a hero'll save me just in time

Il ne lui reste plus rien. Elle pense à la fin, la mort. Pourquoi continuer de vivre si c'est pour n'être éveillée qu'en cauchemar et marcher vers un destin trop sombre pour être aperçu. Elle ne sait plus quoi faire. Cela fait trop longtemps déjà qu'elle attend qu'on lui vienne en aide, qu'on la sauve des atrocités qu'elle a commis. Même un messager de Dieu ne peut lui rendre son sourire et son envie d'exister. Elle est seule. Terriblement mortelle. Et elle attend que son heure arrive. Elle veut mourir dans d'atroces souffrances. Elle veut subir le châtiment qu'elle mérite. Elle espère connaitre une douleur bien plus importante que celle qu'elle a affligé à ses parents. Elle se dégoute. Et si la mort ne vient pas la délivrer, elle se fera un plaisir de l'en supplier.

Althea est à Ferelden depuis quelques heures et déjà l'ennuie s'est emparé d'elle. Il fait nuit et ce soir elle va devoir se trouver un endroit miteux pour dormir. Une porcherie, une écurie, peu importe. Elle est épuisée et n'aspire qu'à se laisser emportée par les rêves. Le village ne lui est pas inconnu, mais de nuit, la recherche de dortoir est plus complexe. Elle s'engouffre dans des ruelles sombres, loin des rues principales pour ne pas risquer de faire une mauvaise rencontre. C'est bien mal pensé.

« Alors ma jolie. On est perdue ? » Visiblement éméché, un homme aborde la jeune femme. Placé derrière elle, elle décide de continuer à avancer sans se soucier de lui. Ce n'est pas le première qu'elle rencontre après tout. Mais un autre homme vient lui barrer la route au détour d'une seconde ruelle. « On ne veut pas rester s'amuser un peu ? » Elle pose sa main sur sa dague - accrochée à sa ceinture - et se retourne le temps de jeter un coup d'oeil à l'autre homme. Il s'est rapproché, titube, mais se rapproche dangereusement d'elle. Réfléchie. Réfléchie. « Tu vas voir, on ne va pas te faire de mal. » reprend le second. Althea sort sa dague et réplique. « Avec ce que vous n'aurez plus entre les jambes dans quelques secondes, ça c'est sûr. » Enervé, il lui attrape violemment le bras pour lui faire lâcher la dague. Elle tente de se défendre, en vain. Il l'a prend par le cou avec son autre main et la plaque contre le mur. « Lâche moi ça. » Elle essaye de résister mais, à bout de force, abdique. Le premier homme, plus petit et rachitique que l'autre, est enfin à leur hauteur. Il approche sa tête du visage d'Althea en lui caressant la joue. « Ma douce. Faut pas partir comme ça quand on t'appelle. C'est malpoli tu sais ? » Il empeste l'alcool. Althea lui crache au visage, l'homme qui la tient la frappe au visage. « Doucement Eddios, tu risquerais de l'abimer. » Il leur tourne autour pour examiner sa proie avant de s'arrêter pour commencer à déboutonner son pantalon. Il fait signe à Eddios de se mettre en position. Celui-ci s'exécute, il prend les deux bras de la jeune femme et se place derrière elle pour laisser la place libre. L'autre se rapproche et se plaque contre Althea tout en la caressant lourdement. Elle gigote pour se défaire de l'étreinte d'Eddios, sans succès. Le bourré commence à retirer les vêtements d'Althea, lentement. Et alors qu'il approche une nouvelle fois son visage pour humer son parfum, elle le mord à l'oreille. « Espèce de ... » Il la frappe de nouveau au visage, lui ouvrant légèrement l'arcade sourcilière avec sa chevalière. « Tu ne paie rien pour attendre. » C'est quand elle sent enfin le sexe de son agresseur qu'elle se met à crier. Eddios lui met la main sur la bouche mais le son a déjà pénétré l'enceinte de la ruelle et résonne en écho dans les rues calmes adjacentes.

Elle sent son heure arriver. Elle fini par penser que c'est peut-être cette torture qu'elle a cherché toutes ces années. Elle se laisse aller à des rêves, des souvenirs, alors qu'il lui enlève son pantalon. Elle ne réfléchit plus. Elle attend que son heure arrive. Il ne lui reste plus rien. Pas même sa dignité. Alors elle pense à la fin, à la mort. Et elle l'attend, pour qu'on vienne la délivrer.

Aryak était éreinté. Depuis le levé du jour, il avait été à cheval, traversant les plaines encore enneigées de Forteterre. Enfin, à la nuit tombée, il atteignit Ferelden, le village qui l'avait vu grandir. Cela faisait plus d'un an qu'il n'y était pas passé. Comme à chaque fois, il avait ce pincement au cœur : il se souvenait de son père et de sa sœur. Il chassa ces pensées en arrivant à la petite écurie. Mettant pied à terre, il accrocha les rennes à une poutre et récupéra son paquetage de la selle. Il alla ensuite frapper à la porte. Rapidement, le palefrenier lui ouvrir la porte. Aryak lui donna quelques pièces de cuivres et lui désigna son cheval. Aussitôt l'homme alla s'en occuper tandis que déjà l'Assassin s'éloignait, prenant la direction de l'auberge où il avait ses habitudes, à quelques rues de là.

Au détour d'une ruelle, il entendit des voix. Bah, certainement des ivrognes occupés à pisser dans les derniers tas de neige. Il continua sur sa route sans s'en préoccuper d'avantage. A peine un instant plus tard, un son bref mais bien audible : une femme avait crié. Alerté, il mis la main sur la garde de son épée avant de se précipiter dans la ruelle. Un peu plus loin, il aperçu la scène : deux hommes agressaient une jeune femme. Ils étaient en train de la déshabiller de force et allaient passer à l'acte. Non, pas ce soir. Plus jamais.

D'un pas vif, il se rapprocha d'eux. Se mouvant comme une ombre et sans le moindre bruit, il ne lui fallu que quelques enjambées pour atteindre les ivrognes. D'un coup de poing précis dans la tempe, il assomma celui qui tenait la femme et dans le même mouvement il saisit l'autre par l'épaule pour le plaquer à un mur. Une seconde après, il l'avait transpercé de son épée sous le nombril, allant jusqu'à la planter dans le mur en bois. La posture du violeur était plus que ridicule : collé à un mur et le pantalon baissé, incapable de bouger. Il hurla de douleur pendant un bref instant, mais fut interrompu lorsque sa gorge se trouva tranchée, déversant un flot de sang. Aryak retira son épée et l'essuya Altar avant de la rengaina dans son fourreau. Ca n'avait aps pris plus de cinq secondes.

Il retourna vers le premier homme qui gisait à terre. Lui enfouissant la tête dans la terre mouillé, il parvint à le réveiller. Paniqué, celui-ci tenta de s'enfuir, mais Aryak l'en empêcha. Le forçant à rester à quatre pattes, il le traina par le col vers la fille. «  Excuse-toi auprès de la demoiselle ! » ordonna l'assassin de sa voix autoritaire. L'autre restait muet, complètement paniqué. Aryak lui frappa la tête contre le mur. « Je t'ai dit de t'excuser. Tout de suite ! » Bégayant avec difficulté, il fallu une nouvelle rencontre entre sa tête et le mur pour que le violeur puisse enfin articuler les mots «  Pardonnez-moi... ». « Tu vois, c'était pas si compliqué. » En disant cela, Aryak passa sa main gauche sous le menton de l'ivrogne, puis d'un coup sec lui brisa la nuque. Dans un craquement sec, il s'écroula en avant, le fesses en l'air et le visage dans la terre. Le poussant du pied, le dernier représentant de la famille Lutrell l'éloigna un peu.

Aryak se tourna vers la jeune femme dénudée qui lui faisait face. Il lui tendis une main bienveillante : «  Est-ce que vous allez bien ? ». Au passage, il lui offrit sa couverture de voyage pour lui permettre de se réchauffer. Au loin, le ciel gronda, annonçant une pluie qui n'allait pas tarder à détremper la terre, encore humide de la fonte des neiges des derniers jours.

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Elle sait qu'elle ne peut pas leur échapper. Elle s'attend à ce que la douleur vienne la transpercer de part en part. Elle pleure à l'idée que la mort la prenne. Les larmes roulent sur ses joues comme une goutte de sang vient perler sur la neige. Elle ne peut plus reculer, alors elle attend. Encore. Elle préfère fermer les yeux, serrer les poings. Elle ne se débat même plus. Elle. Meurt. Son souffle se coupe alors qu'on la relâche. Elle rouvre les yeux. Et sans comprendre ce qu'il se passe, contemple un homme qui la sort de sa tourmente. Il a l'air grand, musclé, mais seule sa silhouette prend forme dans les yeux de la demoiselle. Elle ne sait pas ce qui lui arrive. Elle ne comprend pas. Elle regarde les autres se mouvoir sans vraiment voir. Et puis elle tombe à genoux. A bout de force. Elle pensait que ses dernière heures, minutes, secondes étaient arrivées. Elle avait pris sa dernière respiration pour se laisser partir. Pour qu'ils n'aient pas la satisfaction de le faire eux même. Et voilà qu'on venait la sauver. Elle. Celle qui avait tué ses parents de sang-froid. Celle qui n'avait plus aucun but. Celle qui ne pensait qu'au moment où elle pourrait brûler vive sur une place trop noire. Pour qu'on l'a lave de tous ses péchés. Elle était désespérée. Désespérante peut-être même. Mais elle est à présent sûre d'une chose ; elle lui doit la vie. Et une reconnaissance éternelle. Elle ne connait pas son nom, ni son visage. Elle ne sait pas s'il partira lorsqu'il aura fini de la défendre. Mais elle ne veut pas le laisser partir. Elle a besoin de lui. Maintenant.

Elle se met à pleurer de surcroit. Les nerfs qui lâchent. Elle sanglote dans son coin alors qu'il assène le coup de grâce. Les pauvres idiots ivrognes sont morts, et elle est en vie. Encore. Que vais-je encore bien pouvoir faire ? Où vais-je errer en ces heures sombres ? Elle relève la tête, mais ne le voit toujours pas. Ses yeux sont imbibés des larmes qu'elle a versé. Elle entend un son, une voix. Elle tente de discerner les mots qui lui sont adressés. « bien ? » C'est tout ce qu'elle peut comprendre. Encore bouleversée par la froideur des secondes passées. Elle reprend peu à peu ses esprits quand il pose ses mains chaudes sur elle. Elle sent la rugosité du tissu qu'il a placé sur ses épaules. Elle tourne de nouveau la tête vers son héros. « Merci » lâche-t-elle dans un dernier sanglot.

Elle sent la fatigue s'emparer d'elle. Elle ne veut pas s'endormir. Pas ici. Elle a besoin d'un endroit chaud. D'un endroit sûr. Alors elle tente de se relever, sans succès la première fois. Elle essaye de prendre la main de son sauveur, pour qu'il l'aide une fois de plus. Elle ne veut pas lui demander directement, elle n'ose pas. Il a déjà trop fait pour elle. Mais elle espère qu'il ne la quittera pas. Qu'il restera avec elle. Peut-être pour cette nuit. Peut-être pour toujours. Elle fini par se retrouver debout, sans vraiment s'en rendre compte. Elle se rhabille comme elle peut avec les vêtements déchirés qu'elle récupère. Il est grand temps de changer de garde robe. Elle sèche les dernières perles salées d'un mouvement rapide du bras. Elle peut à présent plus sérieusement contempler son visage.

Il n'est plus tout à fait jeune, les traits tirés par le temps et les épreuves qu'il a vécu. Ses cheveux son longs, bouclés, et ses yeux d'un bleu trop clair. Elle se met à sourire en le regardant. Pensant qu'il a été bien stupide de lui venir en aide. Il aurait mieux fait de la laisser croupir ici. Elle lui attrape de nouveau la main. Elle est d'une température si agréable qu'elle aimerait se blottir dans ses bras, juste pour ne plus avoir froid. C'est ce moment que son corps choisi pour frissonner. Un frisson qui provoqua la pluie. Une goutte se loge sur l'arrête de son nez à lui. Elle lève alors les yeux au ciel. Est-ce un présage ? Une alerte pour lui interdire de s'attacher à cet homme ? Elle le regarde de nouveau. « Je suis désolée pour la gêne que je vous ai causé. » Elle retire la couverture de ses épaules et lui tend. « Je ne pourrais jamais vous remercier assez de ce que vous avez fait pour moi. » Elle fouille dans sa petite besace pour y trouver une pièce. Maigre revenu qu'il lui reste d'une plonge d'il y a quelques jours seulement. « Tenez. En dédommagement. » Elle sait pertinemment que cette stupide pièce ne paiera jamais ce qu'il venait de faire pour elle. Bien au contraire. Mais elle ne savais pas ce qu'on pouvait bien offrir en échange d'une vie. Et elle ne comprenait toujours pas ce qu'il faisait toujours là. Avec elle. Alors que la pluie coulait à présent à flot.