echoes from past and future.

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La perspective de pouvoir dîner en compagnie de sa mère et sa sœur enchantait Halbarad. Depuis quand n’était-ce pas arrivé ? Autrefois, il ne se passait pas un jour sans qu’ils ne prennent le temps de se retrouver autour d’un repas. Mais aujourd’hui, ces moments plaisants étaient devenus trop rares. Trop occupés sans doute, mais qu’y avait-il de plus important que la famille ? Pour Eleonore et Euphemia Hammer, Halbarad abandonnerait tout : sa couronne, son honneur, son argent, absolument tout. Pour elles il ferait n’importe quoi, il vendrait son âme aux ténèbres si il le fallait. Elles étaient ses plus précieux trésors, son sang et sa chair et rien d’autre ne comptait autant. Les perdre, ça aurait été se perdre lui-même : il ne le supporterait pas. Suivi par les gardes, le Roi parcourut les couloirs pensivement, fatigué mais ravi. Tous trois n’avaient pas eu l'occasion de se retrouver depuis le Tournoi et avaient très certainement des choses à se dire. Le jeune homme n’aimait pas réellement parler ce ce qu'il s'était passé, pour la simple et bonne raison qu’il était passé pour un faible incapable de se protéger lui-même, incapable de veiller sur les siens, et qu’on le regardait avec une lueur de pitié dans les yeux. « Pauvre garçon. Il a bien failli y rester. » Halbarad ne supportait plus ces murmures incessants et était certain de ne pas y être confronté avec les siens. Eux, au moins, avaient de se contenter de le penser et de ne pas le faire remarquer à voix haute. A son passage on ouvrit la porte de bois qui menait à la petite salle à manger réservée à la famille Hammer, lorsqu’ils désiraient un tant soit peu d’intimité : une salle merveilleusement décorée, chaude et accueillante, sur les meubles de laquelle étaient posés maints plateaux de viande et de fruits succulents préparés aux cuisines. « Veuillez excuser mon retard. Une affaire imprévue à traiter. » déclara-t-il d’une voix douce, en saluant Eleonore et Euphemia d’un signe de tête. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand la porte fut refermée derrière lui et qu’on leur accorda enfin la tranquillité qu’ils convoitaient. Il s’approcha de la table et se servit une coupe de vin qu’il porta à ses lèvres non sans un regard suspicieux vers celle-ci : on avait essayé de l’assassiner, mieux valait rester sur ses gardes car cela pourrait arriver à nouveau, n’importe où et n’importe quand. Il se laissa tomber sur la chaise et soupira, avant de boire une nouvelle gorgée du breuvage. « Ces derniers jours ont été difficiles, n’est-ce pas ? » demanda-t-il. C’était pourtant davantage un constat qu’une question : car oui, ces derniers jours avaient été difficiles pour tout le monde, et pas seulement lui. Le contrecoup de la peur et de la tristesse était passé, et les autres semblaient s’inquiéter davantage pour lui qu’il ne l’était lui-même pour sa propre vie. « J’ose espérer que les choses vont s’apaiser au plus vite, cette situation ne peut plus durer : nous sommes en état de faiblesse. » Halbarad avait beau s’en être remis, il était distant, perdu dans ses pensées. Et il s’adressait à ses proches de façon plus formelle qu’il ne l’était d’habitude. Physiquement présent, son esprit était ailleurs. Son regard se perdit dans les gravures de la table de bois devant lui et il soupira encore, plus discrètement cette fois. Comment aurait réagi son père, dans une situation pareille ? Il se posait la question sans cesse. Il avait pourtant fini par réussir à ne plus penser à son géniteur à longueur de temps, avait réussi à passer à autre chose ; voilà qu’il lui revenait en mémoire, serrait son cœur de jeune homme blessé. La vie ne voulait-elle pas les épargner ? Qu’avaient-ils fait aux Dieux pour ne pas pouvoir couler des jours paisibles, comme autrefois ?

echoes from past and future.

Voilà bien des semaines que la jeune Princesse n'avait pas partagé un repas en compagnie de sa famille, et la perspective de les retrouver le soir même l'angoissait quelque peu au lieu de la réjouir. D'ordinaire toujours prompte à passer du temps avec eux, surtout avec Halbarad qu'elle réclamait toujours, la belle redoutée pourtant ce repas singulier. Et pour cause, les choses avaient radicalement changé ces derniers temps. Le Roi, son frère avait été victime d'une tentative d'assassinat ce qui le poussa étrangement à s'isoler de sa famille, et sa cadette révéla aux yeux de son aîné sa part la plus sombre de sa personnalité en ayant eu l'ambition de tuer une bonne fois pour toute le vil démon, Phineas Stormrage. En l'absence d'Halbarad, la Princesse aurait eu du sang sur les mains. Elle serait devenue une simple criminelle aux yeux du monde, et bien que cela aurait pu ternir son image et celle de sa famille à aucun moment elle n'avait regretté son geste. Aucun. Si bien qu'elle avait peur de lui faire face, voulant éviter les leçons de morale, mais également celle de sa mère pour avoir été odieuse avec lady Hawklin et pour avoir franchi les murs du château, seule sans aucune garde rapprochée. Elle avait beaucoup de choses à se faire pardonner, et elle était lasse rien que d'y penser. Cependant, ne pouvant refuser ce dîner et n'ayant d'autre choix que d'y aller, elle se prépara avec l'aide de sa camériste, et partie sans se retourner pour la salle à manger réserver à la famille royale uniquement. Franchissant les grandes portes, la jolie rouquine eut la surprise de constater qu'elle était la première arrivée, ce qui était assez surprenant, elle qui était toujours en retard hormis pour ses entraînements quotidien, où là, elle était à l'avance. S'installant à sa place habituelle, elle attendit patiemment les retardataires. Passant en revue ce qu'il y avait à manger sur la grande table richement décorée de gravures. De succulents mets, aussi copieux, les uns que les autres. Un véritable repas de roi ! Puis quelques minutes, plus tard, arriva la Reine, saluant sa mère d'une révérence, la jeune Hammer se rassit légèrement crispée. Et à son tour arriva son frère qu'elle salua exactement de la même manière. S'excusant de l'attente en ayant toujours le même motif, il se joignit à la table rapidement en se servant un verre d'un air suspicieux que remarqua tout de suite Euphemia. Ces derniers temps, le comportement du Roi avait changé, et elle le connaissait si bien que rien ne lui échappait à son sujet. « Ces derniers jours ont été difficiles, n'est-ce pas ? » De l'ironie ? S'accordant elle aussi un verre de vin bien mérité qu'elle bût à grosse gorgée, elle regardait son assiette étrangement subjugué par la couleur de ses légumes bien découpés. La cadette préférait nettement manger sans affronter les regards de ses proches, comme si elle voulait paraître transparente et invisible. « J'ose espérer que les choses vont s'apaiser au plus vite, cette situation ne peut plus durer : nous sommes en état de faiblesse. » Dégustant quelques bouchées maintenant qu'ils étaient tous présents, elle écoutait sans prendre part à la conversation. Déjà pour ne pas attirer l'attention, mais également parce qu'elle était agacée qu'Halbarad ait soudainement changé. Il était différent au point d'en être distant. Trop distant. Même dans sa manière de parler. Ça n'avait jamais été au Roi qu'elle voulait converser – il était bien trop ennuyeux celui-là -, mais bel et bien avec son frère et il ne faisait plus la différence. Or, c'était important pour elle. Elle comprenait qu'il soit choqué et encore déboussolé par les événements, mais elle comprenait bien moins son comportement.