AccueilAccueil  Tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  

Partagez
 

 Dangereuse magie (Flora)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyMer 14 Mai - 14:40

La Grande Île était un endroit magnifique, toute en montagne escarpée, vallées enchanteresses et plages de sables fins, forêts de palmiers et d’autres arbres exotiques parsemées de fleurs imposantes et colorées. Pour tout dire les seuls endroits de ce paradis perdu qui s’étaient enlaidis étaient directement liés à l’action des hommes. De fait, les bidonvilles entourant les cités libres étaient crasseux et remplis de vas nus pieds, tandis que même les quartiers abritant une sorte de classe moyenne avaient bien souvent été bâtis à la hâte, sans aucune notion d’architecture. Et dans la Grande Cité Libre, la capitale informelle de Yelderhill, où les décisions des puissants se prenaient, ces derniers avaient souvent fait preuves d’un goût douteux quant à l’édification de leurs palais de princes marchands. Pourtant il existait une zone de la cité, à son sommet, où sept collines se faisaient face à quelques distances l’une de l’autre, qui avait été sublimée plutôt qu’enlaidie par les hommes. En effet, sur chacun de ces piédestaux naturels se dressait un grand palais.

Tous étaient remarquables et de styles très différents, l’un d’un style baroque et foisonnant plein de gargouilles, de hauts murs et de pont levis rappelant assez les châteaux-forts du continent en plus petit et en moins inexpugnable, l’un bâti essentiellement sous terre dont la partie visible à l’extérieur n’était qu’un ensemble de fortins décorés et gravés de moult fresques. Bref l’originalité avait présidée, et pourtant au lieu d’une galerie d’horreurs discordantes, on obtenait un musée, une ode au savoir-faire architectural des mortels, encore magnifié par la plus grande et la plus haute de toutes ces villas-palais, celle de Farwil Selkis.

Toutes en dômes et en arrondis, le marbre et le rosé y étant privilégié, les formes de l’ensemble étaient harmonieuses, à la fois imposantes et délicates. Des belvédères travaillés avec art parsemaient des jardins entourant ce qu’il fallait bien appeler, un palais. Et autour de ces jardins, une double ligne de hauts murs, bien gardés, ainsi que d’autres, séparant la demeure de ces œuvres d’art florales, le tout, évidemment, gardé par des hommes bien armés à la démarche professionnelle, ainsi que par quelques défenses plus immatérielles.

Et, au centre de tout cela, au deuxième étage, dans un bureau, le maître des lieux. Selkis était penché sur un parchemin détérioré, placé sous verre, qu’il observait à l’aide de bésicles grossissantes. Sur son visage, rien n’indiquait la tension relative qui l’habitait tandis qu’il choisissait le réactif approprié pour tenter de mettre en évidence l’inscription secrète qu’il savait être présente en haut à gauche. Non, il opérait avec un détachement clinique. Puis, soudain, quelques coups frappés à la porte du grand bureau et la sérénité s’envole imperceptiblement, changement d’état d’esprit dont le seul signe est la pose quelque peu brusque des bésicles sur la surface en merisier massif.

- Oui ?

- Elle est réveillée, fit un serviteur en livrée en entrouvrant la porte.

D’un pas pressé, Farwil s’engagea dans les couloirs et en quelques minutes fut dans une chambre. Une belle chambre, aux tons bleus, parsemée de belles tapisseries marines, dont le plafond était décoré d’une grande gravure représentant les fonds sous-marins où nageaient sirènes et calamars. Cette pièce, la chambre marine, était l’une des préférées de Selkis quoique n’égalant en splendeur la chambre du feu et la chambre mythique, décorées suivant les thèmes éponymes. Et, dans un grand lit à baldaquins, une jeune fille émergeait d’un sommeil trouble, tandis qu’à ses côtés deux médecins experts en troubles liés à l’éveil magique veillaient, diverses décoctions vides à leurs côtés.

Le mage la regardait, pensif. Il était tout de même incroyable qu’elle soit mage ! D’un point de vue commerçant, il avait fait une affaire incroyable. Quelques rares marchands vendaient des mages, ceux-ci ayant subi moult tortures et privations en vue de briser leur volonté et de les rendre serviles, et chacun de ces mages dociles valait le prix d’un petit palais. Si le marchand avait su quelle était la nature de la fille, il ne l’aurait pas cédé pour moins. Et cette fille elle-même, quelle ironie du sort ! Elle ne se rendrait probablement pas compte avant longtemps de la chance qu’elle avait eu, paradoxalement, d’être enlevée et vendue comme esclave.

Bien sûr si elle était tombée aux mains de l’amateur de fers rouges elle l’aurait regretté, mais en l’occurrence elle avait été achetée par un maître n’éprouvant nul désir de faire souffrir ses esclaves, qui en outre comptait la séduire plutôt que la forcer, et dont les bons sentiments se trouvaient d’autant plus éveillés qu’il était lui-même un mage. A coup sûr, une vie de palais quoique ne s’appartenant pas valait mieux que la vie qu’ils réservaient aux mages sur le continent. Il y avait là quasiment de quoi faire croire au destin, que elle précisément ait été enlevée, amnésique, et qu’elle soit vendue, entre tous les acheteurs, au seul mage présent.

Peinant à sortir de son état comateux, Elora mettait du temps à s’éveiller. Farwil fit signe à ses gens de dégager la pièce, et dans un bruit de froufrou et de chaises déplacées, les médecins partirent en s’inclinant bien bas. Le mage, lui, vint s’asseoir à côté du lit et regarda la belle entrer tout à fait dans le monde de l’éveil, en lui dédiant son sourire le plus charmant, tâchant de garder ses yeux rivés à ceux de la fille malgré la chemise de nuit plutôt évasée qui dissimulait peu des attraits du corps féminin. Devant les signes de perplexité de la jeune femme, Farwil fit un geste apaisant.

- Bonjour, l’endormie. Si j’avais su que t’annoncer ta nature de mage occasionnerait un tel trouble crois bien que j’aurais pris plus de précautions. J’en déduis que tu n’as pas été formée et que ton amnésie a commencé avant que tu prennes conscience de tes dons. Quoiqu’il en soit tu te trouves en ma demeure, au-dessus de la Cité. Mes hommes de médecine ont veillé sur toi pendant ton sommeil mais je crains qu’ils n’aient pu empêcher d’éventuels cauchemars ni enrayer la douleur à la tête que tu dois ressentir.

Farwil soupira. Il se souvenait avec une précision déplaisante des maux qui l’avaient accablé pendant sa jeune époque de mage débutant. Piochant dans un baquet à côté du lit, il prit de la glace enveloppée dans du lin, et l’appliqua avec douceur sur le front endolori d’Elora, quasiment capable de voir à travers la chair le nœud de forces malignes qui s’était formé pour nuire à la sorcière en devenir.

- Tu as besoin d’un maître en magie, et hélas le vieil homme qui s’était occupé de mon cas avec un savoir-faire et une patience rare est décédé il y a quelques étés, et je ne sais trop qui contacter pour l’instant. J’y réfléchirais et je vais mener quelques investigations mais pour l’heure c’est moi qui t’enseignerais. J’espère cela dit que tu montres quelques dispositions dans le domaine élémentaire, sinon je ne pourrais guère que t’apprendre à dompter la force douloureuse qui te tourmente.

Et par « investigations », il pensait aux vingt-huit de ses agents qui sillonnaient les bars, les troquets et les bibliothèques que fréquentait la petite communauté magique de la Cité pour dénicher l’oiseau rare aux dons d’enseignant reconnus par ses pairs.

- A propos, comment te sens-tu ?
Revenir en haut Aller en bas
Flora
Florathe world
ɤ REGISTRATION : 13/03/2014
ɤ PARCHEMINS : 90
ɤ STATUT DU SANG : Orpheline ɤ origines inconnues ɤ plus tard esclave
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Inconnue ɤ trouvée dans le fleuve près de Tranquillien en Cahoridie
ɤ METIER OU FONCTION : vagabonde ɤ guérisseuse ɤ puis esclave de Farwil Selkis dans la Cité Libre
ɤ INVENTAIRE : une robe dans les tons ocres, une chemise blanche, un châle servant parfois de voile, une ceintures tissée ou en cuir, des bottes en cuir, une sacoche de médecines, une bourse, une dague.


Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyMer 14 Mai - 18:38

Lorsqu'Elora se réveilla, elle ne pouvait dire depuis combien de temps elle avait été plongé dans ce "sommeil" forcé. Elle resta quelques minutes à ne rien faire, le temps de reprendre ses esprits. Sa tête la lançait toujours comme sous des pulsations mais rien à voir avec la douleur atroce qui l'avait traversé un peu plus tôt. Grimaçant un moment, elle massa ses tempes du bout des doigts les yeux toujours clos puis essaya d'ouvrir les paupières.

La lumière lui sembla si aveuglante qu'elle les referma presque aussitôt. Des flashs lumineux lui traversèrent lors la tête, accompagnés de températures différentes et d'un pouvoir qu'elle pouvait ressentir, s'agitant sous la surface comme une bête emprisonnée. C'était comme si elle se trouvait tourbillonnant dans une sorte de vortex situé à la fois dans le domaine du visible et de l'invisible. La sensation était assez étrange, éprouvante et difficile à expliquer par des mots... Elle tenta à nouveau, se forçant cette fois à garder les yeux ouverts et put alors observer l’endroit où elle se trouvait.

Une pièce spacieuse dans les tons bleus. Et elle se trouvait elle-même dans un lit immense à baldaquins, sa tête surélevée par une pile de coussins qui lui donnaient une position semie-assise. Un chevet, une grande armoire, une table sur laquelle se trouvait une vasque en argent remplie d’eau et de glace, une coiffeuse, un miroir, un tabouret... Les murs en pierre recouverts de blanc et de bleu étaient décorés de façon exquise de façon à représenter le monde aquatique. Même le plafond était recouvert d'images de fonds marins, de poissons, d’humanoïdes à queue de poissons et d'autres étranges créatures dont elle ne connaissait pas le nom.

Une des fenêtres était ouverte, laissant un vent frais souffler sur son visage, lui apportant un réel réconfort. La pièce entière respirait la lumière et la fraîcheur. Les volets étaient ouverts et laissaient passer les quelques rayons du soleil. Il devait être très tôt à en juger par la position du bel astre lumineux dans le ciel. C'était incroyable, elle avait du rester inconsciente presque une journée entière, si ce n'était davantage !

D’ailleurs, à bien y réfléchir, elle ne savait toujours pas comment elle s’était retrouvée là.  Comment se faisait-il qu’elle n’était pas morte ? Qu'une telle douleur ne l'ait pas tué ? Pourquoi se trouvait-elle dans un endroit aussi beau et aussi confortable alors qu'elle était censée n'être qu'une esclave ? Elle ne comprenait plus rien. Elle ne se souvenait pas avoir compris quoi que ce soit depuis son amnésie en réalité, songea-t-elle avec amertume. Elle avait l’impression que tout lui échappait. Une mage ? Elle ? Pourquoi avait-il eu l'air de croire qu'elle était si spéciale ? Pourquoi l'avait-il regardé comme si elle était si extraordinaire ? N'avait-elle pas eu plusieurs démonstrations de ce genre au marché des esclaves pour se dire que ce don était peut-être plus commun qu'elle ne l'aurait pensé ? Elle commençait à en avoir assez. Des questions, encore des questions, et jamais de réponses.

Ce fut à se moment-là qu'elle remarqua la présence de son maître dans la pièce. N'ayant pas été totalement consciente elle ne l'avait pas immédiatement remarqué et elle se demanda depuis combien de temps il avait été à à l'observer. Elle frissonna lorsqu'elle vit qu'elle était vêtue d'une autre manière et était vêtue d'une simple chemise blanche dont elle pouvait dire à la fabrique douce et presque soyeuse ainsi qu'à la qualité de confection indiquaient clairement qu'elle devait être extrêmement coûteuse. Elle avait été donc déshabillé lorsqu'elle était inconsciente ?

Cette simple pensée la mit mal à l'aise et elle rougit soudainement lorsqu'elle vit l'homme s'approcher, la fixant intensément du regard tout en lui adressant un sourire qui se voulait réconfortant mais qui ne fit que faire s'emballer le cœur de la jeune fille. Instinctivement elle voulut remonter le drap blanc sur elle. Pourtant, comme si elle s'était retrouvée figée sur place, elle ne put esquisser aucun geste et se contenta de le fixer avec des yeux écarquillés, se demandant s'il allait répondre à certaine de ces questions et si tout ce traitement de faveur allait demeurer ou pas un mystère.

— Bonjour, l’endormie. Si j’avais su que t’annoncer ta nature de mage occasionnerait un tel trouble crois bien que j’aurais pris plus de précautions. J’en déduis que tu n’as pas été formée et que ton amnésie a commencé avant que tu prennes conscience de tes dons. Quoiqu’il en soit tu te trouves en ma demeure, au-dessus de la Cité. Mes hommes de médecine ont veillé sur toi pendant ton sommeil mais je crains qu’ils n’aient pu empêcher d’éventuels cauchemars ni enrayer la douleur à la tête que tu dois ressentir.

Il soupira. Elle ne se souvenait pas avoir fait de cauchemars étrangement, tout lui paraissait incroyablement flou depuis les tribunes, depuis la goutte dorée sur sa main et l'homme lui annonçant qu'elle était mage... Il s'assit à côté d'elle et attrapa un morceau de linge dans le vasque d'eau glacée. Elle se rendit compte qu'elle avait les yeux encore légèrement plissés sous la douleur car lorsqu'il appliqua la compresse froide sur son front, elle sentit presque immédiatement son visage se détendre. Cela lui faisait vraiment du bien et l'apaisa un moment.  

— Tu as besoin d’un maître en magie, et hélas le vieil homme qui s’était occupé de mon cas avec un savoir-faire et une patience rare est décédé il y a quelques étés, et je ne sais trop qui contacter pour l’instant. J’y réfléchirais et je vais mener quelques investigations mais pour l’heure c’est moi qui t’enseignerais. J’espère cela dit que tu montres quelques dispositions dans le domaine élémentaire, sinon je ne pourrais guère que t’apprendre à dompter la force douloureuse qui te tourmente.

Pourquoi s'inquiétait-il autant pour elle ? Pourquoi se donner autant de mal ? Pourquoi lui consacrerait-il du temps à lui enseigner quoi que ce soit ? Après tout, même si elle possédait ce Don elle n'avait encore fait aucun démonstration de celui-ci et elle doutait d'avoir jamais appris à l'utiliser même avec son amnésie, comme il semblait lui-même le penser. Qui lui disait aussi qu'elle ait envie d'apprendre une telle chose ?

Certes, elle avait été impressionné, émerveillée même par les démonstrations de ce type de pouvoirs auxquelles elle avait pu assister pour l'instant, mais posséder elle-même de talents aussi particuliers, et peut-être un tel potentiel... Le voulait-elle vraiment ? N'était-ce pas dangereux ? Ne risquerait-elle pas de faire mal aux gens si elle n'arrivait pas à le contrôler ? Même s'il lui apprenait, avec une telle chose la moindre erreur ne risquerait-elle pas d'être fatale et de mettre la vie des autres en danger ? Elle ressentait tellement de choses en elle que cela l'effrayait...

—  A propos, comment te sens-tu ?

Perdue dans ses pensées, cette question la prit légèrement au dépourvu. Pourtant, elle aurait dû s’y attendre, logiquement. Elle se racla la gorge et murmura faiblement  :

— Bien.

Elle n'allait pas si bien que ça bien entendu, se sentant encore fiévreuse, nauséeuse, et ayant toujours mal à la tête. Mais elle avait connu pire et après tout ce qu'il avait fait pour elle elle aurait trouvé malvenu de se plaindre. Elle reprit avec plus d’assurance cette fois-ci , ses yeux noisette plongés dans son regard d'azur :

— Merci de m’avoir soigné.

La jeune fille ne savait que dire de plus. Que pouvait-elle bien ajouter ? Elle était légèrement confuse tandis qu'il continuait de lui appliquer la compresse en souriant. Pourquoi faisait-il preuve d'une telle douceur ? Il y avait presque une forme de tendresse dans ses gestes. Elle ne put s'empêcher de se sentir méfiance. Était-ce un piège ? Une sorte de test ? Elle s'attendait à tout moment à se faire jeter dans une pièce sombre et obscur avec d'autres d'un sort semblable aux siens ?
Revenir en haut Aller en bas
https://tales-of-k.forumactif.org/t764-flora-beauty-and-hope-in-t
Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptySam 17 Mai - 4:39

- Ce n’est rien, ce n’est rien. Comment ne pas ressentir l’envie de me porter au secours de ta personne alors que je suis également mage ? Même si… je me demande quel peut être ton domaine de compétence, tes affinités. Pour ma part j’ai fait le choix d’opter pour un domaine très spécifique et restreint mais que j’ai perfectionné à un niveau… non négligeable. Si cela t’agréé, nous allons tester cela rapidement. Mais j’ai là quelque chose qui devrait te requinquer quelque peu.

Lissant les plis de son manteau d’intérieur, Farwil se leva et marcha d’un pas vif vers une armoire située à l’autre extrémité de la pièce, et ouvrit un tiroir. Une légère fraicheur se répandit alors dans la pièce, comme si le mage avait ouvert une espèce de portail vers une région hivernale. La sensation disparut quand il referma le tiroir après en avoir sorti un drageoir en cristal très ouvragé sur lequel était représenté un dauphin s’élançant dans les airs après un bond spectaculaire hors de l’eau. Selkis amena le drageoir sur la table de chevet d’Elora et lui fit signe de se servir. Puis eut un petit rire de gorge devant sa perplexité. En effet il était logique qu’elle soit confuse devant le contenu du drageoir, où reposaient une dizaine de boules apparemment comestibles, de couleur rouge.

- J’oubliais ton… statut. Ce que tu as là c’est une pâtisserie, je l’appelle Tendre Rouge. Elle est faite à base de fruits, et d’un autre élément appelé « sucre ». C’est encore peu connu sur le continent mais les « cannes à sucre », la plante d’où l’on tire ceci, vient de Yelderhill, car vois-tu les climats du continent sont trop froids pour cette plante sensible. Je possède la plupart des plantations de cannes à sucre et un certain nombre d’hectares de fraisiers, on peut donc dire que cette pâtisserie est totalement Selkis, fit il avec un rire amusé. En outre ce n’est pas une douceur ordinaire puisqu’un peu modifié par alchimie, et capable de faire reculer tes nausées, et, théoriquement, la fièvre. Pour le mal de tête en revanche…

Il attendit qu’elle en croque un, puis un autre, et s’amusa de sa surprise devant ce goût absolument inconnu. Il se revoyait quelques décennies auparavant découvrant une vie de luxe après des années de pauvreté et de vie dénuée de ce genre de petits plaisirs. Lui avait immédiatement voulu tout posséder, tout avoir, tout obtenir. Elle, pensait-il, était faite d’un bois un peu différent, ne serait-ce que parce qu’elle n’agissait pas dans le but de plaire ce qui dans sa situation aurait sans doute été considéré comme la meilleure tactique, et Farwil, lui, voyait la vie comme un jeu dangereux où il fallait faire preuve de stratégie.

Selkis la regardait toujours, pensif, satisfait de voir son teint revenir à la normale. Il réfléchissait. Une seule de ces pâtisseries valait le prix d’un navire de taille moyenne, ce dont elle ne pouvait se douter, mais qui, lui, l’irritait un peu. Sa propre attitude l’étonnait. Certes il espérait obtenir un certain nombre de choses de cette fille mage, son corps ne venant qu’en dernier sur la liste, et à cet égard il y avait un profit, selon lui, supérieur à tirer de l’achat qu’il avait fait qui justifiait bien la dépense de quelques sourires et de quelques produits luxueux.

Pour autant il aurait simplement pu attendre quelques jours sinon quelques heures, et ne pas lui offrir un Tendre Rouge… Lui, à sa place, s’il avait été capturé comme esclave et qu’on avait découvert son don de magie, aurait-il été traité aussi bien ? Certainement pas ! Il faillit rire devant l’absurdité de la situation. Il était jaloux d’un état de chose qu’il avait lui-même ordonné et se comparait aux esclavagistes les plus violents et les plus sadiques qui s’étaient fait une spécialité de briser les mages. Il secoua imperceptiblement la tête, comme pour chasser ces pensées irritantes.

- Je pense que tu es assez bien portante pour te lever. Dans la commode à ta gauche il y a des habits. Enfile-les et rejoins-moi hors de cette chambre.

Et Farwil de sortir, puis d’attendre. Il nota le regard curieux d’un domestique qui passait, et fronça les sourcils en lui décochant un regard glacial qui disait en substance « tu n’as même pas le droit de penser quelque chose d’insolent ». L’autre pressa le pas. Farwil n’ignorait pas que l’arrivée d’Elora et le traitement auquel elle avait droit troublait la domesticité, habitué à ce que le maître prenne les esclaves féminines à son goût au lit contre quelques breloques et un ou deux mots doux. Qu’ils s’imaginent ce qu’ils veulent, leur mépris envers la femme se transformerait bientôt en crainte respectueuse quand ils en sauraient plus sur sa nature, ce qui considérant la tendance es inférieurs à bavarder arriverait plus tôt que tard. Ces réflexions furent interrompues par Elora, qui sortit, vêtue d’une jolie robe. Selkis sourit.

- Suis-moi, Elora.

Ils passèrent à travers de nombreuses pièces, et à l’occasion Farwil se fendait d’une description sommaire ou de quelques informations sur les personnes qu’ils croisaient. Thomas Jansao, le premier intendant, Ingrid, la peintre favorite. Les thermes privés au sous-sol, et les cabinets de toilette des esclaves au rez-de-chaussée.

Bref il donna quelques informations sur la villa tandis qu’ils gagnaient le deuxième étage en passant par un grand escalier en bois de hêtre qui à lui seul dégageait une aura de richesse et de bon goût, arrivaient dans une antichambre sur le thème de la chasse, et finalement aboutissaient dans une pièce immense, dont on peinait à distinguer tout à fait le plafond de bois, dont centimètre de mur était occupé par des rayonnages remplis de manuscrits.

Ils étaient de toutes sortes, certains à la belle allure, protégés par leur reliure de cuir, d’autres plus sommaires, quelques feuilles de parchemins retenus par de la ficelle, d’autres encore véritables œuvres d’art mises en évidence dans des vitrines de cristal, aux couvertures d’une richesse inouïe et aux pages enluminées savamment. Des fauteuils de lecture en cuir, conçus pour le confort et la détente autant que pour l’étude parsemaient la pièce, posés sur des tapis de laine épais représentant toutes sortes de scènes liées aux arts. Farwil se tourna vers la jeune femme, restée interdite devant un tel spectacle.

- Donc voilà. Tu es une esclave, oui. Mon esclave. Quoique j’ordonne tu ne pourrais y échapper et ton salut vient de mon absence de disposition aux débordements violents. Je ne dis pas ça pour me gargariser de mon pouvoir mais pour souligner une question qui a déjà dû te venir à l’esprit à savoir « pourquoi est-il si gentil avec moi ? ». Il est vrai que je ne suis jamais odieux avec les belles esclaves mais aucune n’a eu droit à ce traitement, sauf que toi tu es mage. Et les liens de l’esclavage, je crois, ne peuvent pas être aussi solides que ceux de la loyauté.

Il s’interrompit et fit une dizaine de pas avant de s’engager brièvement sur une échelle pour y prendre un volume en cuir usé par les années et l’utilisation excessive.

- « La Théorie du Contrôle », par Yvan Oleld. Un ouvrage remarquable qui parle précisément de l’éveil des pouvoirs magiques… et de leur contrôle. Yvan Olded, le même guérisseur tué par les templiers qui a écrit « Des traitements exotiques », un fascinant ouvrage sur la guérison par les plantes de Yelderhill, ouvrage également présent ici. Or donc, si tu m’es loyale et que tu deviens une mage appliquée qui mettra son pouvoir à mon service, tu accéderas à toutes ces connaissances et tu pourras user de ton pouvoir avec force et pondération à la fois. Donc je te le demande Elora, seras tu loyale envers moi ? Si tu dis non, je ne te ferais rien.

Oui, rien. Ainsi nul apprentissage des pouvoirs, nul soin, bref aucune arme fournie à une femme qui refusait d’accorder son obéissance et donc, une menace de moins. La beauté et le charme n’avaient, pour le fondateur de la Banque des Neufs, qu’une importance très minime quand elles s’opposaient au bon sens.
Revenir en haut Aller en bas
Flora
Florathe world
ɤ REGISTRATION : 13/03/2014
ɤ PARCHEMINS : 90
ɤ STATUT DU SANG : Orpheline ɤ origines inconnues ɤ plus tard esclave
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Inconnue ɤ trouvée dans le fleuve près de Tranquillien en Cahoridie
ɤ METIER OU FONCTION : vagabonde ɤ guérisseuse ɤ puis esclave de Farwil Selkis dans la Cité Libre
ɤ INVENTAIRE : une robe dans les tons ocres, une chemise blanche, un châle servant parfois de voile, une ceintures tissée ou en cuir, des bottes en cuir, une sacoche de médecines, une bourse, une dague.


Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptySam 17 Mai - 13:58

— Ce n’est rien, ce n’est rien. Comment ne pas ressentir l’envie de me porter au secours de ta personne alors que je suis également mage ? Même si… je me demande quel peut être ton domaine de compétence, tes affinités. Pour ma part j’ai fait le choix d’opter pour un domaine très spécifique et restreint mais que j’ai perfectionné à un niveau… non négligeable. Si cela t’agréé, nous allons tester cela rapidement. Mais j’ai là quelque chose qui devrait te requinquer quelque peu.

L'homme se leva pour se diriger vers une armoire à l'autre bout de la pièce dont il ouvrit un miroir. Flora sentit le changement de température pourtant presque imperceptible de là où elle était. Était-ce à nouveau de la magie ? Sans doute. Il revient avec une sorte de boîte étrange transparente et finement ouvragée sur laquelle figurait un étrange poisson et dont le contenu était de mystérieuses boules de couleur écarlate. Il la déposa sur le petit meuble près du lit et lui fit un petit signe en direction de celle-ci.

— J’oubliais ton… statut. Ce que tu as là c’est une pâtisserie, je l’appelle Tendre Rouge. Elle est faite à base de fruits, et d’un autre élément appelé « sucre ». C’est encore peu connu sur le continent mais les « cannes à sucre », la plante d’où l’on tire ceci, vient de Yelderhill, car vois-tu les climats du continent sont trop froids pour cette plante sensible. Je possède la plupart des plantations de cannes à sucre et un certain nombre d’hectares de fraisiers, on peut donc dire que cette pâtisserie est totalement Selkis, fit il avec un rire amusé. En outre ce n’est pas une douceur ordinaire puisqu’un peu modifié par alchimie, et capable de faire reculer tes nausées, et, théoriquement, la fièvre. Pour le mal de tête en revanche…

C'était donc à la fois une douceur et une médecine qu'il lui offrait ? Étrange, pensa la jeune fille. Quelque chose lui disait que même dans sa précédente vie elle n'avait rien vu de semblable. Timidement, elle en prit un des petits gâteaux et le mit dans sa bouche, entier. Ils n’étaient pas bien grands, juste la taille d’une bouchée, c’était parfait. Elle referma la bouche et commença à mâcher. La consistance était tendre et moelleuse, légère et même un peu coulante au milieu. Elle le sentit fondre agréablement dans sa bouche. De délicieuses sensations l'envahirent, s'enchaînant les unes aux autres, complètement inconnues et nouvelles, chatouillant ses papilles et réchauffant tout son être.

Elora se sentit comme réchauffer de l'intérieur et se retint tout juste d'échapper un soupir de plaisir, en attrapant presque inconsciemment un nouveau dans la boîte. Ces choses-là étaient vraiment merveilleuses ! Elle n'aurait jamais eu idée qu'une telle chose puisse exister. Peut-être était-ce du à leurs propriétés magiques mais elle sentait quelque chose en elle qui pétillait. Elle allait soudain beaucoup mieux, elle n'était plus nauséeuse et l'énergie l'avait regagné. A cet instant, sa raison la rattrapa et elle se dit sans doute qu'elle n'aurait pas du avoir un deuxième. Elle déglutit. Pourquoi était-il si gentil avec elle ? Qu'attendait-il d'elle ? Ses joues rosirent d'embarras.

— Je pense que tu es assez bien portante pour te lever. Dans la commode à ta gauche il y a des habits. Enfile-les et rejoins-moi hors de cette chambre.

Lorsqu'il eut quitté la chambre, Elora s'approcha de lentement de la commode dont il lui avait parlé et y trouva une robe verte d'excellente facture mais pourtant très simple, sans doute censée faire ressortir la couleur de ses yeux, et s'en vêtit. Elle trouva non loin de la commode également des chausses et des bottes en cuir, étrangement à la bonne taille malgré ses petits pieds menus. Une fois prête, la jeune fille lissa une dernière fois sa robe dont la fabrique était souple et douce au toucher, arrangea rapidement ses cheveux retombant librement dans son dos, puis sortit timidement de la chambre pour se retrouver face à l'homme, tête basse.

— Suis-moi, Elora, lui dit-il de sa voix à la fois douce et ferme qui ne souffrait pas la contradiction.

Il lui fit la présentation des personnes qui vivaient dans cet immense endroit, ainsi que des différentes fonctions des lieux dans lesquels ils passaient. La jeune fille pouvait difficilement cacher combien tout ceci l'émerveillait et elle passait son temps avec les yeux écarquillés, impressionnée que de telles choses, un tel monde existe. Leur visite se termina dans une immense bibliothèque, ce qui fut la pièce qui la laissa le plus bouche bée. Elle était immense et remplie de livres de toutes tailles et de toutes sortes. Des fauteuils avaient été installé, préparés pour le confort de la lecture. Lorsqu'il se retourna vers elle, elle avait encore la bouche entrouverte, figée de stupeur.

— Donc voilà. Tu es une esclave, oui. Mon esclave. Quoique j’ordonne tu ne pourrais y échapper et ton salut vient de mon absence de disposition aux débordements violents.

Elora ferma la bouche et déglutit sous cette menace à peine voilée. Il lui faisait par là-même aussi comprendre qu'elle était sienne, sa propriété, qu'elle lui appartenait et ne possédait plus son libre-arbitre mais était soumise à ses moindres désirs et volontés. La pensée la faisait frémir. Que pouvait-il bien vouloir d'elle ?

— Je ne dis pas ça pour me gargariser de mon pouvoir mais pour souligner une question qui a déjà dû te venir à l’esprit à savoir « pourquoi est-il si gentil avec moi ? ». Il est vrai que je ne suis jamais odieux avec les belles esclaves mais aucune n’a eu droit à ce traitement, sauf que toi tu es mage. Et les liens de l’esclavage, je crois, ne peuvent pas être aussi solides que ceux de la loyauté.

Il s'arrêta net et partit faire quelque chose tandis qu'elle était perdue dans ses pensées. Loyauté ? Qu'est-ce que tout ceci signifiait ? Il voulait faire d'elle une alliée alors qu'un peu plus tôt il soulignait le fait que mage ou pas elle restait une esclave soumise à ses moindres caprices ? Ce n'était pas comme s'il lui laissait vraiment le choix puisqu'il décidait pour elle. Il revint vers elle avait un très ancien et épais ouvrage.

— « La Théorie du Contrôle », par Yvan Oleld. Un ouvrage remarquable qui parle précisément de l’éveil des pouvoirs magiques… et de leur contrôle. Yvan Olded, le même guérisseur tué par les templiers qui a écrit « Des traitements exotiques », un fascinant ouvrage sur la guérison par les plantes de Yelderhill, ouvrage également présent ici. Or donc, si tu m’es loyale et que tu deviens une mage appliquée qui mettra son pouvoir à mon service, tu accéderas à toutes ces connaissances et tu pourras user de ton pouvoir avec force et pondération à la fois.

C'était donc ça... Il allait se servir d'elle, comme d'un outil. Il allait se servir de ses pouvoirs. Et il lui faisait miroiter la possibilité d'apprendre à contrôler sa magie comme une récompense. Pensait-il vraiment qu'elle était attirée par le pouvoir ? Pour l'instant, la simple pensée que quelqu'un se serve d'elle pour la pousser à commettre des actes atroces ou à provoquer la crainte chez ses ennemis lui glaçait les sangs.

— Donc je te le demande Elora, seras tu loyale envers moi ?

Elle ne connaissait pas cet homme, il pouvait très bien lui demander de tuer ou de faire le mal. La loyauté impliquait une obéissance et une confiance aveugles, cela signifierait donc qu'elle s'exécuterait si elle devait lui être fidèle de cette manière. La jeune fille ne serait certainement pas prête à cela. Jamais. Jamais elle ne ferait des choses horribles, même s'il la torturait, même s'il menaçait de la tuer. Autant qu'il en finisse avec elle tout de suite.

— Si tu dis non, je ne te ferais rien, ajouta-t-il, comme s'il pouvait percevoir sa crainte et sa confusion.

— Je ne vous connais pas... lâcha doucement Elora pour seule réponse, dans un souffle, les yeux écarquillés, le cœur battant violemment dans sa poitrine.

Je ne connais même pas votre nom... voulut-elle un instant ajouter. Et c'était vrai, il ne s'était même pas présenté à elle. Comment pouvait-elle lui faire confiance alors que tout chez lui lui indiquait de se méfier ?
Revenir en haut Aller en bas
https://tales-of-k.forumactif.org/t764-flora-beauty-and-hope-in-t
Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyJeu 29 Mai - 16:47

La loyauté. Un concept relativement étranger à Selkis. Son enfance, dans les bas-fonds de la Cité Libre, était faite de trahisons et de violences commises dans le seul but d’en imposer, quoique chez lui ce genre de vilenies se manifestât davantage sous une forme pernicieuse et rouée qu’à l’aide d’une force brute qui lui faisait défaut. Mais quoiqu’il en soit, ces idées de serments et d’obligations n’étaient que des vains mots, ou du moins était ce qu’il avait pensé pendant de nombreuses années au fur et à mesure qu’il s’élevait dans la société en ne lésinant pas sur les fourberies.

Au contraire, cela lui avait semblé être une arme donnée à l’adversaire, une contrainte à sens unique dans laquelle les idiots se prenaient volontairement. Pourtant à bien y réfléchir… quand Farwil avait commencé à occuper une position telle qu’il était devenu l’un des individus les plus puissants du monde connu, son opinion avait petit à petit évolué. Principalement du fait de ses voyages discrets sur le continent. Là, il avait pu observer les seigneuries, les nobles à l’œuvre.

Oh la plupart se moquaient comme d’une guigne des serments et jouaient un jeu dangereux où les intrigues s’accompagnaient de poignards empoisonnés et où les vassalités ne tenaient qu’en temps de stabilité mais pouvaient s’effriter dès qu’il y avait une opportunité à saisir. Pour dire le vrai, les seigneurs, entre eux, n’étaient guère loyaux. Non, la vraie force des serments se trouvaient plus bas, au niveau des chevaliers sans titre, des écuyers et des sergents. Dans ces castes intermédiaires, ni tout à fait roturières ni tout à fait nobles, on trouvait le sens de la vraie loyauté. Des hommes voyant leur appartenance à une maison avec fierté, et prêts à beaucoup pour la défendre, désireux du meilleur pour elle.

C’était d’autant plus étonnant que eux même, du fait du système dynastique en place sur le continent, n’avaient presque aucune chance d’accéder à une position d’influence, aussi leur loyauté ne pouvait être récompensée, même avec la meilleure volonté du monde, que par d’aussi piètres récompenses que l’argent ou le matériel, mais leur statut social, immatériel et réellement important, ne pouvait évoluer que jusqu’à un certain point. Et pourtant.

Donc, là-bas, Farwil avait appris l’existence de la loyauté réelle n’était pas un mythe et vu sa force. Dès lors il s’était employé à changer le mode de gestion de son personnel, ne se contentant plus de simplement satisfaire aux souhaits de ses hommes pour qu’ils soient satisfaits de leur employeur et aient un enthousiasme raisonnable dans leur travail, mais s’était mis à cultiver leur loyauté à une échelle inédite sur la Grande île où tout fonctionnait par l’argent et l’intimidation. Des informateurs avaient été disposés ici et là, et quand une femme d’un commis était malade, souffrante, miraculeusement un remède était apporté avec en arrière-plan la générosité de Selkis. Ou, quand un de ses hommes avaient des ennuis pas trop préoccupants mais tenaces avec la garde de la Cité, dont les salaires était payés par les marchands, un petit mot suffisait à le sortir d’affaire. Et cela marchait.

Mais tout cela ciblait une certaine population, de commis et de scribes, de patrons de caravanes et de gérants de boutiques, d’officiers mercenaires et d’artistes, bref des gens plusieurs échelons au-dessous de Selkis, qu’il ne fréquentait pas vraiment directement mais essentiels, dont il avait appris, à distance, à cerner les motivations, dont il comprenait les rouages, des gens qui ne pouvaient guère le surprendre, quoiqu’il en soit. En revanche les esclaves… Ils faisaient partie du décor. Indispensables également mais remplaçables, aux fonctions si subalternes que n’importe qui pouvait les effectuer, un peu comme des créatures artificielles dont l’opinion n’était même pas conceptualisée, ou comme des animaux de compagnie que l’on pouvait cajoler mais qui ne pouvaient prétendre qu’à l’affection du maître.

Mais elle, cette fille, cette esclave, qu’au départ il pensait mettre dans son lit puis quand il s’en serait lassé, qu’il aurait affecté à quelque tâche tranquille et peu contraignante, prenait soudain un intérêt réel grâce ou à cause de ses pouvoirs magiques, et voilà qu’il fallait se soucier de ses opinions et de sa susceptibilité. C’était à la fois un chouïa excitant d’imaginer ces émotions peu connues et d’essayer de se mettre à sa place pour mieux percevoir ses pensées, mais aussi frustrant. La question était simple : comment obtenir d’elle sa coopération volontaire et même peut être une forme de dévotion, ou tout du moins, toujours ce mot, de loyauté. A la remarque de la fille, Farwil eut un petit rire vaguement ironique.

- Tu ne me connais pas, tu ne me connais pas… Je suis sûr que tu as entendu mon nom dans les gradins, et tu peux deviner un certain nombre de choses au vu de ma position, de ces gens sous mes ordres, de mon tempérament… Les dizaines d’esclaves en train de s’occuper des jardins qui m’ont peut-être entrevu quatre ou cinq fois, fugacement, ne me connaissent pas, mais je ne dirais pas que tu ne sais rien. Mais, souffla-t-il d’un air taquin en se rapprochant jusqu’à presque sentir son souffle, j’espère que nous nous découvrirons davantage également…

Il eut autre rire devant la réaction toute empourprée d’Elora et alla s’asseoir dans un des fauteuils de la bibliothèque, s’enfonçant dans le dossier et faisant signe à la fille d’en faire autant. De la partie inférieure d’une étagère, il sortit une bouteille d’alcool en cristal et s’en servit un verre, en déposant également un à l’intention de son interlocutrice, curieux de voir si elle allait le surprendre et boire.

- Enfin. Je suis Farwil Selkis, marchand et banquier – une banque c’est une espèce de commerce -, et mage. J’aimerais faire ton éducation en magie parce que bien que tu ne sois actuellement qu’une esclave et qu’on puisse te juger négligeable, le fait que tu détiennes des pouvoirs latents fait que tu m’es plus semblable que bien des gens puissants. Et puisque j’ai passé ces épreuves avant toi ma foi… Cela étant dit il va de soi, et là intervient la question de la loyauté, que si je fais cela, si je t’aide à dompter cette force redoutable, j’aimerais qu’ensuite tu uses de tes pouvoirs à mon profit. Oh, rien « d’immoral », si tu t’inquiètes de ces choses-là. Mais par exemple… admettons que tu aies des affinités avec l’air, imagine toi sur un de mes navires contenant un important chargement d’épices, à faire gonfler ses voiles, à dompter l’eau et le ciel peu coopératifs pour le faire voguer plus vite, plus fort. Ou supposons que tu aies des facilités pour la magie de la nature, des arbres, des feuilles, de la terre tu pourrais assister des équipes de constructions en préparant le terrain. Tu vois rien de bien méchant, conclut-il avec un énième sourire charmant.

Puis il laissa planer le silence. Il souhaitait obtenir une réponse qui vienne d’elle, il voulait qu’elle prenne part à la conversation, qu’elle s’implique, frustré de ce tempérament rétif.
Revenir en haut Aller en bas
Flora
Florathe world
ɤ REGISTRATION : 13/03/2014
ɤ PARCHEMINS : 90
ɤ STATUT DU SANG : Orpheline ɤ origines inconnues ɤ plus tard esclave
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Inconnue ɤ trouvée dans le fleuve près de Tranquillien en Cahoridie
ɤ METIER OU FONCTION : vagabonde ɤ guérisseuse ɤ puis esclave de Farwil Selkis dans la Cité Libre
ɤ INVENTAIRE : une robe dans les tons ocres, une chemise blanche, un châle servant parfois de voile, une ceintures tissée ou en cuir, des bottes en cuir, une sacoche de médecines, une bourse, une dague.


Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyJeu 29 Mai - 17:44

Il se mit à rire à sa remarque.

— Tu ne me connais pas, tu ne me connais pas… Je suis sûr que tu as entendu mon nom dans les gradins, et tu peux deviner un certain nombre de choses au vu de ma position, de ces gens sous mes ordres, de mon tempérament…  Les dizaines d’esclaves en train de s’occuper des jardins qui m’ont peut-être entrevu quatre ou cinq fois, fugacement, ne me connaissent pas, mais je ne dirais pas que tu ne sais rien.  

Il rapprocha son visage tout près du sien, ce qui eut pour réaction automatique de la faire s'empourprer.

— Mais j’espère que nous nous découvrirons davantage également…

Cette remarque la mit mal à l'aise et elle rompit la connexion de leurs regards pour baisser les yeux vers le sol tout en se frottant le bras gauche de sa main droite, marque évidente de sa gêne. Du coin de l’œil, elle le vit s'asseoir dans un des grands fauteuils de la pièce qui avaient l'air d'être rembourrés pour offrir un très grand confort. Il lui fit signe de s'asseoir à son tour et elle s'exécuta timidement, s'asseyant sur le bord du fauteuil qui avait l'air immense pour elle.

Alors qu'il sortait une bouteille et servait deux verres, elle joua un instant avec une mèche de sa longue chevelure tout en réfléchissant à toute vitesse. Il avait de toute l'idée de l'utiliser. Quelle que soit la façon dont il se servirait d'elle, elle restait un investissement quand il l'avait acheté au marché. Il s'attendait bien entendu à en faire le meilleur profit alors sa magie serait sans doute la meilleure utilisation possible.

Mais pouvait-elle abandonner complètement ce libre-arbitre à un homme qui pouvait sans doute être capable du pire, comme elle le soupçonnait ? Une chose était certaine : elle ne lui faisait pas du tout confiance... Cet homme semblait avide de pouvoir et aussi n véritable opportuniste. Son assurance sans doute sans faille indiquait qu'il n'aurait sans doute pas la patience de se faire contredire ou Il serait sans doute près à tout pour obtenir davantage.

S'"associer" à un tel niveau avec un homme pareil n'était pas seulement dangereux pour elle, mais pouvait être également pour de nombreuses personnes. Au nom de la survie avait-elle vraiment le droit de causer le malheur autour d'elle ? Non, elle ne pouvait pas... Elle ne voulait pas prendre ce risque. Elle ne voulait pas devenir un monstre. Car c'est ce qu'elle deviendrait au service d'un homme pareil, elle n'en doutait pas.

Comme pour confirmer ces soupçons, il se présenta enfin et lui expliqua de manière un peu plus claire ce qu'il attendait d'elle tandis que la jeune fille avait les yeux fixés sur le verre qu'il avait glissé dans sa direction sans y toucher.

— Enfin. Je suis Farwil Selkis, marchand et banquier – une banque c’est une espèce de commerce -, et mage.

Elora ne savait pas s'il s'agissait d'un test, mais elle n'osait relever les yeux ni toucher au verre tant qu'il ne lui aurait pas clairement indiqué. Elle savait que de nombreuses choses allaient se jouer dans les instants qui suivraient et dont peut-être beaucoup allaient fixer son destin. Si elle avait une chance de s'en sortir en vie, elle ne voulais pas la manquer. Aussi n'avait-elle pas droit à l'erreur...

— J’aimerais faire ton éducation en magie parce que bien que tu ne sois actuellement qu’une esclave et qu’on puisse te juger négligeable, le fait que tu détiennes des pouvoirs latents fait que tu m’es plus semblable que bien des gens puissants. Et puisque j’ai passé ces épreuves avant toi ma foi… Cela étant dit il va de soi, et là intervient la question de la loyauté, que si je fais cela, si je t’aide à dompter cette force redoutable, j’aimerais qu’ensuite tu uses de tes pouvoirs à mon profit.

Jusque là, rien qu'elle ne sache déjà... Mais quelque chose dans son esprit lui disait que la loyauté se gagnait et ne s'achetait pas. Par sa manière de faire il essayait clairement d'acheter la sienne, ce dévouement envers lui et lui seul. Pensait-il que c'était si simple ? Sans doute, puisqu'il avait une expérience du monde bien plus importante que la sienne. La jeune fille se disaient que beaucoup n'avaient pas de scrupules ou pensait d'abord à leur survie.

Mais elle ? Que voulait-elle, elle ? Sa vie méritait-elle qu'elle sacrifie ses valeurs ? Son âme ? Si elle se perdait, que lui restait-il ? Ils lui avaient ôté sa liberté mais ils ne pouvaient la déposséder de son esprit ni entièrement de ses choix. Elle avait toujours la faculté de penser, ce n'était pas un objet quoi qu'ils tentent de lui faire croire. Pouvait-elle vraiment agir de façon immorale et profiter de son existence ?

— Oh, rien « d’immoral », si tu t’inquiètes de ces choses-là, déclara le banquier, comme s'il lisait dans ses pensées. Mais par exemple… admettons que tu aies des affinités avec l’air, imagine toi sur un de mes navires contenant un important chargement d’épices, à faire gonfler ses voiles, à dompter l’eau et le ciel peu coopératifs pour le faire voguer plus vite, plus fort. Ou supposons que tu aies des facilités pour la magie de la nature, des arbres, des feuilles, de la terre tu pourrais assister des équipes de constructions en préparant le terrain. Tu vois rien de bien méchant.

Elle releva les yeux et il lui sourit, charmeur. Que pouvait-elle lui dire maintenant ? Qu'elle pouvait l'aider La loyauté était aveugle, inconditionnelle, elle impliquerait qu'elle devrait faire ce qu'il attendrait d'elle ? Devait-elle lui mentir alors ? Quelque chose s'était tendu en elle et elle se sentit étrange, comme si ses sens s'étaient soudain aiguisés. Elle entendait des voix, percevait des bruits un peu partout autour d'elle qui ne semblaient pas provenir de la pièce.

Sa vision clignota de manière étrange et elle serra ses petits poings posés sur ses cuisses. Une pulsation étrange se faisait ressentir à nouveau dans tout son corps tandis qu'elle essayait de focaliser à nouveau son attention sur l'homme qui attendait une réponse, en face d'elle. Elle déglutit puis souffla lentement, les battements de son cœur s'accélérant progressivement alors qu'elle sentait comme un danger latent autour d'elle.

— Je ne peux pas vous vendre mon âme, commença-t-elle de sa voix douce et mesurée, mais je vous aiderai et vous soutiendrais du mieux que je le peux, déclara-t-elle, ses yeux écarquillés finalement rivés dans les siens.

Ces mots étaient sans aucun doute ceux d'une femme libre, pas d'une esclave. Mais demandait-on habituellement à une esclave sa loyauté ? Non, bien entendu. Et au fond d'elle, elle n'avait sans doute jamais été esclave, elle mourait libre...
Revenir en haut Aller en bas
https://tales-of-k.forumactif.org/t764-flora-beauty-and-hope-in-t
Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyDim 1 Juin - 17:06

- Je m’intéresse peu aux âmes ma chère, et il est dangereux de parler de la vendre car certains de nos semblables mages se sont faits une spécialité d’exercer ce genre de trafics et de proposer des pactes et des contrats des plus douteux autour de ces notions. Même si je doute que tu montres jamais d’affinité envers ce genre de pratiques, rétorqua Farwil avec un petit rire.

Riant certes, mais pensif, le mage. Après tout il ne pouvait pas être sûr de ce qu’il venait de dire. Des mages du sang il en avait déjà rencontré et même employé, et ils étaient de toutes sortes et de toute nature. Bien sûr au bout d’un temps on ne pouvait s’empêcher de les trouver malfaisant, mais quand ils commençaient à montrer des dispositions pour ces ténébreux domaines ils pouvaient aussi bien être des esclavagistes sans scrupules que des guérisseurs d’une probité parfaite montrant simplement un peu trop curiosité dans le fonctionnement du corps humain. Quoiqu’on puisse penser devant ce faciès fort agréable et cette voix cristalline suintant l’innocence, il était impossible de dire quel pourrait être son futur.

A cette pensée, Farwil eut une conscience aigüe de la dague invisible qui reposait contre son flanc. Si cette fille devait s’avérer incontrôlable et qu’au cours de sa formation il découvrait qu’elle était portée vers des disciplines dangereuses pouvant le mettre en danger lui ou ses gens, ou ses possessions, il n’hésiterait pas mettre fin à l’activité de cette âme d’un coup sec comme on soufflerait une bougie. Mais on en était pas là. Pour l’instant tout ce qu’il avait en face de lui c’était une jolie mage qui avait besoin de formation et qui pourrait dans le futur se montrer d’une grande utilité dans de nombreux domaines. Selkis sourit et laissa le silence planer un moment, savourant, aussi, la situation. Il était un mage rencontrant une autre mage et s’apprêtant à la former, au milieu d’un somptueux domaine dont il était le maître absolu. Que de bonheur, que de satisfaction comparé au sort des mages sur le continent.

- Quoiqu’il en soit ton soutien me convient bien à défaut de ton âme, Elora. Et je suis ravi de ta décision, on ne saurait former quelqu’un qui n’accepte pas volontairement. Et ta formation justement. Elle sera délicate je préfère t’en avertir. Je n’ai aucun don de pédagogue, je suis impatient, facilement agacé par les lenteurs et les soucis de compréhension et j’ai du mal à accepter les échecs même quand je ne peux pas attendre raisonnablement un succès immédiat, donc ton pouvoir s’épanouira sans doute plus lentement qu’avec le tuteur que nous te trouverons. Mais j’essaierais d’être un professeur aussi convenable que possible, fit-il avec un sourire d’autodérision.

Puis le mage de se lever dans un bruissement de tissus et de parcourir la pièce du regard. Il fit signe à Elora de rester assise tandis qu’il gagnait une fenêtre à quelques distances de là. Il l’ouvrit et aboutit à un balcon fleuri. Pensif, il passa en revue les différents petits arbustes et fleurs avant de prendre quelques-unes de ces dernières, s’agaçant de n’avoir rien préparé. Il revient auprès de la fille et posa les fleurs sur la table, sous le regard curieux et perplexe de cette dernière. Il se remit à parcourir la bibliothèque, et dans une étagère il trouva une obsidienne de belle taille qui servait de décoration pour souligner la beauté d’une collection de volumes reliés. Il la prit et la posa à côté des fleurs.

Ensuite il s’arrêta pour réfléchir. Comment fallait-il faire… Avernus était un polyvalent et il avait usé naturellement de ses pouvoirs pour réaliser ce qui posait problème à Farwil mais Selkis ne s’était perfectionné que dans deux domaines. Il resta là, debout, pensif. Puis il eut une illumination. Sortant de la bibliothèque, il héla un serviteur et demanda qu’on lui apporte deux petites cordes, l’une devant faire une longueur deux fois moindre que l’autre, ainsi qu’un grand éventail. Il attendit, attendit et finalement ce qu’il avait demandé fut posé sur la table avec le reste. Sous le regard interloqué d’Elora, il monta sur le meuble et entreprit d’accrocher les deux bouts de la corde la plus longue aux étagères de livres entre lesquelles ils se trouvaient, et pour que cela tienne il modifia l’air sur une petite zone avant de le transformer en eau puis en glace.

Enfin autour de cette corde il noua la plus petite et, à son extrémité, le grand éventail. Il imprima un vif mouvement et l’éventail commença à se balancer. Farwil éclata de rire. Ne daignant toujours aucune explication à Elora, il prit son verre d’alcool entre les mains et trempa le doigt de dedans, se concentrant quelques instants et en changea le liquide en de l’eau pure. Enfin, il prit un bougeoir dans une étagère et, d’une pensée, alluma les flammes des bougies.

Il contempla son œuvre. Sur la table, bien alignés, des fleurs, des bougies produisant des flammes, un minéral, un verre rempli d’eau et enfin l’éventail qui produisait un déplacement d’air constant. Farwil était fort satisfait de lui-même. Il ne pouvait pas produire de déplacement d’air sans y associer du feu parce qu’il ne s’était jamais entraîné dans ce domaine et qu’il éprouvait des difficultés particulières vis-à-vis de cet élément quand il s’agissait de le manipuler à son état le plus pur. Mais grâce à un soupçon d’ingéniosité il avait produit un espèce de dispositif brassant l’air sur lequel il suffisait de donner un petit coup pour le faire se balancer. Bien, bien. Il se tourna vers Elora.

- Nous avons donc les quatre éléments, la terre et le minéral, l’eau et le liquide, le feu, et l’air. Pour ce dernier comme tu le constates, j’ai dû, disons, me servir des moyens du bord. Et les fleurs que tu as ici ne sont point un bouquet pour célébrer tes charmes mais la symbolique de la puissance du naturel. Enfin en tout cas c’est ainsi que j’imagine la chose. J’ai essayé de reproduire au mieux la méthode dite « de Falachio », c’est une grande première pour moi également.

Selkis se tourna vers la porte de la bibliothèque, restée ouverte. Un serviteur, la main levée pour frapper, était resté interloqué devant l’étrange spectacle qui s’offrait à lui. Le mage claqua la porte au nez de l’important avec humeur, un sourire satisfait quand l’importun eut une petite exclamation de douleur quand le battant assez lourd entra en collision avec son pied. La curiosité n’était pas très encouragée chez les serviteurs et autres invisibles, qu’on se le dise. Selkis revint près d’Elora et rapprocha son fauteuil du sien, avant de s’asseoir juste à côté d’elle. Une petite tension était perceptible quand il s’exprima.

- Bon. Il faut déterminer tes affinités magiques pour savoir dans quels domaines tu pourrais avoir des prédilections. Ici j’ai représenté les domaines qu’on nomme en général naturels et élémentaires, et nous allons essayer de voir si la force qui est en toi réagit à quelque chose. Pour se faire tu vas imaginer la sensation que tu ressens en arrière-plan de tes migraines, cette espèce de boule rigide dans ton ventre, cette chaleur brûlante dans ton corps, et t’imaginer la projeter, conceptualise la comme une lumière, comme une flamme ou que sais-je encore. Et tout autour, le noir. Ne pense qu’à cet écho en toi. Puis ajoutes y l’un après l’autre, l’air que tu sens être déplacé par l’éventail, cette flamme que tu peux percevoir sur ces bougies. Sens-les, ne pense qu’à elles. Tout au long de l’expérience je serais là.

Selkis, de sa main droite, prit celles d’Elora tandis que son autre main se posait sur son front.

- Ton corps est essentiellement constitué d’eau. Cela tombe bien parce que j’ai la maîtrise de cet élément subtil et je sais en user pour guérir. Tandis que tu essaieras d’associer cette force en toi et ces éléments autour de toi, je calmerais tes migraines et je t’éviterais de souffrir. Si tu montres une affinité envers quelque chose, un résultat devrait se produire, par exemple les feuilles deviendront des branches ou quelque chose comme ça. N’aie pas peur, je suis parfaitement apte à juguler tout débordement donc ne te retient pas. Bien. Prête ?
Revenir en haut Aller en bas
Flora
Florathe world
ɤ REGISTRATION : 13/03/2014
ɤ PARCHEMINS : 90
ɤ STATUT DU SANG : Orpheline ɤ origines inconnues ɤ plus tard esclave
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Inconnue ɤ trouvée dans le fleuve près de Tranquillien en Cahoridie
ɤ METIER OU FONCTION : vagabonde ɤ guérisseuse ɤ puis esclave de Farwil Selkis dans la Cité Libre
ɤ INVENTAIRE : une robe dans les tons ocres, une chemise blanche, un châle servant parfois de voile, une ceintures tissée ou en cuir, des bottes en cuir, une sacoche de médecines, une bourse, une dague.


Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyLun 2 Juin - 23:18

— Je m’intéresse peu aux âmes ma chère, et il est dangereux de parler de la vendre car certains de nos semblables mages se sont faits une spécialité d’exercer ce genre de trafics et de proposer des pactes et des contrats des plus douteux autour de ces notions. Même si je doute que tu montres jamais d’affinité envers ce genre de pratiques.

Il rit à nouveau tandis qu’Elora se faisait plus sérieuse et concentrée que jamais. Elle n’était pas sûre de ce don il faisait référence, mais cela n’avait l’air rien de bon. Elle savait que si ce genre de pratique tombait dans quoi que ce soit de dangereux, elle arrêterait. Mais elle ne doutait pas non plus que si elle s’avérait être une quelconque menace pour lui et ses intérêts, il n’aurait sans doute aucune hésitation à la mettre à mort. Car c’était bien cela que d’être maître, non ? Il avait un droit absolu de vie et de mort sur elle. Elle n’était après tout rien de plus qu’un simple objet qui serait détruit s’il s’avérait dysfonctionnel ou dangereux… Elle sentait pourtant l’excitation palpable chez le mage à l’idée de la former… Contrairement à elle, cet inconnu qui la terrifiait avait l’air de le ravir, ce mystère qui l’angoissait de le fasciner….

— Quoiqu’il en soit ton soutien me convient bien à défaut de ton âme, Elora. Et je suis ravi de ta décision, on ne saurait former quelqu’un qui n’accepte pas volontairement. Et ta formation justement. Elle sera délicate je préfère t’en avertir. Je n’ai aucun don de pédagogue, je suis impatient, facilement agacé par les lenteurs et les soucis de compréhension et j’ai du mal à accepter les échecs même quand je ne peux pas attendre raisonnablement un succès immédiat, donc ton pouvoir s’épanouira sans doute plus lentement qu’avec le tuteur que nous te trouverons. Mais j’essaierais d’être un professeur aussi convenable que possible.

Elora suivit d’un regard intrigué tous ses préparatifs. Elle essayait de comprendre, d’abord perplexe, puis assez rapidement une idée se forma dans son esprit. Fleurs, les végétaux, la vie, le sel du monde… Terre. La coupe remplie… Eau. La flamme des bougies… Feu. L’éventail en mouvement…. Air. Les quatre éléments étaient disposés devant elle.

— Nous avons donc les quatre éléments, la terre et le minéral, l’eau et le liquide, le feu, et l’air. Pour ce dernier comme tu le constates, j’ai dû, disons, me servir des moyens du bord.  Et les fleurs que tu as ici ne sont point un bouquet pour célébrer tes charmes mais la symbolique de la puissance du naturel. Enfin en tout cas c’est ainsi que j’imagine la chose. J’ai essayé de reproduire au mieux la méthode dite « de Falachio », c’est une grande première pour moi également.

Si la jeune fille restait tout à fait insensible à ses tentatives d’humour et gardait un air grave, elle écoutait cependant très attentivement les explications du mage. Elle ne savait pas ce à quoi il faisait référence par la méthode de Falachio mais, même s’il ne se disait pas pédagogue, elle ferait tout pour bien comprendre. Il s’était tourné vers la porte ouverte et ce qui se produit ensuite choqua énormément Elora, même si elle ne le montra pas, l’expression de son visage étant toujours indéchiffrable. Cela n’aurait pourtant pas du la surprendre cependant car elle avait déjà deviné qu’il était ce genre d’homme. Son agacement était susceptible lorsqu’il s’exprima à nouveau, ce qui la fit se tendre.

— Bon. Il faut déterminer tes affinités magiques pour savoir dans quels domaines tu pourrais avoir des prédilections. Ici j’ai représenté les domaines qu’on nomme en général naturels et élémentaires, et nous allons essayer de voir si la force qui est en toi réagit à quelque chose. Pour se faire tu vas imaginer la sensation que tu ressens en arrière-plan de tes migraines, cette espèce de boule rigide dans ton ventre, cette chaleur brûlante dans ton corps, et t’imaginer la projeter, conceptualise la comme une lumière, comme une flamme ou que sais-je encore. Et tout autour, le noir. Ne pense qu’à cet écho en toi. Puis ajoutes y l’un après l’autre, l’air que tu sens être déplacé par l’éventail, cette flamme que tu peux percevoir sur ces bougies. Sens-les, ne pense qu’à elles. Tout au long de l’expérience je serais là.

Le mage lui prit alors la main, et elle frissonna, toujours aussi peu habituée à ce genre de contact. Il posa ensuite l’autre main sur son front.

— Ton corps est essentiellement constitué d’eau. Cela tombe bien parce que j’ai la maîtrise de cet élément subtil et je sais en user pour guérir. Tandis que tu essaieras d’associer cette force en toi et ces éléments autour de toi, je calmerais tes migraines et je t’éviterais de souffrir. Si tu montres une affinité envers quelque chose, un résultat devrait se produire, par exemple les feuilles deviendront des branches ou quelque chose comme ça. N’aie pas peur, je suis parfaitement apte à juguler tout débordement donc ne te retient pas. Bien. Prête ?

Déterminée, Flora hocha silencieusement la tête en guise de réponse. Oui, elle était prête. Elle savait qu’elle ne pouvait plus reculer de toute façon à présent. Elle prit une grande inspiration par le nez puis souffla lentement par la bouche, essayant ainsi de calmer l’appréhension qui lui tordait les entrailles. Lentement, après plusieurs inspirations et expirations elle calme son cœur battant et sentit son corps se détendre peu à peu.

La jeune esclave fit précisément ce qu’il avait demandé, de se remémorer ce qu’elle ressentait lorsqu’elle était assaillie par ces migraines. En dehors de l’agonisante douleur, il y avait… Elora ferma les yeux comme pour mieux se remémorer ce ressenti si personnel et intérieur, essayant de faire abstraction de ce contact sur sa main et sur son front…

Ce n’était pas une boule au creux de son ventre, non… Cette boule n'était autre que la peur qu’elle y associait… Ce qui était présent, omniprésent, c’était cette énergie, cette force qu’elle ressentait et qui semblait la déchirer de toutes parts, comme si elle n’était pas seulement contenue dans son corps mais partout, autour d’elle, comme si elle essayait de faire réunir son être tout entier avec ce Tout… Il y avait donc cette Force, qu’elle ressentait comme une pulsation dans chacune de ses veines, sa conscience qui semblait être éclatée, ses sens plus aiguisés…

Elle le sentait maintenant, ce Tout autour d’elle, elle pouvait le sentir mais pas le toucher, comme si elle baignait dedans, comme si chaque parcelle de son corps y était liée. Elle entendait soudain une multitude de voix et de sons qui lui parvenait dans un brouhaha qu’elle n’arrivait pas à trier. Chaque chose, chaque son autour d’elle lui semblait plus présent. La chaleur de la flamme, du corps auprès d’elle, la fraîcheur de l’air qui entrait par la fenêtre. L’odeur des fleurs, de la bougie incandescente, de l’homme, de tout cet endroit… Les cœurs battants, les oiseaux, le chant d’une fontaine à l’extérieur… Son toucher même, chacun de ses sens semblait s’être développé de manière incontrôlable.

Alors elle sentit à nouveau l'angoisse monter en elle alors qu'elle se faisait envahir par ce flot de sensations grisantes et de plus en plus fortes. Elle sentait qu'elle n'arrivait plus à se contrôler, qu'il y avait quelque chose d'enivrant, certes, mais aussi de terrifiant, de trop brute et sauvage, de trop libre pour se laisser contrôler, comme une entité avec ses propres règles, sa propre volonté qu'elle essayait d'imposer à elle, une nature qui était de toute manière beaucoup plus forte et ancienne qu'elle...

Toujours intensément concentrée pour essayer désespérément de suivre ce flot de sensations, elle sentit que son être s’effacer progressivement. Bien qu'une part d'elle cherchait encore à garder un contrôle, elle ne fut bientôt plus elle-même, elle fut complètement possédée par cette puissance qui avait pris le pas sur sa conscience propre. Elle devint la flamme, elle était l’eau, le courant d’air qui entrait dans la pièce, les fleurs mourantes… Elle était l’oiseau qui passait par la fenêtre, le sang qui pulsait dans leurs veines...

Elle ouvrit soudain les yeux. Ceux-ci étaient illuminés d’une lueur violette intense et bien qu’elle sembla regarder fixement devant elle. Dans une intuition, et bien qu’il ne lui ait pas fait signe d’aller plus loin, elle reporta son attention vers les éléments en face d’elle. Elle comprenait soudain naturellement leur intime connexion et c’est alors qu’elle sentit plus qu’elle ne vit que le feu n’était plus sur la bougie, l’eau dans la coupelle et que les fleurs s’étaient désagrégées en une poudre et s’étaient mises à flotter avec l’eau et le feu à une trentaine de centimètres au-dessus de la table dans un cercle tournoyant : terre, eau, feu, air…

Elle ne saurait dire combien de temps s’était écoulé. Une seconde ? Une heure ? Un siècle ? Elle était déconnectée de la réalité, déconnectée d’elle-même. Elle n’était déjà plus dans cette pièce mais ailleurs. Partout. Elle s’éloignait de plus en plus de cette île envahie par le bruit des hommes, plus loin encore que le ressac mugissant, au-delà, elle se glissa avec le vent pour jouer à travers les feuilles et les branches… Et bientôt elle se retrouva à courir à travers une forêt d’arbres immenses, haletante, ses pas s’enfonçant dans le sol humide forestier.

Elora sentit le goût ferreux du sang envahir sa bouche et c’est ainsi qu’elle revint soudain à elle. Mais était-elle alors vraiment elle-même ? La sensation de plénitude et de compréhension profonde avait disparut, remplacée par une autre, plus personnelle maintenant qu’elle était retournée dans son corps, mais effrayante... Les éléments avaient disparu, comme s’ils s’étaient évaporés devant elle, et elle sentait quelque chose de puissant, de sauvage, d’animal monter en elle. Son corps entier s’était mis à trembler bien que sa température soit devenue brûlante, et elle s’était mise à émettre un grondement rauque.

Il voulait l’utiliser, l’enfermer, elle n’était rien d’autre pour lui qu’un outil, un objet… Toutes ses pensées, ses doutes et ses craintes d’un peu plus tôt lui revinrent à l’esprit, provoquant en elle une rage montante. La tête à présent baissée, ses longs cheveux bruns lui cachant une partie du visage, elle s’entendit laisser un nouveau grondement sortir de sa gorge. Inhumain. Ses yeux avaient eux aussi changé de forme et de couleur, à présent dorés et brillants aux pupilles verticales. Des yeux de bête. Elle sentait l’homme à côté d’elle, elle pouvait entendre clairement son cœur battant, sentir la légère sueur qui commençait à se former sur son front, le sang battant violemment dans sa jugulaire…

NON ! Une petite voix réussit cependant à se faire entendre au milieu de sa conscience éparpillée alors que montait en elle une peur animale. Ressaisis-toi ! Tu dois te contrôler ! Les battements de son cœur se calmèrent. Elle sentit la Chose se calmer à l’intérieur battre en retraite, retrouver sa place tout au fond d'elle, se rendormir. La température de son corps était redevenue normale et elle avait à présent froid, elle était glacée. Tremblante, elle releva la tête pour croiser le regard de son maître tandis que des larmes envahissaient ses yeux qui avaient retrouvé leur coloration naturelle.
Revenir en haut Aller en bas
https://tales-of-k.forumactif.org/t764-flora-beauty-and-hope-in-t
Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyMer 11 Juin - 17:08

C’était une sorte de gelée, invisible, immatérielle et pourtant perceptible pour Farwil, une substance glacée qui semblait faire fusionner ses mains et la peau de la jeune femme tandis que sa magie du liquide s’insinuait en elle pour contrôler ce qui allait advenir et éviter une douleur fatale. Comme s’il ne formait qu’un seul être avec elle, il sentit un million de filaments aqueux entourer les globules, les os, les nerfs, cerner les poumons et les organes, d’une pensée il utilisa cette armée d’envahisseurs pour diffuser un sentiment d’apaisement, pacifier les zones endolories, plonger le corps d’Elora dans une douce torpeur pour permettre à celle-ci de se concentrer plus facilement.

Ce n’était pas facile. Elle était un véritable bouillon d’émotions contradictoires, la peur, la colère, l’incompréhension, se disputaient des portions de son esprit comme autant de légions en guerre. Et chacune de ces émotions pouvait la submerger quand elle tenterait de faire usage de ses pouvoirs et, peut-être, causer sa perte.

Et puis la magie réparatrice et stabilisatrice de Farwil rencontra une résistance. Une force qui croissait lentement, impossible à décrire, que Selkis peinait à conceptualiser autrement que comme une lumière dans le bas ventre de sa patiente improvisée, quoique cette image ne corresponde à aucune réalité objective. Et lui d’essayer de percevoir la puissance de cette magie qui s’éveillait en Elora, de sonder ses limites avec une douceur prudente, pour ne pas produire de chocs, pour ne surtout pas faire exploser cette puissance. Une goutte de sueur descendit sur le front du mage. Il était peu familier de ce genre d’exercices. S’il avait parfois fait des expériences sur des humains en vue de tester ses élixirs alchimiques, cela n’avait jamais été sur des mages et jamais la chose n’avait présenté un tel risque.

Alors qu’une certaine inquiétude l’envahissait, il sentit qu’il était trop tard pour faire machine arrière. La puissance d’Elora montait de façon exponentielle, et à l’intérieur de la boîte crânienne de celle-ci, les signaux douloureux affluaient, qu’il bloquait avec peine. Ce fut un travail d’une effarante minutie. Sous la pression des vaisseaux sanguins explosaient qu’il fallait reconstituer en une milliseconde pour éviter des dommages internes. Les nerfs s’enflammaient comme des torches qu’il fallait éteindre avant qu’ils ne provoquent un évanouissement ou des dommages cérébraux. Tout cela était fort délicat.

Et finalement le choc eut lieu. Une tempête de magie incontrôlée fut expulsée du corps d’Elora et prit pour cible les éléments qu’avait disposés Selkis. Avec un étonnement croissant il les vit changer sous l’action du surnaturel, l’un après l’autre. Non seulement les quatre forces élémentaires mais aussi l’élément naturel, elle avait interagi sur tous les spectres magiques que Selkis avait mis en place. Et il n’eut pas le temps de revenir de sa surprise qu’il était expulsé du corps de la jeune femme, son instant d’incompréhension lui ayant coûté sa concentration.

Selkis pâlit quand il entendit un grondement sourd s’échapper de l’esclave et qu’il vit la magie croître, ainsi qu’une certaine sauvagerie qui gagnait sur son sang-froid. Ayant toujours une main sur son front, il la sentit devenir brûlante comme un feu de joie, et déglutit avec peine. Il fallait bien admettre qu’il était totalement impuissant. Elle était désormais hors d’atteinte de ses soins et de ses tentatives d’apaisement et il n’avait aucune expérience comme formateur de mages susceptible de l’aider à maîtriser la situation. Elle risquait de devenir dangereuse… Pas pour lui-même, car en dépit de sa puissance brute elle n’avait aucun contrôle de la chose, et à l’aide de sa magie il pourrait la maîtriser aisément mais cela supposait d’user de violence. D’un autre côté dans son état actuel elle risquait de faire brûler toute la bibliothèque, de l’inonder ou de causer un petit tremblement de terre. Une telle perte serait une catastrophe incommensurable pour Farwil Selkis. Plissant les yeux, il commença à rassembler son pouvoir avec calme et résolution mais s’interrompit. Elle semblait revenir à la normale.

La chaleur brûlante la quittait, la lueur dans ses yeux se dissipait et l’aura de pouvoir qui se dégageait d’elle commençait à s’évaporer. Il retint un soupir de soulagement. Son intervention pendant les premières minutes de l’explosion magique avait malgré tout fait de l’effet, et elle-même avait su admirablement lutter contre ses pulsions destructrices. Il eut un petit sourire. Ses chers volumes étaient saufs et son palais n’allait pas s’effondrer aujourd’hui. Se coulant dans son fauteuil, il attendit quelques petites minutes qu’elle revienne tout à fait à elle.

Et quand elle le fit, il se sentit transpercé par son regard larmoyant. Il exprimait un tel désespoir… Cela fut un coup au cœur de Selkis de voir une jeune femme qui au lieu de se réjouir de son potentiel magique proprement stupéfiant en était à ce point bouleversée. Il revint à ses côtés et prit un mouchoir de soie avec lequel il sécha doucement les larmes d’Elora, lui murmurant quelques paroles apaisantes.

- C’est fini, tu n’as pas à avoir peur, lui disait-il, je suis là et je ne te laisserais pas te faire du mal. Tu es quelqu’un de très talentueux Elora, il te faut juste apprendre la mesure. Viens.

La faisant lever, il la soutint jusqu’à ce qu’ils arrivent au fond de la bibliothèque, dans un petit salon. Lui faisant signe de s’installer confortablement sur un canapé, il sonna un serviteur et lui donna quelques instructions. L’autre revint avec du lait chaud et des pâtisseries. Selkis le congédia d’un geste et vint à côté de la jeune femme toujours bouleversée. Hésitant un moment il finit par l’attirer contre lui avec tendresse.

- Tout ira bien. Tu vas voir froid et faim après une telle dépense d’énergie et tu as de quoi te restaurer. Tu dois affiner ces dons pour ne pas qu’ils te possèdent, qu’ils te tuent. Mais je t’aiderais, je ferais en sorte que tu maîtrises cette magie et que tu en viennes à l’aimer, je te le promets. Moi aussi je suis passé par là quoiqu’avec moins de difficultés, et je ne vais pas te laisser dans la nature. Cela dit… Tu es puissante, en termes de force pure tu es même plus forte que moi. Et cette force que j’ai vue en toi est aussi magnifique qu’elle est redoutable et il me déplaît de l’enchaîner.

Il caressa la joue d’Elora, en émoi, faisant en sorte que ses yeux rencontrent ceux de la jeune femme.

- Tu es libre. Je t’affranchis. Tu peux aller où tu le veux et faire ce que tu veux, tu peux même refuser mon aide et tenter de maîtriser seule tes pouvoirs mais j'espère que tu ne feras pas ce choix.
Revenir en haut Aller en bas
Flora
Florathe world
ɤ REGISTRATION : 13/03/2014
ɤ PARCHEMINS : 90
ɤ STATUT DU SANG : Orpheline ɤ origines inconnues ɤ plus tard esclave
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Inconnue ɤ trouvée dans le fleuve près de Tranquillien en Cahoridie
ɤ METIER OU FONCTION : vagabonde ɤ guérisseuse ɤ puis esclave de Farwil Selkis dans la Cité Libre
ɤ INVENTAIRE : une robe dans les tons ocres, une chemise blanche, un châle servant parfois de voile, une ceintures tissée ou en cuir, des bottes en cuir, une sacoche de médecines, une bourse, une dague.


Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) EmptyMer 11 Juin - 18:13

Tremblante, elle avait le cœur qui battait la chamade et les larmes qui coulaient en un flot ininterrompu. Une main devant la bouche, elle essayait de contrôler ses sanglots quand terrifiée, elle repensait à la Chose en elle. Elle s'était presque entièrement retirée en cet instant mais elle la savait toujours là, bien présente.

Le mage avait l'air secoué par ce qui venait de se passer, même si elle voyait bien qu'il essayait de garder contenance. Il ne lui avait pas menti, il avait toujours été là auprès d'elle, comme une présence rassurante. Il ne lui avait pas voulu de mal, ne s'était pas montré hostile et lui avait fait confiance jusqu'à la fin, alors même qu'elle avait menacé de lui sauter à la gorge. Et à présent il séchait même ses larmes avec un petit mouchoir dans un tissu si doux et léger qu'il lui semblait être la caresse d'une plume.

Caressantes étaient aussi ses paroles, dites comme s'il réconfortait une enfant. Il lui disait de ne pas avoir peur, qu'il était là, qu'il ne lui laisserait pas se faire du mal. Elle voulait y croire. Elle voulait croire qu'il pourrait la sauver de... cette Chose. Pour l'instant elle en avait si peur qu'elle ne voulait plus jamais la faire ressortir, simplement s'en débarrasser.

Il l'aida à se lever, soutenant à moitié son petit corps fébrile, encore secoué de frissons et de larmes, puis la conduisit jusqu'à un petit salon qui semblait être une annexe de la bibliothèque. Là se trouvait un canapé dans laquelle il la fit s'asseoir. Elle se laissa faire, complètement ailleurs et bouleversée par ce qui venait d'arriver. Il s'assit ensuite à côté d'elle.

C'était un miracle que son corps soit en un seul morceau après pareille expérience. C'était aussi une chance qu'elle ait réussi à s'arrêter à temps avant de blesser quelqu'un ! Pourrait-il vraiment l'arrêter la prochaine fois ? Elora n'était pas sûre de vouloir de prochaine fois. C'était tellement risqué... Et si elle le blessait ? Ou pire ?!

Ce fut à cet instant qu'elle sentit qu'il l'attirait contre elle, la prenant dans ses bras, la berçant presque. Il n'y avait plus cette barrière à présent. Elle sentait sa chaleur qui l'entourait. Elle ferma alors les yeux et se laissa faire, sa tête reposant contre sa poitrine.

— Tout ira bien. Tu vas voir froid et faim après une telle dépense d’énergie et tu as de quoi te restaurer. Tu dois affiner ces dons pour ne pas qu’ils te possèdent, qu’ils te tuent. Mais je t’aiderais, je ferais en sorte que tu maîtrises cette magie et que tu en viennes à l’aimer, je te le promets. Moi aussi je suis passé par là quoiqu’avec moins de difficultés, et je ne vais pas te laisser dans la nature. Cela dit… Tu es puissante, en termes de force pure tu es même plus forte que moi. Et cette force que j’ai vue en toi est aussi magnifique qu’elle est redoutable et il me déplaît de l’enchaîner.

Suite à ces paroles qui laissait la jeune fille toujours interdite, il caressa sa joue avec une incroyable tendresse et elle releva lentement ses yeux encore embués de larmes pour enfin accroche son regard. Elle se plongea dans l'azur de ses yeux sentit lentement son rythme cardiaque et sa respiration saccadée se calmer.

— Tu es libre. Je t’affranchis. Tu peux aller où tu le veux et faire ce que tu veux, tu peux même refuser mon aide et tenter de maîtriser seule tes pouvoirs mais j'espère que tu ne feras pas ce choix.

Elora lui jeta un regard perdu. Était-ce un piège ? Un nouveau test ? Avait-elle imaginé de telles paroles ? Où pourrait-elle aller de toute façon ? Elle n'avait personne, aucun endroit où aller... Pouvait-elle décemment penser partir d'ici, seule, quand elle avait vu comment le monde était dangereux. Ou plutôt, quel danger elle pouvait être pour le monde...

En cet instant, elle n'avait que lui. Cet homme, qui qu'il soit pour elle à présent, mentor, maître... Il était la seule personne qu'elle connaisse, la seule personne qui puisse lui apporter cette paix, ce réconfort. Et peut-être aussi la seule à pouvoir la sauver d'elle-même. Car pouvait-elle espérer après ça qu'un autre soit à même de l'aider comme il offrait de le faire ? Il ne la voyait pas comme un monstre... Il voulait l'aider.

Alors elle se rendit compte que leurs visages étaient tout près en cet instant. Elle pouvait sentir son souffle sur sa peau et semblait étrangement consciente de chacun de ses sens, un peu comme pendant l'épisode qui avait eu lieu un peu plus tôt. Les battements de son cœur s'affolèrent à nouveau et une chaleur vint remplacer le froid qui l'étreignait quelques secondes plus tôt. Celle-ci lui monta jusqu'aux joues qui prirent alors une coloration soudaine.

De par la proximité de leurs deux visages, ils étaient forcés de loucher légèrement pour garder le contact visuel. Elle déglutit, rougissant de plus belle mais ne faisant aucun signe pour s'écarter, figée sur place comme une statue de glace. Ses yeux s'étaient écarquillés et sa bouche légèrement entrouverte comme si elle cherchait à mieux respirer.  

Elora ne comprenait pas plus ce qui se passait maintenant que ce qui s'était passé un peu plus tôt et elle en était toute retournée. Son esprit n'était plus tout à fait aussi clair et elle était comme enivrée par cette présence. Et ce qu'elle lisait dans le regard brûlant de cet homme l'affolait d'autant plus qu'elle semblait y lire une part d'elle-même.
Revenir en haut Aller en bas
https://tales-of-k.forumactif.org/t764-flora-beauty-and-hope-in-t
Contenu sponsorisé

Dangereuse magie (Flora) Empty
MessageSujet: Re: Dangereuse magie (Flora)   Dangereuse magie (Flora) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Dangereuse magie (Flora)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
»  9 — La Magie en Kahanor.
» Précisions sur la Magie
» Flora ✣ when we meet
» Flora ✣ that girl I see
» Flora ✣ when will my life begin

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
TALES OF KAHANOR. :: LES CONTRÉES DE KAHANOR. :: YELDERHIL :: LA CITÉ LIBRE :: Les villas :: Villa de Farwil Selkis-