Nom et Prénom : c'est le sang de la noblesse qui coule dans ses veine, et c'est du nom de Thorne qu'on l'a gratifiée. De ses prénoms, Rozenwyn, Voltur, on l'appelle plus communément "Wyn". Âge : vingt ans Contrée de naissance : cahoridie Allégeance : au roi si elle avait suivi son devoir, mais en vérité aujourd'hui, il n'y a plus personne à qui elle obéit si ce n'est à la confrérie Statut du sang : noble de naissance Race : humaine (bien que fille d'un demi-elfe) Statut civil : célibataire et il en restera ainsi Orientation sexuelle : la question ne s'est encore jamais posée Métier ou fonction : promise à un bel avenir de messagère du roi chez les cavaliers verts, puisqu'étant la meilleure cavalière (et de loin) chez les Thorne, elle est aujourd'hui pirate Faction ou Guilde : la confrérie des pirates Rang : membre de la confrérie Armes possédées : autrefois, elle possédait un arc. si elle est toujours une excellente archère, il ne lui reste désormais qu'un couperet

ɤ Que pensez vous de la mort du roi ? L’héritier étant encore jeune, arrivera-t-il à gérer le royaume selon vous ? Je n'ai jamais vraiment aimé le roi. Je ne vois pas pourquoi je devrais davantage faire confiance à son fils. Il est trop jeune, sûrement trop têtu, trop assoiffé de vie, de pouvoir. Je ne le connais pas assez, mais j'ose espérer qu'il sera capable de prendre son devoir au sérieux. Déjà parce que mon père, à priori toujours à la capitale, fait partie de ses bannerets. Parce qu'il doit le protéger, puisque je suis trop loin pour le faire. C'est égoïste, sûrement, mais je ne dois allégeance à personne, si ce n'est à notre famille, que j'ai quittée trop tôt. Lorsque feu son père a rendu son dernier souffle, je ne me rappelle pas avoir ressenti quoi que ce soit. Oui, rien, vraiment. Je crois de toute manière qu'il n'aimait pas les Thorne, et on le lui rendait bien. Alors ce qui pourra arriver à son fils, honnêtement, je n'en ai que faire. Du moment qu'il ne met pas le pays en flammes, j'imagine qu'il est légitime de lui laisser une chance. Alors qu'il en prenne soin. ɤ  A votre avis la garde des ombres a-t-elle encore lieu d'être ? Les Engeances ont-elles vraiment disparu ou la menace est-elle encore présente ? C'est mon père qui me racontait ses histoires. Lui, il avait vu la Guerre de ses propres yeux, il savait mieux que quiconque. Alors, si j'en crois ces histoires, si j'en crois les secrets qu'il me racontait tout bas puisqu'on n'était pas autorisés à les admettre, je dirais que, oui, la menace est toujours présente. Mon père disait qu'ils seront toujours là, quelque part. Il disait qu'on ne gagnait jamais une guerre, mais qu'on perdait une paix. Il disait que même prisonnier sous des tonnes de pierres, on pouvait refaire surface, avec les forces nécessaires, une fois le temps venu. Il disait beaucoup de choses que je ne l'entendrai sûrement plus dire, mais ses phrases m'ont forgées. A mon humble avis oui, la garde des ombres à toujours lieu d'être et les Engeances n'ont pas disparus. ɤ Les mages ont été bannis sur une île près des côtes d'Alcahar, étant désignés coupables de tout le mal qui s'abattait sur le continent. A vos yeux était-ce juste ? La magie est elle une chose à proscrire ? Je n'aurais sûrement pas assez de mot, pas de mot assez fort, pour dire ma colère. Envers ceux qui les ont condamné, envers ceux qui les ont banni, et interdit. Non, c'était injuste. Un monde sans magie n'a pas lieu d'être, puisque c'est la magie elle-même qui régule le monde. Bien sûr, que c'est dangereux. Bien sûr qu'il existe des mages noirs, mais pas plus qu'il n'existe de meurtriers, de voleurs, de mauvaises âmes, en ce monde. Mais certains, plus qu'on ose le croire, usent de leur magie pour faire le bien. Je connaissais Sorcha, elle n'était que fille de mage mais elle savait maîtriser l'eau, et l'air, et le feu. Elle savait réaliser des œuvres d'art, lorsqu'elle faisait voler autour de nous toutes sortes de fleurs aux parfums enivrants. Ou quand elle faisait tomber la pluie un jour de soleil, pour m'offrir un simple arc-en-ciel, de quoi colorer nos cœurs, et notre mémoire. Si on l'avait autorisée, si on l'avait seulement laissée, aujourd'hui tout serait différent. Pourquoi ne prohibe-t-on pas l'amour, par exemple ? L'amour, c'est une forme de magie. C'est même une forme de magie noire, et ça reste autorisé. ɤ  La forêt de sombrebois regorge de créatures plus infâmes les unes que les autres, vous sentez-vous en sécurité malgré le fait qu'il se passe des choses étranges non loin de là ? Le gouvernement devrait-il se préoccuper de ce qu'il s'y passe ? J'ai marché assez, j'ai suffisamment traversé le pays pour ne plus avoir peur de ce qui s'y passe. Pour moi, quand je pense à Sombrebois, je pense à Eldarion. Ce n'est pas une image effrayante, au contraire, c'est une image rassurante. C'est à lui que j'associe cette forêt, et à ses côtés je ne me suis jamais sentie plus en sécurité. Oh, pour sûr, des choses étranges, nous en avons vues, mais ce que j'ai dû affronter, il n'y a rien qui ne puisse être vaincu. Si cela fait peur à la majorité, je pense qu'il serait effectivement de bon augure que le gouvernement s'en occupe, mais pour faire quoi ? Y mettre feu ? Ça risquerait de libérer un mal encore plus grand, qui s'étalerait sur encore plus de territoire ; ça risquerait de déloger Eldarion, et peut-être d'autres rôdeurs qui y ont élu domicile. Pour moi, le danger est ailleurs. Et dans cette forêt, je m'y sens parfaitement en sécurité. ɤ Quelles ont été vos motivations à rejoindre votre faction/guilde plutôt qu'une autre ? C'était comme une évidence. Dans mon esprit, Piraterie rimait avec Liberté, et je ne peux que le constater davantage aujourd'hui. On m'a tout pris. Mon nom, mon titre, ma maison, mon père, ma meilleure amie, mon bonheur. La piraterie, c'était la promesse d'une vengeance. C'était la promesse que je pouvais partir, que peut-être, un jour, je pourrai revenir. C'était la promesse que, même lorsqu'on n'est plus personne, on peut redevenir quelqu'un. Ma décision a également été grandement motivée par Lucian, qui m'a toujours acceptée, qui m'a toujours aidée, aimée comme j'étais, sans poser de questions, sans chercher à savoir. Et puis, j'étais déjà une voleuse dans les rues de La Cité Libre, je trouvais que c'était plus beau d'en être une en mer.

Il y a longtemps, très longtemps, jusqu'au plus loin que remonte sa mémoire, Rozenwyn protégeait un secret. Un très lourd secret, qui n'était connu que d'elle, et qu'elle avait juré de garder avec elle jusqu'à sa tombe, sans jamais n'en dire mot. Parce que c'était dangereux ; parce que c'était interdit. Parce que la menace qui planerait sur elle, et sur tous les êtres qu'elle avait chers, une fois le secret révélé, était encore plus lourde que celle que représentait ce secret en lui-même. En ce bas-monde, à cette époque, et aujourd'hui encore, il y a des choses qu'on ne peut dire, même si c'est dans un souffle, même si c'est dans un murmure ; il y a des choses qu'il était prohibé même de penser, si bien qu'on avait appris à se sentir coupable d'une croyance, d'une image créée par son esprit, dont on était seul détenteur et que nous seuls pouvions ébruiter ; il y a des personnes qui ne souhaitent pas la paix, et qui ne souhaitent pas non plus la guerre, mais qui vivent pour bâtir un monde de pouvoir et de privilèges ; il y a des légendes qu'on a trop vite oubliées, et qu'on aurait dû garder en mémoire, pour savoir affronter leur résurrection lorsqu'en sera venu le temps. Wyn savait tout ça. Wyn connaissait les mythes, elle nourrissait son imagination des histoires qu'on lui avait racontées, et de celles qu'elle avait inventées ; elle les alimentait des créatures dont on disait qu'elles vivaient sous terre, ou par delà les nuages, ou qu'elles avaient disparu depuis bien longtemps ; elle avait accepté le monde tel qu'on le lui présentait depuis toujours : cyclique, hiérarchisé, réglementé, beau sur quelques territoire, ruiné sur d'autres, paisible après une guerre, éphémère après la paix, dur, vain, dénué de magie. Rozenwyn, un jour, était née. Depuis ce jour, elle avait ainsi vécu, sans rien remettre en question. Il y a longtemps, très longtemps, trop longtemps maintenant, Wyn connaissait Sorcha. Sorcha avait son âge, mais Sorcha avait les cheveux plus noir qu'un ciel d'orage, et les yeux tellement clairs qu'ils en étaient presque blancs. Sorcha était belle, depuis toujours, c'était elle la plus jolie des deux. Sorcha était sa meilleure amie, mais Sorcha était différente. Parce qu'elle connaissait les mythes et les légendes, et qu'elle y croyait, pas comme les histoires qu'on raconte aux enfants pour s'endormir, mais comme s'ils étaient la fondation de notre monde, comme s'ils avaient existé. Elle était différente, parce qu'elle connaissait la magie. Parce qu'elle l'a pratiquai, mais seulement enfermée chez elle, les volets fermés, protégée du monde extérieur qui ne voulait pas d'elle. C'était ça, il y a si longtemps, le secret que Wyn avait juré de protéger, toujours, jusqu'à la mort. Et elle n'avait pas pu, non, elle n'avait pas pu...

« Roze… » elle prononce dans un souffle. Rozenwyn plante ses yeux dans ceux de son amie, elle jurerait pouvoir voir son coeur battre trop vite à travers sa poitrine. Rozenwyn ne dit rien, elle attend, mais déjà, elle sait. Et elle sait ce que Sorcha va dire, et elle sait aussi ce qu'elle répondra. Parce que non, elle n'a pas peur ; quelque part même, elle s'en doutait. Ce n'était peut-être pas logiquement explicable, mais ça pouvait se sentir. Rozenwyn n'avait pas peur de Sorcha, parce que Sorcha restait Sorcha, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle soit, et quelque soit l'endroit d'où elle vienne. La brune a peur, ça se voit, et Roze aimerait pouvoir la rassurer, mais elle demeure silencieuse. Immobile. Impassible. Rien de tout ça n'a d'importance. Ce sera aussi vite oublié. « Roze » Sorcha reprend, alors qu'elle semble puiser dans son fort intérieur le peu de courage qu'il lui reste « Ce que tu as vu tout à l'heure… Ce qu'a fait papa… » elle s'arrête parce qu'elle ne sait pas si elle a le droit de continuer. Elle sait que Roze l'a vu mais elle ne sait pas si elle a le droit d'en parler ; en fait, elle sait qu'elle n'en a pas le droit. Mais c'est Roze, là, face à elle, c'est sa meilleure amie, pas un quidam de la Garde qui va la planter en plein coeur au moindre mot de trop. Elle peut lui faire confiance. Elle le sait. Mais ce secret-là est plus lourd que les autres qu'elle ait jamais porté, plus lourd que tous les secrets qui s'échangent dans ce monde. La magie n'est pas à prendre à la légère ; la magie est prohibée ; la magie est sanctionnée. Roze s'avance d'un pas, et pose sa main sur l'épaule de son amie. Sorcha relève les yeux, et enfonce comme une lame son regard dans le sien. Elle a tout lu dans ses yeux. Elle peut tout dire désormais. « C'est un secret, d'accord ? Il faut que tu me jures que tu n'en parleras jamais. A personne. Pas même à ton père. Pas même à ton amant, si un jour tu en as un. Il faut que tu me le promettes, Roze, si tu ne veux pas qu'on se quitte pour toujours. Tu me le promets ? » La réponse s'ensuit comme une évidence. Il n'y pas une once d'hésitation sur les lèvres de la jeune Thorne, puisqu'il n'y en pas non plus dans son coeur. Oui, elle promet. Non, jamais, jamais elle ne dira quoi que ce soit. Elle emportera le secret dans la tombe, et la vie peut reprendre son cours, comme si rien de tout ça n'avait d'importance. Ce jour-là, Rozenwyn et Sorcha ont neuf ans, et elles croient pourtant en avoir le triple. Ce jour-là, elles se découvrent une forme d'amitié nouvelle, une amitié de confiance. Elle partagent un amour de l'une et de l'autre, puisqu'elles n'aiment personne autant qu'elles s'aiment toutes deux, ensemble. Ce jour-là, Wyn promet. Et que les Neuf (puisqu'ils étaient les dieux de ses aïeux, et de son père aujourd'hui), que les Neuf entendent sa promesse, et qu'ils en soient les seuls témoins, jamais, jamais elle ne cèdera.


La flèche siffle, transperce l'air et atteint sa cible entre les deux yeux. L'animal s'écroule dans la seconde, raide mort. Un sourire aussi grand que le monde se dessine sur les lèvres de la petite fille, qui se met à sautiller autour de son père. Elle rit, et lui rit avec elle. « Félicitations Roze. Je n'ai jamais douté que tu y arriverais. » il la soulève dans les airs, et la fait tournoyer. Le monde entier tombe dans l'oubli, tout s'efface, pour qu'il ne reste plus qu'elle, son père, et la proie abattue quelques secondes auparavant. C'est un instant de bonheur comme on en connaît rarement. Rozenwyn a sept ans. Ça fait deux que son père l'entraîne pour qu'elle fasse une excellent archère. Aujourd'hui, elle a tué son premier animal, alors qu'il était loin, et qu'il était petit, et qu'elle n'a eu besoin que d'une tentative. Et le regard dans les yeux de son père à cet instant précis vaut bien tous les regards du monde. Le père de Roze est un demi-elfe. Son propre père était un elfe, qui s'était entiché follement d'une humaine, fille de forgeron, qui s'était égarée dans leurs terres après le massacre de sa famille, plutôt que de la tuer elle aussi, il l'avait épousée. Lorsque ses frères et soeurs s'étaient envolés pour les terres immortelles, mon grand-père avait préféré offrir à sa femme le plus beau voyage qui existait alors, celui qu'elle avait toujours rêvé de faire : le voyage jusqu'à la capitale royale ; ils ne l'avaient jamais quittée. C'était un voyage que l'Elfe avait fait de nombreuses fois auparavant. Pour cause, il avait vu défiler les rois, ils avaient vu sa famille se joindre à eux, par soucis de territoire surtout, et il avait suivi. Là-bas, ils avaient mis au monde Thirënn, leur seul et unique fils. Ils avaient vécu heureux ; longtemps.
Thirënn avait épousé Aelys. Il l'avait aimée plus qu'on aurait dû le lui permettre ; elle le lui avait trop bien rendu. Morte d'une maladie encore inconnue deux ans après la naissance de Roze, on aime à penser qu'elle navigue aujourd'hui vers de lointains paysages, et qu'on l'y retrouvera sûrement un jour. Mais plus tard. Le plus tard possible. C'est une petite vie normale, ni plus triste, ni plus heureuse qu'une autre, que Roze a vécu jusqu'à ses quinze ans. Parsemée d'embûches, de joies et de chagrin, d'amour et de colère. De secrets. De secret à protéger. A n'importe quel prix.


Elle a quinze ans. Elle vise comme une guerrière et monte à cheval comme un homme. Elle ne rate presque plus jamais ses cibles. Wyn est une fierté, pour son père. Mais elle en veut plus, toujours plus, toujours trop. « Je t'emmène plus loin, aujourd'hui. » Sorcha la édvisage, mi-exitée, mi-réticente. Sorcha sait que Wyn est imprévisible. Elle est comme le vent de l'été, qui adoucit les insolations et gèle les cœurs aussitôt la nuit tombée. Elle peut décider n'importe quoi, n'importe quand. Elle est rapide, et insolente. Elle est douée, et intelligente. « On ne va plus chasser ? » Sorcha lève un sourcil, et en fronce un autre. Elle a peur, ça se voit. Wyn le sent, et ça l'énerve. Ça l'énerve, parce qu'elle n'est pas en droit de s'imaginer que sa meilleure amie, qui a protégé son secret pendant tant d'année, au risque de perdre la vie elle-même, pourrait lui faire du mal ; pourrait lui tendre un piège. Jamais. Elle avait promis, et même s'il y avait beaucoup de choses qu'elle n'était pas, elle savait être loyale, fidèle et aimante. Ne jamais briser une promesse. Encore moins faite à quelqu'un qu'on aime. Alors, Wyn sourit, attrape son arc, et le jette sur son épaule. « Si. Mais plus loin. » Si sa meilleure amie n'est pas rassurée, la fille du demi-elfe est déjà loin. Alors Sorcha n'a d'autre choix que de la suivre. Les plains d'Ultear s'étalent à perte de vue, plus belles encore que lorsqu'on les observait de loin, sur la colline, au crépuscule. Plus paisible, comme si une aura divine protégeait ce paysage de verdure et de paix. Wyn savait, puisqu'elle le tenait de son père, qu'il arrivait au roi de venir chasser des bête qui, disait-on, n'existaient nulle part ailleurs. C'était la reproduction sur Terre du Jardin d'Eden. Mais la pomme n'en était pas le piège. « Wyn. » Sorcha se fige. Une bestiole pas plus grande qu'un lièvre se tient à quelques mètres d'elles. Le poils violacé, tirant presque sur le fushia, brillant comme un enchantement. « Wyn. » elle répète. Mais Wyn est déjà fascinée. Elle encoche une flèche, et vise, presque réticente à tuer cet être d'une rare magnificence. Un sourire étire ses lèvres. Elle sait qu'elle va l'avoir, mais elle en connaît également les conséquences, si elle se faisait prendre. Et si cet animal avait un goût immonde ? Et s'il était empoisonné ? Sorcha semble fascinée aussi, puisqu'on ne l'entend plus. Pourtant, quelque chose est différent. Si Rozenwyn avait été moins absorbée par la couleur étrange du rongeur, elle l'aurait remarqué : elle aurait entendu le souffle haletant de sa meilleure amie ; elle aurait sentie la peur, parce qu'elle ne la connaît que trop peu pour la reconnaître ; elle aurait visé plus haut et plus à gauche, les trois silhouettes sombres qui s'approchaient d'elles ; elle l'aurait sauvée. Mais elle ne l'avait pas remarqué, en fait, elle n'avait pas voulu y prêter attention. Elle avait préféré un stupide lapin rose à sa meilleure amie. « WYN ! » Le cri de Sorcha est perçant. L'animal s'enfuit ; la flèche part trop à droite ; elle l'aurait manqué de toute façon. Rozenwyn fait volte face, prête à sermonner celle qui lui a fait manquer sa proie. A la place, elle se retrouve nez-à-nez avec une silhouette d'homme vêtue de noir et trop grande pour lutter. Elle fait un bond de deux mètres en arrière quand la gifle claque contre sa joue : pourtant, l'homme ne semble pas avoir bougé sa main. Elle les voit qui emmène sa meilleure amie, elle voit ses cheveux sombres virevolter comme elle s'agite en hurlant. Elle l'entend. Mais que peut-elle faire de plus ? Elle encoche une flèche et tire ; la flèche siffle et atteint une des silhouettes en plein cœur. Elle s'écroule, et les deux autres ne s'en soucient guère. Roze en encoche une seconde, mais celle-ci manque sa cible : elle tremble. De peur. De haine. Contre ces hommes, contre elles-même. Elle leur court après, mais ils sont trop loin, hors de portée. Elle a perdu. Et sur cette vallée paisible, sur l'herbe fraiche et rougie par le sang, dans ce havre de paix baigné par le soleil, elle n'entend qu'une chose, qu'une phrase, et elle perd pied, tout s'écroule, ses genoux trouvent le sol, et elle sait. « Tu avais promis, Rozenwyn, tu m'avais promis ! »

Une éternité. Elle reste une éternité, recroquevillée sur elle-même, incapable de pleurer, incapable de réaliser. Elle n'a pas le temps de dire au revoir. Elle n'a pas le temps d'aller chercher des affaires. Elle n'a pas envie de partir, mais elle n'a pas le choix. Déjà parce qu'elle n'avait pas le droit de chasser ici, et que la sanction risque d'être sévère. Ensuite parce qu'elle a souillé le sol du sang d'un homme, et qu'un meurtre n'est jamais bien vu. Enfin, parce qu'il faut qu'elle la retrouve, il faut qu'elle retrouve Sorcha. Et qu'elle la ramène à la maison. Ces hommes, elle le sait, ils l'emmènent à la Tour. Parce que, pour une raison ou une autre, ils savent qui elle est, et ce qu'elle sait faire. Et Roze, si elle n'a pas su la protéger, veut se promettre qu'elle peut la sauver. Le soleil rose illumine le monde de sa plus belle couleur, qui annonce le soir. Il descend petit à petit se cacher sous l'horizon et laisser un voile de pénombre remplacer la jolie lumière du jour. Roze entend les chevaux de la Garde, encore suffisamment loin, mais déjà trop près. Elle n'a plus le choix. Elle se lève, et elle part. Elle court. Elle n'a plus le choix. Elle jette un dernier regard à ce qui sa maison, depuis quinze ans. Des larmes inondent ses yeux mais elle refuse de les laisser couler : elle n'a pas le temps ; elle n'a plus le choix ; elle doit partir.
Des milliers de fois, elle aurait pu mourir. Elle a traversé des paysages qu'elle n'aurait jamais osé imaginer même en rêve. Elle goûté a des tonnes de lapins roses, et ne les a pas trouvé si bons ; elle a goûté à bien d'autres mets tous meilleurs les uns de les autres. Elle a vu des battisses, elle a vu des châteaux, elle a vu des lacs, des océans et des forêt, elle a vu le monde, plus grand, infini, elle a senti la chaleur des lumières des jours et des nuits sur sa peau asséchées, elle a dormi dans des champs et dans de somptueuses demeures, elle a rencontré plus d'âmes qu'on en rencontre généralement en une vie, certaines plus marquantes que d'autres.

Elle se souvient.


Elle se souvient de Sombrebois, et d'Eldarion. Elle ne serait jamais sortie vivante de cette forêt, sans lui. Elle était trop vaste, et trop sombre. Elle se souvient de sa compagnie, de leurs discussions, de leurs parties de chasses, de tout. Elle se souvient de ce qu'il lui a apprit, quand il lui parlait des elfes, quand il lui racontait la guerre. Elle se souvient lui avoir dit que son père, aussi demi-elfe, l'attendait quelque part ; et qu'elle espérait qu'il avait gardé espoir, toujours. Eldarion et Rozenwyn ont passé beaucoup de temps ensemble, jusqu'à ce que leurs chemins se séparent. Elle n'avait que trop apprécié sa compagnie, et l'homme qu'il était. Il lui avait parlé comme on parle à une amie. Il l'avait aidé comme on n'aide que trop rarement une inconnue. Il lui avait montré le chemin. Et à l'heure des au revoirs, elle lui avait promis : elle lui avait promis qu'elle reviendrait. Et alors qu'elle s'était éloignée, il avait dû sentir qu'il s'agissait ni plus ni moins d'une autre promesse jetée en l'air qu'elle ne saurait respecter.
Pourtant, en grande partie grâce à lui, après deux ans de marche et de retour sur ses pas, elle était arrivée. A la Tour du Cercle. Là où tout allait finir. Et sa quête prendrait fin.


C'est sombre, et l'odeur qui plane n'est guerre enchantante, mais à ce stade, ça n'a plus d'importance. Elle a réussi. Elle se dirige en ce moment-même vers la Tour, vers sa meilleure amie, un peu plus près de leur retour à la maison. Dans la plus grande discértion, Wyn a réussi à se faire une cachette dans une cale d'un bateau bondé de Templiers. Petite comme elle est, elle saurait se frayer un chemin dans la Tour sans être aperçue. A cette heure, c'est en tout cas ce qu'elle croit. Elle ne sait, Wyn, elle ne sait pas qu'une fois sur l'île, on n'en part plus. Peut-être l'avait-elle su, mais du moins avait-elle choisi de l'oublier. Elle n'est motivée que par une chose. Retrouver Sorcha. Prendre Sorcha. Ramener Sorcha à Aubétoile. La mettre en sécurité, pour toujours cette fois. Mais cette ingénue n'a même pas de plan, si ce n'est celui-ci. Comment passer les Templiers, comment passer les Mages, les gardes ? Lorsqu'ils arrivent à quai, tout cela devient si futile. À peine a-t-elle mis le nez dehors que tout s'annonce beaucoup trop simple. Un peu à l'est, se dessine un attroupement. On dirait que tous les habitant de la Tour y sont regroupés. Mages, templiers,... Roze ne sait pas ce qui se passe, mais ça détourne l'attention. Juste assez pour qu'elle se fraie un chemin dans la Tour et tombe nez-à-nez, presque immédiatement, avec Sorcha. C'était trop simple, mais Wyn chasse de son esprit la pensée futile qu'il s'agit peut-être d'un piège. Qui voudrait la piéger, elle ? Sorcha a les joue creusées, et le teint pâle, mais l'étincelle dans ses yeux ne semble pas s'être éteinte. « Il vient d'arriver à la Tour. Je ne sais pas qui c'était. Il a essayé de me voler mon repas. Eh bien, j'ai pris soin de m'assurer qu'il ne recommencerait plus. » Rozenwyn est confuse. Si elle pense avoir compris de quoi il s'agissait, elle espère s'être trompée. Car ce n'était pas Sorcha qui parlait de cette manière. Ce n'était pas Sorcha qui tuait des gens affamés. Roze fronce les sourcils pour marquer son incompréhension. « L'attroupement, dehors. C'est lui, il est en train de se vider de son sang j'imagine. » est la stupide réponse que lui apporte son... amie. « Sorcha... » commence Roze. Elles pourraient débattre mille ans, sur le bien et le mal, sur le pourquoi du comment. Mais un sermon serait vraiment la dernière chose à faire, ici, maintenant. Et derrière cette confusion, flamboie cette joie d'avoir retrouver la jeune fille qui avait partagé ses joies et ses peines pendant plus de dix ans. A ce moment, dans sa tête, il n'y a plus que ça. « Sorcha, je suis désolée pour le lapin rose. Ce n'était même pas bon. » un sourire étire les lèvres des deux amies, comme si l'une était un miroir de l'autre. « Je suis désolée d'avoir mis autant de temps mais... On rentre à la maison, So'. » Elle lui tend la main et une douleur poignante lui arrache un cri. Quand elle réouvre les yeux, Sorcha a planté ses ongles dans le poignet de Wyn et des larmes submergent ses yeux. « Tu... m'as... VENDUE. » Sorcha est folle de rage. « Comment oses-tu revenir ici après deux ans en me demandant de venir avec toi ? C'est encore un piège, hein, Wyn, c'est encore un mensonge ?? » Roze veut répliquer, pourtant elle en est incapable. Le croyait-elle réellement ? Lui avait-on lavé le cerveau ? Pensait-elle sincèrement que Wyn l'avait livrée à la Tour ? « C'est de TA faute si je suis là, de TA FAUTE. Va-t-en, rentre chez toi ! Ne m'empoisonne plus l'esprit de tes paroles ! » D'un coup, elles se retrouvent toutes deux à l'air libre. Sorcha l'a poussée trop fort, Roze roule jusqu'au bas d'une zone rocheuse pentue. Lorsqu'elle relève la tête, elle se cache derrière un rocher pour se protéger d'une autre attaque. Mais rien ne se passe. Lorsque sa tête émerge de la pierre, l'attroupement à l'est s'est fait moins dense et une ribambelles de Templiers encerclent Sorcha. Avant que Roze ait pu prendre une quelconque décision, une lame tranche l'air et la tête de son amie roule jusqu'à la mer.

Elle ne peut pas s'enfuir. Wyn ne peut pas s'enfuir. Elle reste pétrifiée, cachée derrière son rocher, attendant que le vacarme au dessus d'elle s'apaise. S'ils la trouvent, elle est morte. Si elle tente de s'enfuir, elle n'ira pas bien loin. Elle n'a pas d'arme, puisqu'elle a abandonné son arc à Eldarion, pour qu'il en prenne soin. Elle est sans défense. Mais c'est déjà trop tard. De pieds de Templier se plantent à quelques centimètres d'elle. « Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faites là ? » Roze lève les yeux, surprise de ne pas avoir déjà perdu sa tête. Son poignet est en sang, et ses joues sont trempées de larmes. L'homme qui se tient à côté d'elle est grand, beau et fort. Même si Wyn ne connaît absolument rien des Templiers, elle a préféré croire que c'étaient eux les méchants, puisqu'ils venaient d'arracher la tête de sa meilleure amie. Pourtant, un regard différent flottaient dans les yeux de celui-ci. Contre toute attente, contre tout espoir, cet homme allait lui sauver la vie. C'est ainsi que Wyn fit la connaissance de Wilhelm.


« Petite. Hé, petite ? » Elle sent qu'on la secoue, mais toute force semble avoir quitté son corps, ses muscles semblent s'être liquéfié, et aucun son de semble vouloir franchir ses lèvres. La voix masculine et un peu éraillée reprend : « Petite, tu ne devrais pas rester ici. Qu'est-ce que tu fais ici, d'abord ? » Mais Wyn ne bouge pas. Elle essaye, mais toute tentative est vaine. Elle accepte. Elle accepte de finir sa quête ici. Elle accepte de rendre son dernier souffle. Elle accepte de mourir. Mais une poigne douloureuse la soulève de terre et l'oblige à se tenir sur ses deux jambes. Wyn halète, et cligne des yeux à plusieurs reprises pour y voir clair. Dans un souffle, elle parvient à marmonner « Où suis-je ? » mais aucune réponse ne lui parvient. Elle ne reconnaît pas le port. Elle ne reconnaît pas l'architecture, ni même les bateaux. Ses yeux fatigués se posent sur l'homme qui l'a soulevée. « Comment tu t'appelles, gamine ? » Elle ne sait plus. Elle a oublié. Qui elle était, d'où elle venait. Elle se rappelle à peine de Sorcha, elle se rappelle à peine de Wilhelm. Pourtant a-t-il existé en ce monde quelqu'un qui l'a plus aidée que lui ? Il y a quelques jours, quelques semaines, quelques mois peut-être, alors que tout espoir s'évanouissait petit à petit, Wilhelm lui avait parlé. Roze lui avait raconté. Tout. Aubétoile, sa mère, son père, la noblesse, les cheveux, la chasse, Sorcha, son secret, sa quête, tout ce qui l'avait menée à la Tour. Wilhelm lui avait raconté, lui aussi. Ses parents, son frère, la noblesse, qu'il avait abandonnée pour les Templiers. Ils avaient compris qu'il partageait une histoire commune. Une histoire de famille, une histoire d'ami, une histoire de mages. Wilhelm était différent des autres. Pas seulement différents des autres Templiers, aussi différents des hommes qu'elle avait connus jusqu'alors. A la nuit tombée, il l'avait aidée à s'en aller, à quitter cette prison qu'était la Tour du Cercle et dont elle n'aurait jamais pu réchapper sans lui. C'était plus qu'une fière chandelle, qu'elle lui devait. Elle lui était plus que redevable. Il lui avait rendue la vie, sa vie qu'elle avait accepté trop vite d'abandonner sur la berge. Et en partant, à lui aussi, elle lui avait promis : « Un jour, je t'aiderai moi aussi. »
« Wyn. Je m'appelle Wyn. » L'homme la dévisage. C'est un nom qui ne lui évoque surement rien. C'est le nom qu'elle adoptera, désormais. Plus de nom de famille, plus de particule. Elle a laissé tomber sa noblesse il y a déjà longtemps. Aujourd'hui, elle n'est rien d'autre qu'une fugitive. Une hors-la-loi. Elle n'est plus personne. « Bon, bien, Wyn, alors. Ne traîne pas ici, veux-tu. Comment es-tu arrivée là ? » Mais sûrement, combien de temps avait duré le voyage ? Et depuis combien de temps était-elle inconsciente sur le port ? Qui l'y avait laissée ? Elle avait pris un bateau. Elle s'était cachée dans les cales et avait attendu, un temps qui lui avait semblé infiniment long, une éternité. « En bateau. Où sommes-nous ? » Il lui adresse une moue, puis un sourire amusé. Ainsi donc, elle était venue par hasard ? Ça semblait effectivement plus logique que par envie. « Ah, ça ! Gamine, tu es à Yelderhil ! »

Les anciennes terres elfiques étaient devenues sa seconde maison. Elle volait pour se nourrir, pillait pour s'enrichir, mentait aux passait et trichait aux jeux. Mais ici, ce n'était pas chose rare. Elle s'était déniché un couperet qui ne la quittait plus. Elle visait aussi bien avec celui-ci qu'elle le faisait, autrefois, avec ses flèches. Il était tranchant comme les dents d'un alligator. C'était devenu son nouveau jouet. Parfois, elle trouvait des chevaux qui semblaient n'avoir maître, et les montait juste pour se souvenir ; du vent dans ses cheveux sur les pelouses d'Aubétoile quand Gänä galopait ; du vert, presque fluorescent, de la végétations ; de la voix de son père lorsqu'elle sautait correctement un obstacle. A la Cité Libre, Wyn s'était endurcie. Elle avait oublié que ses yeux savait versé des larmes, elle avait préféré s'en servir pour observer chaque être humain, leur vie, leurs occupations. Des millions de fois, ses yeux avait croisé ceux d'un capitaine Pirate moustachu avant qu'elle n'ose s'en approcher. Il ne ressemblait à aucun autre homme. Il avait quelque chose de captivant, de sérieux et d'espiègle à la fois. Il était accompagné, parfois, d'un autre homme, brun et moins chevelu. Ce qu'elle avait vu en eux, c'était une dernière échappatoire. L'ultime échappatoire. Celle qui lui permettrait enfin de revivre, et de cesser de survivre.


« Je veux rejoindre votre équipage. » Ça fait plusieurs mois qu'elle connaît Lucian, alors, sur un coup de tête, elle se permet. Elle est surprise quand elle ne le voit pas exploser de rire, mais plutôt plonger ses yeux dans les siens avec un air grave. Comme s'il y réfléchissait, comme s'il considérait vraiment la chose. Wyn adore Lucian, depuis la première fois qu'ils se sont adressé la parole, depuis toujours, elle lui accorde une confiance aveugle parce qu'à chacun de ses récit, elle découvre un monde nouveau dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Mais depuis plusieurs mois déjà, elle n'a plus envie qu'il lui raconte ses voyages, elle a envie de les vivre avec lui. De devenir une pirate, elle aussi. Sans lui répondre, Lucian se lève et se dirige vers le bar où il retrouve Hendrik. Elle est trop loin pour entendre leurs paroles, mais elle n'ose rien espérer. Peu après, le pirate revient. « Wynnie, tu es... une fille... » Il penche la tête et hausse les épaules. Ça veut dire “Désolé, je ne peux rien faire pour toi”. Mais soudain, elle est en colère. Quoi, allait-elle devoir s'excuser d'être née femme ? En plus il n'avait même pas dit “une femme“, il avait dit “une fille”, alors que, non. Non, elle était une fille quatre ans auparavant lorsqu'elle avait quitté Aubétoile pour parcourir Kahanor à pieds avec un arc et dix flèches. Aujourd'hui, elle était une femme, elle avait gagné le droit d'être une femme, elle s'était suffisamment affirmé. Alors, quoi, elle n'avait droit à aucun avantage ? Elle devait demeurer sagement à l'attendre sur le port, à attendre ses histoires, à le voir s'éloigner en mer pendant qu'elle s'enracinait de plus en plus sur la terre ferme ? Alors, quoi ? Seul un homme avait le droit de naviguer ? Elle avait déjà été dans un bateau. Elle monter un cheval et tirer à l'arc sans doute mieux que n'importe qui sur cette île. Lucian était pour elle comme un rocher sur lequel s'appuyer, comme un livre qu'on ne fermait jamais et qui nous apprenait sans cesse de nouvelles choses, comme un ami, un vrai ami, quelqu'un qui ne mentait pas, pas à elle en tout cas. Elle avait rêvé d'une échappatoire, et on tirait un trait dessus ; et ça, elle ne pouvait pas l'accepter. Alors... « Alors je me ferais passer pour un homme. »


« Aujourd'hui, que reste-t-il ? Des poussières d'un monde qui s'efface trop vite de nos mémoires. Des sols souillés par le sang de trop d'innocents et de trop peu de coupables. Des cieux gris qui n'en cessent de pleurer. C'est la Haine qui Gouverne. C'est la Peur. C'est la Mort. Au final, est-ce que ça en valait la peine ? Qu'y avons-nous gagné ? Quelques années, peut-être, quelques années pour quoi faire ? Pour aller où ? Avec qui ? Je m'appelle Rozenwyn ; Rozenwyn, Vultar, Thorne. Je suis née Noble. Je suis née Elfe, je suis née Reine. J'ai traversé des désert, des forêts et des océans. Je suis guerrière ; je suis damnée ; je suis Pirate. J'ai fait des promesses que j'ai brisées car j'ai été aveuglée. J'ai perdu des gens pour y avoir trop tenu. J'ai vu mourir, disparaître, s'éloigner, tout ce en quoi j'ai eu la maladresse de croire. Tout ce en quoi j'avais placé mes espoirs. J'ai compris trop vite qu'on était guidés non pas par l'amour mais par la haine. J'ai compris qu'on ne ressentait rien sans se mettre en danger. J'ai compris que la Menace n'était pas toujours là où on voulait nous le faire croire. Alors, au final, est-ce que ça en valait la peine ? J'ai versé plus de larmes que je n'ai échangé de sourires ; j'ai fait couler plus de sang que de pétales de fleur ; j'ai plus entendu le sifflement des armes que les rires des enfants. J'ai tangué sur des océans trop dangereux, trop imprévisibles, trop semblable à moi. Était-ce ma destinée ? Était-ce ce à quoi j'étais promise ? À être condamnée ? Je m'appelle Rozenwyn, Vultar, Thorne, je suis une Guerrière, je suis une Reine, je suis une Pirate. Et je ne rentrerai jamais, jamais, chez moi. »

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