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 Sombres tractations (Sigmar)

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Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

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MessageSujet: Sombres tractations (Sigmar)   Sombres tractations (Sigmar) EmptyLun 2 Juin - 14:45

- L’Indomptable, le Fierté du Marchand, le Conquérant sont encore engagé dans la bataille monsieur, mais seul l’Indomptable a subi des dommages, sa poupe éclatée sur tribord par le tir de leurs mages. Toutefois l’ennemi bat en retraite de façon de plus en plus désorganisée. Ils étaient si convaincus que vous étiez sur l’Indomptable… cela ne leur a pas porté chance, fit, goguenard, le capitaine Astel.

Farwil Selkis sirota son thé apporté il y a quelques instants dans un beau service en porcelaine, hochant la tête avec un sourire satisfait et contemplant l’azur du ciel et l’horizon magnifique, dont il avait une vue privilégiée depuis la proue. Au milieu de Grandline, dans l’Archipel des Turrols, c’était une infinité de petites îles de sable d’un blanc diamantin, posées au milieu de l’eau turquoise comme autant de joyaux sur une fine parure. Ici et là, des grottes et des petits bois parsemaient des îles plus grandes que d’autres, mais tous savaient qu’elles étaient dénuées de vies intelligentes. Non, c’était davantage ce grand roc, se dressant au milieu de l’ensemble, Peresca, qui avait motivé cette expédition.

De l’audacieuse tentative d’un agrégat de capitaines pirates et autres racailles d’y établir une base fortifiée, il ne restait plus que des centaines de corps sans vie qui teintaient l’eau de rouge sur des centaines de mètres au niveau des plages et de la crique. Des corps qui dérivaient, dérivaient, et parfois leur expression faisait ricaner Selkis, comme ce pirate habillé de la façon la plus extravagante, tout de rouge, de jaune et de vert, avec un carreau d’arbalète en pleine tête, qui souriait d’un air indiscutablement grivois alors qu’un banc de poissons carnivores commençait à déchiqueter ce qui restait de lui.

Mais piètre spectacle que tout cela quand on avait devant soi l’Indomptable, le Conquérant et la Fierté du Marchand. Trois navires de classes Incarnat, de véritables titans des océans, dont la conception intégrait la magie. Il fallait les voir, d’une taille défiant tout ce qui avait été fait jusque-là, ces puissants quatre-mâts. Ainsi le Conquérant était d’une longueur d’encombrement de trois-cent-trente-six pieds, pour une largeur de cent-deux pieds, avec une partie immergée de près de quarante pieds, c’était l’un des plus grands navires du mondes, dépassé seulement, de peu, par l’Indomptable, le vaisseau amiral de la nouvelle flotte de la Ligue Marchande récemment crée qui regroupait à la fois l’empire Selkis ainsi que plusieurs marchands partenaires.

Toutefois ces vaisseaux n’étaient pas seulement grands mais aussi fort bien armés. Cent-quarante-quatre balistes lourdes, capables de faire fuser un projectile dont l’extrémité était enduite d’un puissant acide alchimique rongeant la coque ennemie comme une armée de termites, et dégageant pendant le processus d’horribles vapeurs. Chacun, en outre, embarquait une réserve de feu grégeois du fait de l’alliance de Selkis avec les Feunoyr. A la vue cet arsenal on oublierait facilement les défenses inédites de ces merveilles flottantes, à savoir de hautes plaques d’acier, réparties sur tout le tirant d’eau et un peu au-dessus, rendues plus légères grâce l’alchimie, qui contribuaient à éviter une éventuelle propagation de feu grégeois en cas d’utilisation, mais permettaient également de craindre nettement moins d’éventuels récifs et de résister à diverses tentatives de sabotage par en dessous.

Selkis avait de grands rêves à propos de ces bâtiments. Il voyait des flottes immenses d’Incarnat, chargées de cartographier l’ensemble du monde, de conquérir de nouvelles terres, d’explorer les horizons inconnus. Mais pour l’heure, songea-t-il en reposant sa tasse vide, il ne disposait que de cinq de ces navires. Même pour lui, même pour la Banque des Neuf et ses autres associés, cela avait représenté un investissement colossal de leur faire voir le jour. D’un autre côté trois Incarnat venaient de détruire dix-neuf navires pirates de taille et de qualité de fabrication variable certes, nettement inférieurs aux bâtiments du royaume, mais les chiffres étaient là malgré tout. Et ce n’était pas fini. Selkis se retourna vers le capitaine du Conquérant, amusé.

- Dites-moi capitaine, je sens comme une affreuse odeur de flibustier chiant dans ses chausses, et je crains qu’ils ne répandent cette odieuse odeur dans tout ce bel océan, une suggestion ?

- C’est une bien délicate question monsieur. Nous les rattraperions si nous le voulions, ces galeux avec leurs voilures trouées, mais enfin je ne peux m’empêcher de remarquer que le capitaine Branjeoie et le capitaine Cuson n’ont pas fait beaucoup d’exercice aujourd’hui, ils risquent de se rouiller vous ne pensez pas ?

- Mais bien sûr vous n’avez pas tort. Ces deux pauvres bougres doivent s’ennuyer derrière leur rocher. Un canot, voulez-vous ? Je vous ai vu suer à grosse goutte malgré mes assurances la dernière fois que j’ai lancé un signal et je ne veux pas que vous vous évanouissiez, je procéderais donc depuis cet îlot. Et donnez-moi la longue vue, je vous prie.

L’autre eut un soupir de soulagement mal dissimulé et exécuta les ordres. Selkis, quelques instants plus tard, était sur une belle plage de sable fin à quelques dizaines de mètres du Conquérant. Il se tint debout, ne disant mot, se concentrant, jusqu’à ce que son corps se nimbe de flammes si vives qu’elles étaient insoutenables à regarder. Des flammes qu’il dirigea brusquement vers le ciel, les faisant exploser haut dans la couche nuageuse, provoquant une série de conflagrations visibles de loin.

Puis il s’assit sur un rocher, et observa à la longue vue les bandits qui fuyaient encore. Ils arrivaient aux Jumelles, deux formations rocheuses désolées évoquant vaguement, pour certains marins superstitieux, des têtes de femmes. Un sourire carnassier barra le visage du mage tandis qu’il se souvenait du brouillard artificiel jeté par un confrère sur les lieux la nuit dernière, et de ce qu’il avait permis de cacher. Et qui se dévoilait petit à petit sous les yeux horrifiés des forbans. Les deux autres Incarnats ! Le Banquier Armé et le Sans-Merci se profilaient petit à petit, sortant de derrière les Jumelles. Tandis que les pirates essayaient désespérément de faire demi-tour, l’Indomptable et la Fierté du Prince se positionnaient pour les intercepter, et bientôt un orage de carreaux de balistes enrobés de substances corrosives se fit entendre avant de s’abattre sur les hors la loi, qui moururent en hurlant dans la fumée toxique de leurs navires. Certains se jetèrent à la mer, suppliant qu’on les aide. Selkis eut un regard dur, loin de son amusement passager. Une fois revenu sur le Conquérant, il pointa du doigt les formes qui se débattaient dans les débris.

- Transmettez l’ordre au capitaine Cuson. Que tous les survivants soient crucifiés sur ces îles. Aujourd’hui nous ferons passer un message à cette vermine pirate qui tient en une phrase : interdiction d’attaquer mes intérêts. Une fois que les instructions auront été transmises, entamez le trajet de retour vers Yelderhill. Sur ce, il temps que j’aille m’occuper de mon invité.

Selkis, ayant retrouvé son urbanité et ses sourires, et sous le regard quelque peu chamboulé du capitaine Astel, parcourut le pont, puis descendit au niveau de ses quartiers privés, qui prenaient une bonne part de la poupe. La taille était bien sûr plus restreinte, mais au niveau du luxe on n’avait rien à envier aux demeures des princes marchands de la Cité Libre. Tout était de soie et de lin, gravures, tapisseries, tableaux, parsemaient les lieux, ainsi que moult outils exotiques. Au-dessus d’un grand lit, un tableau représentant les cinq navires de classe Incarnat se dégageant fièrement des chantiers navals de la grande île. Une table en merisier massif était placée à gauche de la salle, couverte de reliefs nautiques, disposée de façon à ce que les fauteuils tout autour offrent une vue plongeante sur les flots grâce aux fenêtres disposées çà et là. Et, assis sur l’un de ces fauteuils, un homme.

Un homme de taille moyenne, chauve, au regard perçant, vêtu de façon parfaitement convenable mais sans ostentation. Une mise que Farwil avait été tenté de lui reprocher considérant que sa couverture était celle d’un riche marchand invité pour observer la flotte de nouvelle génération à l’œuvre, en gage d’estime. Mais il s’était finalement contenté de hausser les sourcils. Après tout il pouvait bien dire qu’il s’agissait d’un homme venu de la Lune, personne n’oserait le contredire sur ce navire. Le mage s’assit donc, un petit sourire mi-figue mi-raisin aux lèvres, tandis qu’un steward venait déposer une carafe en cristal contenant un grand cru du continent et deux verres avant de se retirer en s’inclinant.

- Alors, qu’avez-vous pensé du spectacle ? Je pense que d’ici vous aviez une assez bonne vue pendant l’assaut principal sur leur roc. Enfin il se peut que mon personnel vous ait paru assez vulgaire dans leur méthode, peu efficaces.

Selkis prit une gorgée de vin avant de poursuivre, d’un mi-amusé mi-fasciné.

- Pour un homme dont le meurtre est la profession, j’entends.

Bien sûr ce spectacle était aussi un petit avertissement. « Invité » sur la Grande Île pour une affaire juteuse, on avait informé le représentant des assassins que la rencontre se tiendrait sur le Conquérant. Par-là, Selkis voulait aussi signifier que l’or était une puissance dont même le plus redoutable des assassins devait considérer le pouvoir, et lui montrer le respect approprié, quand il permettait d’ordonner la création de tels guerriers des océans et de tels carnages. Et ces crucifixions quoique principalement destinées aux pirates et aux bandits de toute espèce pourraient aussi être un petit message à son invité. Les princes marchands eux aussi savent être cruels.
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Sigmar Bel'Elthin
Sigmar Bel'Elthinthe hermit
ɤ REGISTRATION : 24/04/2014
ɤ PARCHEMINS : 19
ɤ STATUT DU SANG : Fils de paysan
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Tameriel
ɤ METIER OU FONCTION : Fondateur et Chef de la Main Noire
ɤ INVENTAIRE : - Une lame courbe de mithril.
- Une dague dans le dos.
- Quelques couteaux de lancer dissimulés sous ses couches de vêtements.

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MessageSujet: Re: Sombres tractations (Sigmar)   Sombres tractations (Sigmar) EmptyLun 9 Juin - 16:45

De son regard sombre, Sigmar considérait le spectacle avec un intérêt non feint. Les colosses maritimes faisaient forte impression, mais l'absurdité qui se dégageait de la scène la rendit soudainement bien moins captivante. Il n'était plus question d'embarcations se liguant contre des titans venus leur arracher un îlot paradisiaque, non, ce n'était plus qu'une fratrie meurtrière ravageant des radeaux de fuyards sans aucune pitié. Le rendu n'était pas propre.
Les pupilles noires du Maître de Guilde accompagnèrent la trajectoire d'une flèche décochée par l'une des nombreuses balistes du Banquier Armé. Elle parcourut une trentaine de mètres avant de se ficher dans un visage adolescent. Le crâne sembla exploser. Frappé de plein fouet par la pointe d'acier, le nez du jeune mousse sembla simplement disparaître, happé par le trou béant qu'avait formé la flèche.  L'ossature soutenant les yeux sans vie du marin s'affaissa sous le choc ; la force de l'impact brisa les cervicales du défunt avant de le projeter par dessus bord. Il était mort sur le coup. D'autres n'avaient pas cette chance. Sigmar vit le même type de flèche emporter la jambe d'un homme à peine plus vieux que lui. Il avait beau se trouver à des centaines de mètres de sa position, son cri fut parfaitement audible. Durant quelques secondes, il recouvra la sinistre mélodie des  messagères de la mort. Quelques hommes décidèrent de sauter à la mer. Trop loin de la berge, ils n'avaient aucune chance. S'ils n'étaient pas écrasés par la coque des deux incarnats, ils se briseraient contre les deux montagnes de roches qu'on appelait " Jumelles. "

Il se détourna.

Indices de sa condition, les quartiers de son hôte - ou plutôt de son client - ne trompaient personne. Il était capable de s'offrir les services de la Main Noire. Mais quel genre de service exactement ? Sigmar était là pour le découvrir.
L'assassin prit le temps d'observer la pièce où il se trouvait. Des draperies rougeoyantes probablement acquises en Tameriel accrochées aux murs, des chandeliers d'or aussi flamboyants que les flammes trônant au sommet de ses bougies un peu partout dans la cabine. Des parchemins et autres cartes du monde recouvraient un superbe bureau d'acajou dont les pieds calquaient étrangement l'apparence des pattes d'un chien à coeur. Ses reflets rubescents rappelaient agréablement la teinture des étoffes épinglées aux murs. Quelques sabres suspendus dans un coin de la pièce commençaient à prendre la poussière. Par réflexe, ses doigts se posèrent sur le cuir de la manche qui dissimulait l'acier d'une de ses nombreuses lames. Que ce soit un paysan, un prince, ou un roi, il n'avait de patience pour personne.
Sigmar pivota légèrement pour jeter un dernier coup d'œil à travers le hublot. Il était assez large pour rendre les chandelles inutiles ; en son cœur s'observait les derniers débris de la barque pirate. Elle rejoignait avec une lenteur effroyable son équipage au fond des abysses. L'ex-sombrelame fit quelques pas pour rejoindre la table de merisier. Ses doigts s'emparèrent d'une petite figurine représentant supposément un incarnat. Il examina la pièce de bois finement détaillée avant de la renverser d'une simple pichenette.
Le grincement des marches de l'escalier apaisa Sigmar qui en profita pour prendre place dans un fauteuil. Dos aux fenêtres.

Le mage entra. Les yeux de Sigmar se plantèrent dans la clarté du regard princier. Il jugea d'un discret sourire méprisant la suffisance qui s'y lisait. Mariée à l'avarice, elles formaient un couple fâcheusement banal, caractéristique des prunelles d'hommes d'argent. Néanmoins, l'étincelle mal dissimulée d'ambition était appréciable. Deux lèvres s'entrouvrirent pour libérer l'arrogance d'un homme se croyant dieu.

- Alors, qu’avez-vous pensé du spectacle ? Je pense que d’ici vous aviez une assez bonne vue pendant l’assaut principal sur leur roc. Enfin il se peut que mon personnel vous ait paru assez vulgaire dans leur méthode, peu efficaces.

Le plaisir qu'il prenait à l'énonciation de chacun de ses mots était évident. Un excès de gourmandise l'amena à satisfaire son estomac. Il avala une gorgée de vin.

- Pour un homme dont le meurtre est la profession, j’entends.

Sigmar laissa d'infimes secondes s'écouler avant de, finalement, hocher la tête. Humblement. Basse, sa voix s'éleva comme un murmure chuchoté à l'oreille.

- Une flotte impressionnante dotée d'un arsenal surpassant tout ce que j'ai pût rencontrer, moi, simple ... marchand. Je suppose que vos hommes sont aussi disciplinés que les miens. Voir ce genre de monuments tomber aux mains d'un ennemi fécondé par la coque d'une de ces bêtes briserait le cœur de n'importe quel capitaine.

Affronter ces colosses frontalement était suicidaire alors qu'il suffisait d'en infiltrer un pour éventrer quelques bien-pensants avant de rappeler à l'équipage l'état de leur bourse - certainement peu garnie, comme la plupart des bourses de ce monde maritime - par rapport à celle de leur prince. Et comment leur en vouloir. Entre leurs mains résidait un pouvoir capable de renverser des pays entiers.
Mais son interlocuteur connaissait certainement ce genre de risques, Sigmar n'en doutait point.

- Néanmoins, j'ose avouer être partisan de manœuvres plus subtiles. Mais ceci n'est pas le sujet du jour.

Au contraire, c'était évidement la raison de leur rencontre. Le goût pour la subtilité et l'efficacité se retrouvait chez tous les assassins de la guilde. Sigmar en faisait des principes fondamentaux. Mais en de rares occasions, il était préférable d'oublier la subtilité pour faire preuve d'imagination. Un peu comme les crucifixions à quelques lieues de là.

- Je vous écoute.
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Farwil Selkis
Farwil Selkis
ɤ REGISTRATION : 01/05/2014
ɤ PARCHEMINS : 33
ɤ STATUT DU SANG : Roturier
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Yelderhil
ɤ METIER OU FONCTION : Prince marchand

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MessageSujet: Re: Sombres tractations (Sigmar)   Sombres tractations (Sigmar) EmptyMer 11 Juin - 18:06

- Oui, la subtilité en effet, fit Farwil avec un sourire torve, c’est pour cela que vous êtes ici.

Se levant de son fauteuil en faisant signe à son invité de rester en place, il se dirigea vers son bureau et se pencha en direction des tiroirs. Il en ouvrit un, vide en apparence. Mais après quelques palpations il retrouva le mécanisme caché au fond et le manipula avec dextérité, faisant coulisser un double fond bien caché et fort difficile à repérer si on n’était pas au fait de son existence. Avec précautions il extirpa de l’espace ainsi révélé une vasque en argent. L’objet était travaillé avec un art consommé. Non seulement le métal précieux était d’une exceptionnelle pureté, brillant comme un éclat lunaire, mais en sus, des runes d’une finesse rare étaient dessinées sur toute la surface du récipient. D’un autre tiroir, Selkis sortit une flasque du même métal, travaillée à l’identique. Puis il revint avec l’assassin, posant les objets sur la table qui les séparait. Avec précautions, il prit la flasque et en renversa le liquide dans la vasque.

Au début cela sembla de l’eau, simple et claire. Mais bien vite elle prit une teinte dorée, puis d’un rouge sang, avant de passer par différentes colorations toutes différentes, dont certaines qui n’avaient même pas de nom. Finalement le liquide se stabilisa et devint une solution épaisse d’un noir brillant et assez fascinant. Selkis joignit les mains et se mit à prononcer quelques mots dans une langue gutturale, faisant tourbillonner le liquide noir jusqu’à ce qu’il change à nouveau d’aspect… pour devenir une sorte de fenêtre. Oui, comme un portail vers un autre lieu, comme un troisième œil montrant un lieu éloigné, ce qui en fait était exactement sa fonction.

Et plus précisément, le sortilège suivait un homme. L’individu, ventripotent, vêtu d’un grand manteau de fourrure incrusté de dorures, couvrant une tunique toute en fanfreluche, se gavait de fruits confits tout, alangui sur un divan de velours, tandis que des hommes assis plus bas, habillés plus modestement, avaient l’air de lui lire des parchemins. Parfois on le voyait opiner ou au contraire s’irriter et se lancer dans ce qui semblait être une explication irritée.

- Pelnut Mercer, dit Selkis avec aigreur. L’un des directeurs de la Banque des Neufs. Ne vous fiez pas à son apparence, il n’est pas devenu l’une des dix personnes les plus riches de Yelderhill en se goinfrant. Il est intelligent, cruel et paranoïaque à l’extrême. Présentement il se fait annoncer les bénéfices des convois de la semaine et gare au clerc qui transmettra une mauvaise nouvelle.

La vasque se troubla. Selkis plissa les yeux et émit un claquement de langue agacé. Déjà ! Les mages qu’employaient Mercer étaient bien capables, pour détecter son espionnage à une telle distance alors qu’il avait une telle maîtrise des arcanes de l’eau et de l’alchimie. Enfin. D’un geste de la main il dissipa l’image et avec quelques mots en fit apparaître une autre. Cette fois on voyait un homme de très haute taille, sec, très mince, chauve, à qui il manquait un bras. Il dégageait toutefois en dépit de cette infirmité et de cette carrure peu imposante, une certaine dangerosité, renforcée par un examen plus attentif qui dévoilait une musculature noueuse et une série de cicatrices.

- Gorron Lannigel. Un autre directeur. Il a l’air d’un vétéran parce qu’il le fut. Il a fait fortune dans le trafic d’armes et la contrebande et avant cela il était mercenaire. Il est dur mais juste avec ses gens et quoiqu’il soit nettement moins riche que moi ou que Mercer, peu parmi les neufs osent s’opposer à lui frontalement à cause de ses manières et de sa réputation de spadassin. Cela étant dit il possède un sens des affaires certain et ne manque pas de rouerie.

Selkis resta un instant focalisé sur l’image. Il vrillait un regard pensif sur Lannigel, assis à un bureau, en train d’écrire avec une étonnante fluidité malgré son bras manquant. Il hésita à rapprocher son troisième œil pour voir de quoi la lettre pouvait bien parler et leva le bras pour réaliser le signe magique approprié mais se retint au dernier moment. Lannigel n’était pas réputé pour avoir beaucoup de mages à son service mais une surprise était toujours possible et il ne fallait pas que la curiosité malvenue gâche les plans si minutieusement élaborés. Il passa encore à quelqu’un d’autre.

Cette fois c’était une femme à l’imposante crinière rousse. Elle ressemblait un peu à Lannigel de par sa minceur, sa grande taille et son regard dur. L’image la montrait en train de jouer aux cartes dans un club pour richissimes personnages, à la Cité Libre. De son côté de la table s’élevait déjà un imposant tas de pièces d’or, au grand dam de ses deux adversaires dont le teint pâlissait au fur et à mesure qu’ils se faisaient ratiboiser.

- Et voici Ysandra Malvel. C’est la moins fortunée parmi notre conseil directeur mais pas la moins redoutée ! Voyez-vous sa force réside dans l’information. Son réseau d’espions et d’informateurs est tel que nous pouvons prédire à l’avance les flambées des prix de certains produits sur le continent des mois à l’avance ou que les décisions des nobles de Cahordie nous parviennent quasiment en simultané.

Nouveau geste de la main. Nouvelle vue. Un homme encore, à la peau couleur bois, aux yeux bleus, revêtu d’une longue tunique jaune, en train d’amuser deux courtisanes fort dévêtues.

- Et enfin Rouger Jese. Si je suis le président du conseil de la Banque des Neufs, lui est mon second. Intelligent, charmeur, hâbleur, retors et sous-estimé de personne.

Selkis dissipa à nouveau l’image puis, d’un geste de la main, regroupa le liquide noir en une sphère qui reprit la consistance et l’aspect d’une eau pure et claire, avant de diminuer en volume, jusqu’à finalement que la substance rentre d’elle-même dans la flasque d’argent d’où le mage l’avait sorti. Avec précautions il prit la vasque et la flasque, rangeant les deux objets à leur place, et revint s’asseoir. Regardant l’assassin, il sourit. Il se demandait ce que l’autre pensait. Le plus probable était qu’il pense avoir vu une liste de cibles ce qui n’était pas faux dans un sens mais… Plus complexe, aussi.

- Alors maintenant cher invité, voici ce que j’attends précisément de vous. Je souhaite que Lannigel et Mercer meurent, assassinés. Que le résultat semble professionnel et qu’il ne fasse aucun doute que quelqu’un a payé des tueurs pour la tâche. Une fois cette première phase exécutée, vous disperserez des preuves qui accuseront Ysandra. Et maintenant vient la phase réellement délicate. Ces preuves devront avoir des défauts. Elles devront être assez vraies pour abuser mes collègues dans un premier temps, mais pas parfaites pour que je puisse pointer leurs défauts et leur aspect artificiel en étant crédible.

Selkis marqua une pause pour que l’autre s’imprègne de la supercherie, se servant une grande rasade d’alcool glacé. Puis il reprit la parole.

- Ce n’est toujours pas fini. Après les assassinats, quand ils accuseront Ysandra, j’appellerais à une réunion pour apporter de nouveaux éléments, en l’occurrence le caractère fallacieux des preuves que vous aurez disposés. Vous devrez engager des spadassins. Capables, efficaces. Mais moins efficaces que vous, et leur ordonner de m’assassiner sur le chemin du siège de la Banque des Neufs. Vous m’indiquerez leur plan à l’avance, leur nombre – qui devra être aussi peu élevé que le permettra la vraisemblance - et ainsi de suite. Je résume. Assassiner deux personnes, porter les soupçons sur une autre, me permettre de les dissiper, engager un groupe tiers qui tentera de me tuer et échouera. Comme vous le voyez c’est une machination plus complexe qu’un simple meurtre. Alors je vous le demande, vous l’homme de la Main, avez-vous les capacités de la mettre en œuvre ?
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Sigmar Bel'Elthin
Sigmar Bel'Elthinthe hermit
ɤ REGISTRATION : 24/04/2014
ɤ PARCHEMINS : 19
ɤ STATUT DU SANG : Fils de paysan
ɤ CONTRÉE DE NAISSANCE : Tameriel
ɤ METIER OU FONCTION : Fondateur et Chef de la Main Noire
ɤ INVENTAIRE : - Une lame courbe de mithril.
- Une dague dans le dos.
- Quelques couteaux de lancer dissimulés sous ses couches de vêtements.

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MessageSujet: Re: Sombres tractations (Sigmar)   Sombres tractations (Sigmar) EmptyLun 16 Juin - 20:54

Sigmar suivit du regard son interlocuteur. D'un geste de la main, celui-ci lui intima de rester assis. Le Maître assassin préféra s'en amuser. L'impudence semblait naturelle chez ce nanti qui ne connaissait rien d'autre que l'or. C'est pourtant la morsure de l'acier qu'il fallait craindre. Et que dire du mithril. Sigmar se plut à imaginer l'hémoglobine du mage répandue aux quatre coins de la pièce. Mauvaise idée.  Les tentures pendues aux murs se rapprochaient déjà des nuances sanguines. Encore une goutte de cette coloration serait de mauvais goût. Et ce serait faire preuve d'une trop grande cruauté que de bâcler la mise en scène du meurtre d'un personnage accordant autant d'importance aux apparences.  

Alors qu'il se questionnait sur la manière dont il pouvait mettre à profit la relation professionnelle qui se profilait, le glissement feutré d'une planche sensée dissimuler un fond de tiroir le tira de ses pensées. Selkis posa sur la table un petit bassin fait d'argent. Intrigué, Sigmar se pencha très légèrement vers l'avant. D'un autre compartiment, le mage sortit une flasque ; il versa le contenu de celle-ci dans la vasque dont les runes étincelèrent plus vivement lorsqu'elles accueillirent le liquide transparent. La magie opéra. Le liquide passa par toutes les teintes possibles et imaginables avant de se stabiliser. Plus noire que les pupilles de l'assassin, l'eau se mit en mouvement lorsque le prince marchand joignit ses mains. Ses chuchotements lui rappelèrent l'état dans lequel il tombait lorsqu'il chantait. Le chant. Cette étrange magie capable d'enfoncer ses griffes dans l'esprit d'un homme, capable de briser toute volonté, capable de faire d'une montagne de muscles un simple pantin désarticulé.

La fenêtre s'ouvrit sur un homme. Affalé sur son divan, il écoutait d'un air détaché le laquais qui lui faisait la lecture. Ses petits bras potelés à peine dissimulés sous sa robe de coton, les îlots de poils retenant sur son double menton le jus de fruit exotique coulant à la commissure de ses lèvres suffirent amplement pour le rendre répugnant.
Selkis en fit une rapide présentation. Pelnut Mercer, un des directeurs de la banque des neufs. En réponse, Sigmar hocha simplement de la tête. Le mage changea de cible bien rapidement. Mercer était une cible, mais pas la seule. Selkis souhaitait devenir l'unique maître de la banque des neufs. Dangereux. Peut-être idiot. Mais rafraichissant. Si Sigmar parvenait à mettre ce cher marchand à la tête d'une institution aussi puissante que la banque des neufs, tout était à y gagner. Selkis pour l'argent, Phineas pour la loi du roi. L'extinction des sombrelames arriverait plus rapidement que prévue.

L'eau se troubla légèrement avant de refléter l'image d'un autre homme. Tout comme Sigmar, il était chauve. Tout comme Sigmar, bien qu'il soit assis, on devinait aisément sa hauteur. Exceptée l'aura noire qu'il dégageait, les points communs s'arrêtaient là. Son bras manquant ne semblait pas le déranger dans son activité. Sa plume dansait avec une rapidité étonnante sur la feuille de papier. D'après Selkis, c'était un autre directeur, craint et respecté. Gorron Lannigel. Il s'était fait une place parmi les riches marchands grâce à son sens des affaires pour les affaires guerrières. Et grâce à ses muscles. Ils se faisaient si rares chez ces princes marchands qu'il suffisait donc d'en obtenir pour se faire respecter. C'était ridicule. Ces hommes n'en avaient que le nom. Le maître de guilde décida de se relever. Il supportait difficilement la position assise et préféra garder un œil sur la suite des évènements du haut de son mètre quatre-vingt huit.
Une chevelure de feu prit forme au centre de la vasque. La cascade de cheveux encadrait le visage de la jeune femme avec une harmonie chaotique. Elle jouait aux cartes. Et gagnait. Ysandra Malvel. Une femme qui cachait sous ses jupons des hordes d'espions assez efficaces pour prévoir les fluctuations économiques.

Cela commençait à faire beaucoup de cibles. L'or ne suffirait pas. Que pouvait-il réclamer de plus ? Des prêts aux intérêts alléchants ? Mais dans ce cas, pourquoi donc emprunter de l'or alors que la guilde s'apprêtait à en récolter assez pour subvenir à tous leurs besoins pour plusieurs mois ? Non. Selkis connaissait bien du monde. Le prince aurait simplement quelques faveurs à rendre, en temps voulu.
D'un geste de la main, le mage fit apparaître une dernière personne. Sa peau mate contrastait fortement avec les deux saphirs qui lui servaient d'yeux. Les deux courtisanes qui l'accompagnaient semblaient ravies d'offrir leur faveur à un homme aussi charmant. Compréhensible quand on s'attarde sur leur clientèle habituelle. Rouger Jese. " Intelligent, charmeur, hâbleur, retors et sous-estimé de personne. "
Évidemment. Il suintait ces adjectifs.
Finalement, les explications que Sigmar attendaient arrivèrent.

- Alors maintenant cher invité, voici ce que j’attends précisément de vous. Je souhaite que Lannigel et Mercer meurent, assassinés. Que le résultat semble professionnel et qu’il ne fasse aucun doute que quelqu’un a payé des tueurs pour la tâche. Une fois cette première phase exécutée, vous disperserez des preuves qui accuseront Ysandra. Et maintenant vient la phase réellement délicate. Ces preuves devront avoir des défauts. Elles devront être assez vraies pour abuser mes collègues dans un premier temps, mais pas parfaites pour que je puisse pointer leurs défauts et leur aspect artificiel en étant crédible. Ce n’est toujours pas fini. Après les assassinats, quand ils accuseront Ysandra, j’appellerais à une réunion pour apporter de nouveaux éléments, en l’occurrence le caractère fallacieux des preuves que vous aurez disposés. Vous devrez engager des spadassins. Capables, efficaces. Mais moins efficaces que vous, et leur ordonner de m’assassiner sur le chemin du siège de la Banque des Neufs. Vous m’indiquerez leur plan à l’avance, leur nombre – qui devra être aussi peu élevé que le permettra la vraisemblance - et ainsi de suite. Je résume. Assassiner deux personnes, porter les soupçons sur une autre, me permettre de les dissiper, engager un groupe tiers qui tentera de me tuer et échouera. Comme vous le voyez c’est une machination plus complexe qu’un simple meurtre. Alors je vous le demande, vous l’homme de la Main, avez-vous les capacités de la mettre en œuvre ?


Tous ne devaient pas mourir, cela s'avérait encourageant. Comme il l'avait fait remarquer, Sigmar préférait la subtilité aux meurtres de masses. Questionner ses capacités était une perte de temps. Lorsque les doigts de la Main Noire se referment sur une gorge, elle expire immanquablement son dernier souffle.
Sigmar se retourna, mains dans le dos. Il fit quelques pas au cœur de la pièce pour finalement s'arrêter sur un tapis de laine. Deux lions s'affrontaient sous ses pieds. Trois secondes passèrent. Immobile.
Avec la fluidité qui lui était propre, Sigmar pivota. Son regard de nuit se planta dans celui de son interlocuteur.

- Tout cela ne se fera pas en une semaine. Vous me réclamez plusieurs mois de travail. Un travail pouvant s'avérer mortel. Pour ma vie, et pour celle de ma confrérie. Meurtres, falsifications de preuves, opération sous fausse bannière, soit. Tout cela est évidemment possible. On pourrait même qualifier votre plan d'ingénieux. Mais tout cela a un prix. Ce prix se compte en sacs d'or. Et ...  

Ses lèvres s'étirèrent, laissèrent entrevoir ses crocs.

- Un incarnat. A vous de choisir lequel.

Avec délicatesse, il entrouvrit la porte qui l'amènerait sur le pont. Au loin, deux incarnats flottaient calmement, juste au-dessus de l'épaule du Prince marchand.

- Afin de m'habituer à ces monstres maritimes, je repars tout de suite avec l'un d'entre eux. Votre équipage vous sera évidemment restitué une fois mes bottes sur le sable chaud du continent. Si mes conditions vous déplaisent, je peux vous conseiller quelques Sombrelames que je connais bien.

Et ne prenez pas le risque de me faire quitter ce bateau alors que vous venez de me révéler vos plans, cher ami.
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