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 wolf in sheep's clothing. (alizarine)

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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
ɤ REGISTRATION : 19/01/2014
ɤ PARCHEMINS : 476
ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyJeu 27 Fév - 21:54

alizarine khan & eremir whitehill
If you're going through hell, keep going.



Il y avait quelque chose de rassurant à avoir un tel endroit où vivre. Un endroit qu’il pouvait appeler maison, où il pouvait rentrer et être Eremir Whitehill sans n’avoir rien d’autre à craindre que lui-même. Les routes de Kahanor étaient de moins en moins sûres ces derniers temps, et même si l’homme n’était pas effrayé par les brigands et les voleurs, il avait conscience qu’il n’était pas invincible et qu’un jour ou l’autre quelqu’un aurait raison de lui. Cependant le plus tard serait le mieux, et il était ravi à l’idée de pouvoir passer quelques heures dans un fauteuil devant l’âtre à rêver du temps où il était immortel. Ce temps où il naviguait sur les mers, aux côtés du Capitaine Lawrence.   Jeune, fougueux, beau, Eremir n’avait alors peur de rien. Rien ne pouvait l’atteindre, jamais. Un pas de travers n’était qu’une façon pour lui de devenir plus fort encore. Mais le temps et les années avaient passé, et aujourd’hui il approchait trop rapidement de la quarantaine. Difficile à accepter, lorsqu’on avait eu le monde à ses pieds et que bientôt on ne serait plus l’ombre de ce qu’on avait été. L’homme confia son cheval au garçon qui gérait les écuries contre quelques pièces d’or et entra au Bouclier d’Argent avec un soupir de soulagement. « Ah, Eremir ! Bienvenue à la maison. Votre voyage s’est bien passé ? Où est … ? » Il ne laissa pas le temps à la femme qui s’occupait de son auberge de terminer et fit un signe de la main pour montrer l’extérieur. « Elle n’est pas venue avec moi, elle a des affaires à régler en ville. » Ils parlaient bien entendu de son apprentie-assassin qui le suivait lors de tous ses déplacements, lui ayant promis trois années de sa vie. L’homme remplit une chope de bière qu’il porta à ses lèvres en se débarrassant des peaux qu’il avait posé sur ses épaules en les laissant glisser dans le coffre derrière le comptoir. Si il n’avait pas remarqué cette chevelure si particulière, ce regard intense qu’il aimait et craignait à la fois, sans doute Eremir serait-il allé se coucher pour reposer ses muscles endoloris par la longue chevauchée à travers le territoire de Medraven qui l’avait épuisé. Mais la visite de cette femme le tiendrait bien éveillé car, chaque fois, elle l’intriguait. Non pas qu’elle ne vienne jamais le voir sans raison, mais Alizarine Khan avait des activités tout aussi fatigantes que les siennes sinon plus, et il la voyait rarement. L’homme esquissa un sourire et remplit de nouvelles chopes de bière qu’il apporta jusqu’à la table où elle était assise.

La plupart de ses clients étaient nobles et bien habillés, tant et si bien que personne ne faisait réellement attention à la présence d’une femme seule, même belle comme elle était. Quelques coups d’œil furtifs, rien de plus. Ici, on parlait commerce et pierre précieuse, sans craindre de se voir dépouillé à la sortie. Eremir n’aurait jamais permis qu’on touche à un seul cheveux de ces nobles commerçants qui faisaient fructifier son propre commerce. « Voilà un moment que je ne t’avais pas vue ici. » dit-il en déposant les chopes sur la table, entre eux. Son regard se planta dans le sien et un nouveau sourire illumina son visage. Tous deux se connaissaient depuis dix-sept ans maintenant, Alizarine ayant mis au monde sa fille Auréa tandis que son épouse rendait son dernier souffle. C’était en quelque sorte grâce à elle qu’il était Sombrelame aujourd’hui, et l’esprit du défunt Siger qui leur avait servi de maître à tous les deux les liait dans ce qu’ils considéraient comme de l’amitié mais qui était sans doute plus malsain que cela. « Qu’est-ce qui t’amène à Lakeshire ? Un contrat ? » demanda-t-il à voix basse en buvant une nouvelle gorgée de bière. Il commençait à se faire tard et, peu à peu, la pièce principale de l’Auberge se vidait, couples et familles préférant terminer la soirée dans les chambres et mansardes mises à leur disposition d’une nuit, ou deux. Eremir porta sa main à son estomac et s’enquit : « Est-ce que tu as faim ? Je crois que je pourrais dévorer un bœuf entier. » Il se leva un instant pour retourner au comptoir où il bouscula un peu son associée pour remplir un plat de viande et de fromage, qu’il posa lui aussi sur la table entre eux. L’odeur lui donnait l’eau à la bouche et il n’était pas allé de main morte sur la quantité, ni même la qualité des ingrédients choisis. L’avantage d’être propriétaire de l’endroit était sans doute d’avoir droit aux meilleurs morceaux. Il l’observa en silence en piquant au bout de sa fourchette un délicieux morceau de viande pour réfréner les pulsions de son estomac qui faisait des siennes. Alizarine était un puis de secrets sans fond. Cette femme l’intriguait depuis toujours pour diverses raisons. Eremir aurait aimé lui poser des milliers de questions mais par respect, et par peur des réponses peut-être, il n’arrivait jamais à s’y résoudre. « Nos affaires se compliquent. » souffla-t-il alors, pour ne pas passer davantage de temps à ressasser les interrogations qui lui rongeaient l’esprit. Il voulait bien entendu parler de ce qui était arrivé au Tournoi ; le Sombrelame s’en étant pris à l’Enfant Roi lui-même. Jusqu’alors, la royauté avait sciemment laissé la Guilde tranquille mais à présent, ils se trouvaient être au centre de son attention.


Codes par Wild Hunger.
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Alizarine Khan
Alizarine Khanalizarine
ɤ REGISTRATION : 29/12/2013
ɤ PARCHEMINS : 322
ɤ STATUT DU SANG : la roture, sans passer par la case savonnette à vilains, merci
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
ɤ INVENTAIRE : (toujours avec elle) un prénom de merde • un nom de famille inventé (qu'importe) • une vie de merde • des fringues rouges • deux poignards • des onguents • une paire de ciseaux • quelques rares bijoux • une sacoche dans laquelle elle pourrait presque transporter toute sa vie

(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyDim 2 Mar - 22:08

Medraven la boueuse. Medraven l'humide. Des lacs, des cours d'eau, des rivières. Et encore des lacs. Et encore de l'eau, partout, à perte de vue. Il fait frais, mais jamais autant qu'en Alcahar, résultat Alizarine se balade en robe, sans rien porter d'autre. À peine si elle a sorti sa cape depuis qu'elle a quitté la Cahoridie. Pourquoi se pointer à Medraven ? Elle a des informations à récupérer, et une personne à tuer dans la région, avant de se rendre en Terremer. Et en chemin, elle en a profité pour aider une femme à accoucher, et vérifier l'état d'une autre. D'ici à ce que la deuxième femme accouche, une autre alleresse serait passée. Sans doute. Arrivant aux abors du Loch Modan, la voilà qui décide de le longer jusqu'à Lakeshire. Autant profiter de son passage en Medraven pour aller rendre visite à une connaissance. La Dame Rouge avance seule, sa sacoche qui tape contre sa cuisse droite, la cape pendant de part et d'autre du petit baluchon. Elle s'est séparée d'un groupe de voyageurs deux heures plus tôt. Besoin d'être seule. Elle va devoir attendre deux jours avant de pouvoir tuer sa cible. Deux jours. Et après, on s'étonne qu'elle soit toujours en retard sur son compte.

C'est aussi pour de plus sombres raisons qu'elle se rend à Lakeshire, outre l'envie de se poser avec quelqu'un qu'elle connait et qui ne la jugera pas (pas trop, en tout cas). En chemin pour Medraven, elle a été dépassée par des cavaliers qui partaient dans les autres provinces de Kahanor répandre une sombre nouvelle. Le roi, le jeune roi, avait manqué d'être tué par un Sombrelame. Et des souvenirs lui étaient revenus en tête, des confidences faites sous les draps, par un capitaine qu'elle n'a pas vu depuis longtemps. Si le jeune roi est une cible, il est possible que ça soit la cible désignée par sa Main, le fourbe et retors Phineas Stormrage. C'est pour cela, aussi, qu'elle a besoin d'être seule le temps de rejoindre Lakeshire. Deux heures lui suffisent pour remettre un semblant d'ordre dans ses pensées. Pour savoir quelles questions elle veut (et va) poser  à son camarade assassin.

Fort heureusement pour elle, la pluie se retient de tomber jusqu'à ce qu'elle arrive dans la cité du Loch. Ses pas la guident naturellement vers une auberge au nom prometteur qui cache joliment la vérité. Le Bouclier d'Argent. Un jour il faudra qu'elle demande à Eremir si le nom est celui qu'il a choisi, ou celui donné par un propriétaire antérieur. Entrant dans la taverne, elle commande une cervoise et s'installe à une table un peu en retrait. Autour d'elle, les conversations vont bon train. Elle écoute, silencieuse. Retient les informations qui pourront lui servir, celles qu'elle pourra revendre par la suite à des personnes intéressées.
Le temps passe sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Et elle sort de son apparente absence lorsqu'une silhouette pose une nouvelle chope devant elle. Elle lève les yeux vers l'homme et reconnaît aisément celui qui est venu lui demander, huit ans plus tôt, de le prendre en apprenti. Le dernier apprenti de Siger. Sourire amical. « Je n'étais pas venue en Medraven depuis un certain temps. » Elle ne sait plus à quelle occasion elle est venue la dernière fois. Qu'importe, après tout. Et lorsqu'il lui demande la raison qui l'amène ici pour cette fois, elle ne répond pas, esquisse un sourire en coin et lui décoche un clin d'œil complice. Un contrat, oui. Et un besoin de bouger. Elle n'ira pas lui dire qu'elle va en Terremer, elle n'aime pas trop prévenir les gens de ses déplacements. Si quelqu'un veut la traquer, qu'il le fasse tout seul, elle ne donnera pas d'indices. Elle est méfiante depuis quelques semaines. Elle a toujours été méfiante, mais une prise de conscience récente l'empêche de se sentir en sécurité. Elle craint qu'on l'empêche d'arriver à son but. Qu'on l'arrête avant qu'elle y parvienne. Ça, et la compréhension soudaine qu'on s'était joué d'elle et qu'on en voulait à une personne trop importante pour elle pour qu'elle néglige ce fait. Elle regarde autour d'eux, à l'instar d'Eremir, sans rien laisser paraître de son agacement. Il le sentira certainement poindre dans sa voix, mais elle refuse que son visage la trahisse. « Je n'ai rien mangé depuis ce matin, alors va pour un bœuf ! » Elle rit, doucement. Le suit du regard tandis qu'il va chercher de quoi se sustenter. Elle regarde de nouveau autour d'elle : la salle s'est vidée. Des marchands continuent de discourir, et elle essaie de retenir ce qu'ils racontent sur leurs chargements. Bien sûr, ils sont intouchables tant qu'ils sont dans cette auberge. Mais après… On verra bien. Eremir revient et pose le plat de victuailles sur la table et un sourire satisfait se dessine sur les lèvres d'Alizarine. Un feu affamé brûle dans les prunelles de la gueuse au nom volé. Par réflexe inconscient, elle attend qu'il se serve avant de piquer sur le plat. Peur de l'empoisonnement ? Sans doute. Ça ne paraît pas, cela dit. L'illusion passe. Et Eremir relance la discussion, sans pour autant avoir l'air de lui en vouloir de ne pas la relancer d'elle-même. Elle parlait librement avec Siger, mais elle avait près de vingt dans de moins, et sa vie était beaucoup plus lumineuse à ce moment-là. Fanatique qui s'accroche à un compte qui doit finir par être rond, Liza n'a plus grand chose pour profiter de la vie, et ce n'est véritablement que lorsqu'elle tue qu'elle exulte, consciente de se rapprocher de son objectif.

Elle hoche la tête à l'affirmation voilée d'Eremir. Bien sûr que leurs affaires se compliquent. Encore heureux qu'ils ne se baladent pas joyeusement dans Kahanor avec un signe qui permettrait de les distinguer des honnêtes gens. Depuis qu'un imbécile a tenté de s'en prendre aux jours du jeune Roi, les Sombrelames sont conspués par la basse populace. « J'avais quitté Aubétoile depuis deux pleines lunes déjà quand un cavalier m'a dépassée avec la nouvelle. Sait-on qui était à l'origine de cette sottise ? » Une question que le Conseil a sans doute éclaircie depuis le temps. Mais les nouvelles ne circulent pas forcément bien en Kahanor, surtout pour quelqu'un qui lit lentement et ne sait pas écrire. Ils parlent à voix basse désormais, sans pour autant avoir l'air de comploteurs. Et puis, Alizarine finit par repenser à Siger et à ses conseils : pour obtenir des informations sensibles, mieux vaut faire croire à une sauterie privée qu'être dans une salle où les murs et les tables ont des oreilles. « Tu n'as pas une chambre de libre, ce soir ? » Air mutin, sourire en coin, lueur dans les yeux. N'importe qui d'extérieur à la scène pourrait croire à une invitation charnelle des plus éhontées. N'importe qui qui n'aurait pas eu Siger en maître Sombrelame. Eremir ne sera pas dupé, Alizarine le sait bien. Elle compte sur ça, surtout. Car s'il vient à croire qu'elle le désire réellement, ils ne seront pas sortis de l'auberge.
Un mouvement attire son regard, et elle sort furtivement, sans souffler un mot de plus à Eremir et sans vraiment attendre sa réponse. Un espion. À force de naviguer dans des eaux troubles, elle sait les repérer, et n'aime pas beaucoup qu'on la suive, ou la traque. Elle ignore qui la fait suivre, mais l'homme qu'elle vient de suivre dehors  aurait dû partir avec le groupe de voyageurs qu'elle a quitté deux heures et demie plus tôt. Elle passe dans son dos et pose la lame glacée de son poignard sur sa glotte. « Je ne sais pas qui tu sers, mais tu ferais mieux de changer de visage. Tu as de la chance que j'aie des principes, mais dégage d'ici avant que mon agacement prenne le dessus. » Le poignard laisse une estafilade sur la gorge du gueux qui se hisse sur un cheval et détale sans demander son reste. Elle le scrute, puis essuie son poignard sur sa robe rouge sang, le range dans le fourreau au mollet et rentre dans la taverne, où Eremir l'attend toujours à table. Il sait forcément ce qu'elle vient de faire. Quelque chose a changé dans l'expression d'Alizarine. Un air fou et courroucé. Elle aurait dû tuer l'impudent. Le tuer, pour qu'on cesse de la suivre. Le tuer, et réduire son retard. Mais pas ici. Pas au Bouclier d'Argent. Elle a des principes, comme elle disait plus tôt. Elle se justifie avec un sourire faux qui ne trompera sans doute que les imbéciles autour, mais pas Eremir : « Un satyre qui me faisait des gestes obscènes dans ton dos. Je lui ai fait comprendre que ça ne m'intéressait pas. »
Dans sa folie destructrice, Alizarine s'enveloppe de ténèbres. Plus que quinze, chante une petite voix dans sa tête. Plus que quinze cadavres, à ajouter à ceux qu'elle devra en échange des vies qu'elle débutera. Mais l'heure est à d'autres considérations, notamment celles sur la Guilde. « Tu as une chambre, donc ? », le relance-t-elle
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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
ɤ REGISTRATION : 19/01/2014
ɤ PARCHEMINS : 476
ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyVen 14 Mar - 18:55

alizarine khan & eremir whitehill
If you're going through hell, keep going.



« J'avais quitté Aubétoile depuis deux pleines lunes déjà quand un cavalier m'a dépassée avec la nouvelle. Sait-on qui était à l'origine de cette sottise ? » Eremir acquiesça, lèvres pincées. « Les nouvelles vont vite. Il s’agirait de l’un de ces Sombrelames dont le nom m’échappe qui a décidé de se retourner contre la guilde pour s’attaquer à ceux qu’on a toujours servis. Un traitre, qui n’a en rien compris les valeurs de la Guilde. » Cela rendait l’homme fou. Il salissait leur nom, leur objectif. Les Sombrelames n’étaient pas des tueurs de Roi, ils débarrassaient le monde de ceux qui avaient un jour décidé que faire le mal était bien. Et tant qu’Halbarad II ne les plongeaient pas dans le chaos le plus total, ils n’avaient aucune raison de porter atteinte à sa vie. Bien qu’Eremir ne soit pas un fervent admirateur de la royauté, il préférait largement voir l’Enfant sur le Trône que Stormrage dont l’appétit de pouvoir et l’égoïsme lui donnait des sueurs froides. « Tu n'as pas une chambre de libre, ce soir ? » Mais bien vite, Alizarine se leva et quitta l’Auberge devant le regard suspicieux d’Eremir qui décida de ne pas intervenir si les choses ne tournaient pas sérieusement mal. Ils menaient tous les deux cette vie particulière qui les poussait vers le danger chaque instant de leur existence. Et ils avaient tendance à se faire plus facilement des ennemis que des amis. « Un satyre qui me faisait des gestes obscènes dans ton dos. Je lui ai fait comprendre que ça ne m'intéressait pas. » dit-elle en se réinstallant face à lui. Eremir sourit et acquiesça pour faire bonne figure, sachant pertinemment qu’elle mentait pour satisfaire les autres clients. Et il lui en était reconnaissant. « Tu as une chambre, donc ? » Il lui rendit son sourire espiègle et hocha la tête. « Toujours pour toi. » La situation était des plus cocasses. Mais tous deux se connaissaient assez pour se permettre ce genre de provocations. Par ailleurs, ils partageaient un lien très fort : celui d’avoir eu le même maître. Ils avaient donc une complicité particulière que certains ne comprenaient pas.  « Ce n’est pas ma meilleure chambre, mais si tu ne restes qu’une nuit ça devrait faire l’affaire. » Il se tourna vers l’une des jeunes femmes à qui il avait offert du travail en échange d’une loyauté sans faille alors qu’elle passait à leurs côtés. « Prépare la chambre qu’il reste pour mon amie, je te prie. » Elle s’exécuta sans broncher, sachant ce qu’elle avait à faire. Lorsqu’Eremir précisait que la chambre était pour un ami, c’était qu’il désirait qu’elle soit préparée avec plus d’attention encore que pour les autres. S’il tenait à ce que ses clients reviennent, il voulait encore plus que ses amis s’y sentent bien.

Eremir but une grande gorgée de bière et reposa la chope en silence, le temps que l’attention se détourne d’Alizarine. Les nobles avaient beau avoir plus de retenue que les gueux, ils avaient deux formes de commerce : celui des marchandises, et celui des informations. Aussi, ils restaient attentifs aux moindres situations sortant de l’ordinaire et il ne se passait pas grand-chose au Bouclier d’Argent, aussi une femme qui se levait pour aller faire fuir d’elle-même un mécréant de la pire espèce était forcément au centre des discussions. Quand enfin on se détourna d’eux, Eremir releva les yeux vers elle. « De qui s’agissait-il ? » souffla-t-il. « La prochaine fois je m’en occuperai moi-même : je ne permettrai pas qu’on vienne troubler la quiétude du Bouclier d’Argent. » enchaîna-t-il avant de porter à ses lèvres une tranche de pain qu’il mâcha, bougon. Il y avait quelque chose d’amusant et de rassurant à la fois d’être aux côtés d’Alizerine Khan. Tous deux s’étaient connus jeunes et voilà où ils en étaient aujourd’hui, assis l’un en face de l’autre comme seize ans plus tôt, alors qu’ils attendaient que sa femme accouche. Eremir pensait souvent à cela, car quelque chose chez la femme l’intriguait : elle-même avait été enceinte or il n’avait jamais eu vent d’un quelconque enfant. Le respect qu’il lui portait l’avait obligé à se taire à ce sujet, mais les interrogations le rongeaient, le dévoraient de l’intérieur. L’avait-elle abandonné, comme il l’avait fait avec Auréa ? Eremir se rendit compte qu’il l’observait de façon un peu trop soutenue et détourna les yeux, gêné par son comportement indigne du rang dont il était issu. « Oh, au fait. J’ai en ma disposition un véritable trésor qui devrait te plaire. Je vais chercher ça. » Eremir se leva et se rendit avec agilité à sa chambre, fouillant dans son coffre à la recherche de ce qu’il cherchait. Il caressa une boite de bois gravée du bout des doigts et l’en sortit, avant de refermer son coffre et retourner auprès d’Alizarine. Il posa la boîte devant la femme et l’ouvrit, dévoilant une dague qu’elle connaissait aussi bien que lui, pour avoir appartenu à l’homme qui les avait rapprochés. « Elle lui appartenait,  c’était un présent de sa part à la fin de mon apprentissage. Il y en avait deux mais … » Eremir se tut, préférant ne pas s’attarder sur le sujet. Il avait perdu la deuxième en Alcahar, dans des circonstances misérables. Il ignorait que la jeune héritière des Nightingale la possédait à présent. « J’ai toujours pensé que tu aimerais avoir la deuxième, sans jamais penser à te la donner durant nos rencontres. Alors voilà : elle est à toi maintenant. »

Plus le temps passait, et plus la salle se vidait. Ici, on ne passait pas son temps à se saouler auprès de la cheminée ; les commerçants recherchaient avant tout le repos et la tranquillité, ce qui les poussaient à passer plus de temps dans leurs quartiers que dans la salle commune. Bientôt, il n’y eut plus grand monde et ils avaient plus de liberté pour discuter. Eremir déposa entre eux des biscuits au miel et des fruits, ainsi qu’un nouveau pichet de vin qu’il avait fait livrer le jour-même. Il appréciait énormément ces instants calmes durant lesquels le soleil et la lune baignaient la pièce de leur lumière chaude.
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Alizarine Khan
Alizarine Khanalizarine
ɤ REGISTRATION : 29/12/2013
ɤ PARCHEMINS : 322
ɤ STATUT DU SANG : la roture, sans passer par la case savonnette à vilains, merci
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
ɤ INVENTAIRE : (toujours avec elle) un prénom de merde • un nom de famille inventé (qu'importe) • une vie de merde • des fringues rouges • deux poignards • des onguents • une paire de ciseaux • quelques rares bijoux • une sacoche dans laquelle elle pourrait presque transporter toute sa vie

(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyMar 18 Mar - 23:02

Elle sent le regard des badauds sur elle, les questions qui sommeillent au fond de leurs prunelles. Elle fait mine de en pas s'en émouvoir. C'est facile de faire semblant, si facile. En tout cas, ça l'est maintenant. Un clin d'œil taquin accueille les paroles d'Eremir. Bien sûr qu'il peut l'héberger pour la nuit. Alizarine suit du regard l'employée de la taverne qui part préparer la chambre où elle dormira cette nuit. Si on peut appeler ça dormir. Une ombre passe sur le visage de l'alleresse, puis s'efface aussitôt.
Elle cesse de sentir les regards braqués sur elle, et de nouveau la conversation se délie entre eux deux. Des chasseurs se sachant observés, voilà ce qu'ils sont. Ils doivent donner le change. Une alleresse qui voyage seule peut encore avoir appris à se défendre. C'est crédible. Mais à chaque fois que les gens l'observent, elle s'inquiète : est-ce que son masque tiendra ? Est-ce qu'il restera tout du long sur son visage, à en dissimuler les moindres rides de douleur, et les agacements les plus infimes ? Elle sait aussi que face à Eremir elle doit être vigilante. Leur lien est fort, c'est vrai, ils ont partagé un maître, mais plus aussi. Et pourtant, elle ne veut pas laisser l'homme s'immiscer dans ses failles béantes. S'y refuse. Deux hommes ont pu la voir vulnérable. Siger, déjà, parce que c'est lui qui lui a appris à utiliser sa vulnérabilité apparente pour s'en faire un masque, et taire les doutes qui l'assaillent encore par moments. Et l'autre. Celui à qui elle essaie de penser le moins. Parce que c'est ça, sans doute, sa plus grande faiblesse. La voix d'Eremir l'arrache à ses réflexions méfiantes. Le voilà qui aurait voulu jouer au protecteur, alors qu'elle sait parfaitement se défendre.
Elle hausse les épaules. Peu importe le nom ou la nature de celui qu'elle a menacé dehors. Il ne reviendra plus. Raison supplémentaire, peut-être, pour surveiller encore mieux ses pas. « Combien de fois devrai-je encore te rappeler que je sais me débrouiller seule ? » Rieuse. Comme si ça ne la touchait pas. Il la fixe. Longtemps. Trop longtemps pour que ça soit normal. Elle tente de déceler dans les contractions de son visage des signes qui pourraient lui indiquer à quoi il pense exactement, mais rien à faire, elle ne pourra pas percer son masque à lui.

Il sent qu'elle a dardé ses globes sur lui à son tour. Il se reprend. Relance la discussion qui était retombée au point mort. Et le voilà qui se lève et part chercher un trésor. Elle arque un sourcil, curieuse de voir ce qu'il peut bien vouloir lui montrer. Elle patiente quelques instants et son visage s'illumine d'un sourire amusé lorsqu'il pose une boîte en bois gravée devant elle. La tension monte, l'adrénaline pulse dans les veines de la femme rouge. Et lorsqu'il l'ouvre, les yeux s'écarquillent et un sourire ému ourle les lèvres de l'assassine. « Elle lui appartenait,  c’était un présent de sa part à la fin de mon apprentissage. Il y en avait deux mais … » La phrase meurt sur les lèvres du tavernier, mais le sort de la deuxième dague importe peu. Il l'a perdu, ou bien on la lui a volé… Non, ce qui importe, c'est qu'il en reste une, et qu'elle sait, avant qu'il ne reprenne la parole, qu'il a pour projet de la lui donner. Confirmation. « J’ai toujours pensé que tu aimerais avoir la deuxième, sans jamais penser à te la donner durant nos rencontres. Alors voilà : elle est à toi maintenant. » Elle parcourt des prunelles le métal ciselé du fourreau. Une des deux dagues de Siger. Une des deux dagues magiques, plaisantait le meurtrier vieillissant. Il n'y avait pas une once de don dans ces armes forgées, mais ce que leur maître pouvait faire avec relevait de l'irréel, de l'impensable, de l'indicible. D'une main douce, elle referme la boite en bois sur la dague. Ses billes claires remontent vers le visage de son camarade d'armes : « Merci d'avoir pensé à moi. » Rictus sincère, légèrement troublé aussi. Leur maître est mort, mais ce qu'il leur a inculqué le fait persister dans leurs esprits, à chaque mouvement, à chaque meurtre, à chaque souffle qu'ils ôtent. Elle aurait pu tout lui enseigner, mais il l'avait trouvée à Blancherive à un moment où elle pouvait faire beaucoup de choses, sauf prendre un apprenti. Le hasard a finalement bien fait les choses, puisque sans cela, elle ne serait pas là avec une relique de celui qui se faisait appeler Siger. Ses doigts enserrent la boîte comme un joyau.

Les gens vident la salle, et partent se reposer. Ne restent plus que quelques irréductibles, ivrognes, ou personnages ayant besoin aussi de la discrétion des alcôves vides. Les serres de l'accoucheuse caressent le bois poli du coffret, et l'autre main se sert de douceurs sucrées. Le vin coule, pour noyer un peu tout ça. Le calme règne. « Il était fier de toi, tu sais. » Elle finit par affirmer. Les souvenirs de conversations avec son ancien maître remontent. Antérieures à son Ahn-Ju, postérieures… Après avoir passé trois ans constamment dans les pattes du vieux, elle a eu du mal à se faire à une vie de solitude nouvelle. Et puis elle a repris ses marques, et revoir son ancien maître lui a permis de conserver un lien privilégié avec ce père spirituel. « Il n'arrêtait pas de louer ta loyauté. » Elle n'enjolive même pas. Elle se tait un instant. D'autres paroles lui reviennent à l'esprit, mais elle préfère ne pas les mentionner. (« Il m'a dit que t'attendais un enfant. - … - Alizarine, tu veux dire que… - Ne te fatigue pas à chercher les mots. Il n'y en a pas. ») Siger a compris. De toute façon, elle n'a rien pu lui cacher. Trois ans avec un maître assassin, ça forge le caractère, bien sûr. Mais ça signifie aussi que le maître en question a le temps d'étudier les moindres recoins de l'âme de son protégé. Il a tout su, un silence et deux phrases. Le silence d'Eremir sur la question laisse Alizarine songeuse : Siger lui aurait-il dit ? Sans doute pas. Mais alors, c'est qu'Eremir espère peut-être quelque chose, une ressemblance supplémentaire entre eux deux. Des éclopés de la vie, voilà ce qu'ils sont. Immanquablement, penser à son maître la ramène à un autre visage qu'elle ne peut plus regarder en face. Elle s'extirpe violemment de ces réminiscences et se force à poser une autre question, une qu'elle voudrait loin de ce sujet tabou. « Tu as essayé de retrouver ta fille, dis-moi ? » Raté, elle a tiré trop proche de tout ce qui la meurtrit encore et encore. Et elle sait que sa question pourrait blesser Eremir. Elle reprend immédiatement, ne laissant que le temps d'une respiration avant de se corriger. « Pardon, mauvais sujet. Revenons à…  un temps, Ils comptent nous rappeler à Tamarang avant la prochaine lune, ou bien on continue de vaquer à nos occupations en attendant un corbeau ? » Les événements actuels. Rien ne peut être plus éloigné de leurs blessures personnelles que cette histoire sordide de politiques royales.
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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
ɤ REGISTRATION : 19/01/2014
ɤ PARCHEMINS : 476
ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyJeu 20 Mar - 1:13

alizarine khan & eremir whitehill
If you're going through hell, keep going.



« Merci d'avoir pensé à moi. » Eremir l'observa caresser la boite du bout des doigts avec un sourire tendre. Elle n'en avait pas l'air, mais elle était émue ; il savait reconnaître quand elle l'était, après tout ce temps. Alizarine était de ces gens qui ne montraient que peu ce qu'ils ressentaient, pour se protéger du reste du monde. Un monde qui ne les avait en rien épargné et qui, chaque jour, continuait de lacérer leur cœur de sa lame tranchante. Pour Eremir, Siger resterait éternellement un sujet émouvant et sensible. A la fois fierté et terrible tristesse qui le submergeait chaque fois que son esprit s'égarait vers cet homme qui lui avait offert la vie qu'il menait aujourd'hui. Par les Trois qu'il aurait aimé l'avoir pour père ! « Il était fier de toi, tu sais. » Eremir releva les yeux vers elle et croisa son regard. « Il n'arrêtait pas de louer ta loyauté. » Touché par ses propos, il tendit un instant sa main vers celle, plus petite, d'Alizarine. Il la serra dans les siennes quelques secondes seulement et la relâcha. « Il l'était tout autant de toi. Pendant mon apprentissage, il vantait tes exploits et parlait constamment de toi comme d'un exemple à suivre. Siger t'aimait énormément. » Un sourire doux se dessina sur ses lèvres. Il n'aimait pas passer pour un faible et un sentimental, aussi il se reprit vite. « C'était donc tout naturel que tu aies la deuxième dague. Prend en soin. » Après ces quelques mots, Eremir but sa chope presque cul sec. L'émotion et le voyage étaient les deux choses qui assoiffaient le plus un homme et l'assassin n'échappait pas à la règle. Eremir buvait pourtant peu, car si il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était ne pas être au meilleur de ses capacités. Le Fantôme de Tameriel avait une réputation à garder, bien que personne n'ait jamais su qu'il eu s'agit de lui. « Tu as essayé de retrouver ta fille, dis-moi ? » Eremir écarquilla les yeux et s'apprêta à répondre, lorsqu'Alizarine enchaîna, changeant de sujet : « Pardon, mauvais sujet. Revenons à… Ils comptent nous rappeler à Tamarang avant la prochaine lune, ou bien on continue de vaquer à nos occupations en attendant un corbeau ? » Ses épaules s'affaissèrent. Il n'y avait plus grand monde, à part Alizarine, pour le voir fatigué. « Je n'en ai pas la moindre idée. Avec les récents événements, ils voudront certainement nous réunir à la Guilde pour en parler et tenter de trouver des solutions au plus vite. Mais quand … Je ne saurais te le dire. As-tu à faire, ces prochains jours ? » L'homme se mordit un instant la lèvre et tourna son regard vers l'âtre dans lequel crépitaient les flammes qui dansaient, hypnotisantes. Il se perdit dans sa contemplation quelques instants et porta de nouveau son attention sur la femme aux cheveux couleur de feu qui lui faisait face. Eremir savait qu'il n'aurait pas du penser à sa question précédente, qu'ils s'aventuraient sur un terrain glissant … Mais leurs passés faisaient partie d'eux.

« Pour répondre à ta question, j'ai bien retrouvé ma fille. » Honteux de parler de cela avec celle devant qui il avait abandonné son enfant, Eremir baissa les yeux vers sa chope avec laquelle il joua un peu pour occuper ses mains moites. Penser à cette époque de sa vie était aujourd'hui encore douloureux. Il avait été arraché à la fille qu'il aimait véritablement, Hedwige, pour épouser celle qui avait eu le malheur de tomber enceinte de lui. Et sa fille était née de cette union, petit ver tout rose qu'il n'avait pu se résoudre à regarder de peur de craquer. Si il avait élevé son enfant, Eremir n'aurait jamais pu mener la vie qu'il avait vécu, aussi il se sentait coupable de ne pas regretter. « Elle semble s'en être bien sortie sans sa mère et moi. » L'assassin lâcha un petit rire à la fois amusé et amer, avec la douloureuse sensation qu'on tordait son cœur dans sa poitrine. Si il ne regrettait pas la vie qu'il avait menée, il regrettait cependant que cette pauvre enfant n'ait connu aucun de ses deux véritables parents avant l'âge de seize ans. Et qu'elle considère sa famille adoptive comme ses parents, et non pas lui qu'elle acceptait pourtant un peu plus chaque fois qu'il se présentait à elle.  « Elle lui ressemble beaucoup, avec ses longs cheveux blonds presque blancs. Ses yeux sont plus bleus que les mers de l'ouest et son regard intelligent. Et son sourire d'enfant espiègle, tu t'en souviens ? Elle a le même, c'est troublant. Ils l'ont appelée Auréa... Et elle est camériste de la princesse Euphemia. » Il était évident qu'Eremir était fier de sa fille, aujourd'hui. Cela s'entendait au ton de sa voix, aux mots qu'il employait pour décrire la merveille qu'elle était. Il aurait pu en parler des heures durant, mais cela n'intéressait certainement pas Alizarine. Il donnerait sa vie sans concession pour elle si il le fallait, et elle était ce qu'il avait de plus cher. Eremir releva les yeux vers elle et se servit de nouveau du vin qu'il porta à ses lèvres. Perdu dans ses pensées, il se demandait si il pouvait sciemment faire ce qu'il était sur le point de faire. Des années durant, il s'était posé des questions à propos d'Alizarine Khan. Un mystère englobant cette grossesse qu'il lui avait connue, et cet enfant qui restait, lui, inconnu au bataillon. Qu'avait-il donc bien pu se passer ? Maintenant qu'elle avait abordé le sujet de la progéniture, il n'était pas certain de pouvoir se retenir une fois encore. Il passa ses mains sur son visage, prit une inspiration discrète et se lança : « Toi et moi sommes amis depuis des années maintenant et … Je te connais suffisamment pour savoir que derrière cette armure de force et de courage se cache une femme plus sensible qu'elle n'en a l'air ... » Il n'aimait pas tourner autour du pot. « Alizarine, que s'est-il passé ? » Ses yeux d'azur se plantèrent dans les siens. Il n'avait pas besoin de préciser de quoi il parlait ; si elle ne le comprenait pas, son regard parlerait pour lui.

Il n'y avait ni méchanceté, ni curiosité malsaine dans sa voix. Eremir avait besoin de savoir, pour lui, pour elle, au nom de leur amitié. Il était pourtant bien loin de se douter de l'horreur de la situation. Non, il n'était pas conscient des démons d'Alizarine qui souffrait bien plus qu'il ne voulait bien le croire. Ce sujet aurait été abordé à un moment ou un autre et, alors qu'il aurait pu s'excuser et retirer ce qu'il venait de dire, il se contenta de soutenir son regard en attendant une réponse. Autour d'eux, le monde avait cessé de tourner. Il n'y avait plus que Khan et Whitehill, une femme et un homme détruits par une existence qui les obligeait à faire bonne figure, à jouer les héros d'un peuple qui ignorait tout d'eux sinon leur nom. Eux-mêmes en venaient à s'ignorer, à refouler ce qui, au fond, les faisait avancer. La  douleur, l'espoir d'un jour meilleur. La vie, la mort, et toutes ces choses qu'ils ne comprendraient et n’apprivoiseraient jamais.
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Alizarine Khan
Alizarine Khanalizarine
ɤ REGISTRATION : 29/12/2013
ɤ PARCHEMINS : 322
ɤ STATUT DU SANG : la roture, sans passer par la case savonnette à vilains, merci
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
ɤ INVENTAIRE : (toujours avec elle) un prénom de merde • un nom de famille inventé (qu'importe) • une vie de merde • des fringues rouges • deux poignards • des onguents • une paire de ciseaux • quelques rares bijoux • une sacoche dans laquelle elle pourrait presque transporter toute sa vie

(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyVen 21 Mar - 0:04

Échange de pressions de mains, un des rares contacts directs qu'ils peuvent avoir. Elle sait ce que Siger pensait d'elle, mais entendre Eremir le lui dire l'émeut encore. Sourire doux, un peu triste au souvenir de ce maître qu'elle a le sentiment d'avoir toujours connu. Elle hoche la tête lorsqu'il lui recommande de prendre soin de la précieuse dague. Elle la gardera, il n'y a pas à en douter. La discussion revient sur les récents événements.
« As-tu à faire, ces prochains jours ? » Elle se tait. L'observe de ses prunelles claires. Hausse les épaules. Bien sûr qu'elle a des choses à faire. Terremer et ses rivages l'attendent, et elle espère qu'il sera là-bas. Pour le prévenir, au moins. Mais s'il faut rentrer à Tamarang, elle préfère autant que ce soit avant d'entamer sa descente vers l'extrémité sud-Est de Kahanor. Elle ne dit rien, laisse le silence retomber, et sait (ou plutôt pressent) qu'il va revenir sur la question qu'elle n'aurait jamais dû poser. Ainsi donc la fille vit toujours, a grandi et a obtenu une jolie position dans la hiérarchie des domestiques. Camériste de la princesse Euphemia. Rien que ça. Alizarine se réjouit pour Eremir, après tout, s'il a réussi à retrouver sa fille, qu'elle est en bonne santé, dans une situation correcte, et qu'elle est heureuse et qu'il en est fier, c'est tout ce qu'il faut savoir. Et, bercée par la joie communicable de son ami, elle en oublie un instant ses tourments passés.

Mais l'écorchure est toujours à vif, même après huit ans. Il suffit de quelques mots, de quelques phrases, pour faire rejaillir des souvenirs sombres d'antan. Il hésite, et tourne autour du chaudron pendant quelques secondes. « Toi et moi sommes amis depuis des années maintenant et … Je te connais suffisamment pour savoir que derrière cette armure de force et de courage se cache une femme plus sensible qu'elle n'en a l'air ... » Elle sait qu'il va demander quelque chose qui risque de la blesser. Elle ne sait pas encore quoi. Elle se méfie, son corps se tend… « Alizarine, que s'est-il passé ? » Décharge électrique, la voilà frappée par la foudre cruelle. Elle soutient son regard, ses yeux lancent des éclairs assassins qui ne sont pourtant nullement dirigés contre Eremir. Les mots se refusent à franchir la barrière de ses lèvres serrées. Et puis, finalement, un mot, un seul. « Non. »  
D'un coup, elle se lève du banc où elle était posée, ses bras se croisent en un rempart de chair. Tournant le dos à Eremir, elle est debout, l'arrière du mollet qui s'appuie contre le siège bancal. Elle observe les flammes qui crépitent dans l'âtre de l'auberge. Ses sourcils sont froncés, elle se mord les lèvres et tente de réfréner une envie de pleurer qui l'attaque de plein front. La voilà qui tremble, se broie les bras qu'elle serre à s'en couper la circulation sanguine.
Écorchée vive par le souvenir encore douloureux, la souffrance indicible qui s'est gravée dans ses veines et dans son esprit. Alors c'est normal qu'elle refuse d'en parler. C'est normal qu'elle souhaite à tout prix éviter de mettre des mots sur ce qu'il s'est passé. Siger l'avait compris. Il n'avait jamais insisté. Mais entre Siger et Eremir, le lien diffère. L'un était son mentor, l'autre est un allié, un ami même. N'est-ce pas à cela que servent les amis, d'ailleurs ? Décharger son fardeau, l'alléger peut-être ? Mais comment pourrait-il la soulager ? Elle porte la mort là où elle passe, et ne peut donner la vie qu'aux enfants d'autres femmes. Flétrie, elle se fait la compagne de la camarde, une cigogne funeste qui sème la mort après avoir donné la vie. Un destin qu'elle a choisi, après tout. Un avenir qu'elle abhorre sans pour autant vouloir s'y soustraire. De toute façon, elle n'a plus le choix.
Mais doit-elle pour autant tout cacher à Eremir ?

Elle finit par s'asseoir, rachis côté Eremir. Elle ne peut pas le regarder. Elle préfère contempler le feu, et essayer de refouler les larmes qui menacent, plutôt que de le fixer et de discerner la pitié envahir ses yeux. Elle n'a pas besoin de pitié. Elle a besoin de résultats. Elle a besoin de mort. Elle a besoin d'atteindre son but. Parce qu'elle a échoué. « Il est mort. » Un constat. Elle tente de maîtriser sa voix, mais encore huit ans après, elle est toujours aussi désemparée face à cette immonde découverte, projetée dans un "autrefois" sanglante et empli de pleurs et de cris.
Pas de "Il était mort-né". Il croira ce qui le choquera le moins. Sa plaie ne cessera de s'éventrer, si elle lui dévoile toutes ses faiblesses. Elle ne parle pas du père. Ne prononce rien de plus sur l'enfant. Elle frissonne. Persiste à ne pas quitter du regard les danseuses aveuglantes. Et puis, pour prévenir une quelconque question supplémentaire. « Ne me demande rien de plus, je t'en prie, Eremir. Je ne peux pas. » En parler ? Y penser ? Laisser tout s'exprimer ?

Et puis un souffle s'extirpe d'entre ses lippes, macabre et inquiétant. « Il faut que je tue quelqu'un. » La nécessité se fait jour alors que la nuit noire est sur eux. Et qu'elle doit encore attendre un jour avant de céder à ses envies de meurtre. Mais il faut qu'elle le fasse, tôt ou tard. Elle n'en peut plus d'attendre, alors qu'elle se sait proche du but. Bientôt, oui, bientôt, elle aura rempli son contrat avec les déesses. Elle tait son dessein fanatique, se contentant de jouer la carte de la Sombrelame qui piétine et s'impatiente. Essaie, inconsciemment, de détourner l'attention d'Eremir de cette histoire d'enfant mort. Elle ne le regarde toujours pas, parce qu'elle tente encore de se calmer sans en avoir l'air.
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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
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ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyLun 24 Mar - 9:37

alizarine khan & eremir whitehill
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En lui posant la question, Eremir savait qu'il la ferait souffrir. Et il l'avait quand même fait. « Non. » Sa réponse sèche décontenança l'assassin. Pas vexé le moins du monde, il comprit qu'il avait franchi une limite qu'il aurait du respecter et il commençait à regretter. Alizarine se leva et lui tourna le dos en silence. Eremir aurait aimé poser sa main sur son épaule, lui demander pardon. Lui dire qu'elle n'avait pas à avoir peur de lui en parler, qu'il était là pour l'écouter comme elle l'avait été pour lui, par le passé. Qu'elle n'avait pas à avoir honte, parce qu'il avait agi comme un véritable lâche devant elle, seize ans plus tôt. Mais il se contenta de rester assis à la regarder tandis qu'elle se perdait dans ses souvenirs douloureux, en proie à une agitation qu'il ne lui avait jamais connu. La femme finit par contourner la table pour s'asseoir à côté de lui, sans lui jeter un coup d'oeil. « Il est mort. » Cette phrase tombe comme la pire des sentences. Et lui qui vantait les mérites d'Auréa, quelques minutes auparavant ! Sans doute aurait-il mieux fait de se taire ! Il allait prendre la parole quand Alizarine le coupa, pour enchaîner : « Ne me demande rien de plus, je t'en prie, Eremir. Je ne peux pas. » Eremir acquiesça et laissa ses propres yeux se perdre dans les flammes dansantes de l'âtre, comme pour y chercher ce qu'elle pouvait bien y voir, la comprendre un peu plus. « Je ne te demanderai rien et te laisserai me raconter ce qu'il est arrivé quand tu en auras la force, le besoin ou l'envie. »  Qu'avait-il bien pu se passer ? Il brûlait de lui demander tout de même, alors qu'il venait de lui promettre de ne pas le faire. Cette réponse avait amenée trop de questions qui ne trouveraient, elles, pas de réponses. Eremir pensait la vie bien injuste : Alizarine donnait vie aux enfants des autres femmes, mais le sien ne survivait pas. Elle plus que n'importe qui devait souffrir de cette situation. Il n'imaginait même pas à quel point cela pouvait être douloureux ; lui avait sciemment abandonné une enfant qui, durant seize ans, avait été morte à ses yeux. Elle, elle l'avait perdu alors qu'elle l'avait désiré profondément. « Il faut que je tue quelqu'un. » Eremir fronça les sourcils et tourna lentement son visage vers elle, inquiet. La femme à ses côtés lui sembla plus sombre que jamais ; c'était une nouvelle Alizarine Khan qu'il découvrait là, qu'il n'avait jamais soupçonné exister. Il serra les dents et répondit : « Alizarine … Ne crois-tu pas qu'il est temps de lâcher prise ? Tu n'as pas à te blâmer, ni à blâmer qui que ce soit pour ce qui est arrivé … Je ne peux même pas comprendre la souffrance que tu dois ressentir, mais … Ne laisse pas les ténèbres envahir ton cœur et ton esprit. » Les Sombrelames, qui semaient la mort où ils passaient, ne devaient pas agir par envie ou un besoin irrationnel de la donner, mais pour se débarrasser de ceux qui portaient préjudice au peuple. Or Alizarine semblait à deux doigts de sombrer dans la folie, et la connaissant, Eremir savait qu'il ne faudrait pas la sous-estimer si cela arrivait.

Eremir était perdu et tendu. Comment lui faire comprendre qu'elle ne devait pas prendre un mauvais tournant, ou un tournant plus sombre que son existence ne l'était déjà ? Comment la convaincre de se débarrasser de ses démons, afin d'aller de l'avant de vivre, enfin ? Il croisa les bras sur la table et sourit légèrement, bien qu'il ne soit pas totalement rassuré. Cette nouvelle femme, torturée et malheureuse, lui faisait peur. Mais plus encore, il était déçu de lui même, de n'avoir rien vu. Eremir se servit un nouveau verre de vin et contempla les flammes, pensivement. Il n'y a avait presque pas de bruit dans la salle ; il fut partagé entre un profond sentiment d'embarras, et une sérénité apaisante. Il avait besoin de ça pour assimiler ce qu'il venait d'entendre, même si au fond il l'avait toujours plus ou moins su. Eremir soupira un peu et sortit un parchemin un peu froissé de son vêtement de cuir noir qu'il posa devant Alizarine, sur la table de bois. « Un contrat pour un village voisin. Si tu désires t'en enquérir sur la route et que cela peut alléger un peu ton désir, il est à toi. » L'homme n'était pas en manque d'argent et il pouvait bien le lui céder. « Une épouse implorant notre aide pour nous débarrasser de son mari qui bat ses filles et a déjà tué l'une d'elles. » expliqua-t-il, le regard sombre. Un tel homme ne méritait même pas d'être tué avec douceur. Il méritait d'être torturé, pendu, brûlé, dépecé vivant. Comment pouvait-on faire du mal aux autres, et surtout à la chair de sa chair ? Jamais Eremir ne lèverait la main sur Auréa, il en était purement et simplement incapable. A moins qu'elle ne devienne un monstre assoiffé de sang, il la protégerait et la couvrirait envers et contre tout. Non, pour ces gens-là, Eremir regrettait de ne pas avoir perpétré la tradition familiale d'invention de machines de torture bien connue des habitants de Tameriel qui haïssaient les Whitehill bien autant qu'Eremir haïssait son propre père. « Voudrais-tu manger ou boire autre chose ? J'ai tout ce dont tu as besoin ici, c'est jour de fête. » Jour de fête, cela signifiait surtout jour de livraison. Généralement, Eremir rentrait à l'Auberge à ce moment-là, pour le simple plaisir de dévorer tout ce qu'il y avait de plus bon. Sa jeune associée le maudissait profondément pour cela et lui donnait des coups de chiffon en lui ordonnant de s'éloigner de la cuisine, ce qui les amusait grandement tous les deux. « La chambre de Madame est prête. » déclara la jeune femme à qui il avait ordonné de préparer sa dernière chambre, en se courbant légèrement devant eux, avant de s'éloigner d'un bon pas.
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je suis désolée, c'est nul et court mais depuis ma tablette j'ai pas pu faire mieux pour éviter de te faire attendre plus longtemps. si t'es pas inspirée avec ça, dis-le moi et j'essairai d'ajouter des choses Arrow
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Alizarine Khan
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ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
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(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyMer 26 Mar - 15:16

Il promet de ne plus rien lui demander d'autre. De la laisser lui en parler, si elle le souhaite, à l'avenir. Mais c'est déjà trop tard. Elle, tout ce qu'elle veut, c'est qu'on ne l'importune plus avec sa douleur, avec ce tabou qu'elle ne peut briser qu'au prix de sa souffrance. Et, la noirceur envahissant toujours son cœur, la voilà qui affirme sans l'ombre d'une hésitation qu'elle doit tuer quelqu'un. Une nécessité. Un besoin. Une envie profonde qui gronde dans ses veines. Il l'observe, elle sent son regard sur elle, et pourtant elle ne cherche pas à le croiser. Prendre plaisir à tuer n'est jamais qu'un pas vers le basculement, pour les Sombrelames. Tous deux le savent bien, pour avoir eu un maître à cheval sur la différence entre le sentiment de devoir, et le sentiment de besoin. Et la voix d'Eremir s'élève une nouvelle fois, bien plus prudent qu'auparavant. Comme s'il sentait qu'un mot pris de travers pourrait déclencher une tempête. « Alizarine … Ne crois-tu pas qu'il est temps de lâcher prise ? Tu n'as pas à te blâmer, ni à blâmer qui que ce soit pour ce qui est arrivé … Je ne peux même pas comprendre la souffrance que tu dois ressentir, mais … Ne laisse pas les ténèbres envahir ton cœur et ton esprit. » Un ricanement cynique s'échappe d'entre les lèvres de l'écarlate. Il ne comprend pas. Ne peut pas comprendre, lui non plus. Il ne voit pas où est sa faute, à elle. Et il ne veut pas non plus se rendre à l'évidence : les ténèbres l'ont déjà happée. Les flots de la démence se sont déversés dans son esprit, et elle n'a plus pied. L'Alizarine qu'il a pu connaître il y a des années, celle qui avait goût à la vie, elle est morte, engloutie par une marée montante. Ou peut-être est-elle simplement évanouie, avec la possibilité de reprendre conscience plus tard.

Elle ne le regarde toujours pas. L'imbécile heureux., pense-t-elle tandis que les paroles d'Eremir tournent de nouveau dans son crâne orageux. Lâcher prise. Ah ! Comme si elle le pouvait. Comme si elle n'avait pas, dissimulé à Brenwall, un récipient où est conservé le cadavre d'un mort-né. L'imbécile heureux., rumine-t-elle encore. Elle ne lui en dira rien, c'est sûr. Déjà qu'il est horrifié à l'idée de la voir prendre plaisir à tuer, qu'est-ce que ça serait ! Mais elle sait bien, au plus profond d'elle-même, qu'elle n'éprouve aucune satisfaction à tuer. Ce n'est pas l'acte en lui-même qui la réjouit. C'est la perspective de l'après. Savoir qu'elle approche de son but. Qu'elle y est presque. Elle est folle, oui. Diaboliquement démente. Profondément malheureuse. Guidée par un espoir insensé. Elle finit par se tourner vers Eremir, et elle pose le coude sur la table. Elle le regarde, sans pouvoir articuler un seul mot. Elle sent bien qu'il n'est pas content de ce qu'il a découvert. Elle ne va pas pour autant lui demander de l'excuser, ça n'est pas du tout le genre de la maison, on s'en doute bien. Mais elle l'observe. Elle voudrait pouvoir lui parler, mais les mots ne sortiront pas. Trop de sombres souvenirs qui s'y reposent. Trop de chimères qu'elle ne veut pas éveiller. Et pourtant, elle est hantée par une vie qui aurait pu être, et qui ne s'est jamais concrétisée. Il boit de nouveau et elle se tait. Elle essaie de remettre de l'ordre dans ses pensées chamboulées. N'y parvient que difficilement.
Et finalement, il la sort du mutisme en extirpant de son haut un parchemin et en l'exposant à la vue de l'alleresse. Elle déchiffre le nom qu'il lui explique déjà la marche à suivre et les informations dont il dispose. « Une épouse implorant notre aide pour nous débarrasser de son mari qui bat ses filles et a déjà tué l'une d'elles. » Les sourcils se froncent et elle déglutit. Justement ce qu'il lui faut. Quelqu'un qu'elle puisse faire souffrir un peu. Mais peut-être n'y prendra-t-elle toujours pas de plaisir malsain. Peut-être se contentera-t-elle simplement de le pendre, et de reprendre la route.
Elle récupère le parchemin et le rapproche de son visage, comme pour humer l'odeur du papier et s'en imprégner. Puis elle le plie, avec soin, en appuyant sur les arêtes, et fait disparaître le contrat dans son décolleté, contre son sein droit. Ses lèvres se séparent, elle les humecte, elle prononce quelques syllabes, à peine. « Merci. » Pas de grandes effusions. Pas d'explication supplémentaire, non. Il ne saura pas pourquoi elle fait ça. Même Siger n'en a jamais rien su.

L'atmosphère s'allège, les deux protagonistes préférant peut-être tirer un trait sur cette pénible histoire qui ne veut pas se dérouler. Eremir reprend tandis que la dame rouge recommence seulement à respirer mieux. « Voudrais-tu manger ou boire autre chose ? J'ai tout ce dont tu as besoin ici, c'est jour de fête. » Elle a picoré, pendant toute la soirée. C'est bombance, elle le voit bien. Jour de livraison, sans nul doute, ou pas loin. Mais elle a un appétit de moineau, l'assassine. Et l'estomac noué d'avoir repensé à son passé enfoui. Elle hausse les épaules, esquisse un sourire faux mais qui fait quand même illusion. « Je n'ai plus faim, pour ce soir, mais il se peut que je te prenne quelques provisions pour la route. » Compte-t-elle repartir dans la nuit ? Elle hésite un instant, mais voilà que l'associée d'Eremir vient signaler que la chambre est prête. À elle de voir si elle part, ou non.

Elle se lève, fait le tour de la table pour revenir à sa place précédente. Elle ramasse la sacoche au pied de la table, et y range le coffret qui contient la dague de Siger. Un temps. Elle s'assied de nouveau. Ses yeux ne sont plus qu'un azur bien sombre, elle inspire. Elle voudrait lui demander de lui parler plus longtemps de sa fille, la tendre Auréa. Mais elle n'ose le faire, sachant bien que tout ceci la ramènera à ses hantises. « Je vais aller me coucher. Demain, à l'aube, au bord du lac, amène ton arme. J'ai envie de voir si la dague est magique entre mes doigts. » Elle se lève, prend ses affaires et monte dans la chambre qu'on lui a préparée. Elle n'attend même pas de savoir si Eremir est partant : quelque chose lui dit qu'il sera là à l'heure dite.

* * *


Les premières lueurs du jour percent l'horizon que déjà l'huis de la chambre s'ouvre. L'alleresse descend sans bruit et traverse la salle principale de l'auberge, déserte et silencieuse, pour sortir et se diriger vers le bord du Loch Modan, à l'écart des bâtiments de la ville, pas loin d'un pont qui enjambe un fleuve alimentant l'étendue aqueuse. Le petit matin darde ses rayons sur l'onde claire, et la respiration de la Sombrelame devient un mince filet d'air vicié.

Elle n'a pas dormi de la nuit.
C'était prévisible.

Elle a passé la nuit à prier Gilraen, la Mère, et d'autres. Encore une fois. Fervente adoratrice des divinités du foyer. Logique avec sa position de sage-femme. Moins logique avec son emploi de meurtrière sur demande. Pour l'heure, elle n'y pense plus et observe le lac, paisible en cette douce matinée. La surface ridule parfois, frémissement sous la caresse d'une nageoire. Elle attend.

Dans une main, un long bâton. Dans l'autre, la dague de Siger. Deux armes. Elle soupèse la dague, songeuse. La poignée est lourde, la lame légèrement recourbée. Elle reconnait l'objet, et les paroles de son maître lui reviennent à l'esprit. Elle se souvient de ses enseignements, des entrainements dans la forêt, sur les chemins, dans les champs. Elle revoit encore le sang au sol, le sien la plupart du temps. Elle a toujours eu du mal à toucher Siger, au moins la première année. Et puis elle a appris. Elle a compris. Elle a su se mouvoir avec la même célérité que l'assassin vieillissant.

Lorsqu'elle se retourne, c'est pour se rendre compte qu'elle est observée. Par Eremir. Qu'elle n'a pas entendu arriver. Elle tend le bâton vers lui, un sourire moqueur sur les lèvres. « Tu comptais m'attaquer par derrière ? » Le sous-entendu est simple. Elle veut simplement savoir depuis combien de temps il est là, à l'observer. Il est bon, elle le sait, ce n'est pas pour rien qu'elle a assisté à son Ahn-Ju.
Elle plie le bras qui tient la dague, dans son dos. Elle ne s'en servira pas pour le moment. Question de principe et de respect pour l'arme qu'on lui a confiée. La lame est à plat contre sa colonne vertébrale, et elle pourrait presque sentir le froid du métal à travers la robe. Mais ça n'est qu'une illusion.

Elle a l'air d'avoir oublié ses tourments. D'être de nouveau telle qu'il l'a toujours connue. « On s'y met ?, demande-t-elle finalement, en se mettant en position. » Se battre avec une seule main. Elle se croit vraiment invincible. Ou bien peut-être se souvient-elle de ses vieux entrainements avec Siger, notamment un où il lui avait interdit d'utiliser sa main droite.
Les deux bêtes sauvages se font face, prédateurs issus d'une même meute. Point de duel à mort, baigné dans l'eau et la brume du petit matin. Loin de là. Rien qu'un entrainement, une mise en jambe même. Histoire de se souvenir, un peu, qu'ils peuvent se comprendre sans pour autant parler.

Elle s'élance enfin pour parcourir les quelques mètres qui les séparent, tentant de le frapper avec son bâton. Les armes se heurtent, se repoussent, et le combat commence. Derrière elle, le lac, derrière lui, la ville. Devant eux, un bon moment avant que quiconque ne s'éveille.
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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
ɤ REGISTRATION : 19/01/2014
ɤ PARCHEMINS : 476
ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyVen 28 Mar - 0:36

alizarine khan & eremir whitehill
If you're going through hell, keep going.



Cette nuit-là, Eremir trouva péniblement le repos. Après qu'Alizarine ait pris congés, il s'installa devant l'âtre et but ce qu'il restait de vin dans la cruche, ressassant sans cesse leur conversation passée. Elle avait prit un tournant inattendu et l'homme craignait presque de voir le lendemain arriver ; il connaissait assez l'assassin pour savoir qu'elle ferait comme si de rien n'était et il lui en était reconnaissant, toutefois ces souvenirs resteraient gravés dans leur esprit et l'ombre d'un potentiel retour sur ce sujet fâcheux menacerait constamment, tel l'épée de Damoclès, de tomber. Plus vite qu'il ne le voulut, Eremir fut ivre. Il se leva alors et tituba jusqu'à sa porte qu'il claqua sans ménagement, avant de se laisser tomber sur son lit. Il s'endormit rapidement mais se réveilla trop tôt, et les démons de la veille le rattrapèrent. Il se sentait tellement impuissant face à la douleur d'Alizarine qu'il en était malade. C'était sans compter sur la douleur qui lui vrillait les tempes. Il n'avait plus l'habitude de boire autant, préférant de loin être en pleine possession de ses capacités. N'était-ce pas ce que l'on attendait d'un assassin, d'être apte à tout voir, tout entendre, de réagir de façon subtile et  efficace ? Or l'alcool réduisait ses capacités à néant, ce qui était loin de lui plaire. Eremir écouta les bruits de pas dans le couloir, persuadé qu'il s'agissait de ceux de son amie. Combien de temps s'était écoulé entre le temps où il avait ouvert les yeux et maintenant ? Des heures peut-être, les premières lueurs du jour baignaient la pièce d'une douce clarté. Il se leva à son tour et s'étira, avant de se rafraîchir grâce au petit bassinet d'eau posé sur la commode de bois. « Où allez-vous ? » demanda Irina d'une voix endormie en sortant de sa propre chambre. Elle se devait de faire la même chose, au cas où ils devraient quitter l'Auberge pour aller s'entraîner. Et lorsqu'elle ne se levait pas, Eremir allait la chercher jusque dans son lit pour l'en sortir comme il l'aurait fait à un homme. « … m'entraînerunpeuavecalizarineauborddulac ... » grommela-t-il. Elle fronça les sourcils. « Pardon ? » Eremir haussa faiblement les épaules, alla se servir un verre de lait chaud et s'empara de ses dagues et son arc, incertain de d'en servir contre l'alleresse qu'il ne comptait pas blesser. L'air frais lui fit le plus grand bien et l'homme parcourut la distance qui le séparait du Loch Modan avec un plaisir indéniable, tandis que s'amenuisait son mal de crâne. Alizarine était là, ses cheveux de feu se détachant dans le paysage endormi, avec un bâton et la dague de Siger qui seyait parfaitement à sa stature. Eremir n'en fut que d'autant plus ravi de la lui avoir offerte. Il sourit et resta appuyé là, contre l'arbre, à l'observer avec un sourire amusé. Il avait beau craindre ce qu'elle était, qui elle était, elle n'en restait pas moins une amie précieuse à ses yeux. Quelqu'un pour qui il retournerait Kahanor, si elle le lui demandait. Et ces gens-là n'étaient pas nombreux. Cet entraînement allaient leur faire du bien à tous les deux, permettre de penser à autre chose que la dispute qu'ils avaient évité de justesse la veille.

« Tu comptais m'attaquer par derrière ? » Eremir sourit de nouveau et secoua la tête en sortant de l'ombre pour s'approcher d'elle. « Ta vigilance est quelque peu affaiblie, ma chère. » Si il avait voulu la tuer et se débarrasser définitivement d'elle, Eremir n'aurait eu de peine à décocher une flèche et la planter  dans sa nuque tendre, avant de la jeter au fond du lac, alourdie pas les galets qu'il aurait trouvés ici et là. Siger lui aurait dit qu'elle ne devait avoir que l'eau dans son dos et rien d'autre, et qu'elle devait se montrer plus prudente, mais l'homme se garda bien de le lui faire remarquer : Alizarine était sans doute plus expérimentée ailleurs. Et elle avait l'esprit troublée par les événements de la veille, à sa manière. L'homme se pencha pour attraper à son tour un bâton, s'assurant toutefois que son arc était bien d'accroché à son dos et ses dagues facilement accessibles, attachées à sa ceinture. « Cette dague était faite pour toi. Tu as une certaine … Prestance. » ajouta-t-il en faisant un signe de tête amusé vers le bras replié dans son dos. « On s'y met ? »  Il acquiesça et se mit en position à son tour, repliant son propre bas dans son dos. Gêné par son carquois, il se prit toutefois aux règles de jeu silencieuses qu'elle avait instauré. Siger les avait longtemps entraîné ainsi, les obligeant à se battre avec une seul main dans le cas où l'un des deux bras serait inapte à tenir une arme. Qu'est-ce qu'il avait pu souffrir, lorsque son maître l'avait poussé à se servir de la main qu'il utilisait le moins ! Combien de fois s'était-il retrouvé au sol, le souffle coupé par la douleur et la surprise ? Il n'y était pas allé de main morte avec lui, mais Eremir n'avait jamais pris autant de plaisir que lorsqu'il s'entraînait avec Siger. Cet homme était un miracle de la nature, qui s'était éteint bien trop tôt. « Allons-y, pour Siger, et pour Kahanor. » Se battre au nom de quelqu'un ou de quelque chose donnait une dimension plus intéressante, plus ambitieuse. Alizarine attaqua la première et Eremir bloqua son offensive avec son propre bâton, sans se départir de son sourire joueur qui n'avait changé depuis le temps où ils s'étaient rencontrés. Elle avait été formée à la même école que lui, et chacune de ses bottes, elle les connaissait aussi. C'était cela qui rendait l'entraînement plus excitant, plus humain. Ils partageaient ainsi un instant privilégié, mais également leurs souffrances et leurs craintes. Pas besoin de mots, pas besoin de s'exprimer : leurs corps parlaient pour eux. Seuls les bruits de leur respiration et du choc entre leurs bâtons de bois venaient troubler la quiétude du petit matin, alors que tout le monde dormait encore. Eremir avait beau être doué et aimer le combat, il n'était pas aussi à l'aise au corps à corps qu'au combat à distance. Ce qu'il aimait, c'était la vitesse d'une flèche, la caresse de cet objet qu'il tendait avec lui avec la rapidité d'un chat sauvage. Et Eremir avait beau être un bon combattant, il n'avait plus la grâce et la souplesse de ses vingt ans. Il s'essoufflait plus vite, se fatiguait plus facilement.

« Serais-tu déjà fatiguée, par hasard ? » provoqua-t-il. Mais les Dieux durent l'entendre car la seconde d'après, son bâton se brisait et l’extrémité pendait lamentablement, comme pour lui rappeler qu'il ne devait pas être trop sûr de lui. Il rit un peu et le jeta au sol, avant de relever les yeux vers elle. « Pourquoi n’essaierais-tu pas la dague, pour voir si elle est aussi virtuose entre tes doigts qu'entre les siens ? » Eremir aurait donné cher pour un combat au corps à corps, cette fois, entre les dagues jumelles. Il était décidé : même si il devait remuer ciel et terre, il retrouverait cette gamine qui avait interrompu son travail, avait causé sa blessure et avait sûrement filé avec la dague. Si il avait su qu'il s'agissait de la petite dernière des Nightingale, les choses auraient été plus faciles … L'arme lui manquait terriblement et il se sentait honteux et humilié de l'avoir ainsi perdue. Siger devait se retourner dans sa tombe d'avoir eu un si mauvais apprenti ! Il s'arma de l'une de ses dagues avec un sourire, cachant sa propre déception de ne pouvoir lutter à arme égale avec elle. « Voyons si elle peut venir à bout de la mienne, qui a été forgée par le meilleur forgeron d'Alcahar. » Eremir replaça un bras derrière son dos et se mit en position, sachant pertinemment qu'une fois de plus, l'issue du combat serait en faveur d'Alizarine. Il n'était pas en état de se battre sérieusement, et surtout ne pouvait s'enquérir des armes qui faisaient de lui l'assassin qu'il était. L'homme se servait de ses dagues lorsqu'il n'avait d'autre choix que celui-ci, ou lorsqu'il se laissait glisser du toit d'une maison ou d'une taverne jusque sur sa cible alors qu'elle passait en dessous. Il n'aimait pas se salir les mains, au sens propre du terme. L'odeur du sang l’écœurait, lui rappelant sans cesse les sous-sols de la demeure Whitehill dont le sol et les murs étaient couverts de sang séché. Ça et là, des morceaux humains, ou ce qu'il en restait. Cela était peu étonnant qu'Eremir ait donc une nette préférence pour les meurtres rapides et propres. Ce fut lui qui lança l'offensive, cette fois. Il s'élança vers elle d'une vitesse vertigineuse, sans pour autant sous-estimer les capacités de son amie qui ne cessait de l'étonner. Au dessus d'eux, le soleil montait peu à peu dans le ciel et la nature s'éveillait. Il faisait encore frais, mais la cadence de leur combat réchauffait leurs corps raidis par le léger vent qui secouait les feuilles des arbres et leurs cœurs meurtris. Qu'y avait-il de mieux que de se battre pour oublier ses tourments ? Chaque fois que leurs larmes s'entrechoquaient, ils évacuaient leur rancœur pour le monde et ses horreurs. « Tu rouilles, Alizarine ! » lança-t-il, taquin, comme un enfant.


Codes par Wild Hunger.
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Alizarine Khan
Alizarine Khanalizarine
ɤ REGISTRATION : 29/12/2013
ɤ PARCHEMINS : 322
ɤ STATUT DU SANG : la roture, sans passer par la case savonnette à vilains, merci
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
ɤ INVENTAIRE : (toujours avec elle) un prénom de merde • un nom de famille inventé (qu'importe) • une vie de merde • des fringues rouges • deux poignards • des onguents • une paire de ciseaux • quelques rares bijoux • une sacoche dans laquelle elle pourrait presque transporter toute sa vie

(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptySam 29 Mar - 16:59



« Serais-tu déjà fatiguée, par hasard ?  » Alors qu'il la titille, voilà que son bâton se fend et casse. Les deux ricanent, conscients que s'ils étaient avec Siger, il leur aurait botté le cul pour qu'ils continuent de se battre avec cette arme endommagée. Néanmoins, Siger n'est plus là, et le changement d'arme est suggéré par un Eremir en infériorité d'armement. « Pourquoi n’essaierais-tu pas la dague, pour voir si elle est aussi virtuose entre tes doigts qu'entre les siens ? » Elle hoche la tête, jette le bâton derrière elle et l'observe rouler sur le sol vers le lac. Elle joue un peu avec la dague, faisant tourner le manche entre ses doigts fins et adroits. La poignée retrouve la paume de l'alleresse, qui l'enserre et a l'impression de sentir la chaleur des doigts de son défunt maître. Sera-t-elle aussi magique qu'elle l'a cru pendant longtemps ? C'est une question qu'elle partage avec Eremir, qui est encore une fois prêt à en découdre. « Voyons si elle peut venir à bout de la mienne, qui a été forgée par le meilleur forgeron d'Alcahar. » Un rire bref s'échappe des lèvres de l'assassine. La réponse de la femme rouge ne tarde pas à venir : « Je vais te botter le cul, que tu n'auras rien vu venir. » Elle fait la maligne, mais la fatigue physique commence à se faire sentir, bien sûr. Elle n'est plus aussi leste et habile qu'elle l'était quinze ans plus tôt, et le poids des années a tendance à la ralentir. Et pourtant, ils continuent de combattre. Cliquetis des lames qui s'entrechoquent. On croirait presque voir des gerbes d'étincelles qui apparaissent dès que les métaux se heurtent. Et Eremir, fier combattant, la provoque de nouveau : « Tu rouilles, Alizarine !  »

À cette taquinerie digne d'un sale gamin, elle exhale un rire amusé, enjoué, à travers un souffle qui se fait de plus en plus fatigué, effectivement. Elle va bientôt perdre, elle le sait. Toute agile qu'elle soit, elle a quand même des muscles moins en forme qu'avant. Même si elle tue toujours, et même si elle voyage toujours. Et puis elle lui en veut toujours, de lui avoir demandé pour l'enfant. Elle lui en veut, parce que ça lui a rappelé (encore plus férocement que d'habitude) qu'elle ne sera jamais mère. Qu'elle a pratiquement tout perdu en une seule journée. La rage sourde gronde dans ses muscles. Alors Alizarine déroge à la règle pré-établie. Son bras dissimulé dans son dos se déplie, et elle frappe de son poing serré sur le côté droit du visage d'Eremir, entre la mâchoire et l'œil. Le projette au sol, par surprise. Par tricherie.
Ses phalanges la lancent, comme elles l'ont déjà lancée par le passé. À chaque fois, elle sait qu'elle devrait utiliser une arme plutôt que sa propre chair. À chaque fois elle se fait mal. Elle secoue la main qui a cogné la joue d'Eremir, dépliant les doigts et les laissant pendre comme des chiffons. Peste contre elle-même. Tourne le dos à son ami. Elle jure, vitupère, maudit les dieux tout en faisant craquer ses doigts endoloris contre son autre poignet. Et puis elle se retourne vers Eremir. Les arbres sont rouges et ocre, aux couleurs de l'automne. Elle le toise sans avoir l'air désolée pour le moins du monde. Elle assume. Mine fermée, yeux qui lancent des éclairs. Comme s'il l'avait cherché, ce coup-là. Sa voix est glaciale lorsqu'elle daigne prendre la parole pour se justifier peut-être. « Je sais ce que tu vas dire, c'est même pas la peine de perdre ton temps à me le signaler. Oui, j'ai triché. » Et puis elle croise les bras, et retourne au bord du lac, en se fichant comme d'une guigne qu'on la mette en joue avec un arc.

Elle inspire, soupire et s'assied sur le sol boueux, foulé par leurs souliers désormais crottés. Plante la dague dans la terre. Reprend sa respiration, prostrée. Sa robe sera sale, elle aussi. Qu'importe. Elle se sent déjà bien assez salie de l'intérieur, qu'est-ce qu'un peu de fange sur ses atours ?
Elle observe de nouveau le lac, la surface où se reflètent les arbres aux couleurs de la saison des feuilles qui tombent. Soupire de nouveau. Et puis, murmure doucement, d'une voix serrée : « Pardon. » Plusieurs secondes s'écoulent avant qu'elle puisse poursuivre. « J'aurais pas dû. » Le frapper ? Laisser la colère prendre le pas sur son contrôle ? Colère contre qui, réellement ? Finalement pas contre lui. Ou si, un peu. Mais surtout contre elle-même. Elle est faible, et bien trop vulnérable, et il serait temps que ça cesse. Huit ans. Huit ans qu'elle porte un deuil qu'elle refuse. Huit ans qu'elle fait ce qu'elle peut pour toucher à un but que beaucoup qualifieraient d'insensé.
Elle passe la main dans son décolleté, pour en sortir le parchemin froissé. Elle le déplie, l'observe. Déglutit, et crache à côté d'elle un peu de bile noire. « Je te le rends. J'vais pas réussir à m'en occuper. J'me connais. Vu la bête, j'vais vouloir lui faire souffrir mille morts, et ça va me retarder. » La retarder. L'avancer, peut-être, dans le compte des morts et des vivants, mais la retarder sur son chemin. Elle doit poursuivre, vers le Sud de Medraven, vers les côtes de Terremer. Dans un  jour seulement, elle pourra tuer. Aujourd'hui, c'est impossible. Alors, elle ne peut pas attendre encore un jour.
Elle hésite un instant à lui rendre la dague de Siger. Elle ne veut surtout pas quitter Eremir en mauvais termes. Elle sait, foncièrement, qu'il n'a posé la question que parce qu'il s'inquiète pour elle. Siger aurait pu faire de même. Elle n'est agacée que parce qu'Eremir a mis le doigt sur quelque chose qui fait (encore et toujours) mal. Elle renifle, s'essuie le bas du visage du revers de sa manche, et puis tourne la tête vers l'aubergiste sombrelame. « T'as pris une apprentie, si j'ai bien compris ? » Tout pour penser à autre chose. Tout pour revenir à une discussion normale. Ou du moins essayer.
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Eremir Whitehill
Eremir Whitehilleremir
ɤ REGISTRATION : 19/01/2014
ɤ PARCHEMINS : 476
ɤ STATUT DU SANG : une famille de bannerets haïe et maudite en kahanor. un sang riche détesté.
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : enfant aux couleurs du nord né dans les terres du sud; tameriel.
ɤ METIER OU FONCTION : il fut rôdeur, écuyer royal, pirate, voleur, mercenaire et il est maintenant propriétaire de l'auberge le bouclier d'argent, mais son coeur sera toujours volage.
ɤ INVENTAIRE : une bourse remplie d'or et deux poignards accrochés à la ceinture • l'arc familial et un carquois dans le dos • sa cape de voyage • de quoi se nourrir sur les routes • un médaillon qui a appartenu à son épouse.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyDim 30 Mar - 16:53

alizarine khan & eremir whitehill
If you're going through hell, keep going.



Eremir ne vit pas le coup venir. En un rien de temps il se retrouva au sol, les yeux écarquillés. Il porta sa main à son visage qu’il caressa du bout des doigts, choqué. « Je sais ce que tu vas dire, c'est même pas la peine de perdre ton temps à me le signaler. Oui, j'ai triché. » Eremir ouvrit la bouche et la referma, l’observant s’approcher du lac les bras croisés. Il se releva et grogna, devant l’état lamentable de ses vêtements pleins de boue. L’homme était en colère, mais il s’efforça de garder son calme car mieux valait, lors de l’affrontement entre deux assassins, que l’un d’eux soit assez raisonné pour l’autre. Dans le cas contraire, cela débouchait inévitablement dans un bain de sang. « Pardon.  J'aurais pas dû. » Assise sur le sol boueux, visage tourné vers le lac, Alizarine lui sembla plus fragile que jamais. Eremir haussa faiblement les épaules. Que répondre à ça ? Qu’il l’avait extrêmement mal pris et que ce pauvre Siger devait se retourner dans sa tombe ? Qu’elle avait certainement ses raisons, et que malgré tout il les respectait ? Elle avait l’air fatiguée, distante aussi. Repensait-elle à ce qu’il était arrivé hier ? La Dame rouge lui tendit le morceau de parchemin qu’il lui avait donné, contrat stipulant qu’elle devait tuer un époux violent, un monstre. « Je te le rends. J'vais pas réussir à m'en occuper. J'me connais. Vu la bête, j'vais vouloir lui faire souffrir mille morts, et ça va me retarder. » Eremir le rangea dans son vêtement et croisa les bras sur son torse. « A ta guise. Je ne me gênerai pas, moi, pour lui faire le plus de mal possible. Je suppose que je dois être le digne descendant de mon père. » Si Eremir avait cherché toute sa vie à échapper au commerce macabre de sa famille, il ne rivalisait pas moins d’ingéniosité lorsqu’il s’agissait de torturer quelqu’un. Il avait passé les quinze premières années de sa vie entouré de hachoirs humains et autres inventions auxquelles le commun des mortels ne pourrait imaginer, tant elles dépassaient l’entendement. Eremir avait vu des gens souffrir, et se remémorait aujourd’hui encore les paroles de son père : « L’important est que la douleur soit si intense que la personne n’aura d’autre choix que de dire la vérité. La douleur provoque la peur … La souffrance est pire que la mort. » Il frémit et posa les yeux sur Alizarine, pour penser à autre chose. Cette dernière changea de sujet au bon moment et il lui en fut reconnaissant. « T'as pris une apprentie, si j'ai bien compris ? » Eremir hocha la tête en regardant le lac qui commençait à scintiller sous la lumière du soleil. « Irina. Fille de marchands, dont le frère jumeau lui a été arraché enfant pour être envoyé à la Tour des Mages et dont les parents se sont fait massacrer devant ses yeux il y a un peu plus d’une année. Une haine et une passion brûlantes qui doivent être mises à profit. »

L’assassin baissa les yeux vers Alizarine. « Qu’en est-il de toi ? N’as-tu pas envie de transmettre ce que Siger nous a enseigné ? » Il porta de nouveau sa main à son visage là où elle l’avait frappé. « Tu n’y es pas allée de main morte, ton coup de poing est aussi redoutable que ta technique à la dague. » Il rit un peu et s’assit à ses côtés, sur la terre humide qu’ils avaient martelée de leurs pieds durant leur entraînement. En tombant il s’était Sali, alors un peu plus ou un peu moins, que cela changerait-il ? Le Lac était un endroit paisible qui ne cessait de fasciner Eremir, qui venait là lorsqu’il voulait se vider l’esprit de ses tourments. Mais en cet instant, il ne pouvait que donner l’illusion que c’était le cas : était-ce la présence d’Alizarine, tout ce qui était arrivé en trop peu de temps, ou son anxiété à propos d’Auréa qui servait d’espionne par ces temps troublés ? Sans doute tout ça en même temps. Il était réellement en proie à une agitation certaine, qu’il cachait derrière son regard d’azur bienveillant. « Quand désires-tu reprendre la route ? » Il passa une main dans ses cheveux blonds et s’étira un peu. Il était fatigué, et son mal de crâne reprenait de plus belle. Pour une fois, Eremir était heureux de ne pas avoir à reprendre la route, d’avoir tout le loisir de traîner au Bouclier d’Argent, dormir et manger. Cette vie-là lui convenait l’espace de quelques jours, avant qu’il ne s’ennuie de nouveau. « J’ose espérer que nous nous reverrons rapidement, que je puisse te mettre une raclée. » Il jongla un instant avec sa propre dague qu’il attacha de nouveau à sa ceinture, le regard perdu dans le vide. Quelques minutes s’écoulèrent dans le plus grand silence. « Je suis navré tu sais, je n’avais pas à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Mais tu sais aussi que la seule chose que je voulais, c’était te comprendre un peu plus. Ton aveu, je l’emporterai dans ma tombe. » Eremir se releva et tendit la main à Alizarine avec un sourire, courtois. « Allez viens, rentrons. Nous avons l’air pitoyable, couverts de boue. » Pour souligner ses mots, il tenta d’enlever un peu de terre de son pantalon et ses fourrures, en vain. Peu importe, il s’en occuperait plus tard. La perspective de prendre un bain chaud et s’asseoir au coin du feu le mettait de bonne humeur, quoi qu’il vienne d’arriver. Il n’oublierait pas, non, qu’Alizarine était capable de lever la main sur lui malgré leur amitié et qu’elle était plus dangereuse qu’il ne l’aurait cru. Non, Eremir surveillerait ses agissements dans la plus grande des discrétions, pour lui venir en aide au moment où, peut-être, elle aurait besoin de quelqu’un pour la sauver des ténèbres qui l’engloutissaient jour après jour.
Codes par Wild Hunger.
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Alizarine Khan
Alizarine Khanalizarine
ɤ REGISTRATION : 29/12/2013
ɤ PARCHEMINS : 322
ɤ STATUT DU SANG : la roture, sans passer par la case savonnette à vilains, merci
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : née à Brenwall, en Alcahar
ɤ METIER OU FONCTION : alleresse (servante de Gilraen & la Mère, dans un sens) & maître assassin, ça va bien ensemble
ɤ INVENTAIRE : (toujours avec elle) un prénom de merde • un nom de famille inventé (qu'importe) • une vie de merde • des fringues rouges • deux poignards • des onguents • une paire de ciseaux • quelques rares bijoux • une sacoche dans laquelle elle pourrait presque transporter toute sa vie

(caché à Brenwall) un bocal de conservation longue durée (une sorte de formol médiéval) où un bébé mort-né attend patiemment qu'elle remplisse le contrat qu'elle a avec les déesses Mère & Gilraen.

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MessageSujet: Re: wolf in sheep's clothing. (alizarine)   wolf in sheep's clothing. (alizarine) EmptyMar 1 Avr - 21:46

Elle hoche la tête à la présentation de l'apprentie. Elle l'a senti, en la voyant dans l'auberge la veille. Quelque chose de sombre émane de la jeune femme, et peut-être seuls les Sombrelames sont à même de déceler la noirceur qui les entoure aussi parfois. Comme à chaque fois, la question revient vers elle. « Qu’en est-il de toi ? N’as-tu pas envie de transmettre ce que Siger nous a enseigné ? » Elle secoue la tête, haussant les épaules à la remarque supplémentaire d'Eremir. « Tu n’y es pas allée de main morte, ton coup de poing est aussi redoutable que ta technique à la dague. » Le rire qui s'échappe d'entre les lèvres de son ami l'apaise un peu. Il n'a pas l'air de lui en vouloir plus que cela, ou bien le dissimule aisément. Qu'importe ce qu'il en est. Elle le suit du regard tandis qu'il s'installe à ses côtés. Et puis, alors qu'elle reporte son regard sur le lac, elle répond : « Je n'ai jamais encore pris d'apprenti. J'ai pensé à le faire, une fois. Les circonstances n'étaient simplement pas en ma faveur. » Parle-t-elle de cette année où ils se sont revus à Blancherive et où il lui a demandé ? Ou parle-t-elle d'un autre éventuel disciple ? Rien sur ses traits ne permettrait de le savoir. Elle continue d'observer l'onde se plisser sous la fine brise, et se perd dans des réminiscences qui n'ont pas grand chose de joyeux. Ils restent ainsi jusqu'à ce qu'il reprenne la parole : « Quand désires-tu reprendre la route ? - Dans l'heure, je pense. » Elle a besoin d'être de nouveau seule, pour se remettre les idées en place. Elle apprécie la présence d'Eremir et elle sait qu'au fond, ça lui fait du bien de voir un visage ami lors de cette escale. Et pourtant, Alizarine sent qu'il faut qu'elle reparte sans plus tarder. Elle est à fleur de peau, elle ne veut pas glisser de nouveau. « J’ose espérer que nous nous reverrons rapidement, que je puisse te mettre une raclée. » Elle ne rit pas, l'observe comme une mère scruterait le visage de son enfant qui lui annonce qu'il va gravir une montagne infranchissable et lui rapporter une fleur rare. Un mélange d'affection et de compassion. Elle redoute la prochaine fois. Peut-être que cela se fera sous de meilleurs auspices. Peut-être sera-t-elle de nouveau mère ? Peut-être… Mais les facéties des dieux l'ont tellement meurtrie de par le passé qu'elle n'ose plus se perdre dans des rêveries éveillées. « Ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué, va. » Conseil ou menace ?
Le silence retombe entre eux, et elle le fixe sans mot dire, ne sachant plus vraiment quoi dire.

Encore une fois, c'est lui qui brise le voile qui s'est installé entre eux. « Je suis navré tu sais, je n’avais pas à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Mais tu sais aussi que la seule chose que je voulais, c’était te comprendre un peu plus. Ton aveu, je l’emporterai dans ma tombe. » Elle hoche la tête. Ses lèvres se serrent. Elle lui en veut encore, même si elle l'a frappé. Son regard se détourne et elle soupire, doucement, longuement. Elle sait bien qu'il n'y avait aucune mauvais intention dans l'interrogation d'Eremir. Et c'était, après tout, une question légitime de la part d'un ami, non ? Évidemment. Mais quand on est aveuglé par la folie, qui s'est fait un nid de notre esprit, il est difficile de voir les choses ainsi. Elle prend la main tendue et se relève à sa suite. La serre un peu trop fort, un peu trop longtemps. Elle souffre, et s'enferme dans une aliénation mutique. Et rentre avec lui vers la taverne, où elle entreprend de décrotter un peu sa robe, en sachant bien que les prochaines pluies auront tôt fait de la rincer.

* * *
La brume s'est dissipée autour de Lakeshire lorsqu'Alizarine enfourche une carne dans l'étable d'Eremir. Elle salue Eremir une dernière fois alors que le cheval rabroue un peu et tape du fer : « Prends soin de toi, mon ami. Merci encore pour la chambre… et pardon pour ta joue. » La monture renâcle. « On devrait se revoir assez vite à Tamarang. Sauf s'ils veulent qu'on y soit dans deux semaines. » Elle a encore un mois de chevauchée jusqu'en Terremer, en essayant de garder le même canasson jusqu'à la fin du trajet. Retourner en Cahoridie lui en prendra trois à la même vitesse, peut-être un et demi si jamais elle crève les malheureux destriers. « Auquel cas, t'as intérêt à être attentif, parce qu'il faudra que tu me racontes tout. » Elle lui décoche un clin d'œil complice. Avec la lumière du matin, ses cheveux semblent irradier comme une aura rouge sang. Elle a l'air apaisée.
Il n'en est rien, bien sûr, et Eremir saura sans doute le repérer.

Mais pour l'heure, elle frappe les flancs de l'équidé tient les rennes fermement, et quitte les lieux. En route, elle se chargera un contrat dont elle dispose depuis son départ de Cahoridie : une empoisonneuse qu'elle traque depuis deux mois. Si les dieux sont bienveillants, elle n'accouchera point trop de femmes sur son chemin. Ou bien elle trouvera d'autres cibles désignées par la Guilde pour équilibrer les comptes. Lakeshire n'est plus qu'un point à l'horizon lorsqu'elle se retourne, songeuse. Peut-être aurait-elle dû prendre le contrat qu'Eremir lui proposait… Mais il est trop tard pour faire machine arrière. Le temps s'écoule.
Ils se reverront, elle le sait bien. Mais sous quels cieux et dans quels tumultes ? Seul l'avenir incertain et sombre le dira.

THE END.
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