contemplation. Tout en elle ne fait que la rendre plus vivante et plus appréciable, mais tout me rappelle également à quel point Hurlevent se fait loin. Je n'entends plus les bourrasques de vent, l'écume qui se dispersait dans l'air. Le souffle ravageur d'une tempête au loin, et le grondement sourd de l'océan, impétueux et majestueux. Là où Aubétoile se veut accueillante, Hurlevent se faisait fantasque. Là où la capitale se trouve merveilleuse, Hurlevent offrait un spectacle renversant. Je ne compte plus les heures que j'ai passées à en explorer le moindre recoin, à en parcourir avidement la moindre parcelle. Toujours quelque chose à voir, toujours quelque chose à faire, un endroit à explorer, une découverte à raconter. Et qu'en est-il d'Aubétoile, à côté de cette enfance passée à tomber genoux premiers dans des ruelles loin d'être propres ? Ici, ma vie est plus posée. Délicate, enfermée dans un écrin voluptueux de musique et d’allégresse. Rythmée par matinées passées à composer, et des après-midi à jouer. Non pas mesurée au point d'en devenir lassante, mais régulée par une insouciance frôlant l'indécence. L'Académie des Bardes laisse peu de places aux problèmes extérieurs. Plus encore que dans le reste de la capitale, tout y est prévu pour ne donner son importance qu'à la musique même, qu'à laisser place à la douceur et aux relans de créativité, sous couvert d'oublier les conflits qui peuvent parvenir au-delà des murailles de la ville. Ne pas soucier du dehors pour ne se concentrer que sur ce qui vaut la peine d'être créé, vivre sa vie en dehors des histoires du monde tout en aspirant à en laisser une trace harmonieuse, respirer pour le partage et se consacrer à l'apprentissage - ai-je perdu ce qui faisait de moi cet enfant aux traits indélicats, celui qui se vantait de n'avoir besoin de personne, tout en bataillant bec et ongles contre la solitude elle-même ? Lorsque je ferme les yeux, j'ai l'impression de l'entendre hurler, quelque part au fond de moi. Peut-être que cette vie ne lui convient finalement pas. Peut-être qu'il vaudrait mieux la passer sur les routes, comme il se l'imaginait étant enfant, à ne pas savoir de quoi demain sera fait, ni même si demain il y aura. Une vie d'aventure, bercée sur fond d'ignorance. En vivant oisivement à l'Académie, je n'en sais pas vraiment plus et, si cette vie me comble pourtant pleinement, je ne peux m'empêcher de ressentir un léger pincement au coeur, lorsque j'entends des passants énoncer le doux nom de Hurlevent. Je crois qu'il en est question aujourd'hui, et que c'est pour cette raison que mes pas se sont ralentis aux abords du quartier commerçant. L'Académie ne doit se trouver qu'à quelques centaines de mètres et, pourtant, je ressens à peine l'envie de m'y précipiter, alors qu'une nouvelle composition m'y attend sagement. D'autres questions emplissent mon esprit et, avec elles, les murmures de cette ville natale oubliée, celle que j'ai entendu glisser sur les lèvres de quelques passants peu joyeux. Hurlevent, ou le frisson de nouvelles qui m'échappent, et d'une vie qui ne m'appartient plus. Silencieux, je ressasse les quelques mots que j'ai par hasard entendus, les brèves nouvelles de la côte, des mésaventures arrivées à des gens que je ne connais pas, mais qui suffisent à me rappeler à quel point je viens de loin - et comment j'ai pris soin de ne jamais tourner la tête en arrière. Comme si j'avais peur de ce qui pouvait arriver, comme si je redoutais de faiblir au point de quitter l'Académie, il n'est aucun lien que j'entretiens encore aujourd'hui avec ma mère. Malgré les innombrables lettres, malgré les mètres de papier que j'ai pu remplir des soirées durant, je n'ai jamais pu me résoudre à en envoyer la moindre d'entre elles, plus apeuré par l'optique de ne pas recevoir intentionnellement de réponse plutôt que de savoir si elle est toujours en vie, elle et surtout Ilia. Mélancolie qui est rarement mienne la journée, mon coeur se serre alors que je tente de me remémorer parfaitement ses traits, son visage disparaissant aussi vite qu'il apparaît dans mon esprit. Un visage fin, des cheveux blonds, le teint pale et des yeux pourtant si clairs... Aurais-je pu prêter une attention plus  particulière au chemin que mes pas empruntaient, si je ne m'évertuais pas à focaliser mon attention sur mes pensées plutôt que sur la ruelle qui se découvrait plus retorse que prévue ? Je ne pense pas. Et à quand bien-même, les choses continueraient probablement à suivre le fil de leur déroulement, sans que nous puissions y faire grand choses. Contrairement à ce que nous pouvons en penser, la vie ne nous prépare pas à parer toute éventualité. Surtout pas lorsqu'il s'agit rencontres imprévisibles comme celle-là.

Devant moi, il n'est plus question du visage oublié de ma soeur, ou des rares souvenirs que je cherchais tant à me remémorer sans le vouloir vraiment. Il n'est même pas question du chemin que j'emprunte habituellement, du décor que je connais par coeur au point de pouvoir le parcourir les yeux fermés. Non, il est plutôt question de mes yeux grand ouverts et, face à eux, une silhouette encapuchonnée qui respire la nervosité à plein nez. Un éclat brillant attire mon regard sur une lame que j'aurais préféré ne pas voir et, inconditionnellement, mes jambes attendent bien peu avant de se figer, mes pieds s'amusant à ne faire plus qu'un avec les pavés humides de la ruelle. Quelle vaine. Que dis-je, une aubaine de tomber aujourd'hui sur... sur quoi exactement ? Un voleur, un brigand, voire même un tueur ? A choisir, je préfère l'idée du voleur, même si la perspective de passer sous sa dague ne m'enchante guère. Vu sa position, je n'ai pas l'air d'être sa cible première ou, du moins, ne s'attendait-il peut-être pas à en trouver une dans cette ruelle. Mal pour un bien, ou bien pour un mal dans mon cas, l'effet de surprise me fait seulement hoqueter, là où d'autres auraient certainement hurler. Crier, courir pour demander de l'aide, ou tout du moins courir pour s'éloigner de cet enfer - l'espace d'une seconde, je regrette de ne plus être le gamin que j'étais il y a plus de dix ans. Plus chétif, il n'y a pas à en douter, mais plus débrouillard, et moins bien peureux que je semble l'être aujourd'hui. Les membres crispés, j'ai à peine le temps de songer à la position inutile de ma propre dague, mes lèvres entrouvertes semblant devenir un signal que j'ai envoyé sans le vouloir. Quelques secondes suffisent à peine pour que, dans un faible bruissement de tissu, la silhouette vienne se poster dans mon dos dans un mouvement trop fluide, l'un de ses mains encadrant le bas de mon visage, tandis que sa lame vient doucement appuyer contre mon abdomen, suffisamment du moins pour que je la sente sans qu'elle n'entaille mes vêtements. Déglutissant avec difficulté, je relâche à peine la respiration que je retenais sans y faire vraiment attention et, le regard passablement rivé vers le rien qui me fait maintenant face, je sers fébrilement les dents, tentant vainement de calmer les battements de mon coeur qui se sont affolés. Le souffle trop court, je pourrais affirmer sans grande difficulté être en panique totale et, plus j'essaye d'y penser, plus sa dague m'empêche de réfléchir, l'optique de finir en bain de sang au fond de cette ruelle ne me plaisant pas particulièrement. Une échappatoire ? Malheureusement je n'arrive à la voir et, même si la ruelle apparaît clairement dans la ruelle, elle ne me paraît que bien plus loin, alors que les pas de mon ravisseur nous emmènent vers le fond de celle-ci. « Si tu tiens un peu à ta carcasse, j'te conseille de te taire. » A entendre sa voix fondre dans mon oreille, j'hésiterais presque à en rire. Me taire ? Oui, évidemment. Selon toute vraisemblance, ce n'est pas avec sa main posée contre ma bouche que je risque de crier au loup, bien loin de là, même si j'en meurs d'envie. Qu'en est-il d'essayer ? L'odeur boisée de sa peau m'enlève l'idée même de tenter le tout pour le tout, anéantissant le peu de chance que je pouvais avoir alors que nos corps coulent vers le fond sombre de cette venelle sans nom. Introuvable, insondable, elle n'est même pas suffisamment importante pour être nommée, recelant d'histoires inconnues et de mystères insolubles. Qui sait combien de meurtres ont déjà eu lieu sur ces pavés que foulent nos pieds ? Des dizaines, peut-être même plus, à y penser. S'il se décide à passer à l'action, je ne serai qu'un corps mort retrouvé parmi tant d'autres, et ma perte ne sera pas pleurée par beaucoup - ou alors seulement par Lew, qui aura perdu tant d'années à former un apprenti passé trop vite sous la faux de Dame la Mort. Cette image suffit à me donner le plus impitoyable des frissons et, marmonnant sans le vouloir des prières sans réel destinataire, je ferme subitement les yeux, me raccrochant à ce qu'il me reste, à savoir presque rien et... et une main libre, finalement. Le temps a du se montrer bien retors pour que je ne m'en aperçoive qu'à présent mais, bien heureux de ne pas être encore démembré, je crispe discrètement les doigts de ma main gauche, les décrispant presque immédiatement pour tenter de faire descendre ma tension. Un geste simple, répétitif, machinal, de quoi essayer de me calmer sans trop attirer l'attention, tout pour ne pas perdre l'esprit, je n'en demandais presque pas tant. « Évite de gigoter. A choisir entre ta vie et la mienne, j'pense que tu t'doutes qui sera l'perdant dans c't'histoire. » Par les bourrasques de Hurlevent, ne peux--t-il donc pas m'accorder une seule seconde de répit ? Sa menace coule en moi comme une goute de venin dans du bon vin et, gémissement piteusement entre mes lèvres que je pensais closes, je maudirais presque cette journée pour se montrer aussi impitoyable. Quelles chances me restent-il à présent de finir le jour résolument sain et sauf ? Trop peu nombreuses, elles doivent se compter sur les mains d'un mutilé, avec un peu d'optimisme. Mais l'espoir n'a jamais été suffisant pour apporter une fin joyeuse à l'histoire.

Rouvrant docilement les paupières, j'ai beau prier, rien n'y fait, et je sens toujours ses mains judicieusement placées pour anéantir toute tentative de rébellion de ma part. Un éclair me traverse l'esprit. Un coup de coude suffirait peut-être pour détourner son attention, une seconde ou deux, suffisamment pour que je m'extirpe de cette enclave humaine, suffisamment pour que je cours en dehors de cette ruelle, et que je laisse derrière moi le danger qu'il représente. Oui, mais s'il me poursuit ? Il est fort à croire qu'il me rattrapera sans peine et, à ce moment, je n'aurai probablement pas de deuxième chance. Ou alors en prenant la peine de sortir ma propre dague avant qu'il ne m'approche ? Tentative alléchante, qui possède ses avantages comme ses inconvénients. L'urgence de la situation me pousse à croire qu'il s'agit là de la seule solution et, automatiquement, non sans un certain désespoir, j'essaye de tendre la tête, assez pour voir le bout de mes pieds et, par extension, le rebord de mes bottes, là où siège sagement la fine lame qui m'appartient. Endroit stratégique pour une arme dont je ne me sers jamais, la placer à une place plus abordable aurait sans doute été plus judicieux, et peut-être y penserai-je alors pour la prochaine fois, si du moins je sors vivant de ce traquenard. Le silence devient de plus en plus pesant à mesure que les secondes passent, et je sentirai presque l'étau de ma propre fin se resserrer autour de moi, diminuant à vue d'oeil les perspectives honorables de mon futur proche. Partir. Juste partir d'ici, m'échapper et aller plus loin, je ne demande rien d'autre. Rien qu'un peu de répit, une faveur accordée au nom de presque rien. Foutue Hurlevent. Cela m'apprendra à laisser mes pensées flâner au lieu de me concentrer sur le présent. Là, pourtant, je donnerais tout pour pouvoir m'extirper de cette réalité qui m'emprisonne et, à court d'idée, la respiration calmée non sans un certain mal, j'invite mes yeux à parcourir fébrilement l'alcôve que je connais maintenant malheureusement par coeur, à la recherche d'un peu d'aide, du moindre petit indice qui pourrait m'être utile. Un bâton, une pierre, même un chien pourrait faire l'affaire, n'importe quoi qui pourrait détourner son attention. Son attention... Si la raison de son geste m'est toujours en partie inconnue, l'hypothèse que j'en avait faite s'inscrit lisiblement devant mes yeux, tandis que ma propre bêtise me frappe de plein fouet. A défaut d'être une courtisane parée des plus beaux atouts, il ne me reste plus qu'un argument pouvant remplir cette tâche, ou plutôt une dizaine d'entre eux soigneusement rangés au fond d'une bourse en cuir. Réfléchissant à peine à ce que je suis sur le point de faire, je prends une inspiration loin d'être assurée, tournant lentement la tête de manière à être un peu moins sous le joug de sa paume, juste assez pour pouvoir glisser quelques mots, comme une prière déguisée sous les traits d'une offre qui se voulait alléchante. « Ecoutez, si c'est l'argent qui vous intéresse, je... j'ai une bourse. Avec quelques pièces dedans. Je vous assure que c'est tout ce que j'ai sur moi et... » Et quoi ? Et je n'en sais rien. Et rien d'autre, à vrai dire. Mon coeur s'emballe, ma langue flanche et, avec elle, peut-être un peu de mes angoisses aussi. Ce doit être ça, le dernier espoir du chevalier, mais à une échelle bien moindre. L'horreur de la situation m'échapperait presque alors que, doucement, je lève ma main libre dans l'espoir de me libérer définitivement de cette main qui m'empêche de parler correctement, tout pour gagner assez de prestance pour être convainquant. Le trajet n'est pas très long, et son attention peut-être suffisamment accaparée par mes mots pour que, grimaçant, je glisse mes doigts sous les siens, tentant de ne pas exercer de trop forte pression, même si mes gestes ne doivent pas être aussi précis que dans mon esprit. Plus basse qu'un murmure, c'est toujours à son attention que je glisse d'autres mots, des paroles qui coulent dans l'air qui nous sépare, alors que je tente vainement de voir son visage du coin des yeux. « Elle est sous ma veste, sous le pan gauche, là. Vous pouvez regardez, je ne mens pas, et je peux vous promettre que je ne crierai pas le moindre m- » Coupé en plein élan, ma main s'est trouvée une place de choix entre son poignet et ma joue et, si j'aurais mieux fait de m'extirper de sa dague en premier lieu, la découverte invraisemblable qu'elle m'offre vaut bien son pesant d'or. Là, sous les couches disparates de ses multiples vêtements, juste sous mes doigts, ne se trouve pas le reflet basané d'une peau qui voyage - du moins a-t-elle un semblant de compagnie, condensé sous les traits d'une bricole que je ne pensais pas revoir un jour. Quelques lanières de cuir, pas du meilleur usage, mais des couleurs particulières, assemblées dans un tressage aléatoire dont bien peu de personnes doivent se servir en Kahanor. Mon coeur rate un bond. Ce n'est pas possible, ce ne peut être le même bracelet, c'est inconcevable, presque... impossible ? Écarquillant les yeux, la menace de la dague toujours pointée sur mon abdomen s'efface brutalement de mon esprit et, presque aussi rapidement, je fais aller mes doigts autour des vieilles lanières de cuir prêtes à se briser au moindre faux mouvement, le sang tambourinant avec force jusque dans mes tempes. Et pourtant, elle est là. La petite dent de bois que j'avais difficilement taillée, cette petite figurine emmêlée entre les cordons de cuir. Elle me nargue, me sourit, je ne saurais trop dire, mais pourtant elle éveille en moi bien plus de souvenirs que le simple nom de Hurlevent. Des heures à courir, encore plus à s'enfuir, des sourires, des remontrances, des discussions bien peu importantes, d'autres qui se voulaient bien trop importantes, des découvertes, des envies, des divagations, des rires. Un départ. Et un prénom. « C'est pas possible... c'est impossible, ce bracelet... c'est le seul... c'est forcément le seul qui existe...  » Murmure précipité, ma voix s'échappe d'elle-même de mes lèvres, sans que je puisse penser à la retenir. Elle vole, glisse et s'écrase et, en entendant mes paroles, je me rends compte à quel point cette situation me dépasse définitivement. « Ce bracelet... Où est-ce que... » Ma question ne connaîtra jamais de fin et, pourtant, elle n'apparaît que trop clairement dans mes oreilles, sur ma peau, jusque sur mes lèvres. Où l'a-t-il eu ? Seulement deux réponses, deux optiques en tout point dissociables. La première ne m'enchante guère, et savoir que mon ami d'enfance aurait finalement trépassé sous l'arme d'un vil voleur suffit à m'asséner un coup en pleine poitrine. Quant à la deuxième... Invraisemblable, inimaginable. Mon coeur n'en cogne que plus douloureusement et, lâchant difficilement le petit bracelet des yeux, je redresse un peu la tête, la tournant lentement en arrière, juste pour vérifier la véracité de mon hypothèse, sans vraiment savoir ce que je préférerais voir sous cette sombre capuche. « ... E... Elios...? » Comme la réminiscence d'un passé révolu. Comme la dernière trace de souvenirs naïfs et brisés. Plus qu'une supplique, un dernier appel à l'aide, le seul qui peut encore sauver cette journée, le seul qui peut calmer son coeur.
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MessageSujet: Re: with the lights out, it's less dangerous. (nysen)   with the lights out, it's less dangerous. (nysen) EmptyMer 25 Déc - 14:42



Je n'aime pas ces obligations, je déteste le regret qui vient doucement titiller mon esprit avec son sourire malin. Je déteste cela. Comme dévoré par de petits démons qui viennent me frapper directement de l'intérieur. L'histoire n'aurait même pas dû continuer ainsi, encore moins prendre cette tournure. Si j'avais eu la bonne idée de ne pas prendre ce chemin, je ne serais pas présent, en ces lieux, la main sur la bouche d'un inconnu à le menacer. Se taire. Je ne demande rien de plus ou de moins, le silence aussi doux soit-il et destructeur. Il n'était pas censé être là. Au fond, des tas de petits fils nous relient, l'un à l'autre, s'il était tombé malade, cloué dans sa couche, il ne serait pas dans un état de peur aussi extrême. Il serait entrain de dormir, à se demander que faire en cette belle journée, bien qu'il soit fatigué par la fièvre. Et moi, si je n'avais pas raté cette cible, s'il n'avait pas bougé. Le sang aurait éclaboussé le visage de ses frères, se serait effondré sur le sol, et comme à mon habitude, mon ombre sera tout juste visible. La mission rendue, preuve de mon bon sens et de mes capacités, en tant que maître, je n'ai pas le droit à l'erreur, ou du moins, le plus rarement possible. Tout être humain ne peut se contenter de réussites sur réussites, rares ont été les fois où mes flèches se sont plantées dans un mur ou même brisées sur le sol. Il a fallu, parce que, les trois en ont décidés ainsi. Je peste, je sens la colère me taper dans le sang, celui-ci ne fait qu'un tour, mon coeur défaille, s'emballe comme des chevaux dévalant une pente. S'ils m'attrapent, je suis fini. S'ils m'attrapent, ma tête roulera dans le quartier commerçant d'Aubétoile. Parfois, je dois l'avouer, Hurlevent me manque, je suppose que ma mère n'est plus de ce monde, depuis ce temps, certainement morte de froid, de faim, ou d'une maladie à cause ses occupations. Je n'ai plus vraiment de visages qui viennent me hanter la nuit, et si, la culpabilité venait à me frapper les premiers jours de mon apprentissage, les larmes ne viennent plus à perler dans le coin de mes yeux. Le monde n'est qu'une vaste raillerie, dans laquelle je me suis allègrement enfoncé. L'oubli. Ce vieux fourbe avait raison, l'oubli est salvateur, le rire tout autant, et quand la panique vient à prendre le corps, les souvenirs viennent à retaper leur danse folle. Comme seul souvenir de mon enfance, je n'ai que ce bracelet qui ne tardera certainement pas à se briser. Du cuir, une dent en bois taillée par des mains fines et une concentration aussi grande que possible. Il n'a été qu'un passage dans ma vie, comme un doux hurlement, un désespoir palpable mais des adieux que je n'ai pu lui faire. J'ai voulu y retourner, une fois, puis deux au bout des mois, mon maître passait pourtant sa main sur mon épaule et me disait que c'était inutile. Renaître. Je suis mort à l'âge de douze ans, je n'ai revu la lumière du jour que trois années plus tard. L'arc à la main, la mort dans le coeur et le sourire arraché sur mon visage. Elios n'est qu'Elios, pourtant, il est en deux morceaux, deux parties distinctes. Il y a le vagabond qui était fort sale, ne pensait qu'à lui, à un point tel qu'il a renié celle qui lui a donné la vie, celle qui ne voulait même pas de lui. Et il y a l'assassin, celui caché derrière une capuche, trouvant un sens à son existence grâce à des ordres, un conseil, une nouvelle raison pour lui de courir après sa proie. Mi-homme, mi-animal. Il réagit grâce à ses sens, décidant du bien comme du mal, offert comme à tout à chacun. Question de choix, question de décisions qui me reviennent. Je pourrais le tuer, lui arracher le peu d'espoir qu'il lui reste, en rire et disparaître, tout en prenant sur mon passage de la nourriture, tirant une flèche dans la gorge des marchands qui ne demandaient rien. Je pourrais. Une part sombre de ma personne, me pousse même à vouloir le faire. La puissance de voir les prunelles larmoyer, de voir les membres trembler et de mettre fin à ce calvaire difficile. Je ne sais dans quelle voie aller, ni laquelle prendre, bien trop viennent à se montrer à moi. Celles que je pense justeS. Parce que, c'est ce qu'un membre de la guilde des Sombrelames doit faire. La justice dans l'âme, le bon dans le corps. Tuer pour mieux protéger, protéger pour se faire pardonner. La liberté. Quelque part, si je l'ai toujours eu, je la sens qui veut s'échapper lorsque j'ai le dos tourné. Je l'ai, accrochée à mon cou tel un pendentif, mais, quelque chose l'empêche de s'épanouir, alors j'agis pour me prouver que j'ai le droit d'être ici, j'agis pour sentir le soulagement de ce peuple en mal de confiance. Plus de tambours de guerre, encore moins d'armures qui brillent au soleil. Seulement du tissu qui vole au vent, des dagues qui tranchent et des flèches filantes au rythme d'un coeur battant.

Il ose bouger, le plus fébrilement possible. Je fronce les sourcils, s'il daigne hurler, il en sera fini de lui. Même si tout me gueule que le contraire doit se faire, que je dois le laisser partir et ramener la populace à mes trousses. Pinçant ma lèvre inférieure avec une certaine force, je laisse mes yeux vagabonder sur la sortie de la ruelle. Je vois des gamins sautiller, des femmes discuter des racontars, des hommes se gratter leurs ventres généreux en jetant des yeux discrets sur les créatures dans les alentours. « Ecoutez, si c'est l'argent qui vous intéresse, je... j'ai une bourse. Avec quelques pièces dedans. Je vous assure que c'est tout ce que j'ai sur moi et...  » La situation ne risque pas d'être meilleure. Il murmure, a tout juste bougé la tête pour pouvoir laisser le son passer à travers ma peau. Il n'est pas en position de défense, de rejet, il ne bougera certainement pas plus, ou du moins, c'est ce que j'ose espérer. Je ne vois pas son visage, encore moins les traits qui peuvent taper directement son visage. C'est un homme comme un autre. Avec ses sentiments, pouvant rire, sourire, et maintenant, il ne lui reste plus qu'à prier les trois, supplier, même donner son âme aux pires horreurs pour pouvoir encore respirer quelques jours. Nous mourrons tous un jour pourtant. Moi-même, je finirais sous terre, peut-être balancé dans de l'eau, pourrissant avec les poissons, ou au fond d'une falaise. Rien n'est perçu, rien n'est visible, pas même le temps qui s'écoule sur nos têtes. Qui sait ce que la suite le réserve ? Peut-être qu'un autre brigand l'aura d'ici un an, peut-être deux, qu'il ne lui laissera pas de répit et lui fera subir des souffrances avant de le laisser partir. Tant de possibilités. Mais, je ne suis pas le libérateur, je ne peux changer ce qui est écrit à l'encre sur sa peau, incrusté dans sa chair comme un mal putride. Je n'y réponds rien, bien trop concentré sur la lumière, qui, a laissé place à l'ombre dans le fond de ce lieux. « Elle est sous ma veste, sous le pan gauche, là. Vous pouvez regardez, je ne mens pas, et je peux vous promettre que je ne crierai pas le moindre m- » Seul un chut sec m'échappe des lèvres, arrêté dans sa phrase, je ne sais ce qui peut l'obnubiler d'un seul coup. Peut-être qu'il a eu une idée pour disparaître, un coup de coude dans le ventre pourrait être utile, mais pourrait signer des tas de choses. Je sens sa main bouger, glisser sur mon bracelet, et comme une évidence, je pousse un peu plus ma dague sur son corps. Que veut-il faire ? Me briser le bras ? Le poignet ? M'arracher la seule chose qui me raccroche à mon ancienne vie ? Il ne pourra rien en tirer, pas même deux sous. Sauf s'il désire la valeur dont tout le monde redoute, on s'accroche à des objets, des vieux, des neufs, on ne sait pas pourquoi, pourtant, on les aime, on ne veut les vendre, encore moins les jeter. Ils nous rappellent de belles épopées, des aventures aussi dérisoires qu'amusantes, dangereuses à la fois. La mienne, je l'ai vécu seul. Et si j'en avais eu le pouvoir, Nysen serait venu avec moi pour partager ces sensations. Le bien sentimental, celui qui vous pousse à sourire le plus bêtement possible. Même si c'est encore moindre, encore aujourd'hui, je ne supporte pas l'idée qu'un jour, il finira par tomber en cendres. « C'est pas possible... c'est impossible, ce bracelet... c'est le seul... c'est forcément le seul qui existe...  » A en juger par le timbre de sa voix, il doit avoir une importance. Serait-ce un apothicaire ? Mon ancien compagnon, m'aurait-il menti ? Est-ce qu'il aurait eu l'audace de voler ce bracelet à un quelconque bourgeois qui passait à Hurlevent pour des raisons qui lui sont propres ? Fronçant un peu plus mes sourcils, mes muscles viennent à se détendre. Il parle, ne hurle pourtant pas à l'aide. Ne veut pas être sauvé. Paraît complètement absorbé par ce morceau de cuir, cette lanière qui n'a pas l'air aussi pauvrette que ça. « Ce bracelet... Où est-ce que... » Depuis mon enfance, depuis plus de dix ans, il est sur ma peau, ne se laissant faire par aucun désagrément du temps. Ni la pluie, ni la neige, ni le froid venant me mordre, encore moins le soleil brûlant. Nysen avait raison à l'époque, m'avait marmonné que c'était un véritable porte-bonheur, éternel, qu'il m'arrivera bien des choses agréables grâce à ceci. Surtout à la petite dent taillée dans le bois. Elle n'est pas réelle, et pourtant, elle me donne l'impression que j'ai chassé le pire bestiaux que Kahanor ai jamais porté. Pour l'éternité il continuera de glisser sur mon poignet, jusqu'à ce que mes yeux se ferment définitivement. Plus il continue son monologue, moi je me sens à l'aise, comme entouré de plein d'yeux qui veulent ma perte. Pris sur le fait, je me sens l'enfant que j'étais il y a plus de quinze ans maintenant. Celui qui n'arrivait pas vraiment bien à voler au début, qui au fur et à mesure de mentir, avait fini par avoir ce qu'il voulait. Mais, qui, attrapé sur le fait, se mordait véritablement les doigts. Une fois ou deux, j'ai failli perdre une de mes mains. Heureusement, l'homme est le seul animal à pouvoir ressentir de la pitié. « ... E... Elios...? » J'ai cessé de respirer. Sa voix tinte dans mon esprit comme une mélodie, je ne comprends pas. Qui est-il au juste pour connaître mon prénom ? Je suis fichu, véritablement enlisé dans mon problème. Au nom du père, qu'ai-je fait pour mériter ça ? Ma main se repose sur sa bouche, j'avance d'un ou deux mètres, pour me rapprocher de ce point de non-retour. Sans pour autant le franchir. Entendre, seulement entendre. Personne ne peut encore nous voir, mais, moi, je peux me vanter de tout savoir.

« J'sais pas où c'qu'il est passé c'te pourri ! » Langage des paysans, il faut croire qu'il n'y a pas que des riches entrepreneurs à Aubétoile. « Il a pas pu se volatiliser comme ça. Fouillez le quartier, Keenan, tu viens avec moi, on va voir autour de l'Académie ! J'le jure sur les trois qu'on l'retrouvera et qu'on lui fera bouffer ses viscères. » L'idée qu'ils puissent m'attraper et me faire subir un tel sévisse me fait grimacer. Ils sont trop stupides, ne voient même pas la vérité qui se trouve juste devant eux. Reprenant une respiration plus calmée, je range seulement ma dague dans ma manche. Si la tête blonde désire à me faire faux-bond, qu'il le fasse, maintenant, ils seront bien trop loin, et je pourrais disparaître d'Aubétoile le plus vite possible, de quelle manière ? En courant, en grimpant un mur, en me jetant dans la gueule des loups qui se trouvent à l'extérieur de la capitale.  Mes doigts se dissipent, mes bras retombent le long de mon corps, et j'ajoute presque sèchement, comme si, enfin la nervosité venait à me frapper de plein fouet.  « Le silence. C'était trop d'mandé ? » Soupirant, désespéré d'être tombé sur une personne aussi bavarde, je redresse mon regard vers lui, toujours de dos à moi. Il connaît mon prénom, sait mon identité, et si l'envie de vengeance lui prend, pourra faire circuler mon prénom dans les villes et villages, dans toutes les contrées possibles. Une troisième vie s'offrira à moi, mais pas celle que je désire. Ou alors ? Ou alors quoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Il doute de qui je peux être, pourtant, une partie en moi me pousse à faire ce que je fais en cet instant précis. Passer mes doigts sur ma capuche et la faire tomber en arrière. Un visage vu à la lumière, ou du moins ce qu'il en reste. Je n'arrive pas à sourire, bien trop préoccupé parce ce qu'il a pu dire. « Garde ton argent, je n'suis pas là pour ça, je m'fous de la lourdeur de ta bourse.  De toute manière, si je l'avais voulu, tu n'serais même plus là à essayer d'parler. Les voleurs n'ont pas d'principes, encore moins les brigands. Va pas m'confondre avec eux. » Ma fierté vient d'en prendre un coup, c'est un fait. Après tout, la limite est mince entre un assassin et ces deux autres catégories qui sont bien plus sombres. Jadis, je n'étais qu'un petit vagabond, en grandissant, j'aurais pu être dans une bande de sanguinaires et faire régner la terreur sur mon passage. J'ai encore une part de bonté, contrairement à ceux qui se sont perdus dans le coeur des ténèbres. Laissant un bref silence, j'avance d'un pas, puis de deux pour me retrouve face à lui. Ses prunelles sont d'un bleu aussi clair que de l'eau. Il me rappelle quelque chose, quelqu'un, une impression de m'être déjà retrouvé face à lui. C'est trop flou, trop lointain pour que je veuille faire l'effort d'un tel travail. Je ne dois pas m'attarder sur sa personne, malgré tout, c'est bien connu que la curiosité l'emporte. Même pour le plus sérieux des hommes. « Comment ça s'fait que tu connaisses mon nom ? Si j'avais eu affaire à toi, j'm'en serais souvenu. » Ou presque. Parfois, l'esprit aime à jouer des tours, à taper doucement sur la coquille et faire sortir cet amas qui ne sert presque à rien. Je plisse légèrement les yeux, comme si, analyser sa tête allait m'aider dans une quelconque révélation. Ses vêtements aussi y passent, bien beaux, bien propres, comme le reste de son corps. Durant la moitié de mon parcours, je n'ai eu affaire qu'à des pauvres, ou des personnes qui arrivent tout juste à s'en sortir. Une dégaine pareil, je ne l'aurais certainement pas loupé. Encore moins une telle présence. Candide, d'une pureté presque dégoûtante, comme on en voit rarement. Il doit savoir lire, écrire, courtiser ces dames, jouer d'un instrument et participer aux évènements de la ville. Je juge, mais, je ne sais pas. « J'sais pas ce que tu veux à mon bracelet aussi. J'l'ai depuis que je suis gosse. J'vois même pas pourquoi j'te dis ça d'ailleurs, j'ferais mieux de détaler. » Je me retourne juste assez pour avoir une vue radicale sur la grande rue commerçante. Ils continuent de vivre, le monde continue de marcher et peu importe ce qu'il vient de se passer dans cette ruelle. Je regarde un peu plus loin, juste assez pour savoir si je peux utiliser les toits, ou encore devoir poser toute mon escapade sur les pavés. Je regarde à gauche, à droite, encore une fois, de manière systématique, comme une logique que je m'impose à moi-même. Si ma tête est prête à déguerpir, mes jambes, elles, ne le sont pas. Je n'attends pas à ce qu'il me court après, juste qu'il m'explique, et si je ne tiens pas à bavarder de ma personne durant des heures, il se chargera d'éclaircir mes idées. Elios. Il connaît le nom du premier, ou du deuxième, allez savoir. Entre le changement de peau, j'ai emporté avec moi ce qui visiblement, vient de me trahir. Personne ne fait attention à un tel détail. Personne, sauf lui.
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